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A bas l'interdiction du mariage gai!

léniniste-trotskyste, Friday, April 2, 2010 - 08:59

Voici une déclaration des trotskystes américains de la League for the Revolutionary Party (LRP) sur la question du mariage gai.

Déclaration de la Ligue pour le Parti Révolutionnaire
26 mai 2009

Pour la libération des gais et lesbiennes par la révolution socialiste!

A bas l’interdiction du mariage gai!

Au nom de la «démocratie», la Cour suprême de Californie a confirmé la Proposition 8, l’attaque anti-démocratique contre les droits des gais et des lesbiennes qui a été adoptée en Californie lors des élections de novembre dernier. La mobilisation anti-gai en Californie l’année dernière a été une réponse aux importants progrès réalisés par le mouvement des homosexuels aux États-Unis. Les forces de droite se sont mobilisées en réponse à la légalisation du mariage homosexuel qui avait déjà eu lieu dans l’État américain le plus peuplé, là ou se concentre une grande partie de la machine médiatique américaine et qui est aussi l’emplacement de la capitale officieuse des gais, San Francisco. Diverses institutions engagées pour la sauvegarde des moeurs sociales traditonnelles sont déterminées à ne pas perdre la «guerre culturelle» sur la question des gais.

La Ligue pour le Parti Révolutionnaire soutient fermement la demande pour le droit des gais et des lesbiennes de se marier. Nous lançons un appel en faveur de la légalisation du mariage homosexuel dans tous les États et la reconnaissance du mariage homosexuel par le gouvernement fédéral. Nous rappelons également la nécessité d’un renversement du système capitaliste comme le seul moyen de garantir une authentique liberté et égalité pour les gais et les lesbiennes.

Pourquoi le mariage gai?
Le mariage n’est aucunement nécessaire ou souhaité par tous les couples avec une relation durable, et il n’y a aucune garantie que le mariage apportera le bonheur. Néanmoins, l’exclusion des gais et des lesbiennes de l’institution du mariage est terriblement injuste et oppressive. Les idéologues homophobes prétendent que le mariage est uniquement pour les hétérosexuels, sur le motif spécieux que seuls les hétérosexuels peuvent se reproduire (comme si chaque couple hétérosexuel marié a l’intention d’avoir des enfants, ou est même capable d’en faire!). Le mariage ne concerne pas uniquement la reproduction, mais aussi la poursuite du bonheur qui est depuis longtemps établie dans le droit américain.

Les avantages du mariage civil impliquent les impôts, la propriété et d’autres droits, sans lesquels les partenaires ne sont pas protégés d’une manière très importante. Mais plus profondément, le mariage signifie une déclaration publique de l’intention d’établir une relation permanente. Refuser le mariage aux couples de même sexe veut dire leur refuser la validation par la société de leurs liens. Sans le droit de se marier, les homosexuels se voient refuser les droits qui sont censés être garantis par les déclarations démocratiques de la société américaine.

Si, d’un côté l’inégalité au mariage représente un obstacle au progrès pour les droits des homosexuels, en même temps le mariage lui-même en tant qu’institution est fondamentalement un masque pour le caractère oppresseur qui imprègne les relations personnelles sous le capitalisme. Il est absurde que tout couple amoureux et engagé, qu’il soit hétéro ou homosexuel, doit avoir un acte de mariage pour profiter d’une foule d’avantages civils. Si ce n’était pas pour la sanctification de la famille et de la glorification des voeux de mariage, une simple union civile ou l’enregistrement des relations familiales devraient suffire pour tout le monde. Dans une société socialiste, après l’abolition du capitalisme (comme nous l’envisageons dans la LRP), il n’y aura pas de pressions économiques pour le mariage comme ce qui existe sous le capitalisme, et il n’y aura pas d’obligation pour la reconnaissance par l’État ou l’Église. On pourvoiera aux besoins des enfants, peu importe l’état de la relation de leurs parents. Les gens auront le droit d’entrer ou de sortir des relations familiales comme ils le souhaitent.

Les racines de l’oppression des gais et lesbiennes sous le capitalisme
D’un point de vue purement rationnel, ça semble être une simple question de faire rompre la société de son hostilité traditionnelle à l’homosexualité. Mais la rationalité n’est pas la réalité sociale. L’idéologie anti-homosexuelle et l’oppression des homosexuels tirent leurs origines des besoins structurels profonds du système économique actuel, le capitalisme. Le capitalisme est basé sur l’exploitation des travailleurs par le biais du système du travail salarié. La force humaine de travail sous le capitalisme est une marchandise, pour être achetée et vendue. C’est la source de la valeur que les capitalistes extraient sous la forme de profits. Le maintien de ce système nécessite l’institution de la famille, le moyen par lequel la force de travail est produite et reproduite.

Une division sexuelle du travail est imposée au sein de la famille. Pour assurer un approvisionnement régulier de la force de travail, les femmes sont obligées de remplir le rôle de l’épouse/mère. Les rôles sexuels et l’idéologie qui les entourent sont maintenus par la famille. Comme nous avons souligné dans notre texte, “Women and the Capitalist Family: The Ties that Bind” (Les femmes et la famille capitaliste: les liens qui enchaînent) (Proletarian Revolution no.34, été 1989), «Le travailleur mâle a appris à s’identifier avec le sexisme. Il n’est pas propriétaire des biens de production, mais il peut imaginer qu’il contrôle les revenus de la famille et qu’il est le maître de la maison, même si en réalité il est encore seulement un esclave salarié». Les expressions ouvertes de l’homosexualité menacent l’idéologie sexiste qui aide à aveugler les travailleurs face à leur propre exploitation par les capitalistes.

Ainsi, l’institution du mariage sous le capitalisme est intrinsèquement liée à la famille nucléaire, l’unité sociale fondamentale de la société capitaliste. L’idéologie anti-gai, maintenue et promue par les organisations religieuses, les établissements d’enseignement et l’État, est ancrée dans le besoin de la classe dirigeante pour le rôle de socialisation et de discipline très stricte de la famille, afin de faciliter sa domination de classe.

Le combat pour la libération des gais et lesbiennes
L’oppression des gais affecte chaque classe et couche de la société, riches et pauvres, blancs et Noirs, capitalistes et travailleurs, parce que l’homosexualité est présente dans tous les secteurs de la société. Le fait que des membres de la classe dirigeante soient homosexuels a contribué à gagner certains des gains qui ont été remportés par les gais, bien que ces gains n’auraient jamais été gagnés sans la lutte de masse des gais et lesbiennes. Mais la présence des homosexuels dans toutes les classes signifie aussi que les victimes les plus vulnérables de l’oppression des homosexuels peuvent être rendues invisibles alors que la scène est occupée par les plus privilégiés. L’oppression des gais et les autres formes d’oppression spécifique affectent les secteurs les plus opprimés de la société – dont beaucoup sont doublement, triplement, plusieurs fois opprimés aussi par le sexisme et du racisme. Et souvent, les institutions qui prétendent représenter les intérêts des minorités opprimées sont parmi les homophobes les véhéments. De même,les gais de la classe ouvrière subissent de féroces pressions pour rester dans le placard, et ils bénéficient moins du droit au mariage ou à l’union civile que les couples de la classe moyenne. Ce sont toutes des raisons de plus pour qu’un parti ouvrier révolutionnaire de masse soit construit, un parti qui luttera pour les intérêts de tous les opprimés.

L’adoption de la Proposition 8 a créé un obstacle pour les droits des homosexuels que la Cour suprême de Californie refuse de démolir. La défaite subie en novembre dernier fût une sonnette d’alarme qui a abouti à de grandes manifestations indiquant une nouvelle phase activiste pour le mouvement en faveur des droits des gais et lesbiennes. Maintenant avec la ratification de la Proposition 8 par les tribunaux, des manifestations ont lieu à nouveau pour protester contre ce revers. Nous devons examiner la récente défaite tout comme les victoires ailleurs et se tourner vers la voie à suivre pour une stratégie qui peut conduire à la pleine égalité pour les gais et les lesbiennes.

Dans les décennies qui ont suivi la manifestation de Stonewall de 1969, il y a eu des gains importants pour les homosexuels dans certains pays du monde, incluant certaines parties des États-Unis – alors qu’en même temps dans de nombreux pays et régions, l’homosexualité est encore vilipendée et des attaques meurtrières sont perpétrées contre les gais. Malgré les progrès, les gains réels dans la lutte des homosexuels ont été enregistrés principalement là où le poids social des gais et des lesbiennes est assez solide pour résister à la haine des fanatiques. Les préjugés contre les gais ont tendance à conduire les homosexuels vers ces centres où ils ont obtenu le plus de tolérance. Bien que cette «ghettoïsation» n’est pas aussi évidente qu’elle l’a été autrefois, en raison de l’acceptation au sein de larges secteurs de la société dans ces régions un peu moins sectaires, c’est encore un aspect très important de l’état de la lutte des gais. Avec des forces sociales très puissantes toujours déterminées à empêcher la pleine égalité pour les gais, il y a tout lieu de croire que l’égalité permanente pour les gais et les lesbiennes ne peut pas être réalisée tant et aussi longtemps que l’ordre capitaliste lui-même survivra.

La classe dirigeante divisée sur la question des gais
La classe dirigeante de ce pays est profondément divisée sur la question de l’égalité pour les homosexuels. Des secteurs influents sont maintenant opposés aux plus flagrantes violations du passé, mais il y a une droite enracinée et déterminée à bloquer les droits des homosexuels et à revenir en arrière quand l’occasion se présente. La décision de la Cour suprême qui a fait qu’il était inconstitutionnel de traiter la «sodomie» comme un crime a marqué un changement par rapport aux pratiques très répressives qui étaient autrefois la norme. Il y a eu la propagation de la prise de conscience que l’homosexualité n’est pas une maladie ou une perversion, et que pour une minorité répartie dans toutes les classes sociales, avoir une orientation envers le même sexe n’est pas une question de choix mais tout simplement une caractéristique fondamentale de la personnalité. Il n’y aurait pas eu de propagation de cette prise de conscience sans le mouvement de la Fierté Gaie moderne qui a énormément évolué depuis sa naissance à la fin des années 1960.

Mais pour les dirigeants capitalistes, certains droits très minimaux (par exemple, le droit de ne pas être licencié, jeté en prison ou l’expulsion en dehors de la ville pour être gai) sont une chose. L’octroi de la pleine égalité et la reconnaissance de la validité des relations homosexuelles en légalisant le mariage gai en est une autre. En 2000, un consensus a été atteint par les politiciens capitalistes modérés et libéraux dans les deux principaux partis bourgeois que les unions civiles pour les gais et les lesbiennes au niveau de l’Etat devrait suffire. La légalisation du mariage gai était considéré comme irréaliste et dangereuse pour la stabilité sociale générale. Ainsi les deux partis ont adopté par de grandes marges le scandaleux "Defense of Marriage Act" (Acte de défense du mariage) en 1996, qui a été signé par Bill Clinton. Le DOMA déclare que le gouvernement fédéral ne peut pas reconnaître les mariages de même sexe, même quand ils sont légalisés au niveau de l’État, et il autorise les Etats à refuser de reconnaître les mariages de même sexe légalement exécutés dans d’autres États.

Obama et le Parti Démocrate
En raison des divisions dans la classe dirigeante, il y a des ouvertures pour des progrès sur la question des gais. Mais pour la même raison, la foi que les activistes ont mis dans le Parti Démocrate est profondément mal placée. Peu importe les victoires qui ont pu être remportées sur la question des gais, le Parti Démocrate est attaché à la préservation de l’État capitaliste et il est donc intrinsèquement incapable d’un engagement total pour l’égalité des homosexuels.

L’adoption de la Proposition 8 a démontré l’erreur stratégique de s’appuyer sur le Parti Démocrate. Dans la mesure où Barack Obama favorise les réformes en faveur des gais, telles que l’abrogation du DOMA et la suppression de la discrimination dans l’armée, il est un des politiciens capitalistes les moins homophobes du pays. Pourtant en tant que candidat aux élections présidentielles, Obama a objectivement aidé la Proposition 8 à gagner en proclamant son opposition personnelle au mariage gai sur des bases religieuses, même s’il a dit qu’il s’opposait à la Proposition 8 elle-même: son point de vue sur le mariage des homosexuels a été diffusé par la campagne anti-gai à coups de téléphone. Ainsi, il parle des deux côtés de la bouche et personnifie la camisole de force sur la lutte des gais que le parti Démocrate représente.

Obama et les Démocrates ont déjà déçu les espoirs que de nombreuses personnes portaient à la suite de son élection. Obama s’est prononcé contre l’invasion et l’occupation de l’Irak, mais il a intensifié la guerre impérialiste meurtrière en Afghanistan et maintenant au Pakistan. Il a suscité des attentes à l’effet qu’il préserverait le gagne-pain des gens face à la dépression économique menaçante, mais il a agi comme un agent de Wall Street, en pelletant des milliards aux grandes banques qui ont déclenché l’effondrement financier tout en donnant au compte-gouttes des sommes insuffisantes pour sauver les emplois et les logements de la classe ouvrière. Il est revenu sur son opposition déclarée aux politiques manifestement illégales et répressives comme la «restitution extraordinaire», la négation de l’habeas corpus et la surveillance sans mandat qui se sont intensifiées sous Clinton et Bush. Comme les marxistes le prévoyaient dès le départ, la nouvelle administration s’est avérée d’elle-même un champion de l’exploitation capitaliste et de la domination impérialiste. Sa langue fourchue sur la question du mariage gai est la marque de commerce habituelle des Démocrates.

La libération des gais et lesbiennes, comme toute lutte pour la justice, l’égalité et la survie de l’homme, nécessite une transformation révolutionnaire de la société. Ceci n’est possible que grâce à la mobilisation de la classe ouvrière et de ses alliés pour prendre le pouvoir d’État au niveau international et pour commencer à construire une société communiste sans classes dans le monde entier. La Ligue pour le Parti Révolutionnaire est dévouée à la construction du parti qui peut mener cette lutte, de sorte que l’oppression, la victimisation et l’exploitation par le système capitaliste puissent se terminer à jamais.

www.lrp-cofi.org


Subject: 
Mariage et libération?
Author: 
patc
Date: 
Fri, 2010-04-02 12:38

Je suis d'accord que tout le monde devrait avoir les mêmes droits en toutes circonstances, mais le mariage est une construction mentale conservatrice doublée d'une institution parfaitement réactionnaire.

Depuis quand le mariage est-il porteur de libération? Bizarre.


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Subject: 
Réponse
Author: 
léniniste-trotskyste
Date: 
Fri, 2010-04-02 19:29

C'est un bon point que tu soulèves Pat. La mariage est en effet une institution très conservatrice, mais il s'agit ici d'une question d'égalité des droits pour les homosexuels. C'est aussi une question de principe et le mariage n'est pas prêt de disparaître, donc il est normal que ce droit soit reconnu aux personnes de même sexe.


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