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Quand la violence vit ses beaux jours - 2e Partie

Anonyme, Friday, August 11, 2006 - 04:47

RUBY BIRD

Par RUBY BIRD - Journaliste

Je me suis concentrée sur l'oppression que subit les peuples arabes sous l'idéologie du continuum colonialiste. Trois exemples suivent qui montrent à quelle point la monstruosité n'a pas de limite. Le premier concerne le peuple palestinien avec le négationisme idéologique israélien, les deux suivants traitent des tortures faites en toute impunité à Abû Ghraib par les forces impérialistes américaines alliées à celles israéliennes, ces dernières passant maîtres en invasion, destructions et violence contre le genre humain. Qui sont les vraies victimes et qui sont les indéniables bourreaux ?

------------LA GUERRE DE 1948. ENTRE ARCHIVES ET SOURCES ORALES Revue d’Etudes Palestiniennes – Revue trimestrielle publiée par l’Institut des Etudes Palestiniennes (N° 96) Fondé en 1963 à Beyrouth, à pour but de promouvoir une meilleure compréhension de la cause palestinienne et des droits du peuple palestinien. Courts extraits tirés sur l’Etude de Saleh Abdel Jawad qui est professeur de sciences politiques à l’université de Birzeit. Traduit de l’arabe par Mohamed Saad Eddine el-Yamani. « L’une des conséquences de la guerre de 1948 a été d’affaiblir la capacité des Palestiniens à écrire leur histoire…….Il s’agissait en fait d’un vaste projet de « purification ethnique » qui ne visait pas seulement à expulser les populations (60% du peuple palestinien) ou à détruire 80 à 85% de leurs villages occupés et soumis à la domination israélienne, mais cherchait aussi à faire disparaître leur mémoire et leur paysage culturel. Pour parachever cette opération de judaïsation totale, les villes furent vidées de leurs habitants, les propriétés, ainsi que le patrimoine culturel confisqués. » « Les Palestiniens ont plus écrit sur les villages détruits que sur les villes, qui étaient en fait les foyers culturels de leur société et de leur identité en formation…..Une grande partie du patrimoine culturel et juridique écrit fut détruite, perdue ou mise à sac…..quasiment tout a été détruit, dans les zones passées sous domination israélienne et où se trouvaient les centres culturels les plus importants de la société palestinienne. Les classes moyennes et l’intelligentsia laïque concentrées surtout à Jaffa, Haïfa et dans les quartiers ouest de Jérusalem ont été pourchassées. C’est là aussi que se trouvaient les sièges des journaux , des maisons d’édition et tout ce qui avait trait à la culture : théâtres, salles de cinéma, clubs littéraires et moyens de distraction. » « Mais la perte des papiers et journaux ne fut pas limitée aux grands intellectuels : toute la société en a souffert. Ce fut également le destin des souvenirs intimes et des albums de photos familiales. Il est évident que certains intellectuels sioniste, dont la plupart intégraient la machine de guerre et de destruction ont compris l’importance de la confiscation et parfois de la conservation des documents arabes.… » « La disparition des documents – à cause des destructions, du vol, des confiscations, etc.-, surtout ceux des partis politiques, les papiers et les mémoires des personnes ayant joué un rôle notable dans la résistance durant le mandat ou la guerre, ne se limite pas aux conditions dramatiques de l’année 1948. » « La confiscation de documents et papiers palestiniens, quels que soient la source, l’époque ou le lieu, ne concerne pas que des cas individuels exceptionnels. Il s’agissait en fait d’une activité continue pour s’accaparer le patrimoine écrit de l’Autre, un élément d’une opération visant à s’emparer du lieu et de son identité. Quelques heures à peine après avoir colonisé la Cisjordanie et la bande de Gaza, Israël confisqua les documents, déclarations et publications du Mouvement national palestinien des années 50 et 60 qui se trouvaient dans les réserves et les archives des administrations et des services de renseignements jordaniens et égyptiens, pour les transférer aux Archives centrales de l’Etat d’Israël. Comme une étape symbolique confirmant la mentalité de domination. » « De nombreux grands historiens et hommes politiques israéliens ont publié des études basées largement sur ces documents confisqués……Il reste qu’il est très difficile, voire impossible pour un chercheur palestinien d’accéder aux archives, bien que théoriquement rien ne le lui interdise. » « Certains papiers et objets du grand dirigeant mort au combat, Abd al-Qâdir al-Husseini, qui se trouvaient dans la maison de Daoud al-Husseini, ont été brûlés par la famille de 1967 de peur qu’ils ne tombent entre les mains des israéliens. Les documents restants concernant le Jihad sacré furent rassemblés, en 1979, dans les archives de l’Association des études arabes à Jérusalem, dont le siège a été déménagé dans les années 80 et réinstallé dans le bâtiment de l’Orient House. Le 1er Juin 2001, Sharon profita de la mort de Fayçal al-Husseini et de l’attentat du night-club Dolphinarium de Tel-Aviv pour fermer l’Orient House, confisquer les documents de l’association (près d’un demi million) et s’emparer de sa bibliothèque spécialisée sur la question palestinienne. » « Pendant l’invasion israélienne du Liban, les Palestiniens perdirent une grande partie de ce qu’ils avaient recueilli de leur patrimoine écrit et de ce qui avait été publié sur le sujet. Plusieurs bibliothèques privées, comme celle du grand historien Walid Khalidi, furent détruites. De nombreux individus, des groupes politiques et des institutions sociales brûlèrent leurs papiers en prévision de l’entrée des forces israéliennes dans Beyrouth et dans d’autres villes et camps libanais. Mais la perte la plus grave fut celle du Centre de recherches palestiniennes, lorsque les forces israéliennes envahirent Beyrouth et que la résistance palestinienne l’eut quittée. » « En 1987, l’écrivain sioniste de gauche Simla Flapon publia son célèbre ouvrage The State of Israël : Myths & Realities, où il critiquait les 7 mythes israéliens sur la guerre de 1948. Le livre fut accueilli par l’insulte et le mépris. Le chercheur Teddy Katz, dont la thèse, soutenue au département d’histoire de l’université de Haïfa, sur le massacre du village de Tantoura en 1948, basée sur les témoignages des victimes palestiniennes ainsi que sur ceux d’officiers et soldats israéliens, a été acceptée dans un premier temps puis a essuyé une succession de procès judiciaires avant d’être retirée de la circulation. » « Alors que tout Etat arabe combat quiconque est soupçonné de critiquer le régime en place, l’un des grands tabous impardonnables est de s’en prendre à la personnalité du chef suprême, considéré comme guide et symbole de la nation….Si Israël jouit d’une liberté d’expression assez grande, celle-ci ne doit pas dépasser « la ligne verte » et ne concerne que les citoyens juifs. Mais dans les territoires occupés, soumis à un régime militaire ininterrompu depuis 1967, la censure de l’écrit et la limitation de sa diffusion, institutionnalisées par le régime des ordonnances militaires, sont très brutales, même en comparaison avec le monde arabe, en raison de la différence des objectifs. Alors que, dans le monde arabe en général, la censure s’en prend à tout ce qui peut critiquer le régime politique et social et autorise le reste, les israéliens n’interdisent pas seulement les matériaux attaquant le régime de l’occupation, mais tout ce qui pourrait renforcer l’identité, l’histoire, la culture et les sentiments nationaux de la société palestinienne. » « Comme n’importe quel livre imprimé passe par le barrage des frontières ou par les services postaux de l’Etat occupant, Israël contrôle dans une large mesure tout ce qui se lit. Plus : lorsqu’il s’agit de sujets concernant le conflit israélo-arabe ou la culture palestinienne, l’effet destructeur de cette censure est absolu…..La politique de censure et de contrôle des livres et de leur circulation, appliquée par Israël dans les territoires occupés, a gravement limité la capacité des Palestiniens à écrire leur histoire. » « D’autres manœuvres israéliennes vont dans le même sens de blocage et de paralysie, comme la fermeture des universités palestiniennes sur ordre militaire ou à travers la politique des barrières qui empêchent la circulation. » « L’exemple de Birzeit est suffisant pour décrire la perturbation par les Israéliens de la vie universitaire et l’empêchement de projets prometteurs comme la réécriture de l’histoire palestinienne. » « La perte et le pillage des sources et des documents palestiniens écrits ne sont qu’un volet du problème que doit affronter le chercheur qui veut présenter un contre-récit au récit sioniste, ancien ou nouveau. Jusqu’à aujourd’hui, les archives politiques et militaires sur la guerre israélo-arabe n’ont été ouvertes dans aucun pays arabe qui y a participé. » « Dans le monde arabe, où règnent en général des régimes autoritaires et non démocratiques, il n’y a pas de lois qui définissent les fondements, les règles et le mécanisme de la déclassification des documents secrets comme celles existant en Israël……..Des travaux basés sur les archives des armées arabes ont été publiées dernièrement. Mais il s’agit d’exceptions qui confirment la règle de l’interdiction. » « En fait, il n’y a pas dans le monde arabe de traditions bien établies de documentation. De plus, le citoyen ordinaire, les hommes politiques et même les gens travaillant aux archives ne sont pas conscients qu’il s’agit d’un trésor national, propriété de tout le peuple, et qu’il faut les conserver et faciliter leur utilisation par les chercheurs. » « Cette situation déplorable est en contradiction totale avec l’intérêt des Israéliens pour l’archivage, qui se reflète dans la multiplicité et la richesse des centres d’archivages,…..Par ailleurs, Israël a légiféré sur l’opération de déclassification.. La loi de 1955 porte à 30 ans le délai pour la levée du secret sur les documents politiques, et à 50 ans pour ceux qui touchent à la sécurité et à l’armée. Mais il y a 3 situations où la loi interdit cette déclassification et exerce la censure : sur « tout ce qui touche à la sécurité d’Israël » ; tout ce qui peut porter atteinte à son image et à sa réputation dans les cercles internationaux ; et enfin tout ce qui mettrait dans l’embarras des dirigeants sionistes ou israéliens encore vivants. » « Selon ces règles, il a été interdit de déclassifier les archives du Conseil des ministres israéliens touchant aux massacres et ignominies commis conte les Palestiniens pendant la guerre de 1948 et que les cercles officiels israéliens appellent « abus ou bavures. » « Si on saisit la mentalité des dirigeants israéliens – qui sont semblables à la majorité de ceux qui ont planifié et supervisé les projets de « nettoyage ethnique » contemporain -, on doit supposer qu’il est presque impossible de tomber dans les archives sionistes sur une boîte noire. » « Comme le dit le professeur d’histoire de l’Amérique latine à l’université de Harvard, John Womack : « La majorité des opérations de « nettoyage ethnique » et des massacres à grande échelle qui ont eu lieu dans la période contemporaine, l’ont été sans ordres écrits ni planifications détaillées. De Staline à Hitler, en passant par les Khmers rouges du Cambodge et Pinochet au Chili, les ordres furent transmis par le dirigeant suprême à celui de grade inférieur, sans qu’il soit nécessaire de les consigner dans des notes. Nous, historiens, cherchons toujours naïvement des ordres d’assassinat clairs. C’est seulement dans les pièces de théâtre ou les fictions qu’on les trouve. Personne n’émet par écrit un ordre de tuer. Ces ordres sont d’habitude communiqués de manière floue mais compréhensible. » « « De plus, la guerre avait eu lieu peu de temps après la condamnation des criminels de guerre nazis par le tribunal de Nuremberg. Seule personne à pouvoir décider la planification de la « purification ethnique », Ben Gourion a agi dès le début en connaissance de cause et s’est montré très prudent, en ce qui concerne les documents écrits, pour éviter la condamnation de ses actes et du projet sioniste. » « Il n’est donc pas étonnant que le récit sioniste, qui vise à la négation de l’histoire du peuple palestinien, soit hostile aux témoignages des Palestiniens et tente de semer le doute quant à leur vérité. » ------------VOTRE ROUTE S’ARRETE A BAGDAD (ABU GHRAIB) Par Abdelatif Ben Salem Revue D’Etudes Palestiniennes – Revue trimestrielle n° 94 De courts extraits en sont tirés : « Vers la fin du mois de février 2004, le général de division Antonio Taguba…….remettait un rapport interne de 53 pages qui complétait des investigations précédentes sur les défaillances du système carcéral américain en Irak…..Ce rapport détaille les méthodes employées par la police militaire pour « ramollir » les suspects avant de les passer à la question, à la demande expresse des agents du renseignement, sans préciser toutefois que c’était la routine. » « Le rapport reste muet quant à la participation des « experts » recrutés par l’intermédiaire des sociétés privées……autrement dit sur les mercenaires : anciens militaires ou/et agents du Mossad détenteurs de la double nationalité américano-israélienne (il y en aurait, selon les estimations de la presse israélienne, environ un millier directement engagés dans le conflit, et répartis entre soldats, officiers et rabbins « jihadistes »), soldats de fortune, baroudeurs, « gardes du corps » et anciens maton venus de pays pourvoyeurs traditionnels de ce type « d’irréguliers ». » « Ces tortures, rappelant celles subies depuis des décennies dans le silence ou l’indifférence de l’opinion mondiale par des dizaines de milliers de militants et de démocrates dans les geôles des dictatures arabes – quelle splendide leçon pour les peuples arabes que les Américains prétendent venir libérer !…… La « grande cause morale de l’Amérique », à savoir la démocratisation du « Grand Moyen-Orient » est partie en fumée. » « La connaissance sur les pays arabes et en particulier de l’histoire de l’islam se résume pour ces intellectuels à la compilation des gros titres des journaux et à des démonstrations minimalistes fast-foodées, sitôt lues sitôt évacuées. Leur approche quasiment liturgique de l’histoire universelle, fondée sur une fois aveugle en la mission de l’Amérique, et leur analyse des rapports entre les nations (mixture nauséeuse de culture religieuse, de délire sécuritaire, d’arrogance patriotarde, d’idolâtrie de l’économie de marché et, pêle-mêle, d’intégrisme technologique et scientifique, de francophobie, d’islamophobie, de relents antichinois, antirusses et anti-arabes), font hurler de consternation tout chercheur débutant en la matière. » « Ressasser sans fin des assertions basées sur de faux présupposées tels que la non-comptabilité de la mentalité arabe ou de l’Islam avec la démocratie (existe-il une seule religion au monde qui ne soit pas incompatible avec la démocratie !) semble devenu en ces temps l’activité la plus lucrative qui soit. » « Après l’escroquerie intellectuelle qui consiste à faire accroire à une résistance « génétique » de l’Islam à la démocratie, voici venu le temps des nouvelles escroqueries : place donc à « l’exception arabe » ! » « En effet, il est plus que probable que ce triste record dans l’ignominie américaine ne fut rendu possible que grâce à la précieuse collaboration des agents du Mossad connus sous le sobriquet de « Musta’ribîn », experts en « traitements des terroristes arabes », présents depuis des années au Kurdistan d’Irak, des camps d’entraînement à la guerre urbaine et aux techniques « d’interrogatoire poussé »……. Destinés à l’encadrement militaire américain en Irak est en effet un secret de polichinelle. A preuve, des bruits insistants sur l’existence de clichés qui seraient antérieurs à Abû Ghraib pris par des soldats israéliens circulent un peu partout depuis quelques temps : entre autres, il y aurait la photographie d’un cadavre d’adolescent palestinien sanglé, traîné par un tank ; un autre qui montre un soldat posant face à l’appareil photo, tenant entre les mains la tête coupée, affublée d’une cigarette glissée au coin de la lèvre, d’un kamikaze palestinien tué par sa bombe. » « A Abû Ghraib, certains clichés montrent des cadavres de suppliciés morts à la suite de tortures, le visage en sang horriblement boursouflé, enveloppés dans de la cellophane et recouverts de sachets de glace, gisant aux pieds des soldats rigolards. » « Mais à bien y réfléchir, on est obligé d’admettre qu’au cours de cette guerre l’opinion américaine (75%) a enregistré malgré tout un léger mieux par rapport à l’autre « guerre de libération » - en 1991, un sondage révélait qu’ils étaient 90% à considérer les Irakiens comme des animaux qu’il fallait mener à l’abattoir ! » « Aussi démocratique soit-il à l’intérieur de ses propres frontières, ce pays n’a cessé depuis des décennies de promouvoir et d’exporter une culture de violence, de provoquer des guerres sanglantes, d’ourdir des coups d’Etats contre des Etats constitués, de soutenir des régimes dictatoriaux et de pratiquer une politique d’ingérence à l’intérieur de ses frontières. Des responsables coupables de crimes de guerre, de violations multiples et graves du droit et des coutumes dans les conflits armés, de meurtres et de viols programmés sur des personnes civiles, de destructions du patrimoine, en violation du droit international, qui devraient par conséquent être traduits devant des juridictions internationales pour répondre de leurs crimes. » ------------GUERRES, TORTURES ET HOMOPHOBIE (ABU GHRAIB) Par Vanessa Casanova Fernandez tiré de Nacion Arabe n° 52 et traduit par Abdelatif Ben Salem Elle est arabisante et historienne espagnole, doctorante à Houston. Revue D’Etudes Palestiniennes Revue trimestrielle n° 94 De courts extraits suivent : « Certaines études ont démontré un lien étroit entre militarisation progressive de l’Etat-Nation et les violences sexuelles utilisées comme arme de guerre. » « A Abû Ghraib, nous avons eu affaire à l’usage – très fréquent, mais largement dissimulé – des pratiques sexuelles sous la contrainte entre personnes non consentantes du même sexe. Les tortionnaires – et probablement leurs instructeurs – ont, à n’en douter, sévi en sachant parfaitement que le pire qui pouvait arriver à un homme (à plus forte raison à un homme de culture arabe ou musulmane) est précisément ce qui s’est passé dans la prison américaine d’Abû Ghraib. » « Les principales organisations de défense des droits des homosexuels, lesbiennes et transsexuels (LGBT) aux Etats-Unis…….ont condamné ces tortures en tant qu’exemple des comportements homophobes institutionnels ayant pour unique objectif l’humiliation et la déshumanisation des victimes en identifiant leur rôle ainsi que celui des tortionnaires à la « figure » de l’homosexuel, alors que certains commentateurs célèbres ont vu dans les sévices infligés aux Irakiens la conséquence de l’homophobie institutionnalisée au sein des forces armées des Etats-Unis. » « Plusieurs représentants d’organisations conservatrices n’ont pas hésité , en effet, à désigner publiquement du doigt la communauté LGBT comme étant responsable des pertes en vies humaines à l’étranger, conséquence de l’apparente relation de cause à effet entre les « actes homosexuels » commis à Abû Ghraib et la dégradation de l’image des Etats-Unis dans le monde arabo-mmusulman. » « Il existe de nombreuses études sur les rapports entre l’institution armée et l’homophobie institutionnalisée aux Etats-Unis…..A l’heure actuelle, les forces armées américaines interdisent expressément le recrutement des personnes homosexuelles. La décision de cette interdiction remonte à la période postérieure à la première Guerre Mondiale, au cours de laquelle fleurissent les recherches dans les domaines psychanalytique et psychiatrique qui recommandaient la classification de l’homosexualité dans la catégorie des « maladies mentales ». « A l’époque de la guerre froide, s’ajouta à cette discrimination la croyance selon laquelle la présence des homosexuels dans les forces armées et dans l’administration était susceptible de représenter une menace pour la sécurité nationale en raison des risques potentiels de chantage et de dénonciation auxquels était exposé le personnel militaire homosexuel d’active. » « Quand la « question homosexuelle » a fait irruption dans la campagne électorale pour les présidentielles de 1992, William Clinton a promis de supprimer l’interdiction qui pesait sur le droit des gays et des lesbiennes à voir sous les drapeaux, mais ses promesses se sont heurtées à l’opposition énergique des états-majors. » « En revanche, des études disponibles démontrent que les pratiques homophobes visant à brimer ou à faire chanter une personne par la menace de rendre publique son orientation (homo) sexuelle demeurent toujours aussi courantes…..A cela il faut ajouter que la situation paradoxale créée par la mesure d’interdiction aux personnes homosexuelles de servir dans l’armée a entraîné, dans des circonstances comme celles que nous traversons actuellement, l’expulsion entre 1993 et 2003 d’environ 9 646 militaires pour « délit » d’homosexualité, d’après les estimations du Service Member Legal Defense Network, une association de défense des droits du personnel de la communauté LGBT dans l’armée. » « C’est dans cette atmosphère générale de stigmatisation de l’homosexualité au sein de l’institution armée que nous devons interpréter les méthodes de tortures employées dans les prisons irakiennes. » « Une question se pose : sont-ce les abus sexuels et les tortures qui ont créé le malaise aux Etats-Unis, ou bien celui-ci est-il dû au fait que la population américaine s’est trouvée confrontée pour la première fois aux ravages de l’homophobie institutionnalisée dans le contexte de l’occupation néocoloniale de l’Irak ? » « La divulgation des clichés abjects d’Abû Ghraib a coïncidé avec les célébrations aux Etats-Unis des mariages homosexuels à San Francisco et dans le Massachussets. Le 17 mai, des représentants de plusieurs groupes conservateurs et fondamentalistes opposés à l’octroi de droits civiques aux couples homosexuels ont exprimé leur opposition aux mariages célébrés dans le Massachussets, allant jusqu’à comparer cet événement à deux dates tragiques : Pearl Harbour et le 11 Septembre 2001. » « Mais les horreurs d’Abû Ghraib n’ont absolument rien à voir avec la réalité telle qu’elle est vécue par la communauté LGBT. Il faut chercher les racines de l’oppression extrême que les photographies d’Abû Ghraib mettent en scène dans les structures hétérosexuelles et homophobes profondes qui dominent aujourd’hui, et qui prêchent un ordre bipolaire caractérisé par des réalités duelles et inégalitaires entre homme/femme, colonisateur/colonisé et hétérosexuel/homosexuel. » « On ne doit pas sous-estimer les répercussions dans le monde arabe des ignominies commises à la prison d’Abû Ghraib. Des termes tels qu’ « occupation », « tortures » et « homosexualité » courent le risque de converger dangereusement vers un magma discursif……Ainsi, le message véhiculé par les images d’Abû Ghraib, à partir ou en direction du monde arabe, et celui de la double humiliation infligées aux prisonniers, colonisés et sodomisés simultanément. » « Dès lors la figure d’homosexualité de la victime se mue en symbole d’oppression et de honte ; la figure homosexualisée du tortionnaire se convertit au contraire en symbole de l’ordre colonial en train de se mettre en place. » « Ce qui est triste et en même temps paradoxal c’est que ceux qui ont torturé, violé et sodomisé étaient des soldats vraisemblablement hétérosexuels, mais qui n’ont eu aucune difficulté particulière à extérioriser leurs sentiments de profonde homophobie pour avilir les détenus. » « L’identification, à travers les photographies d’Abû Ghraib, des tortionnaires et des victimes avec la Sodome biblique a servi de prétexte aux politiciens, aux prédicateurs évangélistes, aux conservateurs et aux législateurs fondamentalistes de tout poil pour imputer au collectif homosexuel la responsabilité de la détérioration progressive de l’image des Etats-Unis à l’étranger. » « Face à l’invasion néocoloniale, il devient chaque jour un peu plus difficile d’articuler un discours de résistance capable d’éviter le piège des structures homophobes qui ont généré en premier lieu ces tortures. »
[EDIT (Mic. Lessard pour le CMAQ) * ajouté les thèmes: Culture (sur la perte d'ouvrages arabes lors des occupations) | Droits | Genres (aborde l'homophobie) | Guerre | Répression]
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