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Document d'introduction à une compréhension de la guerre en Iraq

Anonyme, Thursday, May 22, 2003 - 10:51

Jean-Mathieu Chénier

La guerre en Iraq me semble bel et bien terminée. Le temps est maintenant venu de bien comprendre les véritables enjeux de cette guerre car même si elle nous semblait et nous semble toujours lointaine, elle a tout de même eu des impacts considérables sur nos vies, nous, individus de l’humanité. Avant de se positionner face à cette guerre, avant même de décider si nous sommes pour ou contre les actions des États-Unis et de la Grande-Bretagne, il faut tout d’abord bien étudier le sujet. Il est crucial de s’informer sur ce sujet avant de prendre position car il faut avoir de bonnes raisons pour se déclarer pour ou contre cette guerre en Iraq.

« I'm empty please fill me. Mister anchor assure me that Baghdad is burning. Your voice it is so soothing that cunning mantra of killing. I need you my witness to dress this up so bloodless, to numb me and purge me now of thoughts of blaming you »
Testify – Rage Against the Machine

« I'm sick and tired of hearing things from uptight, shortsighted, narrow-minded hypocrites. All I want is the truth, Just gimme some truth! I've had enough of reading things by neurotic, psychotic, pig-headed politicians. All I want is the truth, Just gimme some truth! »
Gimme Some Truth – John Lennon

Il faut savoir pour comprendre et comprendre pour agir...

La guerre en Iraq [1] me semble bel et bien terminée. Le temps est maintenant venu de bien comprendre les véritables enjeux de cette guerre car même si elle nous semblait et nous semble toujours lointaine [2], elle a tout de même eu des impacts considérables sur nos vies, nous, individus de l’humanité. Avant de se positionner face à cette guerre, avant même de décider si nous sommes pour ou contre les actions des États-Unis et de la Grande-Bretagne, il faut tout d’abord bien étudier le sujet. Il est crucial de s’informer sur ce sujet avant de prendre position car il faut avoir de bonnes raisons pour se déclarer pour ou contre cette guerre en Iraq. Quelqu’un qui se dit contre cette guerre sans savoir pourquoi, ne vaut [3] guère mieux que quelqu’un qui se dit en faveur de cette guerre sans avoir de raisons valables. Dans les deux cas, ces individus ne sont que des « suiveux », des moutons, qui ne font que suivre la masse et qui ne sont même pas aptes à réfléchir par eux-mêmes. Cette attitude est carrément à éviter en temps de guerre car elle fait de ces disciples des proies faciles pour tous les manipulateurs de ce monde. Pour ne pas tomber dans les pièges de ces crapules, il faut essayer de comprendre ce qui se passe présentement au Moyen-Orient. C’est le but premier de ce texte qui se veut un document d’introduction à une compréhension de la guerre en Iraq. Pour ce faire, il traitera de trois points importants : Saddam Hussein comme créature créée par les États-Unis, les raisons des États-Unis pour avoir « perdu » la Guerre du Golfe en 1991 et les vraies raisons de la guerre actuelle. Il est très important de spécifier, avant même de débuter, que ce document ne prétend que donner des pistes vers une compréhension globale et éclairée des événements qui ont eu lieu, qui ont lieu ou qui auront lieu en sol iraquien. En plus, chaque affirmation qui pourrait sembler n’être que de la pure paranoïa ou bien de l’anti-américanisme pur et dur sera accompagnée de sa source pour que le lecteur puisse vérifier lui-même la véracité et l’objectivité de cette dernière.

Saddam Hussein, était-il Américain?

Avant d’entrer dans le vif du sujet, nous allons d’abord nous rafraîchir la mémoire. Comme l’a fait remarquer l’hebdomadaire Newsweek, à la fin de l’année dernière, nous ne pouvons ignorer la part de responsabilité qu’a le gouvernement américain en ce qui a trait aux armes de toutes sortes que l’Iraq a en sa possession. En effet, les États-Unis ont contribué grandement à armer Saddam Hussein, mais ils ne sont pas les seuls, la France et l’Allemagne ont aidé eux aussi. L’amitié d’intérêts entre la Maison Blanche et le régime de Saddam Hussein a commencé au début des années 80. Pour comprendre pourquoi il y eut, à ce moment, une « alliance » entre les États-Unis et l’Iraq, il faut se souvenir qu’en 1979, il y eut, en Iran, une révolution islamiste dirigée par l’Ayatollah Khomeiny. Donc à cette époque, le régime de Saddam Hussein était une menace insignifiante si nous la comparions à celle que représentait le régime musulman en Iran, conséquence de la révolution de 1979. Pour contrer cette menace, les États-Unis ont décidé de s’allier avec un pays voisin de l’Iran qui était déjà son ennemi. L’Iraq était le pays parfait pour cela. C’est pourquoi ils transformèrent l’Iraq et Saddam Hussein, qui était un grand ennemi du régime islamiste, en une arme anti-Iran. Pour ce faire, les États-Unis ont permis, de manière tout à fait consciente, à l’Iraq d’importer des souches bactériennes pour pouvoir produire des armes biologiques. En plus, ils préparèrent et supervisèrent d’importants arrivages de produits chimiques qui ont servi, dans les années qui suivirent, au gazage de la population kurde dans le Nord de l’Iraq. Mais ce n’est pas tout, en plus de l’aide militaire américaine, l’Iraq a eu le droit, en tant qu’allié des États-Unis, à une importante aide économique et à des livraisons clandestines de munitions. Ce qui est encore plus surprenant et choquant par le fait même, c’est que « les responsables américains savaient très bien que Saddam Hussein était un psychopathe » car dès son arrivée au pouvoir, il avait fait exécuter quelques délégués de son parti en direct sur la chaîne de télévision nationale. Ce qui remet en question les véritables raisons pour lesquelles les États-Unis veulent détrôner Saddam Hussein actuellement. En plus, c’est Donald Rumsfeld, lui-même, qui était à l’époque un envoyé spécial de Ronald Reagan, qui s’occupa des « affaires » entre les États-Unis et l’Iraq. Le même Donald Rumsfeld qui est aujourd’hui ministre de la défense dans le cabinet de Georges W. Bush et grand faucon de la Maison Blanche. Il était aussi l’un des conseillers de Georges W. Bush les plus favorables à une action militaire dans le but de détrôner Saddam Hussein. C’est aberrant comme les amis changent vite en realpolitik.

La défaite de 1991 n’était-elle pas une victoire?

Le deuxième point de ce texte concerne les raisons pour lesquelles les États-Unis auraient délibérément perdu la Guerre du Golfe en 1991. Ceci représente l’opinion de plusieurs personnes sur le sujet, et, dans cette partie, je croyais important de vous exposer les différentes thèses sur lesquelles ces personnes se basent pour affirmer cette hypothèse.

Au nom du droit international...

Premièrement, prenons l’argument des États-Unis. Selon eux, la seule raison qui explique pourquoi ils n’ont pas essayé de renverser le régime de Saddam Hussein après l’opération « Tempête du désert », car ils avaient tous les effectifs qu’il fallait pour le faire, est le respect du droit international. Ils expliquent que le mandat de la force multinationale sous commandement américain n’était, selon la résolution 678 du Conseil de Sécurité de l’ONU, que d’expulser l’armée iraquienne du Koweït. Vu que les États-Unis étaient un pays membre de l’ONU et un grand défenseur de la liberté et de la démocratie, ils se devaient de respecter le droit international en ne dépassant pas les limites du mandat international. Tout cela semble très bien à première vue, ce sont les agissements de tout pays « honnête » [5] . Mais depuis quand les États-Unis respectent le droit international? La guerre actuelle constitue un très bon exemple. En effet, pourquoi les États-Unis auraient respecté le droit international en 1991, et qu’en 2003, ils l’auraient défié, car c’est exactement ce qu’ils viennent de faire avec la guerre en Iraq. Il ne faut pas oublier que cette guerre n’a aucune légitimité au niveau de la communauté internationale car aucune résolution n’a été votée en sa faveur au Conseil de Sécurité de l’ONU, même que 3 des 5 membres permanents de ce conseil (la France, la Russie et la Chine) y étaient totalement opposés. Ceci démontre clairement, après une brève réflexion, que l’argument des États-Unis, celui du respect du droit international, ne tient pas debout et qu’il doit, pour des raisons de logique, être rejeté. Donc il y aurait une ou plusieurs raisons (cachées) pour lesquelles les États-Unis auraient « perdu » la Guerre du Golfe.

Une union chiite anti-américaine.

La première thèse est celle de Gérard Chaliand [6], un spécialiste en géostratégie. Selon lui, les États-Unis auraient intentionnellement gardé le régime de Saddam Hussein en place car ce régime s’appuyait sur les Arabes sunnites [7], ce qui était très bien pour les États-Unis et pour leur alliée l’Arabie Saoudite. Avant d’expliquer pourquoi les États-Unis voulaient garder un régime sunnite, il faut spécifier que la population de l’Iraq est composée d’environ 22% d’Arabes sunnites et de 55% d’Arabes chiites. Donc si un nouveau gouvernement élu démocratiquement prenait place en Iraq, il serait sans doute chiite car les Musulmans ont l’habitude de voter pour le parti qui représente le groupe religieux auquel ils s’identifient. Mais pourquoi les États-Unis voulaient-ils garder un régime sunnite et pourquoi craignaient-ils un régime chiite? La première raison est que l’Arabie Saoudite, qui était un très grand allié des États-Unis en 1991, ne voulait rien savoir d’un voisin chiite car la famille royale saoudienne était wahhabite et craignait la progression des chiites d’Iran et d’Iraq en son pays. Pour expliquer la deuxième raison, il faut tout d’abord vous donner plus d’informations à propos de certains faits historiques que j’ai abordés plutôt dans ce document: en 1979, en Iran, pays voisin de l’Iraq, les islamistes chiites, dirigés par Khomeiny, ont pris le pouvoir en expulsant le Shah, alors soutenu par les États-Unis et en instaurant un régime dirigé par des Mollahs [8]. Lorsque ces islamistes chiites ont pris le pouvoir en Iran, ils ont transformé cet État en un État islamique profondément anti-occidental et anti-américain. Maintenant que vous connaissez ce fait, vous savez sûrement pourquoi les États-Unis ne voulaient pas que l’Iraq devienne un État chiite. Ils avaient peur d’une alliance entre les Chiites de l’Iran et ceux de l’Irak, si ceux-ci prenaient le pouvoir ce qui était une situation des plus probables. Ils trouvaient que Saddam Hussein était un moindre mal face au risque d’une alliance chiite anti-américaine. Aujourd’hui, vu que la vague islamiste provenant de l’Iran s’est estompée et que l’Arabie Saoudite n’est plus le bon allié qu’elle était en 1991 [9], les États-Unis sont libres de renverser le régime de Saddam Hussein sans avoir peur des conséquences de cet acte, surtout qu’ils semblent vouloir avoir l’unique responsabilité de choisir les prochains fondateurs du pouvoir « démocratique » en Iraq.

L’Arabie Saoudite, un poste clé.

La deuxième thèse est celle voulant que les États-Unis aient voulu préserver la menace que faisait peser Saddam Hussein sur la région pour justifier la présence de ses troupes militaires en Arabie Saoudite. Il ne faut pas oublier que l’Arabie Saoudite est le premier producteur de pétrole du monde. Ce qui expliquerait la volonté des États-Unis à garder ses troupes militaires en sol saoudien car depuis plusieurs décennies, ils tentent toujours d’avoir des zones d’influences ou d’avoir le contrôle total dans les pays producteurs de pétrole. Les raisons pour lesquelles ils veulent avoir le contrôle dans les régions productrices de pétrole seront élaborées plus en détails un peu plus loin dans ce document [10]. Il ne faut pas oublier non plus que l’Arabie Saoudite représente une place de choix pour exercer un pouvoir sur la région du Moyen-Orient et pour permettre l’expansion de la sphère d’influence américaine. Maintenant que l’alliance américaine avec l’Arabie Saoudite s’effrite [11], les États-Unis n’ont plus besoin de préserver la présence de ses troupes en sol saoudien, donc ils sont libres de faire tomber la menace que créait Saddam Hussein.

La comédie est terminée!

Le dernier point, mais sans doute le plus important, de ce document, constitue les vraies raisons de la guerre actuelle. Avant de trouver ces vraies raisons, il faut prouver que les raisons évoquées par les États-Unis sont fausses. Les États-Unis justifient leur action par le fait que l’Iraq est un « État voyou » car il est dans le tort depuis 1991 pour ne pas avoir respecté les résolutions de l’ONU qui voulaient la destruction de ses armes chimiques, biologiques et de ses armes de destructions massives. De plus, ils s’appuient sur la résolution 1441 [12] qui disait que l’Iraq serait exposé à de graves conséquences si elle ne coopérait pas activement avec les inspecteurs en désarmement de l’ONU. En résumé, les États-Unis affirment que le régime iraquien doit être renversé car il n’a pas respecté les résolutions de l’ONU qui le concernaient. Ceci semble encore très bien en apparence, mais le problème c’est que l’Iraq n’est pas le seul pays n’ayant pas respecté des résolutions de l’ONU et en plus, aucun de ces autres pays n’ont subi un renversement de régime à la suite de ce non-respect. En examinant les statistiques de l’ONU, nous pouvons remarquer qu’Israël a 32 résolutions non respectées qui n’ont pas été punies, que la Turquie en a 24, que le Maroc en a 16, que la Croatie en a 6, etc. [13] En regardant ces statistiques nous pouvons remarquer un autre fait, les deux pays qui ont le plus de résolutions non respectées qui n’ont pas été punies sont deux grands alliés des États-Unis : Israël et la Turquie. Ils justifient aussi leurs attaques du fait que Saddam Hussein est un tyran sanguinaire qui va même jusqu’à tuer son propre peuple, en référence au gazage des Kurdes, mais ils n’ont jamais posé de geste contre la Turquie qui elle aussi maltraite les Kurdes depuis des décennies. La troisième justification que les États-Unis fournissent est celle voulant que Saddam Hussein soit à la tête d’un régime autoritaire qui est non-démocratique, mais ils n’ont jamais rien fait pour faire tomber Pinochet au Chili, Noriega à Panama ou Somoza au Nicaragua, même que ces derniers étaient à la solde des États-Unis durant la majorité de leur règne. La dernière justification est celle concernant l’aide financière que l’Irak a supposément fourni à des groupes terroristes islamistes, mais ils n’ont jamais préparé d’action militaire pour faire tomber la famille royale en Arabie Saoudite, laquelle est, elle aussi, accusé de financer des groupes terroristes islamistes. En regardant chacune des justifications des Etats-Unis, nous pouvons remarquer que, malgré la véracité de certaines, elles ne semblent être qu’une façade car les « crimes » dont l’Irak est accusés ont été commis par bien d’autres régimes et ils n’ont été que très rarement punis. Donc si ce n’est pas à cause du non-respect des résolutions de l’ONU, ni à cause du massacre des Kurdes, ni à cause de son régime autoritaire non-démocratiquement élu et ni à cause de son aide financière à des groupes terroristes que l’Iraq est un « État voyou », quelle est la vraie raison? La vraie raison est, comme le disait Noam Chomsky, la suivante : « Ce ne sont pas les crimes de M. Saddam Hussein contre son propre peuple […] qui ont métamorphosé le dictateur en « monstre de Bagdad. […] Si M. Saddam Hussein a basculé dans le camp des « États voyous », c'est parce qu'il a mordu le trait et s'est montré désobéissant… » [14] Maintenant que l’argument des États-Unis est tombé, il faut trouver les véritables raisons pour lesquelles les États-Unis veulent avoir le contrôle de l’Iraq en faisant tomber le régime de Saddam Hussein, sur lequel ils n’ont plus aucune emprise. Voici donc quatre raisons qui pourraient expliquer les actions militaires américaines.

L’Irak, de retour dans le clan américain.

La première hypothèse nous vient d’Antoine Sfier, un spécialiste du Moyen-Orient. Selon lui, les États-Unis ressentiraient le besoin d’avoir un nouvel allié dans la région du Moyen Orient, car leur ancien allié, qui était l’Arabie Saoudite, semble de plus en plus distant, surtout depuis que les autorités américaines ont découvert l’existence de liens financiers entre le groupe Al Qaeda et certains proches de la famille royale, parmi les pirates de l’air du 11 septembre qui ont orchestré les attentats contre le World Trade Center [15] . De plus, depuis les évènements du 11 septembre, les États-Unis ont d’importants doutes face à l’Arabie Saoudite, ils soupçonnent le régime en place de financer des groupes terroristes islamistes [16]. Pour toutes ces raisons, les États-Unis veulent faire tomber le régime de Saddam Hussein pour le remplacer par un nouveau régime pro-américain pour combler le vide que la perte de l’appui inconditionnel des Saoudiens a créé. C’est que les États-Unis ont toujours voulu avoir des « alliés », ou plutôt des pays dont ils contrôlent le gouvernement dans toutes les régions du monde. Ce n’est pas la première fois que les États-Unis renversent un régime anti-américain pour le remplacer par un régime soumis aux politiques étrangères américaines. Cela représente l’un des plus importants principes de leur stratégie visant l’instauration d’un unilatéralisme mondial.

Pétrole et égoïsme.

La deuxième hypothèse est partagée par plusieurs spécialistes du Moyen-Orient et par un bon nombre de politologues, mais la personne dont je tiens ma source se nomme Pierre-Marie Gallois, il est un ancien général de brigade aérienne française ayant enseigné les relations internationales en France et en Iraq. Selon lui, les États-Unis veulent renverser le régime actuel de l’Iraq pour prendre possession des réserves de pétrole de ce pays. Il ne faut pas oublier que l’Iraq représente actuellement la deuxième plus grande réserve de pétrole du monde. En premier lieu, les États-Unis veulent prendre possession de ce pétrole pour réguler le prix du pétrole brut en modernisant les installations iraquiennes à coup de milliard et en produisant du pétrole en quantité. Avant ils comptaient sur l’Arabie Saoudite pour faire cela, mais vu les nouvelles conjonctures actuelles, comme nous l’avons dit plutôt, ils ne comptent plus sur ce pays car ils s’en méfient trop. En deuxième lieu, les États-Unis veulent mettre la main sur les réserves pétrolifères de l’Iraq pour restreindre la distribution de cette source d’énergie pour retarder le développement de ses futurs rivaux, comme par exemple la Communauté Européenne, l’Inde et la Chine [17]. Il ne faut pas oublier que l’Inde et la Chine vont avoir besoin, dans deux décennies, de l’équivalent de la production mondiale actuelle de pétrole. La stratégie des États-Unis est simple : vu que ces pays risquent de devenir plus puissants que lui, à cause de leur bassin de population qui leur assure un plus grand marché intérieur donc plus de producteurs et plus de consommateurs, le seul moyen de ralentir la croissance de ces pays, si on ne veut pas leur faire la guerre, est de leur donner l’énergie au compte-gouttes car l’énergie, le pétrole et le gaz, jouent sur la croissance et l’industrialisation des États. Si les États-Unis mettent la main sur la majorité des réserves énergiques de la terre, comme ils essaient de le faire présentement, ils vont avoir le plein contrôle sur la destinée des autres peuples du monde. Donc les États-Unis veulent prendre le contrôle de la production pétrolière de l’Iraq en renversant le Régime de Saddam Hussein et en le remplaçant par un régime pro-américain favorable à leurs intérêts pétroliers tout comme ils ont fait en Afghanistan. Après avoir renversé le régime des Talibans, les États-Unis ont placé un dirigeant du nom de Hamid Karzaï à la tête de l’État. Comme par hasard, cet homme se trouvait à être un très bon ami de Washington et à être très proche de la firme américaine d’hydrocarbure Unocal [18]. Nous voyons ici que l’Iraq n’est pas la première victime de cette politique étrangère des États-Unis et qu’elle n’en sera sûrement pas la dernière.

Hégémonie américaine, chaos et division.

Pour la troisième hypothèse, nous devons entrer dans l’un des concepts les plus importants de la politique extérieure américaine. Ce concept se divise en deux parties : le chaos et les divisions. Son but ultime est de créer une hégémonie américaine, c'est-à-dire une suprématie mondiale des États-Unis sur le plan militaire ainsi que sur le plan politique. Donc c’est la création d’un monde parfaitement unipolaire et unilatéral. Pour arriver à cela, les États-Unis tentent de créer un ordre chaotique dans les régions qui pourraient nuire à la création d’un tel monde. C’est exactement ce qu’ils font au Moyen-Orient avec la guerre en Irak. Ils tentent de créer un chaos, dont ils auront le contrôle, pour transformer cette région qui est en pleine effervescence en une région stable et soumise. Ce chaos a pour but de nuire à l’expansion économique, politique et social du Moyen-Orient en éliminant toute cohésion sociale et en le rendant plus facile à exploiter. Ce n’est pas la première fois que les États-Unis font la guerre pour ralentir le développement d’une région, nous n’avons qu’à penser à l’Amérique centrale avec, entre autre, le Nicaragua, ou bien à l’Indochine avec le Vietnam, le Laos et le Cambodge. L’idéal pour les Américains serait un monde où règne le chaos dans toutes les régions extérieures à leur pays. Cette situation du monde le rendrait plus facile à soumettre et à exploiter. La deuxième partie de cette hypothèse est la partie nouvelle de ce principe. Elle consiste toujours à créer une hégémonie américaine, mais par le blocage des organisations ou associations, qui pourraient nuire à l’établissement d’une telle hégémonie, par la division de ces membres. La division des membres d’une organisation entraîne l’inefficacité de cette organisation car les membres ne sont plus capables de trouver un terrain d’entente, donc ils restent bloqués et ne posent plus aucune action. Si un membre essaie de proposer telle politique, il sera bloqué par tel autre membre qui n’a pas la même opinion sur le sujet, et cela indéfiniment. Cette situation ne crée pas toujours un blocage complet du fonctionnement de l’association, mais plutôt un ralentissement significatif dû à la perte de confiance des membres envers leur association et du manque de cohésion que cette division a engendré. C’est exactement ce que la guerre en Iraq fait à la Communauté Européenne, à l’Organisation des Nations Unies et aux Pays Arabes. La Communauté Européenne qui représente actuellement l’économie la mieux préparée pour faire face à l’empire économique est présentement divisée au niveau de sa politique extérieure. Cette division venant du fait que certains des États membres de cette communauté sont pour la guerre en Iraq et que d’autres y sont totalement opposés. L’ONU et son conseil de sécurité est la seule organisation politique de niveau mondial et, elle est, elle aussi actuellement divisée quand vient le moment de parler du concept d’origine américaine qu’est la guerre préventive. C’est la même chose pour les Pays Arabes dont certains se sont rangés du bord des États-Unis et d’autres du bord de l’Iraq. La division du premier concurrent économique des États-Unis, de l’organisation qui représente un des plus gros obstacles à l’émancipation de l’impérialisme américain et d’une région qui pourrait s’avérer un grand adversaire pour les Américains dans le futur et qui représente actuellement la plus grande réserve en combustible fossile de la planète, pourrait s’avérer un gain énorme pour les États-Unis. Vous voyez que grâce au chaos et aux divisions créés par la guerre en Iraq, les États-Unis veulent augmenter leur puissance sur le plan politique et militaire et cela, en vue d’imposer l’hégémonie américaine.

J’ai peur, sauvez-moi!

Une autre des vraies raisons pour lesquelles les États-Unis souhaitaient à tout prix une guerre contre l’Iraq vient d’une théorie élaborée par Barry Glassner : la culture de la peur du peuple américain [19]. Selon lui, les médias américains, contrôlés par le gouvernement en place, qui lui est contrôlé par les grandes multinationales, tiennent volontairement le peuple américain dans un climat de peur « contrôlée » et ce, pour favoriser l’économie et pour rendre le climat intérieur plus stable. C’est que ce climat de peur encouragerait les gens à consommer pour fuir et pour échapper à cette frayeur qui les terrasse tous. Donc, ils ont fait de la consommation un exutoire à la peur qu’ils ont eux-mêmes créée. En plus d’encourager le peuple américain à consommer, ce climat de peur rendrait le peuple plus docile et moins critique face au gouvernement en lui conférant le rôle de protecteur du peuple face à toutes les menaces qui l’entourent. Glassner explique que ce climat serait surtout créé par la peur de l’autre, en particulier de l’autre s’il est Afro-américain ou Hispano-américain, mais si nous mettons cette théorie à jour, c’est plutôt de l’autre s’il est Arabe ou Musulman. Depuis le 11 septembre, la peur ou même la haine envers les Arabes et les Musulmans, car la majorité des individus ne peuvent faire la différence entre les deux, a pris une ampleur incalculable. Les médias et les maîtres [20] le savent, ce sont eux qui sont à l’origine de cette panique, et ils pensent bien s’en servir. La guerre en Iraq pourrait jouer un rôle important dans la création et dans l’entretien de ce climat de peur. Après le communisme, la drogue, le terrorisme, il y a donc eu Saddam Hussein et son régime sanguinaire en Iraq. Donc, la guerre alimenterait ce climat de peur « contrôlée » ce qui engendrerait une vague de consommation en plus d’élever le gouvernement américain au niveau de protecteur du peuple. Quoi de mieux pour l’économie et la politique américaine!

Ce n’est que le début du commencement...

Pour en finir avec ce document, j’aimerais vous inviter à vous renseigner sur le sujet. Il est primordial que vous vous créiez votre propre opinion, donc parlez de ce sujet, informez-vous sur le sujet, lisez sur le sujet, discutez avec les autres de ce sujet, mais n’oubliez jamais de rester objectif et de garder un sens critique [21]. Il ne faut pas que vous vous laissiez avaler par la masse ignorante de la population, car si c’est le cas, les maîtres auront atteint leur but et pourront continuer leur routine sans embûche. Ne laissez pas une chose pareille arriver, il faut se soulever et faire valoir nos opinions. La guerre est peut-être terminée aujourd’hui, mais il reste quand même beaucoup d’événements à venir : les problèmes avec les Kurdes, l’avenir de l’ONU, la Syrie, la reconstruction de l’Irak, la formation d’un nouveau gouvernement, la levée des sanctions, etc. Il ne faut pas que cette guerre tombe dans l’oubli car elle représente un événement important de notre histoire car c’est la première guerre préventive, née d’un concept américain qui nous fait retourner deux siècles en arrière dans le temps de la « Manifest Destiny » qui justifiait l’invasion américaine des terres autochtones. S’il vous plaît, agissez vous aussi, tous les gestes réfléchis peuvent être utiles à la cause. Il faut continuer de conscientiser la population pour qu’elle se soulève d’elle-même, et non en suivant un sentiment d’euphorie sociale. J’ai voulu commencer, je vous passe le flambeau, c’est à vous d’agir pour un monde meilleur car UN AUTRE MONDE EST POSSIBLE. Agissez concrètement et ne renoncer jamais à votre cause car comme l’a dit ce petit Argentin qui croyait en l’humanité et en l’arrivée d’un homme social nouveau et libéré :

« La Révolution est comme une bicyclette :
quand elle n’avance pas, elle tombe. »

Ernesto « Che » Guevara

Merci à Gaston Adam Jr. ... pour tout.
Toute reproduction ou transmission de ce document est totalement obligatoire!!

Notes :
1- Le mot « Iraq » va être écrit avec un « q » et non avec un « k » tout au long de ce document car ceci correspond à la véritable orthographe du mot si nous le traduisons tel quel de l’arabe.

2- À nous, peuples d’Occident.

3- Ceci n’est qu’une expression car nous ne pouvons attribuer une valeur à un individu.

5- L’honnêteté d’un pays étant très relative en politique.

6- Gérard Chaliand, «Pourquoi la guerre d’Irak aura lieu», Le Monde, 14 août 2002.

7- Les musulmans se divisent en trois groupes : les Chiites, les Sunnites et les Wahhabites. Nous pouvons faire la comparaison avec les Catholiques et les Protestants pour la religion chrétienne.

8- Les Mollahs étant les prêtres qui dirigent les pays au nom de l’Islam et qui dictent les lois selon le Coran.

9- Pour comprendre pourquoi l’Arabie Saoudite n’est plus considérée comme un bon allié des États-Unis, vous devez lire la section « L’Irak, de retour dans le clan américain ».

10- Voir la section : « Pétrole et égoïsme ».

11- Voir la section « L’Irak, de retour dans le clan américain » pour comprendre pourquoi cette alliance s’effrite.

12- Pour lire le texte intégral de la résolution 1441, vous pouvez aller sur le site des Nations Unies : www.un.org.

13- Stephen Zunes, « United Nations Security Council Resolutions Currently Being Violated by Countries other than Iraq », http://www.fpif.org

14- Noam Chomsky, «L’Amérique, "État voyou" », Le Monde diplomatique, Août 2000

15- Si ce sont bien des terroristes qui ont monté le coup. Lire à ce sujet «L’effroyable imposture» de Thierry Meyssan.

16- «Les cahiers de l’Orient», Antoine Sfeir.

17- Pierre-Marie Gallois, «Sang du pétrole», Éditions L’Âge de l’homme. Article paru dans la revue Actualité de la semaine du 15 mars 2003 aux pages 18 à 20.

18- L’état du monde 2003, «Un an après le "11 septembre"», Bertrand Badie.

19- Lire à ce sujet : «The Culture of Fear : Why Americans Are Afraid of the Wrong Things» de Barry Galssner. Voir à ce sujet : le film «Bowling for Columbine» de Michael Moore.

20- Le mot « maître » signifie dans ce cas les gens d’affaire et les politiciens. Cette définition de ce mot a été créée et utilisée par Adam Smith dans son livre «La richesse des Nations».

21- Même si cela est très difficile dû aux émotions que font jaillir ces discussions.

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