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Présidentielles françaises, rôle des médias et mascarade des candidats

usager-administré, Tuesday, April 24, 2007 - 07:10

Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal seront donc les acteurs du deuxième acte de la comédie des lobbies capitalistes intitulée : « Les citoyens choisissent librement leur avenir collectif ». Les « électeurs » sont censés participer massivement à la fin de cet acte, avant de quitter définitivement la scène. Le troisième acte, celui qui dévoile vraiment l’intrigue, se jouera sans eux. En revanche, les médias resteront un acteur permanent de cette pièce qui, parmi les douze protagonistes affichés du premier acte, n’a pas connu une seule voix discordante en ce qui concerne les enjeux politiques essentiels.

Dès dimanche soir, politiques et journalistes se sont gargarisés de « triomphe de la démocratie » et de « rejet des extrêmes », à propos du résultat du premier tour des élections présidentielles françaises où le taux de participation a été de 84.6% . Et où les candidats des courants politiques ayant participé au gouvernement au cours des trois dernières décennies recueillent plus de quatre-vingt pour cent des suffrages exprimés. Curieusement, tous les candidats s’en prenaient à la « pensée unique » avec des airs légèrement différents, mais leurs programmes politiques ne comportaient aucune mise en cause du système en place.

Plus fort encore : les trois candidats des courants politiques ayant dirigé des gouvernements depuis les années 1970 (UDF, PS et UMP) obtiennent ensemble un total de suffrages dépassant les trois quarts des voix. Qui incarnait donc la « pensée unique » que tous les acteurs du premier tour, y compris ces trois « ténors », dénonçaient à l’unisson ? On dirait plutôt que le rôle collectif des candidats ayant obtenu les 500 signatures était de faire passer par d’autres moyens une politique que la population avait constamment rejetée. Les médias les y ont bien aidés, tout au long d’un premier acte au cours duquel les « fausses notes » ont été évitées. Comme s’il s’agissait également de « montrer au monde que la France n’est pas un foutoir ».

Au cours de cette campagne présidentielle, les médias ont su étouffer toute perspective de débat sur les questions « délicates » : stratégie des multinationales et des lobbies financiers, généralisation du dumping social aux échelles européenne et planétaire, délocalisations, projets de mise en place d’un Etat européen et de militarisation de l’Europe... Mais les candidats eux-mêmes ont fait pareil de leur propre chef, y compris dans les professions de foi incroyablement creuses parvenues aux électeurs juste avant le premier tour.

Comme en réalité « il n’y avait rien à débattre », on a animé la campagne avec une série de mises en scène dont le candidat UDF, présenté comme le « grand outsider », s’est avéré un spécialiste. Jusqu’à s’ériger en prétendu grand défenseur de la « liberté de l’internet », tout en réclamant haut et fort auprès des « élites » la mise en place d’urgence de l’Europe militaire et du « renseignement ». Ce qu’aucun concurrent du premier tour ne semble avoir dénoncé : de quoi craindre que tous les candidats de ces présidentielles ne soient prêts, pour le moins, à laisser faire...

François Bayrou, alias « l’opposant maximal au système », se plaignait il n’y a pas si longtemps d’être discriminé par les médias français en tant que candidat aux élections présidentielles. Mais sa proposition d’un débat sur la Toile entre les quatre candidats dits « principaux » a rencontré un large soutien des médias privés malgré les objections qu’une telle initiative pouvait soulever. La situation ainsi créée amenait tout naturellement la question du contrôle des débats électoraux sur la Toile et, plus globalement, celle de l’influence des medias privés sur la campagne électorale et sur le vote des citoyens.

Même après la fin officielle de la campagne pour le premier tour et pendant un week-end réputé de « calme », ces médias sont restés omniprésents. Ce n’est qu’une preuve de plus de l’hypocrisie d’un système.

A en juger par le taux de participation, beaucoup de français(e)s semblent à ce jour croire, ou plutôt vouloir croire, qu’on peut changer quelque chose avec un bulletin de vote et que leurs élus peuvent exercer une réelle influence sur le système économique et social en place. Espérons que l’examen global du fonctionnement de l’actuelle campagne des présidentielles françaises les incitera à revenir ce point de vue. Notamment, par l’évidence des énormes possibilités d’interférence des groupes de pression liés à des intérêts privés et par la capacité de ces groupes d’étouffer tout débat réel et toute information « sensible » grâce à leur contrôle des médias.

Même pendant le week-end, alors que le Conseil Constitutionnel rappelle sur son site que sont interdits tant la veille que le jour du scrutin : a) toute propagande officielle ; b) toute distribution de tracts ; c) toute réunion électorale ; d) tout envoi au public, par voie électronique, d'un message ayant le caractère de propagande électorale ; e) toute modification des sites Internet des candidat... les moyens d’intervention des médias privés sont restés considérables. On peut lire qu’un membre de l’équipe de Ségolène Royal aurait, d’après des dépêches récentes, été surpris au cours d’une diffusion illégale de tracts. Ce que l’intéressé a démenti. Mais les médias disposent, pendant un week-end électoral, de moyens d’expression légaux et autrement plus puissants qu’une distribution de tracts, à condition de savoir garder quelques formes.

Quant aux sondages, le Conseil Constitutionnel précise que « s'agissant des sondages ayant un rapport direct ou indirect avec l'élection présidentielle, leur publication, leur diffusion et leur commentaire sont également interdits la veille du scrutin et le jour du scrutin, jusqu'à la clôture du dernier bureau de vote ». Mais on trouvait de tels sondages sur des sites d’autres pays, repérables à travers les moteurs de recherche.

Bref, le système entretient une apparence superficielle d’indépendance des élections bourgeoises. Mais la pression des grands intérêts privés sur l’opinion citoyenne et sur les électeurs est permanente.

Samedi soir, un article d’Indymedia Estrecho intitulé :
« François Bayrou, la « campagne heureuse » et le rôle des médias dans les élections présidentielles françaises » évoquait la publication, samedi matin, d’une dépêche Reuters intitulée :
« François Bayrou, la "campagne heureuse" » qui pontifie d’emblée : « François Bayrou a réussi son premier pari : apparaître comme un candidat crédible. Un candidat capable de troubler le paysage politique français traditionnellement marqué par le clivage droite-gauche ». Un article de dimanche matin soumis à Indymedia Grenoble souligne la large diffusion de cette dépêche : l'Express, le Monde, la Tribune, Capital, Boursier.com... Les deux notes publiées par Indymédia relèvent également un article d’Echo-Nature daté de samedi, intitulé : « Présidentielle : net avantage Bayrou pour l’écologie » avec, à la fin, cette remarque : « Si F. Bayrou était élu, il est probable que le n° 2 de son Gouvernement serait Corinne Lepage ». Ou encore, une dépêche de l’Agence Bretagne Presse datée du samedi 21 avril, à 16h11 : « La meilleure vision économique, c'est Bayrou ». Le cas de Bayrou n’est qu’un exemple, mais rappelons encore qu’il s’agit d’un candidat qui, tout récemment, mettait lui-même en cause le rôle des médias. Ce qui peut surprendre, s’agissant d’un ancien membre de la Commission Trilatérale et avec des « entrées » dans nombre de réseaux.

Car, tout compte fait, ce qu’a mis en évidence cette situation n’est autre que le pouvoir dont disposent ceux qui contrôlent des médias, des moteurs de recherche, des sites à haute fréquentation... Cette petite minorité, dont les intérêts sont dans l’ensemble proches de ceux des multinationales et des milieux financiers, dispose d’énormes moyens de faire passer des messages en plein week-end électoral, là où un militant déclaré doit se taire.

En a-t-il été autrement tout au long de la campagne ? La « puissance de feu » des propriétaires des grands médias privés et de leurs alliés des milieux financiers a été très supérieure à celle des citoyens militants dans un contexte où, globalement, les candidats eux-mêmes ne disaient rien de très significatif. Si ce n’est des acquiescements plus ou moins explicites à l’égard des « grandes tendances » du système, y compris sur la mise en place d’un Etat européen ou sur les délocalisations financières.

Telle est, si on va au fond des choses, la véritable nature d’un système dit « démocratique » mais, en réalité, capitaliste. Quant aux « petits candidats », ils ne sont pas forcément aussi nuls qu’ils en ont eu l’air. Dans l’actuel système, savoir se taire est une vertu.

 

Usager-administré

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