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Violence, non-violence et action directe: un retour sur le G20

Anonyme, Sunday, August 15, 2010 - 22:01
2010-08-27 19:00
2010-08-27 21:00

Maison Norman Bethune
1918, rue Frontenac
Montréal (métro Frontenac)

Maison Norman Bethune

Dans le cadre des Rendez-vous de la Maison Norman Bethune:
Violence, non-violence et action directe: un retour sur le G20

La mobilisation contre le sommet du G20, qui a culminé par une attaque politique contre des symboles du capitalisme et de l’État bourgeois le 26 juin dernier dans les rues de Toronto, n’a pas fini de faire parler d’elle. La bourgeoisie cherche évidemment à prendre sa revanche, en tentant de criminaliser les militantEs qui ont participé d’une manière ou d’une autre à l’organisation des actions de protestation. Du côté des forces populaires, le débat continue de faire rage sur la pertinence et la légitimité des actions directes qui ont fait de la journée du 26 juin un moment qui pourrait s’avérer marquant pour le mouvement révolutionnaire canadien. Le 27 août, nous ferons le point sur ce débat et reviendrons sur le bilan du G20; un bref rapport de la comparution des accuséEs prévue le 23 août devant un tribunal ontarien sera également présenté.

Entrée libre • Info: 514 563-1487

maisonnormanbethune.ca
Yes


Subject: 
http://quebec.indymedia.org/fr/node/41882
Author: 
patc
Date: 
Sat, 2010-08-21 16:22

Ce texte a été publié anonymement au CMAQ en juin dernier, avant le sommet.
http://quebec.indymedia.org/fr/node/41882

Sachez d'emblée que nous ne sommes lié-e-s ni aux efforts d'organisation du Regroupement anti-G20 étudiant (RAGE), ni à ceux de la Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC), dont l'activité se déploie essentiellement à l'intérieur des balises définies par la loi.


Sur la violence dans les médias

L'obsession des médias pour la violence trahit deux mécanismes essentiels de la production d'information de masse :
1) Les médias de masse font partie intégrante du système capitaliste et, par la force des choses, répondent aux mêmes intérêts, soit la propriété, la compétition et la recherche de profits ;
2) La représentation morbide ou sensationnaliste de la violence génère des profits pour des médias qui sont en compétition pour la capture d’audiences et d’annonceurs.

La prétendue démocratie libérale, qui dans les faits n'est rien d'autre qu'une ploutocratie, un gouvernement par les riches pour les riches, et dont les médias constituent le « 4è pouvoir », s'appuie sur la violence impitoyable de l’État capitaliste (police, forces armées, sécurité privée, etc.) pour asseoir et perpétuer l'autorité de son modèle. Cette équation, synonyme de l’État, est ce qu'on appelle « Monopole de la violence ».

En se désintéressant de la violence systémique tout en mettant en scène (sur le ton hypocrite du scandale) la violence anecdotique des entreprises criminelles ou subversives, les médias de masse font la démonstration d'une profonde subjectivité. Voilà pourquoi il est impossible pour nous de faire confiance aux représentants des médias de masse, soient-ils privés ou publics.


Sur la violence du système

Le G8/G20, soit les huit plus « importantes » économies mondiales, 12 économies « émergentes » stratégiquement sélectionnées, plus les mandarins du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, regroupe les oligarques les plus violents de la planète. Leur violence est totale : elle est constante et elle est partout.

Les dirigeants et idéologues du système capitaliste global sont directement responsables des crises sans précédent qui secouent actuellement le monde et menacent l'équilibre écologique planétaire.

L'écart entre la minorité des richissimes et la multitude des démuni-e-s n'a jamais été aussi grand. Les puissances politiques et économiques se livrent à des guerres sanglantes pour le contrôle des ressources. Les compagnies pharmaceutiques laissent mourir des millions de personnes chaque année par souci de rentabilité. Les sociétés d'extraction forestière, minière, gazière et pétrolière détruisent l'environnement et ruinent des communautés entières aux quatre coins de la planète. Victimes des Programmes d'ajustements structurels, des paysans du monde majoritaire se suicident par milliers chaque année. Les ouvriers à la chaîne des usines de iPod les imitent désormais. Les peuples et cultures autochtones meurent à un rythme de plus en plus alarmant. Des pauvres diables du monde majoritaire risquent leurs vies chaque jour pour tenter l’impossible périple vers les pays industrialisés, où ils sont réduit-e-s à l’esclavage au service des classes moyennes. Les océans se vident de leurs poissons et les récifs de coraux étouffent. Les colonies d’abeilles disparaissent inexplicablement. Les saumons abandonnent la fraie. Les poulets mutants de la monoculture s’écroulent sous leur propre poids. Les bouleversements climatiques se précipitent. Etc. Etc. Ce ne sont là que quelques unes des manifestations de l’inexorable course vers le bas dans laquelle s’est engagée l’humanité, sous l’incompétente tutelle des économistes et politiciens. Toute cette dévastation, au nom de l’impossible impératif : la croissance économique illimitée.

Il faut se rendre à l’évidence : rien n’est plus violent que le système capitaliste.

La tenue même de ces sommets est sauvagement antidémocratique. En 2010, des milliards de dollars de fonds publics sont investis dans ce cirque immoral, dont un milliard pour s'assurer que le peuple ne soit jamais en mesure de s'approcher des oligarques, et ce, au moment même où ces tristes sires essaient de nous faire avaler la nécessité des plans d’austérité et des brutales compressions budgétaires.


Sur la violence insurrectionnelle

Dans un pareil contexte, la réaction du peuple, soit elle violente, a toujours été et sera toujours un acte de légitime défense. De tous temps, l’insurrection a été un élément incontournable de la lutte du peuple contre la tyrannie. Et aucun régime n’a été aussi totalement tyrannique que celui qui s’emploie actuellement à détruire l’humanité et le monde naturel.

Notre violence est l’expression d’une solidarité inconditionnelle avec celles et ceux qui subissent le plus durement les coups et les affronts du système capitaliste. Celles et ceux qui meurent de faim, de soif ou de froid, dilapident leur vie dans les favelas, s’atrophient dans les réserves, s’échinent dans les usines et croupissent dans les prisons du système.

Notre violence ponctuelle est le modeste moyen qui nous reste pour briser la normalité, rompre le silence et fracasser l’illusion du consentement.

Notre violence est l’explosion d’une rage qui bouillonne perpétuellement en nous et qu’il nous faut pourtant réprimer du matin au soir.

Notre violence est le refus catégorique de la politesse et de la pusillanimité.

Notre violence est le rejet sans équivoque de leur système de mort.

Notre violence, pour l’heure, reste symbolique. (Que sont quelques briques contre un dispositif de sécurité d’un milliard de dollars ?) Mais nous voulons dépasser le symbolique.

Ne vous y trompez pas : notre violence n’est pas, et ne sera jamais, une fin en soi. Nous ne sommes pas en faveur de la violence. Nous l’abhorrons. Nous ne l’avons pas choisie : elle nous est imposée. Et nous y réagissons.

Tant et aussi longtemps que la violence du système lui sera imposée, la réaction du peuple, sous toutes ses formes, sera légitime.


Sur la non violence

Le silence et la passivité sont synonymes de consentement et de complicité.

La non violence dogmatique est un dérèglement mental. La paix sociale une illusion. La guerre entre les classes est permanente.

Les stratèges du système capitaliste ont réussi à imposer leur autorité illégitime si totalement aux populations dites « civiles » que celles-ci en sont venues à accepter le monopole de la violence comme un mal nécessaire. C’est d’ailleurs en ça qu’elles sont « civiles ».

Nous rejetons la civilité.

Les bureaucrates communautaires, chefs syndicaux, porte-parole de l’altermondialisme bon chic bon genre, ténors de l’organisation dite « non gouvernementale » et de la société dite « civile », bref, tous les apôtres dociles de la non violence, sont les capos du système. Sans eux la pacification sociale serait impossible. Nous dénonçons leur complicité.

La violence est une réalité. La non violence un délire conditionné.


Sur les Black Blocs

Les médias de masse font grand cas du Black Bloc, et la quasi-totalité de ce qu’ils rapportent à ce sujet est erroné, mal informé ou complètement fantaisiste.

Là encore, la fascination morbide des journalistes pour ce phénomène trahit à la fois leur incompétence et leur appétit insatiable de violence spectaculaire. Hypocrisie achevée.

Répétons-le, l'expression « Black Bloc » ne désigne pas un groupe ou une organisation souterraine, mais une tactique et une forme d'action collective.

Un Black Bloc est, littéralement, un regroupement spontané, mais habituellement prévu et justifié par les circonstances, d’individus et de groupes d’affinité qui s’attachent à un certain type d’actions directes.

Ces actions sont, mais ne se limitent pas à : l’affrontement physique avec les forces de répression ; la dé-arrestation de militant-e-s capturé-e-s par les chiens de l’État ; l’altération du mobilier urbain ou de la propriété privée à des fins symboliques (habituellement, des franchises de banques ou de sociétés transnationales, des voitures de luxe et autres manifestations ostentatoires de richesse excessive, etc.). Les Black Blocs sont l’expression anonyme de la rage du peuple.

La tactique du Black Bloc adhère généralement au principe de respect pour la vie et, par conséquent, n’attente pas à la vie d’autrui. Pour ce qui est de la confrontation physique, les policiers sont les agents de la violence de l’État et sont par conséquent des cibles légitimes de la rage du peuple.

Il convient de rappeler que dans l'ensemble des Blacks Blocs des 20 dernières années en Occident, pas une seule personne n’a perdu la vie en conséquence des actions du Bloc. Par comparaison, la carence en vitamine A entraine la mort d'un million d'enfants chaque année. Le seul milliard de dollars investi par le gouvernement du KKKanada pour la sécurité au sommet du G20 pourrait facilement sauver la vie des enfants qui mourront de malnutrition au cours de l’année 2010.


Sur les accusations de terrorisme

Le terrorisme se définit comme une activité visant à terroriser une population civile, par la violence aveugle ou meurtrière, afin de forcer son gouvernement à opérer des changements de politiques.

L’insurrection n’est pas un acte de terrorisme. L’insurrection est une force positive.

L’objectif des insurrectionnalistes est d’opérer des ruptures dans la normalité de l’exploitation et de l’oppression ordinaire. Leur violence ne s’adresse qu’accessoirement aux populations « civiles » (en ce qu’elle montre qu’il est possible et nécessaire de s’insurger contre l’État et le système capitaliste). Elle s’adresse d’abord et avant tout aux oligarques, aux riches, aux dirigeants et idéologues du système capitaliste, aux profiteurs et aux forces de la répression.

Nous n’exigeons pas de changements cosmétiques ou pragmatiques dans la gestion du système. Nous souhaitons la fin du système.

Nous rejetons les accusations de terrorisme et les considérons comme une opération de l’État visant à criminaliser la rage légitime du peuple.


Nos revendications

Nous ne demandons rien. Nous aspirons à l’effondrement de l’État et du système capitaliste, et nous sommes déterminé-e-s à le miner dans ses fondements par tous les moyens nécessaires.

Ce qui viendra après ne pourra pas être pire.


Des anarchistes


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Subject: 
Au-delà de la prétention de violence
Author: 
Michael Lessard...
Date: 
Wed, 2010-08-25 15:54

La question est ridicule à mon avis, à savoir si les altermondialistes et si les anarchistes sont violents quand quelques-un.es cassent des vitrines.

Je préfère de loin cette récente communication post-G20 qui représentent beaucoup mieux les valeurs libertaires :
Saisir l’anarchisme à travers les nuages opaques de la désinformation : suites du G20 à Toronto

Michaël Lessard [me contacter]


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Subject: 
OK Michael,
Author: 
patc
Date: 
Thu, 2010-08-26 12:09

je ne sais pas dans quel monde tu vis, mais une confrontation avec la police, c'est violent, un assaut sur la propriété privée, c'est violent, une insurrection, c'est violent.

Je trouve l'argument trop facile de répéter ad nauseam que l'État et les capitaliste sont violents, mais pas nous. Oui, c'est de la légitime défense, comme l'explique bvien ce texte, mais c'est définitivement violent. Si les soi-disant révolutionnaires se laissent peinturer dans le coin de la non-violence, ils sont en fait désarmés malgré eux, et c'est un échec.

Une révolte, une révolution, c'est pas propre, ça fait du dégât, c'est parfois très très brutal. Et c'est pas de la prétention de dire ça, c'est juste un fait.

Il y en a qui sont écœuré d'attendre que le système s'arrange de lui-même et qui en sont au point de vouloir précipiter un peu le conflit, et ça, ça comporte des tactiques qui dépassent la non-violence et l'opposition symbolique.

Je ne dis pas que je suis en faveur de ça personnellement, mais je suis tanné du monde qui disent que casser des vitrines c'est pas violent. C'est un argument de mauvaise foi.

Un moment donné faut s'assumer.


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Subject: 
Re:
Author: 
Michael Lessard...
Date: 
Thu, 2010-08-26 16:16

Je ne sais pas dans quel monde tu vis, mais ce n'était pas une insurrection ni une révolution; à la limite on pourrait honnêtement parler de gestes de révolte.

Cette « discussion » ne va mener à rien d'intéressant, on va juste s'emmerder. Je veux me taire pour mettre l'accent sur la communication du Collectif de recherche sur l’autonomie collective, qui mentionne que les mouvements libertaires construisent, créent et donnent du pouvoir aux gens.

Michaël Lessard [me contacter]


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Subject: 
Crissement d'accord Pat !
Author: 
espritdecombat
Date: 
Thu, 2010-08-26 18:17

Nous vivons dans une guerre mondiale. Comme le disent certainEs : le projet capitaliste est une déclaration de guerre. Nous vivons dans une réalité par conséquent qui est ultra-violente. Choisir notre camp ne veut pas dire se désarmer du côté de la non-violence, comme le dit Pat : ''Si les soi-disant révolutionnaires se laissent peinturer dans le coin de la non-violence, ils sont en fait désarmés malgré eux, et c'est un échec.'' Crissement d'accord Pat !


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Subject: 
Justement, moi aussi
Author: 
Michael Lessard...
Date: 
Fri, 2010-08-27 20:55

C'est justement parce que je suis d'accord que je trouve ridicule la question de la violence par rapport à quelques vitrines brisées.

D'ailleurs, la communication du CRAC ne dénonce pas les actions de perturbation, mais affirme que les mouvements libertaires ne sont pas de la simple révolte ; elles visent la création de nouveaux rapports sociaux plus libres et à la fois plus démocratiques.

M'enfin, je pense prendre le temps de l'écrire clairement (la question de la violence et des vitrines cassées) ce soir ou demain. Justement, d'écrire qu'en comparaison à la guerre économique et à la violence massive dans le monde, les actions directes de quelques manifestant.es au G20 étaient très modérées et personne ne fut blessée.

Voici un discours (vidéo), tenu à Toronto par une dame, qui exprime bien la chose...

Michaël Lessard [me contacter]

[edit: phrase acerbe retirée :) et quelques phrases remaniées]

[edit du 7 sept.: mon texte sur la question est rédigé, mais je veux prendre le temps d'une bonne auto-critique et de réflexion avant de partager. C'est important, car j'essaye de produire un texte utile, aidant pour nos actions, qui n'est pas ancré dans une idéologie unique.]


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Subject: 
Sur la non-violence
Author: 
Anarkhia Webmaster
Date: 
Sun, 2010-08-29 11:56

Je trouve cela aberrant de réduire la non-violence au pacifisme passif.


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CMAQ: Vie associative


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