Multimedia
Audio
Video
Photo

Encore en 2010, les passions des peuples versus Pettigrew et les hautes études: l'arrogance du Sommet des Amériques 2001

Michael Lessard..., Tuesday, May 18, 2010 - 23:28

À l'émission radiophonique Retour sur le monde à Radio-Canada (12 mai 2010), quand j'ai entendu Pierre Pettigrew, l'ancien ministre canadien du Commerce extérieur, et Louis Bélanger, professeur à l'Institut québécois des hautes études internationales (Université Laval), nous dire comment les gens n'ont pas saisi les vertus du libre-échange, les passions de 2001, de notre lutte collective, me sont revenues en force.  Leur arrogance, leurs certitudes, où nous ne sommes à leurs yeux que de pauvres ignares hors de leurs clubs sélects.  Sébastien Bouchard, qui milita au sein de la coalition Opération Québec Printemps 2001 (OQP2001) fut aussi invité à cette table ronde.

Ce flashback de leur arrogance de 2001 à 2010 tombe à pic, car je souhaites dénoncer à nouveau leur élitisme au G20/G8 à Toronto en juin 2010.

Permettez-moi ici, pour réagir à cette pénible entrevue radiophonique, de tenter d'exprimer une partie du sens de notre refus total de leur ZLÉA et de leur mondialisation néolibérale...

 

Forte déception : tous les peuples sont bafoués

Je suis grandement déçu de ce débat où deux théoriciens du libre-échange, fort en rhétorique (discours), ont été confrontés presque uniquement à une autre théorie dite protectionniste (sauf mon respect pour Sébastien Bouchard qui a tenté d'aborder d'autres enjeux et dont le droit de parole était moindre que ces deux messieurs).

Mais vraiment, tous les peuples qui ont refusé la ZLÉA et les 50,000 personnes qui ont marché à Québec, dont plusieurs venaient de partout dans le monde, sont simplement traités comme des imbéciles, ignorants, sans moindrement chercher à entendre ou respecter les raisons de leur refus
. L'élitisme de ces deux messieurs est manifeste (sans pour autant être intentionnel évidemment), mais j'ai peur que la plupart n'entendent simplement leurs belles théories.

Notre refus de la ZLÉA était total, profond et lucide. Les raisons profondes étaient liées à
  • l'absence totale de démocratie dans leur processus où il y a seulement l'exécutif des gouvernements et certains forums de grands entrepreneurs (les parlementaires n'avaient même pas accès aux textes: il a fallu se battre pour que les textes de la ZLÉA soient rendus publics);
  • à la primauté du droit commercial sur les droits humains et nos normes environnementales et publiques (voire le tribunal aucunement transparent de l'ALÉNA) alors que nous voulons la primauté des droits humains et des droits des peuples sur les traités économiques;
  • à comment les traités de libre-échange représentent la mondialisation néolibérale où l'ensemble des enjeux sociaux et progressistes est bafoué, qu'il s'agisse d'écologie, de féminisme, des peuples autochtones, des ressources naturelles, des services publics, etc.
  • à comment les clauses sociales dans les traités commerciaux internationaux n’ont pratiquement aucun impact (c'est un fait démontrable et même L'Union européenne ne tente plus d'en ajouter aux traités commerciaux);
  • et donc à notre absence totale de confiance en ces politicien-nes élitistes nord-américains; et avec raison.
On juge selon vos actions et vos pratiques, pas selon vos beaux discours et vos principes et droits imaginaires!

Les gens ordinaires et les peuples, nous nous sommes fait avoir avant et n'avons AUCUNE influence sur ces accords, pas même à travers nos parlementaires élus, alors notre refus était total. Ce n'est pas comme si les mouvements sociaux des Amériques pouvaient négocier quoique ce soit là dedans.


Je les connais leurs théories, j'ai moi-même étudié à l'Institut québécois des hautes études internationales. Ce sont de très belles théories, rationnelles, si seulement tout était égal par ailleurs (lire: rationnelles uniquement dans un modèle économique imaginaire qui ne tient pas compte de la réalité humaine dont la politique). J'ai constaté que les traités de libre-échange ne sont pas réellement du libre-échange et ne respectent pas réellement les belles théories. Ce débat entre théories économiques libérales (Bélanger et Pettigrew) et théories économiques interventionnistes (Séb. Bouchard) ne mène pas à grand-chose. Dans la réalité, ces traités sont bourrés de pièges et de protectionnisme qui avantage les pays plus riches (Canada, États-Unis). Mais, surtout, dans la pratique, les droits des gens et des peuples ne sont jamais protégés par ces traités économiques négociés en hauts lieux.

M. Bélanger affirme que les traités de libre-échange n'empêchent aucunement les États de réglementer. C'est plus que contestable comme affirmation, mais je ne vais contester par quelques simples phrases ici (faudrait qu'on expose les règles de l'ALÉNA). Nous avons refusé et refusons toujours, car, dans ces processus, il n'y a rien pouvant mériter la confiance des gens: pendant que les règles commerciales gagnent des lois claires et internationales, nos droits demeurent des normes plus vagues et si fragiles.

C'est une question de démocratie, d'exclusion de la société civile, de pouvoir inégal, de la « guerre économique » si je puis dire. M'enfin, les pays du Sud ont refusé.

Pendant ce temps le Canada a signé des accords de libre-échange avec plusieurs pays. Le Canada suggère un accord avec L'Union européenne en ce moment, prévu pour 2011. L'Europe a une culture politique plus sérieuse et mature: elle devrait résister un peu mieux à ces théories très virtuelles ou vertueuses et devrait voir plutôt les implications concrètes des traités. Est-ce le cas? La majorité des gouvernements européens étant néolibéraux, ils vont continuer à intégrer les marchés et les professeur-es de hautes études continueront de nous dire que ces traités ne limitent pas notre capacité à appliquer nos droits démocratiques et à protéger les ressources naturelles.

Ce n'est que ma réaction initiale, avec le désir d'affirmer nos revendications communes et fondées*, quelques minutes après avoir entendu « ce débat » décevant. Visiblement, les mouvements sociaux et les gens qui désirent le respect effectif des droits des peuples ont encore un chaud combat à mener pour se faire entendre.

Radicalisme et capitalisme :

* Pour rallier les diverses raisons et motivations des groupes et regroupements, nos positions n'abordaient pas la question radicale de la société que nous voulons créer, libérée du capitalisme (antidémocratique à la racine même). C'est pourquoi d'ailleurs le collectif CASA et la CLAC étaient indépendants d'OQP2001. Ainsi, ma réplique est inspirée des positions d'OQP2001 et j'aimerais insister sur le fait qu'il s'agit de revendications minimales, exigeant le minimum de respect des droits et de démocratie ; chose incompatible avec le néolibéralisme.  Le minimum à imposer actuellement aux États, mais nous voulons néanmoins créer un autre monde.



Rappel historique - À Québec


[logo d'OQP2001: dans un style panneau routier orange, une forme masculine et une forme féminine dépose ensemble la ZLÉA et l'ALÉNA dans une poubelle.][image - logo de la Convergence des luttes anticapitalistes: une forme de foule aux poings levés avec un drapeau noir. Sous-titre: CASA - Comité d'accueil du Sommet des Amériques][image - logo du Centre des médias alternatifs du Québec: simple CMAQ avec un peu de couleur, et le logo du réseau Indymedia: un i avec des vagues de sons]
En avril 2001, ce fut une mobilisation citoyenne incroyable et historique où, par exemple, les mouvements sociaux et collectifs indépendants ont accueilli environ 20,000 personnes arrivant de l'extérieur de Québec!  Les militant-es à Québec étaient le plus souvent réunis au sein des coalitions OQP2001 et de la CASA.  Le samedi 21 avril 2001, des données factuelles permettent d'estimer qu'il y avait plus de 50,000 personnes qui manifestaient à divers endroits autour du centre-ville et en basse-ville.

Historique aussi parce que la Coalition Opération Québec Printemps 2001 (OQP2001) était 34 groupes de Québec qui ont travaillé ensemble pendant plus d'une année pour préparer la résistance à ce sommet. Une telle concertation entre les groupes sociaux était historique et donna naissance, en 2002, au Réseau du Forum social de Québec Chaudière-Appalaches.
:: Voir le Manifeste et les revendications d'OQP2001, qui regroupait 34 groupes et regroupements de Québec !

Historique aussi l'apparition d'un pôle radical autonome, à très forte coloration libertaire, organisé autour de la Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC, à Montréal) et du Comité d'accueil du Sommet des Amériques (CASA, à Québec) [source: Voix de faits].



Désolé pour les nombreux autres groupes un peu oubliés à travers le Québec, le Canada et l'ensemble des Amériques, comme le GOMM (Montréal), le RQIC et au moins une centaine d'autres.

- message rédigé par Michaël Lessard
( membre jadis d'OQP2001 et Responsable des communications du présent Réseau du Forum social de Québec Chaudière-Appalaches )




CMAQ: Vie associative


Quebec City collective: no longer exist.

Get involved !

 

Ceci est un média alternatif de publication ouverte. Le collectif CMAQ, qui gère la validation des contributions sur le Indymedia-Québec, n'endosse aucunement les propos et ne juge pas de la véracité des informations. Ce sont les commentaires des Internautes, comme vous, qui servent à évaluer la qualité de l'information. Nous avons néanmoins une Politique éditoriale , qui essentiellement demande que les contributions portent sur une question d'émancipation et ne proviennent pas de médias commerciaux.

This is an alternative media using open publishing. The CMAQ collective, who validates the posts submitted on the Indymedia-Quebec, does not endorse in any way the opinions and statements and does not judge if the information is correct or true. The quality of the information is evaluated by the comments from Internet surfers, like yourself. We nonetheless have an Editorial Policy , which essentially requires that posts be related to questions of emancipation and does not come from a commercial media.