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Lettre ouverte à Richard Martineau sur l’Irak

neonyme, Dimanche, Avril 13, 2003 - 13:05

Miloud Chennoufi

M. Martineau,

Sur la boucherie qui se déroule actuellement en Irak, vous venez de nous livrer une confession et nous « avouer un terrible secret » : « Je n’ai participé à aucune manifestation contre la guerre en Irak, écrivez-vous (…) parce que je ne sais foutrement pas où je me situe sur cette question ». (...)
Vous ne savez pas quoi penser, quelle position adopter, vous n’êtes convaincu ni par les pro-guerres, ni par les anti-guerres. Vous cherchez à nous faire admettre qu’entre les deux positions, il existerait une troisième, la votre, celle d’une expectative condescendante et hautaine qui vous permet de considérer les uns et les autres de haut, de leur expliquer à quel point ils sont simplistes, quand ils ne sont pas dogmatiques, dans leur compréhension d’une « situation (…) extrêmement complexe » (paragraphe 10), de leur faire savoir qu’«il faut se méfier [sans doute comme vous vous méfiez vous-même, ndlr] comme de la peste des gens qui croient posséder la vérité » (paragraphe 10), et enfin de les renvoyer dos à dos.(...)

Que doit-on en conclure ? Tout simplement que vous n’avez pas le courage de dire que vous êtes pour la guerre ou au mieux que la guerre, cette guerre précisément, ne vous dérange pas. C’est éminemment cynique.

Msc. Auteur de : « Grandes puissances et islamisme : Des certitudes dangereuses au danger des nouvelles certitudes », dans Dagenais D. (dir.) Hannah Arendt, le totalitarisme et le monde contemporain. Québec. Presses de l’Université Laval. 2003 : 495-538

M. Martineau,

Sur la boucherie qui se déroule actuellement en Irak, vous venez de nous livrer une confession et nous « avouer un terrible secret » 1 : « Je n’ai participé à aucune manifestation contre la guerre en Irak, écrivez-vous (…) parce que je ne sais foutrement pas où je me situe sur cette question ». Le titre de votre billet « Lettre à ceux qui savent », conviendrait parfaitement à un ouvrage rédigé par un mystique rompu à l’extase contemplative, à la fuite méditative loin des tumultes de la piètre condition humaine. Mais le terme « foutrement » qui intervient dès le premier paragraphe de votre texte rappèle qu’il n’en est rien vous concernant. Votre style est demeuré intact et le message mystique que vous avez voulu véhiculer ne passera pas car la mystique ne peut être transmise via des obscénités. Le langage ordurier, par sa nature même, ne témoigne en rien de quelque liberté d’esprit, de quelque transgression que ce soit. Les expressions ouvertement abjectes ne sont ni plus ni moins que le signe d’un malaise. Un malaise qui se conjugue au temps de l’incertitude d’une langue qui ne se laisse pas dompter, d’un vertige dû à une argumentation douteuse, du trouble relevant du cynisme qu’on chercherait à dissimuler derrière une désinvolture simulée, bref le malaise d’une honnêteté intellectuelle défaillante.

Vous ne savez pas quoi penser, quelle position adopter, vous n’êtes convaincu ni par les pro-guerres, ni par les anti-guerres. Vous cherchez à nous faire admettre qu’entre les deux positions, il existerait une troisième, la votre, celle d’une expectative condescendante et hautaine qui vous permet de considérer les uns et les autres de haut, de leur expliquer à quel point ils sont simplistes, quand ils ne sont pas dogmatiques, dans leur compréhension d’une « situation (…) extrêmement complexe » (paragraphe 10), de leur faire savoir qu’«il faut se méfier [sans doute comme vous vous méfiez vous-même, ndlr] comme de la peste des gens qui croient posséder la vérité » (paragraphe 10), et enfin de les renvoyer dos à dos. Voilà ce qui suggère (1) que tout argument pro-guerre bute sur un contre-exemple anti-guerre (équivalent et diamétralement opposé, donc irréductible si ce n’est dans le sens d’une négation réciproque) et (2) qu’il est impossible de prendre position dans le conflit, faute d’informations suffisantes.

Qu’en est-il vraiment ?

(1) L’équivalence aussi stricte qu’absolue que vous établissez entre les arguments pro-guerre et les arguments anti-guerre, est censée témoigner de la finesse de votre esprit, voire de votre sagesse, de votre éthique du ni-ni (ni pour ni contre la guerre). Vous paraphrasez Jean Gabin pour nous apprendre que votre seule certitude c’est votre incertitude (paragraphe 13). Serait-ce une incertitude à l’égard de la certitude dans le sens socratique de la (re)connaissance de l’ignorance, une posture à la fois épistémologique et axiologique toute en humilité, en modestie d’un esprit brillant, celui de Socrate qui, face à la charge cynique des sophistes, a préféré boire la ciguë plutôt que renier ses idées ? À vous lire, j’ai bien peur que votre billet procède davantage d’un sophisme exotérique consciemment inscrit dans une action stratégique profondément cynique où la fin justifie les moyens. En voici la démonstration.

Dans le second paragraphe de votre chronique, vous nous dites : « Ça fait des mois que je dévore les éditos de Thomas Friedman (pro-guerre, ndlr), de Noam Chomsky (anti-guerre, ndlr), de Christopher Hitchens (mi-figue, mi-raisin, ndlr). J’ai lu moult reportages sur la folie meurtrière de Saddam Hussein, l’entêtement «courageux» 2 de Jacques Chirac et l’aveuglement religieux de Georges W. Bush. Je prie à l’autel du New York Times et de Libération tous les jours ; du Nouvel Observateur et de Marie-Anne (Marianne M. le chroniqueur, pas Marie-Anne, ndlr) toutes les semaines, et du Harper’s Magazine tous les mois (…). Et vous savez quoi ? Je ne suis pas plus avancé. Je suis mêlé comme tout au début. » (paragraphe 2 et 4).

Le fondamentalisme de Bush serait, à vous en croire, tout au plus un « aveuglement religieux », ce qui, à l’évidence, en minimise la gravité, bien sûr sans intention de votre part car tout le monde sait que vous vous gardez toujours et sans faute d’user et d’abuser des superlatifs les plus méprisants lorsqu’il s’agit pour vous de dénoncer quelqu’un ; n’est-ce pas ? Tandis que l’attitude de Chirac est un « entêtement » qui plus est un « entêtement "courageux" », un entêtement courageux avec des guillemets pour le terme - courageux. En de telles circonstances, les guillemets ne servent pas à accentuer le sens du terme qu’elles renferment, mais à le liquider, à le faire disparaître, et surtout à renvoyer vers un autre terme dont on chercherait à multiplier l’impact. C’est là une forme de double-contrainte : dire en même temps la chose et son contraire pour fixer l’attention de l’interlocuteur sur un autre terme, en l’occurrence le terme - entêtement. Autrement dit, ce que vous avez écrit était destiné à mettre l’accent sur l’entêtement qui, par la magie des guillemets, n’a rien de courageux, et à dire finalement que rien ne peut expliquer la position française sauf l’entêtement devant l’évidence, qu’il n’y a ni réflexion, ni principes derrière la position française, pas même des intérêts. Il en découle inéluctablement que si la France était plus intelligente et moins entêtée, elle aurait pris part à la guerre ou, à la limite, ne se serait pas mise au travers des desseins américains, ou, pourquoi pas, se serait résignée à se lamenter sur son propre sort en prétendant qu’elle n’arrive pas à comprendre, qu’elle doute, qu’elle est « toute fourrée » comme vous.

Une précision s’impose avant d’aller plus loin. Contrairement aux va-t-en-guerre qui cherchent à trouver les vertus d’un homme d’État de haut rang à un Bush qui n’en possède aucune 3, je fais volontiers une nette distinction entre Jacques Chirac et Ghandi ou Mandela. Je ne suis dupe de rien, je sais parfaitement que même si la position française est incontestablement mue par une certaine conception des relations internationales (au demeurant partagée à une très grande échelle à travers la planète, y compris aux États-Unis et en Angleterre), je ne perds pas de vue les intérêts économiques et géopolitiques qui animent à leur tour le président français. Cette précision étant faite, je reprends le fil de mon propos.

Si j’ai bien compris, vous lisez avec avidité journaux et magazines avec ouverture d’esprit, mais les arguments ne vous ont pas convaincu, d’où votre ni-ni. Espérons que vous ne vous attendiez pas à des louanges pour la simple raison d’avoir lu des magazines et des journaux; c’est votre devoir de journaliste, bien que les journalistes (notamment dans les médias dominants) oublient souvent de l’accomplir. Je dois avouer que votre chronique n’est pas vide de subtilité. Il n’empêche que vous avez manqué de vigilance à certains égards. Les journaux et les magazines que vous avez cités (le New York Times, Libération, le Nouvel Observateur, Marianne et Harper’s) ont tous, sans exception, pas même le New York Times, adopté une ligne éditoriale hostile à la guerre. Vous ne citez pas le moindre titre ouvertement favorable à la guerre pour que votre lecteur comprenne et vous croit lorsque vous affirmez d’une plume larmoyante que vous n’êtes ni pour, ni contre la guerre. Il est clair que votre message est de dire que vous n’avez pas été convaincu par les médias anti-guerres, pas par les autres, pas par le Washington Post, ni par le Wall Street Journal, ni encore par quelque tabloïde britannique, ni même par le Financial Post. Que doit-on en conclure ? Tout simplement que vous n’avez pas le courage de dire que vous êtes pour la guerre ou au mieux que la guerre, cette guerre précisément, ne vous dérange pas. C’est éminemment cynique. Et comme je tâcherai de le démontrer, le cynisme ne disparaîtra pas de votre texte sous le simple motif que vous avez évoqué dans d’autres paragraphes les pro-guerres et les avez épinglés (mais disproportionnellement, nous le verrons, comparé à votre charge contre les anti-guerre). Le cynisme n’est cynisme que parce que le cynique procède de cette manière, en donnant l’illusion d’une position équidistante de deux positions jugées extrêmes. Illusion, oui illusion.

Dans le troisième paragraphe, vous écrivez : « J’ai lu les points de vue de gauchistes anti-guerres, de gauchistes pro-guerre et de penseurs de droite pro-Bush ». À gauche il y a des gauchistes (un terme horrible qui a servi à désigner les victimes des purges bolcheviks puis staliniennes), à droite des penseurs. Sans commentaire. Par ailleurs, pour être contre la guerre, selon vous, il faut être gauchiste, mais pas nécessairement lorsqu’on est pour la guerre. L’entêtement des français se fait ici l’écho du gauchisme dans l’opposition à la guerre ; rien de valorisant pour les anti-guerre dans un cas comme dans l’autre. Par contre, on peut être penseur (ça frappe l’imagination) et être pro-Bush. En somme il faut être débile pour refuser la guerre. Poursuivons. Toujours dans le troisième paragraphe, Luc Picard et Denise Bombardier sont renvoyés dos à dos pour équivalence, donc nullité et annulation mutuelle d’arguments. Vous occultez sciemment le fait qu’entre l’un et l’autre la différence est bien profonde. Luc Picard participe activement au mouvement « échec à la guerre » qui a développé un argumentaire remettant en cause point par point tous les motifs de la guerre avancés par l’administration américaine (des armes de destruction massive à la promesse de démocratisation de l’Irak, en passant par les liens avec le terrorisme et la menace que représenterait Baghdad pour le monde en général et pour les États-Unis en particulier). Je me contenterai pour ma part de deux exemples rapides. Premièrement, si les motifs américains étaient un tant soit peu crédibles, Tony Blair n’aurait pas eu besoin de tricher face aux représentants de son propre peuple à qui il a présenté un document censé contenir des preuves irréfutables contre l’Irak, alors qu’il ne s’agissait que d’un vulgaire plagiat d’un mémoire de maîtrise vieux de dix ans (même les fautes d’orthographe ont été reproduites telles quelles). Deuxièmement et pour la même raison, Colin Powel n’aurait pas eu à se ridiculiser au conseil de sécurité de l’ONU en présentant des images immédiatement remises en cause par le chef des inspecteurs de l’ONU, ni n’aurait eu à mentir sur le potentiel nucléaire irakien, comme l’a prouvé le directeur de l’agence internationale de l’énergie. Luc Picard appartient à un mouvement qui a été cohérent depuis le début. Oseriez-vous le nier ou en dire autant sur le camp de la guerre dont Denise Bombardier s’est faite le porte-voix ? Vous ne courrez jamais le risque de répondre par l’affirmative. Par ailleurs, peut-on comparer les propos de Luc Picard et ceux de Denise Bombardier lorsqu’on sait que le fameux article du Devoir est un magma de considérations sans fondement reproduites dans un texte truffé d’obscénités et assimilable à un appel au meurtre de masse. Vous ne pouvez considérer équivalents les arguments de Luc Picard et ceux de Denise Bombardier : les premiers attendent toujours d’être réfutés, les seconds sont à la fois incroyablement vides et bien en de-ça de la litanie pro-guerre, en soi fortement contestable. Si Bush et ses hommes n’ont rien pu prouver, ce n’est pas Denise Bombardier qui aurait pu faire mieux. Vous le saviez très bien. Vous saviez très bien que l’article de Denise Bombardier est creux. Le comparer aux propos de Luc Picard et à travers celui-ci à l’argumentaire de la mobilisation anti-guerre (que vous êtes incapable de réfuter, sinon ça se saurait), vise un seul et unique objectif : décrédibiliser les anti-guerre pour couvrir la validité douteuse des arguments pro-guerre, des arguments que le peu de décence qui vous reste sur cette affaire vous a empêché de défendre. Encore heureux.

Votre technique est limpide ; face à votre incapacité de contester le bien fondé de l’attitude anti-guerre, face à la hantise de vous déclarer ouvertement pour la guerre, vous avez choisi de jouer le moralisateur, celui de l’homme responsable qui pose le problème en des termes moralement inextricables, problème impossible à trancher sans accepter la complicité de crimes inévitables. Le hic est que votre fatalisme n’est accompagné d’aucun argument hormis les leçons de morales que vous vous permettez de donner aux autres à coup d’exemples d’une partialité déroutante, d’anachronismes déconcertants et d’un hasardeux name dropping. J’y reviendrai.

À deux reprises (au paragraphe 4 et 6), vous faites référence à la lettre ouverte d’une jeune Irakienne, publiée la semaine dernière dans votre journal4. La première fois, vous écrivez : « Et chaque fois que je me sens anti-guerre je tombe sur une Grande Gueule d’une jeune irakienne révoltée qui me fait me sentir hyper-cheap de la laisser mariner dans son sang ». La seconde fois vous vous adressez directement aux anti-guerres croyant pouvoir leur couper le sifflet en jouant de nouveau sur la même corde sensible (ce qui est également consubstantiel à la démarche cynique) : « Les pacifistes (…) que ressentez-vous lorsque vous lisez la lettre ouverte d’une jeune irakienne qui supplie l’Occident 5 de libérer son peuple du dictateur sanguinaire qui le terrorise ? Ça ne vous ébranle pas ? Vous ne vous sentez pas égoïstes ? »

À elle, je dirai trois choses (je m’adresserai de nouveau à vous juste après) :

Chère amie,

C’est avec la plus grande attention que j’ai lu ton texte. Je souhaiterais donc t’assurer de ma plus profonde sympathie. Ta douleur est la mienne. Ton rêve d’un Irak libre est le mien. Permets-moi, cependant, de ne pas partager ton point de vue sur les moyens que tu crois à tort les plus adéquats, ou même adéquats tout court, pour soulager ton peuple (qui est aussi le mien au même titre qu’il est celui de tout être humain libre et épris de liberté) et réaliser ton rêve, notre rêve. Je t’invite à méditer trois points sans te cacher ma honte de savoir que toi et moi, vivant sous un ciel que ne violent pas les B52, les B2 et les missiles de croisière, pouvons nous payer le luxe de méditer alors que ceux envers qui ton empathie et la mienne, tes espérances et les miennes s’adressent, eux, n’ont pas le moindre répit depuis une dizaine de jours de bombardements qui font suite à une décennie d’embargo cruel, après deux guerres dévastatrices (celle contre l’Iran puis celle de 1991), le tout sous une dictature exécrable :

  1. L’opposition ferme à la guerre ne signifie en rien un déni de liberté aux Irakiens, encore moins un soutien de quelque nature que ce soit à Saddam Hussein, car contrairement aux partisans de la guerre qui ont installé Saddam Hussein au pouvoir, qui l’ont armé, financé et protégé des années durant – ne l’oublions pas –, l’écrasante majorité des anti-guerre n’a jamais manqué de s’élever contre Saddam Hussein, notamment lorsqu’il a gazé les Kurdes et l’armée iranienne (à noter que ce ne fut pas la première fois que les Kurdes étaient victimes d’armes chimiques. Les Anglais en avaient utilisé contre eux au début du XXe siècle).

    Comme tu dois certainement le savoir, la seconde visite officielle de Donald Rumsfield (actuellement ministre américain de la défense et l’un des principaux instigateurs de la guerre) à Baghdad en sa qualité d’envoyé spécial de Ronald Reagan auprès de Saddam Hussein (c’était au milieu des années 80) a coïncidé avec la divulgation dans la presse mondiale d’informations vérifiées selon lesquelles l’armée irakienne avait utilisé du gaz moutarde contre les troupes iraniennes. Qu’a fait Rumsfield ? Qu’a fait l’Occident que Martineau dit que tu supplies aujourd’hui de nous libérer ? Rien. Absolument rien. Pourquoi ? Tout simplement parce que ceux que tu sembles appeler aujourd’hui en libérateurs étaient complices. Je n’ai pas l’ombre d’un doute que ceux qui te disent que leur objectif est d’offrir généreusement la liberté aux Irakiens te conforteront dans ta position en te disant que lorsque Bush fils évoque les atteintes aux droits humains en Irak, il ne fabule pas, il fait notamment référence à un rapport détaillé du département d’État particulièrement accablant pour le régime irakien. Mais ils se garderont bien de t’informer que ce rapport remonte à 1989, c’est-à-dire l’année où les États-Unis, sous la présidence de Bush père, ont refusé de voter une résolution des Nations-Unis appelant à enquêter sur le traitement que le régime de Saddam Hussein réservait à la population irakienne 6. Pas de rapport, pas de résolution, pas de larmes de crocodile, rien : que de la complicité. C’est une attitude que je ne comprends pas : espérer l’instauration du respect des droits humains en Irak par un gouvernement qui ne les respecte pas sur son propre territoire : brutalité policière, peine capitale, infiltration des campus par des agents secrets, exécutions extra-judiciaires, censure, mépris du droit international (convention de Genève à Guantanamo, traité de non-prolifération, protocole de Kyoto, cour pénale internationale, etc.) et pire que tout : la torture 7.

  2. Par quel miracle le bourreau d’hier s’est-il transformé en libérateur d’aujourd’hui ? Qu’on me cite un seul exemple dans lequel l’intervention de l’Occident ailleurs qu’en Occident a été synonyme de liberté ? Pillage et rapine, voilà ce que l’intervention de l’Occident n’a jamais cessé de provoquer depuis des siècles. En Inde, en Afrique, en Iran, en Irak même, pays créé par les Anglais dans un bain de sang. Où, qu’on me le dise, les États-Unis ont-ils été la source d’une démocratisation (à l’exception de l’Europe, et encore ! car ce fut d’abord et avant tout l’œuvre des Européens eux-mêmes) ? Au Chili de Pinochet ? Au Viet Nam ? Au Nicaragua ? Où ? En Indonésie ? Au Pakistan ? Qu’on me le dise. L’empathie que tout être humain sincère éprouve envers le peuple irakien implique que soient dénoncés tous ses bourreaux, c’est-à-dire autant Saddam Hussein que ses anciens complices qui veulent maintenant le déloger moyennant un tapis de bombes meurtrières larguées sur les Irakiens.

    Non, chère amie, ceux qui ont utilisé lors de la première guerre du Golfe des bombes interdites contenant de l’uranium appauvri contre les Irakiens (dont ont été victimes aussi leurs propres soldats), ceux qui vont tester sur l’Irak des bombes électromagnétiques (qui brouillent les frontières entre armes conventionnelles et armes de destruction massive) dans l’actuelle guerre, ceux qui, tels des charognards, se partagent le cadavre de l’Irak en accordant des contrats juteux (en dollars maculés du sang irakien) à leurs amis pour l’après-guerre alors que la guerre est loin d’être finie, ceux qui, par mépris, par lâcheté, par trahison, par un manque honteux de loyauté, ont livré les Kurdes et les Chiites aux fantassins de Saddam Hussein juste après la guerre de 91, ne peuvent en aucun cas se présenter comme les libérateurs des Irakiens. Prétendre le contraire c’est soit faire preuve de naïveté idiote, soit être coupable de cynisme et de complicité dans les crimes que les libérateurs supposés des Irakiens sont en train de commettre en ce moment même, … contre qui ? Contre les Irakiens. Il est absolument nécessaire de comprendre que cette histoire de démocratie et de liberté en Irak n’est qu’un motif pour faire la guerre ; un motif que l’administration Bush a brandi comme argument ultime sachant que ses premiers arguments étaient peu ou pas du tout convaincants. Au même titre que la promesse de règlement du conflit israélo-palestinien (voir point « 3 » ci-bas).

    En ces temps de malheur où l’obscénité se dispute la vedette à l’insanité au rythme des déflagration à Baghdad, à Kerbala, à Basra, à Mossoul, la question du partage du butin de guerre entre une poignée d’hommes ivres de puissance et d’hégémonie, alors que le sang des morts irakiens est encore chaud et que davantage de sang coulera d’ici la fin de la guerre, mérite qu’on s’y attarde un instant pour en rappeler les faits, notamment à ceux qui, comme Richard Martineau, surfent sur la vague de l’incomplétude de l’information (paragraphe 11 de sa chronique). Ce n’est pas un hasard si la personne pressentie pour assurer les opérations humanitaires et la reconstruction de l’Irak après la guerre soit Jay Garner, un ancien général américain. Car il est surtout président de SY Coleman, une entreprise d’armement qui a participé à produire des missiles actuellement utilisés dans la dévastation de l’Irak 8. Une logique implacable. Dans le même ordre d’idées, quelques jours après le déclenchement de l’agression, une information filtrait selon laquelle des contrats pour la reconstruction de l’Irak ont été accordés à cinq entreprises américaines dont une filiale de Halliburton que Dick Cheney (autre partisan acharné de la guerre), vice-président des États-Unis (rien de moins) a dirigée de 1995 à 2000 et qui (Cheney) continue à percevoir des sommes de cette entreprise : 1 million de dollars US, selon The Guardian du 28 mars 2003. Prise la main dans le sac, la filiale de Halliburton s’est finalement retirée. Un autre scandale révélateur vient juste d’éclater avec la démission de Richard Perle de son poste de président du Conseil pour la politique de défense relevant du pentagone. La cause : les sommes d’argent qu’il a reçues de la part de la firme Global Crossing en contre-partie de conseils (comprendre lobbying) sur les investissements relatifs à l’après-guerre 9. Voilà donc à quoi pensent « les architectes de la démocratie » en Irak.

    Trois autres éléments montrent que le sort des Irakiens est le dernier des derniers des soucis de Bush et des faucons qui l’entourent.

    Premièrement, si la vie des Irakiens (avant même leur liberté) comptait un tant soit peu aux yeux des agresseurs de l’Irak, le choix de la stratégie militaire aurait été tout autre. Le commandement américain avait devant lui deux options (au moins). Ou bien la guerre totale selon une doctrine sinistre voulant que l’ennemi soit écrasé par une attaque aérienne terrible (la doctrine schock and awe – choc et effroi, autrement dit : terreur) qui le force à capituler rapidement (c’était l’option du général Tommy Franks qui dirige actuellement l’agression contre l’Irak à partir du Qatar), ou alors une opération spéciale, localisée, avec des troupes d’élite et des éléments infiltrés en Irak, visant au renversement de Saddam Hussein (c’était l’option du général Downing). Agression illégale dans un cas comme dans l’autre, je n’en disconviendrais certainement pas, mais avec une nuance de taille. Qu’elle réussisse ou qu’elle échoue, la première option s’accompagne inévitablement d’un nombre considérable de victimes (que les va-t-en-guerre désignent par l’ignoble expression de dommages collatéraux), contrairement à la seconde option. Bush et ses lieutenants ont choisi la première, provocant la démission du général Downing durant l’été 2002 10. C’est donc une évidence que le nombre d’Irakiens qu’on assassinera pour les libérer (sic!) n’a pas pesé très lourd dans les prises de décisions à Washington.

    Deuxièmement, la démocratie dans les pays arabes est un danger pour les États-Unis. La démocratie, par définition, accorde plus de poids aux intérêts des populations locales ; des intérêts qui, dans le cas des pays arabes et même ailleurs, convergent rarement avec les intérêts hégémoniques américains, que cela soit sur le plan économique ou sur celui du conflit israélo-palestinien. Pour le moment, Washington n’a jamais accepté un partenariat avec les pays arabes, seulement des relations d’assujettissement avec des régimes vassalisés qui lui obéissent au doigt et à l’œil. Et gare à celui qui veut jouer au malin, il sera tout de suite taxé de nouveau Hitler. Dans la rhétorique de l’Occident, aucune autre nation n’a produit autant de Hitler que la nation arabe. Le caractère autoritaire des régimes arabes est une nécessité absolue pour l’administration américaine. Ce fut ainsi de tout temps et rien ne préfigure d’un changement d’orientation de la part de Bush, bien au contraire.

    Troisièmement, il est inutile d’être dans le secret des dieux pour savoir que la liberté des Irakiens dans la rhétorique de Bush sert uniquement à placer le problème de l’invasion de l’Irak sur un terrain moral. Qui oserait dire, sans risquer de se couvrir de ridicule, qu’il est contre la liberté ? Personne. Bush le sait très bien. Il sait aussi qu’il a des chances que cette stratégie de communication trouve un écho favorable auprès d’esprits animés par les meilleures intentions du monde concernant les Irakiens (je suis certain que tu en fais partie), mais des esprits qui accepteraient aussi de lui signer un chèque en blanc en ne se donnant pas la peine de vérifier si cette rhétorique se justifie dans le discours d’ensemble de Bush et de ses hommes qui ont plaidé jour et nuit en faveur de la guerre en Irak. Des esprits qui, de ce fait même, ne considèreront pas à sa juste mesure la gravité de propos tenus ouvertement et à maintes reprises par le parti de la guerre. À l’instar de David Frum, ex-rédacteur des discours de Bush et auteur de l’expression assassine « l’axe du Mal » : «Une destitution de Saddam Hussein, écrit-il, conduite par les Américains et le remplacement du parti baasiste par un gouvernement plus aligné sur les États-Unis, mettrait Washington en charge de la région, plus encore que n'importe quelle puissance depuis les Ottomans, voire les Romains11 ». Comprenne qui pourra la place de la liberté des Irakiens dans de telles propos.

  3. Enfin, comment peut-on croire que l’administration Bush est le moindrement soucieuse de la liberté des Irakiens alors qu’elle fait montre d’un mépris dégoûtant envers les Palestiniens ? On ne peut oublier, on ne peut occulter, encore moins justifier, qu’un nombre effrayant de personnalités influentes à Washington, occupant des postes clés dans l’administration Bush, sont des proches de l’aile dure du Likoud et de l’extrême droite israélienne, qui ont une part de responsabilité non négligeable dans la liquidation du processus d’Oslo, un processus – faut-il encore le rappeler – accepté par la direction palestinienne en dépit de ses insuffisances, voire de sa profonde injustice vis-à-vis des Palestiniens. C’est un secret de polichinelle et les exemples sont légions, mais Martineau, le chroniqueur ultra-sensible qui se sent hyper-cheap face au malheur des Irakiens (à condition que ce malheur ne soit pas le fait de l’administration américaine) préfère ignorer.

    Quelques exemples pour en avoir le cœur net. Sans nier ni simplifier la complexité du processus de prise de décision à Washington, c’est un fait incontestable que ce processus est plus influencé par des Think Tanks peuplés d’experts non élus, que par les représentants des citoyens américains. Parmi les Think Tanks les plus conservateurs et les plus influents figurent le JINSA et le CSP 12, étroitement liés au likoud (le parti actuellement au pouvoir en Israël qui n’a jamais accepté les accords d’Oslo et qui les a rendu caduques dès qu’il en a eu l’occasion) et dans une certaine mesure (mais aussi dans une mesure certaine) à l’extrême droite israélienne (dont le racisme à l’égard des Arabes en général et des Palestiniens en particulier n’est plus à démontrer). Qui sont les hommes du JINSA et du CSP. À la veille de l’élection de Bush fils à la tête des États-Unis, le JINSA comptait dans son équipe de conseillers :

    • Dick Cheney, actuellement vice-président des États-Unis,
    • John Bolton, actuellement sous-secrétaire d’État chargé du contrôle des armes. Il fait partie de ceux qui estiment que l’Irak ne sera que le début d’une série de déstabilisations et de changements de régime dans la région. C’est la fameuse thèse du remodelage du Proche-Orient dans laquelle les idéaux de liberté et de démocratie sont loin, très loin, de représenter le premier objectif, ceci dans l’hypothèse fort improbable que démocratie et liberté aient jamais compté dans cette stratégie autrement que pour des besoins de rhétorique. L’un des derniers voyages de Bolton en Israël remonte à février 2003. À cette occasion, il a rencontré Sharon et Netanyahou à qui il a promis qu’après l’Irak "it will be necessary to deal with threats from Syria, Iran, and North Korea afterwards." Il n’y a là rien d’étonnant car le propos est tenu par un homme qui considère que les États-Unis doivent être au-dessus des lois, lui qui n’a jamais cessé de remettre en cause l’existence même de l’ONU dont les États-Unis, selon lui, ne doivent en aucun cas accepter les décisions qui ne leur conviennent pas. Durant les deux dernières années, la principale préoccupation de Bolton était de casser le projet de création de la Cour Pénale Internationale 13. David Wurmsur est l’un des collaborateur de Bolton. Il appartient à un autre Think Tank néo-conservateur et pro-guerre, l’American Entreprise Institute (AEI). Wurmsur est connu pour être un sioniste d’extrême droite 14 et à l’AIE il côtoie Barry Rubin, l’homme en charge du dossier Iran-Irak au niveau du Pentagone. Rubin est lui aussi partisan de la guerre totale. Son extrémisme le conduit à des réflexions tout simplement folles. Pour lui, Mary Robinson, la première responsable de l’ONU chargée des droits humains est une complice du terrorisme parce qu’elle ose dénoncer les atteintes aux droits humains par Israël 15.
    • Douglas Feith, lui aussi proche de l’extrême droite israélienne, présidait le conseil des experts (du JINSA) jusqu’à ce qu’il devienne numéro trois au Pentagone après Donald Rumsfield et Paul Wolfowitz qui ont eux-mêmes figuré parmi les experts du JINSA. En mars 2002, Douglas Feith fait son possible pour que Franck Anderson et Milt Bearden, des anciens de la CIA, ne se rendent pas au Pentagone pour prendre part à une réunion sur l’Afghanistan (à laquelle ils avaient été invités) en présence du ministre de la défense Donald Rumsfield. Bearden est un arabiste qui avait dirigé dans le passé la division du Proche-Orient au niveau de la CIA. Feith savait que l’homme était opposé à une attaque contre l’Irak et qu’il avait une vision équilibrée sur le conflit israélo-palestinien, ce qui dans l’esprit d’un homme proche de l’extrême droite israélienne, représente un vrai danger 16.
    • Richard Perle, est toujours Conseiller au JINSA, (au CSP aussi). Il fut sous Reagan fonctionnaire de haut rang dans l’Administration Defense Department. Sous G.W. Bush, il a présidé le Defense Policy Board (DPB) avant de démission la semaine dernière suite à un scandale de conflit d’intérêts, mais il demeure membre du DPB. Homme de sinistre réputation, surnommé à Washington « le prince des ténèbres », il est l’un des partisans les plus déterminés de la guerre contre l’Irak, et n’hésite pas à promouvoir l’inscription d’autres pays arabes de la région sur la liste des ennemis des États-Unis

      En 1996, Douglas Feith et David Wurmsur ont pris part à la rédaction d’un rapport à l’attention de Benjamin Netanyahou, à l’époque premier ministre d’Israel 17. Intitulé « A Clean Break : A New Strategy for Securing the Realm», le rapport fut réalisé sous l’égide de l’Institute for Advanced Strategic and Political Studies et se voulait la plate-forme d’une nouvelle stratégie pour Israël à l’horizon 2000. Le rapport évoquait avec dédain les travaillistes israéliens dont l’engagement dans le processus de paix est assimilé à une capitulation et à une trahison d’Israël en termes de sécuritéC’est sur cette base que les rédacteurs du rapport conseillaient au nouveau gouvernement de rompre avec cette approche et de s’en tenir à une stricte logique d’affrontement en provoquant une sorte de guerre froide au Proche-Orient moyennant des armés vassalisées (comme ce fut le cas jusqu’à tout récemment avec l’armée du Sud-Liban) en vue de changer les régimes dans les pays arabes, les déstabiliser ou les endiguer, en jouant sur les divisions et les rivalités de ces derniers 18. Rien de nouveau pour ceux qui savent qu’il s’agit d’une position qui remonte à loin dans l’histoire du conflit israélo-palestinien et correspond à la conception du Grand Israël adoptée depuis toujours par la droite et l’extrême droite israélienne 19, une conception qui ne laisse aucune place à l’idée même d’un État palestinien et qui explique dans une large mesure la politique des gouvernements de Netanyahou et de Sharon.

    • James Woolsey qui est encore conseiller du JINSA, a dirigé dans le passé la CIA. Tout comme Jeane Kirckpatrick et Eugene Rostow, anciens hauts fonctionnaires sous Reagan. Eux aussi sont partisans de la ligne dure en Israël contre les Palestiniens.
    • Michael Ledeen qui a défendu bec et ongles en 2001 l’option de la guerre totale. Selon lui, le seul et unique moyen d’assurer la sécurité des États-Unis et d’Israël c’est l’hégémonie par les techniques de la guerre froide, la force, le clientélisme et les actions secrètes. Ledeen plaide avec rage pour le changement de régime en Iran, par la force s’il le faut, un point de vue que partagent Andrew Marshall et Harold Rhode de l’Office of Net Assessment du Pentagone et ajoute l’Arabie Saoudite à la liste. Michael Ledeen est surtout connu pour avoir été l’agent de liaison de Oliver North dans le scandale de l’IranContra durant les années 80 20. Ce scandale avait ébranlé l’administration Reagan après la découverte des ventes illégales d’armes à l’Iran (oui à l’Iran) par les États-Unis et Israël (oui par les États-Unis et Israël) ; l’argent de ces transactions a servi à financer le mouvement terroriste des Contras au Nicaragua contre les Sandinistes. L’affaire a éclaboussé un autre homme, proche de l’extrême droite israélienne : Elliott Abrams. Il a été réhabilité sous Georges W. Bush ; il est chargé des affaires du Moyen-Orient au sein du Conseil National de Sécurité 21.

    Encore un mot sur le JINSA pour dire que parmi ses activités favorables à la droite et à l’extrême droite israéliennes, se trouvent les voyages bien encadrés en Israël qu’il organise pour des officiers américains en retraite qui, à leur retour aux États-Unis, font des déclarations ou écrivent des articles pro-israéliens, en occultant systématiquement la responsabilité du gouvernement israélien dans le sort dramatique des Palestiniens. Ce fut le cas de Jey Garner en octobre 2000. Je rappèle que c’est précisément cet homme qui a le plus de chance d’administrer l’Irak après la guerre 22.

    Quant au conseil d’experts du CSP, il regroupe entre autres des personnes également affiliées au JINSA comme Jeane Kirkpatrick, Richard Perle et Phyllis Kaminsky, ainsi que le président du conseil des experts du JINSA lui-même, David Steinman. À ceux-là s’ajoutent de nombreuses autres personnes qui occupent des postes clés dans l’administration en charge de la sécurité aux États-Unis, dont Ken de Graffenreid, Paula Dobriansky, Sven Kraemer, Robert Joseph, Robert Andrews et J.D. Crouch 23.

    Je te laisse imaginer, chère amie, le tollé général, l’indignation courroucée, voir la peur-panique qui s’emparerait des esprits si autant d’hommes proches du Hamas ou du Jihad Islamique occupaient les mêmes postes à Washington. Car le fondamentalisme de tous les hommes que je viens de citer n’est en rien (et je pèse mes mots) différent du fondamentalisme du Hamas et du Jihad. Un fondamentalisme qui ne se limite pas à la réduction des Palestiniens et des Arabes (dont les Irakiens) à des sous-humains, mais va jusqu’à vouer aux gémonies (voire purement et simplement assassiner, comme ce fut le cas pour l’ex-Premier Ministre israélien Yitzhak Rabin) les Juifs israéliens et non Israéliens, sionistes et non-sionistes opposés au tandem Sharon-Netanyahou et favorables à une paix juste avec les Palestiniens, comme Uri Avnery de l’organisation Gush Shalom (le Bloc de la Paix) ou l’universitaire américain Norman Finkelstein 24.

Je te prie de me croire, toutes ces informations n’ont rien de confidentiel, elles sont disponibles et tu peux les vérifier, tout comme tu peux vérifier les sources que je cite. Oui, les Irakiens méritent mille fois mieux que Saddam Hussein et c’est vrai que personne ne peut et ne doit hésiter entre un Irak sous le règne de Saddam Hussein et un Irak dirigé par des Irakiens intègres démocratiquement élus. Ce n’est pas ce que je conteste, tu l’auras compris. Ce que je conteste c’est qu’une personne comme toi, qui a à cœur le sort des Irakiens, accepte de choisir entre la peste et le choléra. La démocratie et la liberté seront l’œuvre des Irakiens eux-mêmes ou ne seront pas. Leur résistance à l’agression qui force mon respect montre qu’ils refusent d’être mis sous tutelle, qui plus est la tutelle de gens qui, fondamentalement, les méprisent.

Amicalement.

Je reviens à vous, M. Martineau, et reprends le troisième paragraphe de votre chronique dans lequel vous évoquez « les appels au calme d’Irakiens épuisés qui vivent dans la peur des bombes ». Les Irakiens d’Irak sont épuisés, c’est incontestable et personne ne le niera. Mais épuisés par qui ? Par quoi ? Par le régime de Saddam Hussein, sans aucun doute. Mais là n’est pas toute la vérité. Combien de fois faudra-t-il répéter que Saddam Hussein n’aurait jamais pu consolider son pouvoir et se laisser aller aux agissements qu’on lui connaît s’il n’avait pas été armé, financé, et surtout protégé par ceux qui veulent l’évincer aujourd’hui. Avez-vous entendu un seul officiel américain présenter des excuses aux Kurdes ? Jamais. Pourtant l’homme qui a ordonné qu’ils soient gazés était durant toute une décennie et au moment des faits l’homme lige de Washington. Épuisés par qui ? N’est-ce pas aussi par une guerre absurde contre l’Iran dans laquelle Saddam Hussein a servi de bras armé aux américains contre les mollahs de Téhéran ? N’est-ce pas par la guerre de 1991 durant laquelle les Américains ont utilisé des armes diaboliques pour l’hypothétique possession desquelles l’Irak est aujourd’hui envahi ? Ces mêmes armes expliquent le musée de l’horreur des mort-nés, des fétus mal formés, des nouveau-nés cancéreux en Irak ! Épuisés par quoi ? N’est-ce pas aussi par un embargo cruel qui a fait des centaines de milliers de morts, un massacre de masse que Madleine Albright, alors qu’elle était secrétaire d’État, avait qualifié de prix nécessaire à payer. Pour être plus précis, le 12 mai 1996, Leslie Stahl, journaliste au réseau CBS, pose la question suivante à Madeleine Albright durant l’émission «60 minutes » : “The question is, are they [les sanctions contre l'Irak] missing the mark? We have heard that half a million children have died. I mean, this is more children than died in Hiroshima. Is the price worth it?



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