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Brutalité policière et médiatique au Québec

Anonyme, Wednesday, March 20, 2002 - 22:51

Compañero

15 mars, 6e journée internationale contre la brutalité policière.

Manifestation qui prend un sens encore plus concret après le sommet des Amériques de Québec d'avril 2001, le sommet de Göteberg deux mois plus tard où les forces de l'ordre ont recouru à de vraies balles, celui de Gênes s'étant soldé par des dizaines de blessé-e-s, dont certain-e-s grièvement et bien sûr la mort du jeune manifestant Carlo Giuliani.

Manifestation ayant encore plus de sens dans ce contexte de paranoïa et de lutte anti-terroriste, par l'entremise notamment de mesure de "sécurité" telle la Loi C-36 votée à Ottawa à l'automne dernier.

15 mars, 6e journée internationale contre la brutalité policière.

Manifestation qui prend un sens encore plus concret après le sommet des Amériques de Québec d'avril 2001, le sommet de Göteberg deux mois plus tard où les forces de l'ordre ont recouru à de vraies balles, celui de Gênes s'étant soldé par des dizaines de blessé-e-s, dont certain-e-s grièvement et bien sûr la mort du jeune manifestant Carlo Giuliani.

Manifestation ayant encore plus de sens dans ce contexte de paranoïa et de lutte anti-terroriste, par l'entremise notamment de mesure de "sécurité" telle la Loi C-36 votée à Ottawa à l'automne dernier. Malgré ce même contexte de soi-disant menace terroriste planant sur l'ensemble du "monde civilisé" (comprendre ici que le terrorisme est légitime s'il vise à combattre le mal, c'est-à-dire toute attitude s'opposant aux intérêts occidentaux), la "menace" anti-capitaliste de la gauche semble toujours autant préoccuper les forces de l'ordre. En effet, c'est dans ce même esprit de paranoïa que cette manifestation organisée par le Mouvement Action Justice et le Collectif Opposé à la Brutalité Policière fut suspectée par la police de la CUM le 15 mars dernier à Montréal.

La manifestation, rassemblant au départ environ 450 personnes, se déroule dans le calme jusqu'à ce qu'une poignée de manifestant-e-s taguent quelques murs de graffitis et qu'un jeune homme brise quelques fenêtres du quartier général de la police de Montréal, sur la rue St-Urbain. La marche se déplace ensuite plus au sud, jusqu'à la rue St-Antoine pour s'arrêter à nouveau devant le Palais de Justice. Quelques minutes plus tard, des murs de policiers, équipés en anti-émeute, apparaissent subitement, bloquant ainsi les rues St-Antoine et St-Laurent, dans les deux directions, se refermant rapidement sur les manifestant-e-s ainsi pris-es au dépourvu. Quelques un-e-s réussisent alors à s'échapper de justesse, mais la grande majorité du groupe sera ainsi prise en souricière et rapidement encerclée par un dispositif imposant. Ces 371 manifestant-e-s devront subir l'arrogance de nombreux policier-e-s, en plus de devoir attendre près de 5 heures sans liberté de mouvement avant d'être emmené-e-s dans trois différents postes de police.

C'est dans ce contexte de bavure policière majeure que se sont déroulés les événements relatifs à la marche opposée à la brutalité policière. Les forces policières ayant pris soin d'ériger un large périmètre autour du cercle dans lequel les manifestant-e-s furent détenu-e-s et le caractère marginal de la manifestation (malgré une forte participation considérant le mauvais temps) ont favorisé l'absence des principaux médias qui n'ont pratiquement commenté les événements qu'en s'appuyant sur les dires des responsables du SPVM. C'est ainsi que dès le matin du 16 mars, tant dans la presse écrite que dans les différents téléjournaux, on peint la marche comme une manifestation violente commise par de jeunes marginaux n'ayant aucun respect de l'ordre publique ayant ironiquement commis de nombreux actes de violence. Malgré la bonne foi des autorités policières ayant pris soin d'escorter la marche et d'émettre de nombreux avis de dispersion (mensonge pur et simple ou avis très discrets, quasi-inaudibles), les manifestant-e-s n'en ont fait qu'à leur tête et c'est ainsi que les policier-e-s furent en quelque sorte obligé-e-s d'intervenir, d'un professionnalisme irréprochable, afin d'assurer la sécurité publique...

En plus de s'appuyer sur un récit erroné, ces mêmes médias prennent soin d'accompagner cette désinformation d'images de choix, celles de jeunes de la rue (qui ne constituaient toutefois pas la majorité des manifestant-e-s), s'assurant ainsi d'une certaine crédibilité compte tenu des importants préjugés répandus chez une grande partie de la population à l'endroit de cette couche sociale.

La même journée, à 14h le commandant André Durocher du SPVM tient un point de presse où il relate les événements de la veille confirmant le nombre impressionnant d'arrestations, se soldant à 371, du jamais vu pour une telle manifestation. D'autant plus qu'elle avait atteint un maximum de 450 à 500 participant-e-s. Le constable Durocher dresse par ailleurs le même portrait sombre des manifestant-e-s, les réduisant à un groupe de marginaux armés ayant des intentions malsaines. C'est ainsi qu'il invite le public à tirer ses propres conclusions de la crédibilité de ces manifestant-e-s ayant dénoncé violemment la violence policière (bien que cette violence contestataire, en plus d'être marginale ne s'est manifestée qu'à l'endroit de biens immobiliers et non contre des individus). Soulignant ce paradoxe, il s'assure ainsi la sympathie d'une population insécure qui ne veut surtout pas douter de la légitimité de ses dirigeant-e-s.

Ces récents événements nous confirment une fois de plus qu'au Québec, tous les pouvoirs semblent confondus. En s'assurant d'une main mise totale sur le pouvoir législatif, les principaux agents économiques s'assurent d'une légitimité au niveau parlementaire. Ce même pouvoir dépasse ensuite largement les murs de l'Assemblée Nationale, s'étendant sur l'appareil exécutif (comme on le constate dans ce présent article), judiciaire en plus de s'assurer d'avoir en sa possession l'arme la plus efficace : le pouvoir médiatique. Le contexte particulier du Québec, où la totalité des grandes chaînes de télévision et des quotidiens (à l'exception du Devoir qui se veut indépendant, mais qui ne tient pas pour autant un discours révolutionnaire, ni même réformiste) sont entre les mains de deux géants financiers, favorise d'autant plus une telle concentration des pouvoirs. À travers sa main mise sur le pouvoir médiatique, le pouvoir économique réussit ainsi à assurer sa domination sur l'ensemble de la société québécoise. Il parvient ainsi à diffuser son message dans une propagande aux allures d'information libre et crédible et même, à créer en ses propres sujets des alliés. En effet, la grande majorité de la population québécoise croit en la légitimité du régime qui la dirige. Pour reprendre les termes dans lesquels l'écrivain péruvien Mario Vargas Llosa décrivait le régime mexicain, le capitalisme a ainsi réussi à instaurer au Québec une "dictature parfaite".

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