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Pourquoi le coût de la vie augmente plus rapidement que notre capacitée de payer

agirtouslesjours1peu, Friday, October 6, 2006 - 00:32

L’impact de changements au calcul de l’inflation aux États-Unis sur le prix du logement en Amérique du Nord.

Dans le contexte de la lutte au déficit, les gouvernements occidentaux ont entrepris divers moyens pour diminuer le ratio dette-PIB. Aux États-Unis, le 4 décembre 1996, la Commission Boskin a soumis un rapport intitulé: ''Toward a More Accurate Measure of the Cost of Living'' . Ce rapport suggérait de modifier la manière dont on mesurait l’inflation dans l’objectif de diminuer son impact sur les finances publiques. Le principal index du calcul de l'inflation, soit le CPI (Core Price Index) qui équivaut à l'IPC (Indice des Prix à la Consommation) au Canada a été reconfiguré.

Un des plus importants changements a été de retirer les biens d’actifs soit en d’autres termes, les biens immobiliers du calcul du CPI. La raison donné par les membres de la Commission était que ces biens ne sont pas achetés à une fréquence aussi grande que les autres puisque l’on n’achète pas une maison plusieurs fois par année. D’autres mécanismes ont également étés développés pour diminuer artificiellement l’inflation. Il y en a 2 principaux soit la substitution et l’hédonisme.

La substitution consiste à assumer que le consommateur choisi toujours un bien alternatif plutôt que de se résigner à ne pas consommer. Dans le calcul mensuel du CPI, le Bureau of Labor Statistics (BLS) utilisait un panier fixe de biens pour comptabiliser les variations de prix. En se servant de la substitution, si le prix du boeuf augmentait, on devait assumer que les gens avaient substitué le boeuf avec du poulet. Si le prix du poulet augmentait, les consommateurs opteraient alors pour le poisson. Si tous ces produits augmentaient en prix, les consommateurs deviendraient végétariens par exemple plutôt que de diminuer leur consommation.

Le BLS a également opté pour un ajustement des prix selon leur niveau de qualité. Cette pratique, connue sous le nom de ''hedonics'' ajuste le prix des biens selon l’augmentation de la satisfaction encourue par un consommateur pour un produit. A titre d’exemple, prenons un téléviseur de 27 pouces de marque X vendu en 1998 au montant de 329.99$. L’année suivante, soit 1999, ce téléviseur de 27 pouces de la même marque et modèle comparable se vend encore au prix de 329.99$ mais avec une technologie nouvelle quant à l’écran. En inscrivant cette amélioration au travers un modèle d’ajustement hédonique determine, il est possible de quantifier que l’amélioration dans l’image vaut au par exemple, 135$. Au prix de 329.99$ cette television a donc diminué en prix de 29% si l’on tient compte de la valeur hédonique incluse de 135$ sur ce 329.99$. Le prix du téléviseur inscrit dans le calcul du CPI ne saura donc pas le prix de détail mais bien un prix hédonisé de 194.99$. Le hic c’est que nous consommateurs débourseraient quant même les 329.99$ pour ce téléviseur en magasin.

Ces mesures recommandées par la Commission Boskin permettait à la Réserve Fédérale de diminuer les taux d’intérêts et de gonfler l’économie par le biais du crédit. La quantité de liquidités a augmenté de façon vertigineuse et s’accéléra avec la hausse réelle de l’inflation qui s’en suivi. Au Canada, si l’on se réfère à des documents d’information de la Banque du Canada datant de juillet 2001 nous pouvons lire ce qui suit: “Les taux d'intérêt au Canada sont en grande partie déterminés par le niveau du loyer de l'argent aux États-Unis, le niveau relatif des taux d'inflation dans les deux pays et les différences d'orientation de leurs politiques monétaires respectives. Un facteur de risque est également pris en compte. Il s'ensuit que les taux d'intérêt canadiens peuvent être soit supérieurs soit inférieurs à ceux des États-Unis, mais ils n'évoluent jamais en toute indépendance?

Au delà de cette conclusion, nous savons aussi qu’en février 1991 le gouvernement fédéral et la Banque du Canada ont mis en place des cibles afin de réduire l’inflation au point médian de l’intervalle entre 1 % et 3 %. Le taux cible de la Commission Boskin était de 1.1% ce qui démontre une orientation similaire. À la suite de l’application de ces cibles, l’inflation a enregistré des niveaux parmi les plus bas depuis des décennies. Les changements adoptés n’ont pas été les mêmes que ceux chez nos voisins du sud mais l’impact a été le même soit d’apporter une diminution que l’on pourrait qualifier d’artificielle, de l’inflation.

Ainsi, les taux directeurs des banques centrales au Canada comme aux États-Unis ont pû demeurer bas. En diminuant les taux d’intérêts, les banques centrales ont aidé à créer et à maintenir la plus longue période de croissance économique en Amérique du Nord. Ce n’est pas compliqué car un taux d’intérêt bas augmente la quantité d’argent qui peut-être emprunté car il en coûte moins cher de le faire. Par exemple, un individu décidant de s’acheter une maison de 200 000$ au taux d’intérêt de 6% aura de plus gros paiements que quelqu’un qui emprunte le même montant avec un taux de 4.25%. Il peut donc emprunter davantage lorsque les taux sont bas. Les ajustements apportés au calcul de l’inflation semblent donc êtres un des facteurs ayant causé la bulle immobilière aux États-Unis et la hausse extraordinaire du prix des maisons au Canada.

Le coût des logements neufs au Canada a donc augmenté dès l’année de la mise en vigueur des recommendations de la Commission Boskin aux États-Unis. De plus, la rénumération hebdomadaire moyenne incluant le temps supplémentaire n’a pas augmenté en tandem avec ces hausses consécutives du prix des logements.

Source : Statistique Canada, tableau CANSIM 281-0006.

Il y a donc eût un endettement progressif des ménages et une proportion toujours plus grande du revenu disponible octroyé au service de leur dette.

Source : Études économiques Scotia, Groupe Banque Scotia, Août 2006

En guise de conclusion, nous savons que dans une économie capitaliste, les prix reflètent normalement la capacitée des consommateurs de payer. Hors, en sous-évaluant l’inflation, la règle de l’offre et de la demande n’a plus autant d’importance et mène alors à une inflation toujours plus grande lorsque le crédit est disponible. Le plus que l’on injecte du capital dans l’économie par le biais du crédit, le plus que les prix peuvent se maintenir et augmenter jusqu’à ce que l’on atteigne un niveau de crise. La question est donc de savoir le pourquoi d’une telle orientation de la politique monétaire. Es-ce une subvention indirecte des grandes entreprises qui face à la mondialisation avaient besoin d’une baisse des salaires généralisée ? De plus, de changements si importants apportés dans un contexte de partis politiques sont-ils vraiment démocratiques ?

L’année 2007 s’annonce comme une année de récession du moins aux Etats-Unis. Es-ce que la Canada saura profiter de ses abondantes ressources et de son espace pour finalement construire une économie naturelle ?



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