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Interview par la Presse étudiante nationale avec le Parti marxiste-léniniste du Québec

Anonyme, Mercredi, Avril 2, 2003 - 19:01

Interview par la Presse étudiante nationale
avec Ginette Boutet du Parti marxiste-léniniste du Québec (PMLQ)

Interview par la Presse étudiante nationale
— Ginette Boutet du Parti marxiste-léniniste du Québec (PMLQ) —

* * *

PEN: Dans combien de comtés avez-vous l'intention de présenter des candidats?

PMLQ: Nous présentons des candidats dans 23 comtés.

PEN: Qu'est-ce qui distingue votre parti des treize autres partis, de façon générale?

PMLQ: Il y a neuf partis qui participent aux élections et 36 candidats indépendants, mais les médias n'accordent de sérieux qu'à trois d'entre eux: le PQ, le PLQ et l'ADQ, et ils disent que c'est une course à trois. Parmi ces trois il n'y a que le PQ qui représente un programme politique connu. Le PLQ offre toutes sortes de propositions durant la campagne électorale mais qui sait ce qu'il fera une fois élu? Se mettra-t-il à tout couper comme les libéraux de Gordon Campbell en Colombie-Britannique? Derrière quoi cherchera- t-il à unir le peuple? Quelle sera son attitude envers les syndicats et les organisations sociales? Les intérêts de qui sert-il exactement? Quelle vision de société correspond aux mesures qu'il pendra? Quelles conséquences ces mesures auront- elles pour nous? Personne ne le sait.

Avec le PQ, on sait au moins à quoi s'attendre. Après avoir passé des années à couper sous le gouvernement de Lucien Bouchard pour réaliser le «déficit zéro», il semble maintenant vouloir faire un compromis avec certaines sections des syndiqués pour assurer les besoins des monopoles dans le secteur de l'extraction des ressources et certaines industries manufacturières comme les télécommunications, l'automobile, etc. Certains de ces secteurs, notons en passant, sont liés à la production de guerre. Il tente aussi de s'attaquer au problème de l'affirmation des droits du Québec. La solution lui échappe parce qu'il ne cherche pas à le résoudre sur une base moderne, c'est-à-dire en investissant le peuple du pouvoir souverain et en modernisant les institutions démocratiques et les arrangements constitutionnels en conséquence. C'est une illusion que de croire qu'on puisse affirmer la souveraineté de la nation (pas seulement le Québec mais même les États-nations déjà constitués) en devenant un meilleur concurrent sur les marchés mondiaux. L'affirmation du droit à l'autodétermination ne se fait pas en cherchant des modèles, comme le modèle catalan, ou le modèle européen, ou le modèle québécois actuel ou un autre modèle québécois. Elle se fait lorsque le peuple s'unit pour bâtir la nation en partant de ses besoins et intérêts, en mettant l'économie à son service, de même que l'aspect social, culturel et politique. C'est le peuple qui doit s'investir de la souveraineté pour qu'il puisse contrôler ses affaires.

Quant au PLQ, les médias disent que c'est une alternative pour ceux qui ne veulent pas voter pour le PQ. Nous pensons que ce n'est plus le cas. Ce n'est plus le parti de Robert Bourassa qui représentait une tendance précise de la politique québécoise, celle du renouvellement du fédéralisme. Cette option a disparu avec la mort de l'Accord du Lac Meech. Le parti de Robert Bourassa était pour une fédération renouvelée qui aurait réaffirmé les arrangements à la base de la Confédération fondés sur ce qui s'appelait la reconnaissance de deux peuples fondateurs, le Canada et le Québec. Le Québec aurait repris sont droit de veto et il était entendu que les droits des minorités francophones à l'extérieur du Québec seraient protégés au même tire que la minorité anglophone au Québec. C'est le vieil arrangement conclu entre Sir John A. Macdonald et Georges-Étienne Cartier.

La Loi constitutionnelle de 1982 élimine le droit de veto du Québec et le réduit au statut de province comme les autres. Le rapport de forces est maintenant en fonction de la population, où le Québec est clairement minoritaire, sans compter que c'est une notion inacceptable qui réduit la nation du Québec à une soi-disant minorité francophone. Si au moment de la Confédération il y avait un rapport de force et que le maintien de ce rapport était la condition de l'adhésion du Québec à la Confédération, aujourd'hui le peuple québécois est considéré comme une minorité au sein du Canada. L'échec de Meech a eu pour effet de reléguer cet arrangement aux oubliettes une fois pour toutes et le Parti libéral s'est retrouvé en crise. Cela a également eu pour effet de secouer le bipartisme au Québec. La bourgeoisie a fait appel au chef du Parti conservateur fédéral Jean Charest pour prendre la relève à la tête du Parti libéral du Québec pour essayer de sauver le bipartisme, mais le PLQ avait perdu sa raison d'être.

Charest se plaint de ne pas être perçu comme un Québécois bien qu'il soit originaire de Sherbrooke. La raison en est que son parti n'a pas été capable de se donner une position politique crédible en ce qui concerne la place du Québec au sein de la Confédération. Il ne semble pas avoir de position. Il est perçu comme étant l'instrument de la vision du Québec de Stéphane Dion, c'est-à-dire la vision des libéraux de Trudeau et Chrétien.

Les libéraux veulent continuer de se servir du Québec comme d'une arrière-court dans leurs plans «pour faire triompher» les monopoles canadiens sur les marchés mondiaux. Le Québec resterait une réserve de main-d'oeuvre à bon marché, de ressources naturelles à bon marché et de concessions de république de banane à la disposition des monopoles canadiens, suivant la tradition coloniale. Le PQ aussi cherche à faire du Québec une réserve de main-d'oeuvre à bon marché, de ressources naturelles à bon marché et de concessions de république de banane, mais pour la mettre d'abord à la disposition de la section québécoise de la bourgeoisie. Puis il cultive des rapports particuliers avec la France et poursuit d'autres avenues et cherche à mettre à profit l'énorme réserve de capitaux que représentent les caisses de retraite. Il rivalise avec les monopoles établis en Ontario et ailleurs.

Quoi qu'il en soit, nous ne croyons pas qu'il soit dans l'intérêt de la classe ouvrière et du peuple du Québec que le PLQ forme le gouvernement parce que rien ne le retiendra: il détruira tous les arrangements sociaux actuels et donnera feu vert à la privatisation et à la coordination avec les institutions financières internationales et les monopoles au détriment du peuple et de la nation.

Pour ce qui est de l'ADQ, à notre avis on ne peut pas vraiment dire que c'est un parti politique puisqu'il n'a pas de programme politique. Il ne représente pas de tendance distincte dans la politique québécoise. Il est ni pour le renouvellement de la souveraineté, comme le PQ — sans trop de succès, faut-il dire, mais il n'y a pas renoncé — ni pour le renouvellement du fédéralisme, bien qu'avec la disparition du PLQ de Robert Bourassa, beaucoup d'ex-partisans du renouvellement du fédéralisme soient venus se joindre à l'ADQ. C'est une perte pour la nation que de voir certains de ses intellectuels les plus respectés, qui savaient présenter des arguments convaincants du temps de Bourassa, répéter maintenant des bêtises pour essayer de justifier l'existence de l'ADQ avec un chef si arriéré qu'il ne sait même pas représenter les réalisations de la Révolution tranquille. Ses valeurs sont enracinées dans le Péribonka de Louis Hémon, comme si la fidélité à la terre pouvait être la base des valeurs familiales aujourd'hui.

Il est vrai que les Québécois, comme tous les peuples du monde, haïssent l'instabilité, mais ils sont en majorité des prolétaires modernes dont les valeurs sont déterminées par la solidarité sociale d'une société dont l'existence dépend de la production moderne. Ce n'est pas une économie de subsistance où les familles dépendent d'elles-mêmes. Nous dépendons tous les uns des autres et nous voulons décider ensemble de la direction économique de la société pour que nous n'ayons plus à subir l'instabilité du système économique actuel.

Le programme du PMLQ est de mobiliser la classe ouvrière et le peuple, pour qu'ils s'organisent pour mener à l'affirmation de la nation du Québec sur une base moderne. C'est le peuple qui doit être souverain et nous l'encourageons à participer au renouveau démocratique du processus politique et à définir lui-même sa position face au présent et à l'avenir du Québec et du Canada et du monde entier. Il ne s'agit pas seulement de consulter le peuple. La plupart du temps ces «consultations» servent uniquement à dire que le gouvernement a l'appui du peuple. Non, c'est le peuple qui doit décider de la direction politique, économique et sociale du Québec. Notre programme dit que pas seulement l'organisation économique, mais aussi l'organisation sociale, politique et culturelle d'un Québec moderne doit garantir les droits de tous. Pour cela, il faut que la classe ouvrière et le peuple commencent à réfléchir à ces questions pour les assumer eux-mêmes. Les jeunes ont un grand rôle à jouer dans la création de ce Québec moderne. C'est eux en fin de compte que tout cela intéresse.

PEN: La formation collégiale tend de plus en plus vers la technique plutôt que l'enseignement général. Il existe également de plus en plus d'Attestations d'études collégiales (AEC). Quelle est selon vous la place des cégeps dans le système d'éducation? Ont-ils encore un rôle essentiel? Si oui, devraient-ils tendre davantage vers la formation de travailleurs ou l'instruction de penseurs?

PMLQ: Je suis sûre que vous ne voulez pas dire que les travailleurs ne peuvent pas être des penseurs! La société a besoin de travailleurs et d'intellectuels, mais cela ne veut pas dire que les travailleurs ne sont pas des penseurs. Puis, qui décide qui devient penseur? Et ce penseur va travailler pour qui? Pour qui pensera-t-il? La ZLÉA a ses penseurs, Bush a ses penseurs. La question qu'il faut se poser est qui l'éducation doit-elle servir? Toute société a besoin de se reproduire et c'est en fonction de ce besoin qu'elle établit son système d'éducation. L'éducation est un droit et dans une société moderne comme la nôtre, l'accès à l'enseignement postsecondaire doit être garanti pour tous si nous voulons répondre aux besoins de la société. Nous disons que la tendance à faire toujours payer davantage les étudiants doit être renversée. Il faut diminuer les frais jusqu'à la gratuité de l'enseignement postsecondaire et instituer un régime de bourses pour le rendre accessible à tous. Un peuple comme le nôtre qui entreprend d'affirmer sa souveraineté, son droit de prendre toutes les décisions qui le concernent, doit redoubler d'effort pour que le système d'éducation réponde aux grands défis que cela représente. Il ne faut pas oublier qu'il y a 40% d'analphabètes à différents degrés au Canada et que dans certaines régions du Québec, c'est 45% des jeunes qui ne feront pas d'études postsecondaires. D'autres sont écrasés par la dette et sont en train de se rendre fous à courir du travail aux études. Le fait que l'éducation soit orientée dans le sens de répondre aux besoins du marché détruit le système d'éducation. La mondialisation néolibérale va dans le sens de permettre aux pays industriels avancés de s'emparer des cerveaux des autres nations et ils sentent de moins en moins le besoin d'instruire leur propre jeunesse. Alors il n'y a pas seulement une pénurie de penseurs et de professionnels, il y a aussi une crise d'éclairement. Le système d'éducation est orienté vers la formation d'une main-d'oeuvre qualifiée suivant les besoins de l'économie néolibérale, et bien sûr ce système a besoin de ses penseurs, même si ce n'est qu'une poignée, que ce soit comme politiciens ou journalistes, professeurs, économistes ou experts de toutes sortes.

C'est très important pour les jeunes de se fixer des objectifs et d'utiliser les ressources à leur disposition pour s'éduquer eux-mêmes puisque le système ne le fait pas. Les cégeps ont des vocations technique et pré- universitaire. Toute société a besoin de ces deux aspects. Mais cette éducation doit servir à quoi? C'est ça la question qu'il faut se poser. Même les universités aujourd'hui ne font que former des gens en fonction des besoins des monopoles. Elles semblent avoir complètement abandonné leur vocation de créer une pensée éclairée, alors ce n'est pas seulement un problème avec les cégeps. Un Québec souverain a besoin que toute sa population soit très cultivée. Nous devons apprendre pas seulement ce qu'on appelle les trois langues des Amériques — car en fait il y en a beaucoup d'autres — mais toutes les langues qui se parlent chez nous. À l'heure qu'il est on ne nous apprend même pas notre langue maternelle comme il faut et beaucoup de Québécoises et de Québécois dont la langue maternelle n'est ni le français ni l'anglais n'apprennent pas à lire et écrire dans leur langue. Comment peut-on penser si on ne maîtrise pas sa langue?

PEN: L'environnement semble occuper une place de plus en plus importante dans l'opinion publique. Réchauffement de la planète, protocole de Kyoto, détérioration de la qualité de l'eau, barrages, coupes de bois excessives ou encore les méga-porcheries sont des dossiers des plus préoccupants. En matière environnementale, quelles sont vos priorités et quelles mesures peuvent être envisagées? Comment allez-vous mettre de l'avant ces priorités si votre parti obtient un ou plusieurs sièges à l'Assemblée nationale?

PMLQ: Comme on l'a vu dans le dernier budget, on nous vole de plus en plus nos ressources naturelles et le but de la production n'est pas d'améliorer la vie des êtres humains. Nous appelons la classe ouvrière et la nation à participer à la planification pour faire en sorte que les ressources humaines et matérielles de la nation servent à répondre aux besoins de tous les membres de la société et à garantir l'avenir de la société. Nous proposons une société qui humanise tant l'environnement naturel que l'environnement humain.

Il faut interdire par la loi tout ce qui détruit et gaspille l'environnement naturel et il faut mettre les ressources nécessaires pour mettre en pratique ce qu'on appelle les solutions vertes.

PEN: En ce qui concerne la santé, il existe une multitude de problématiques que l'on connaît, notamment les listes d'attentes interminables pour des opérations, les urgences qui débordent de patients, la pénurie de médecins en régions... Croyez-vous que les quelque 820 à 940 millions de dollars par année qu'Ottawa a consentis à Québec permettront de solutionner l'inaccessibilité générale qui caractérise la situation actuelle? Si oui, de quelle façon distribueriez-vous cet argent? Si non, qu'est-ce qui représente la solution selon vous?

PMLQ: D'abord, le problème du système de santé n'est pas financier. Ce n'est pas un problème de manque d'argent, c'est un problème de droit. Le droit de tous les citoyennes et citoyens à des soins de santé n'est pas reconnu. C'est toujours présenté comme un problème d'argent. Les travailleurs de la santé pourraient très bien organiser le système pour qu'il soit efficace et qu'il n'y ait pas de gaspillage. Les partis des riches, quand ils parlent de réformes et de restructuration, c'est toujours à leurs propres fins. Quand ils parlent de coûts, ils éliminent tout de suite le facteur humain — autant les travailleurs et les professionnels de la santé que la population et ses besoins. Ils ont créé le gâchis que nous avons aujourd'hui dans la santé uniquement pour s'emparer de nos impôts pour payer les riches. Notre programme est d'arrêter de payer les riches et alors il y aura amplement d'argent pour répondre aux besoins de la population. Quant aux transferts fédéraux, cet argent nous appartient, ce n'est pas à débattre.

Le budget de la santé est celui qui prend la plus grosse part des argents du trésor public. Pour le gouvernement c'est une dépense, mais nous nous disons que c'est un investissement. Il y a une grande différence. Cela dépend de quel angle vous aborder le problème. Si le gouvernement n'était pas au service des corporations et ne jouait pas le rôle de tout mettre au service des riches pour qu'ils compétitionnent sur les marchés mondiaux pour maintenir leurs profits élevés, nous aurions des ressources. Le gouvernement doit mettre tout à la disposition de son peuple pour son bien-être, sa culture, etc. Les réclamations que le peuple est en droit de faire à l'économie doivent toujours avoir priorité.

PEN: Lors du Rendez-vous national des régions qui s'est tenu en novembre 2002, plusieurs points ont été soulevés pour développer et favoriser la croissance et la prospérité économique. Entre autres, des montants seront alloués pour encourager l'immigration en région et d'autres seront attribués aux projets jeunes en région. Des mesures de décentralisation sont également prévues. Qu'est-ce que votre parti propose de plus pour soutenir et encourager le développement des régions?

PMLQ: La question des régions est présentée comme une diversion, non pas que les gens en région ne sont pas aux prises avec des problèmes réels, mais ces problèmes n'ont rien à voir avec la division territoriale ou géographique. Ils ont à voir avec le développement inégal de l'économie sous le capitalisme et les intérêts qui motivent ces changements. Que vous payez des impôts à Baie-Comeau ou à Montréal, vous êtes un contribuable à qui on ne permet pas de décider de la direction de l'économie. Les gens veulent participer au processus décisionnel parce que, justement, ils ont des problèmes à résoudre. Les politiciens qui font des promesses pour avoir plus de votes n'ont pas intérêt à résoudre ces problèmes. La création d'emplois est un besoin réel et le problème n'a jamais été réglé et il ne sera pas réglé avec des promesses de subventions et ainsi de suite. À écouter ce que disent certains économistes, le plus grand danger serait l'inflation et il faudrait par conséquent accroître le chômage pour faire baisser le prix du travail. Dans les régions vous pouvez avoir une usine qui employait, disons, 600 personnes. Le gouvernement investit des millions de dollars en subventions pour maintenir, disons, 300 emplois. Les gens rient parce cela veut dire que des millions de dollars ont été versés pour éliminer 300 emplois.

Ce sont des subterfuges qui servent à faire des concessions aux riches au nom de la création d'emplois et de l'aide aux régions. Dans une situation où c'est le peuple qui contrôle l'économie, la décentralisation est une bonne chose parce que cela permet aux citoyens de mieux contrôler les prises de décision, mais sous le néolibéralisme cela ne sert qu'à transférer les coûts, voler les richesses et créer une réserve de main-d'oeuvre à bon marché. Les régions ont ensuite le privilège de décider comment administrer les coupures.

C'est le pouvoir de décider que les gens réclament dans les régions. Par exemple, tout ce qu'on entend à propos des élections dans la région de l'Est du Québec en ce moment concerne l'exode des jeunes et comment les ramener. Tous les partis ont leurs recettes miracles. Sauf que tous ont oublié les échecs retentissants des nombreux programmes mis de l'avant dans les vingt dernières années pour contrer le mouvement de la jeunesse vers les grandes villes, lutter contre le chômage, l'agonie des villages vivant de la forêt et de l'agriculture. Plus à l'est, les partis et leurs représentants ont oublié la fermeture de l'usine de pêche de Newport et de nombreuses petites et moyennes usines de transformation du poisson qui ont été fermées. C'est la même chose pour la fermeture des petits chantiers navals suite à l'effondrement de la pêche hauturière dans le golfe Saint-Laurent. C'est sans parler de Murdochville et de Chandler. Tous les programmes de création d'entreprises sont un échec. Les seules entreprises encore en activité sont ou ont été subventionnées par les gouvernements provincial et fédéral. Il faut en finir avec le mythe qui dit que les PME sont le moteur de la croissance. Les subventions qui leur sont accordées ne sont qu'une façon de faire circuler l'argent et de concentrer la terre et la production une fois qu'elles font faillites ou sont achetées.

À une crise qui touche tous les secteurs de la société, la réponse des partis est parcellaire et palliative. Ils créent l'illusion que telle ou telle recette va permettre de résoudre le problème mais cela ne fait qu'empirer la situation. Quand les emplois, l'éducation et les services de santé disparaissent ou diminuent, les gens sont forcés d'aller dans les grands centres. Pourquoi resteraient-ils dans les régions quand le seul avenir qui leur est réservé est de disparaître et de devenir des villes fantômes? D'un autre côté, aller faire partie de la main-d'oeuvre à bon marché dans les centres urbains où les problèmes sociaux sont énormes n'est pas une solution non plus.

Personne n'a pensé que l'exode des jeunes des régions vers les grands centres que sont Montréal et Québec est une chose normale, sinon voulue. Cela a commencé avec la Révolution tranquille lorsque par milliers les gens en région ont été transformés en réserve de main-d'oeuvre à bon marché dans les manufactures. C'est ainsi que les choses se passent dans la société capitaliste où c'est la loi de la jungle et où le seul rôle donné aux régions est d'approvisionner l'économie en main- d'oeuvre et en ressources à bon marché, dans la région si possible, ailleurs si nécessaire.

PEN: Quelle est votre vision de l'avenir constitutionnel du Québec? Le Québec est-il, au sein du Canada, une province comme les autres ou une société distincte? A-t-il toujours sa place au sein de la fédération canadienne? Si oui, quelle est-elle? Si non, quel statut le Québec devrait-il avoir par rapport au Canada et aux autres pays? Par quels moyens le Québec doit-il accéder à ce nouveau statut?

PMLQ: Le projet d'édification nationale au Québec appartient aux Québécoises et aux Québécois quels que soient l'origine nationale, l'âge, le sexe, les capacités, la langue ou la religion. Nous préconisons une constitution qui incarne un État-nation moderne du Québec avec des droits de citoyens, la reconnaissance des droits des minorités et des droits ancestraux des Premières Nations et avec des institutions démocratiques qui font du peuple le détenteur du pouvoir souverain. C'est le peuple qui doit décider de son avenir et du système de gouvernance. C'est le droit collectif de la nation du Québec d'affirmer sa souveraineté. Si elle décide d'avoir un État indépendant, elle peut également décider d'établir une union libre et égale avec le reste du Canada dont le peuple pourrait aussi constituer une nation moderne. Que le Québec se déclare un État-nation indépendant ou pas, il reste que c'est une nation et qu'il a le droit à l'autodétermination. Ce sont tous celles et ceux qui participent à cette lutte, y compris les minorités nationales, qui créeront l'identité de la nouvelle nation du Québec.

PEN: Quel serait pour vous un scénario gagnant lors de ces élections?

PMLQ: Nous nous sommes fixé plusieurs objectifs immédiats pour ce qui est de renforcer notre travail à la base de la société et nos liens avec les travailleurs dans différents secteurs, ainsi qu'avec la jeunesse et les étudiants, les femmes, les Québécois d'origine étrangère, etc. et en même temps nous consolidons notre journalisme. Les groupes du PMLQ se servent de toutes les occasions, y compris les élections — qui, comme vous le savez, sont loin d'être une occasion où les gens peuvent calmement discuter des questions politiques. Cela se passe si rapidement et avec tant de tapage. Mais quand même, les gens doivent apprendre à intervenir politiquement et résister à la pression qui veut les transformer en une masse votante qui est censée choisir entre des programmes ridicules qu'on appelle plate-formes. Notre méthode est: Apprendre ensemble, travailler collectivement et assumer la responsabilité sociale. À notre avis, ceux qui le font deviennent politiques dans le sens que la politique à laquelle ils participent aide à leur avancement plutôt que de les marginaliser. Nous encourageons les étudiants à se joindre à nous dans ce travail.

PEN: Certains personnes disent souvent que voter pour un parti peu connu revient à annuler son vote. Dans ces conditions, pourquoi devrait-on voter pour votre parti?

PMLQ: Voter pour nous c'est rompre avec l'illusion de la promesse des partis de tout faire pour vous s'ils croient que cela va leur donner plus de votes. C'est un premier pas vers la reconnaissance du besoin de nous investir nous-mêmes du pouvoir souverain. C'est une brisure qui va amener le changement. C'est une conscience et une responsabilité sociale qui va effectivement reconnaître les besoins objectifs de la société et y répondre, pas pour des groupes d'intérêts spéciaux mais pour l'intérêt général de la société. C'est la propagande des grands partis qui dit que voter pour nous c'est annuler son vote, car cela fait bien leur affaire. Mais c'est voter pour un des trois partis bourgeois qui est perdre son vote.

PEN: Qu'est-ce qui vous distingue du Parti communiste du Québec? La différence n'est pas claire pour bien des gens.

PMLQ: Une différence est que nous présentons 23 candidats aux élections et que nous sommes un parti politique enregistré. Puis nous avons des programmes différents pour des raisons historiques qu'il faudrait aborder dans un autre contexte. L'important est que nous travaillons ensemble sur différentes questions d'intérêt pour le peuple. Nous pensons que pour l'instant il est plus utile de souligner nos similarités que nos différences pour que le mouvement du peuple ne soit pas divisé sur une base sectaire.

PEN: L'Union des forces progressistes prétend vouloir unir les forces de la gauche au Québec. Certaines personnes auraient probablement trouvé logique que vous joigniez leurs rangs. Pourquoi n'en est-il pas ainsi?

PMLQ: D'abord vous devez comprendre que c'est la loi électorale qui nous divise. Si nous ne présentons pas 20 candidats, nous perdons notre inscription. Deuxièmement, nous ne pouvons pas tout simplement abandonner notre Parti. Notre Parti n'est pas seulement un parti électoral, il est un parti avec un programme et une vision. C'est une question de liberté de conscience et d'assemblé que de vous joindre à un parti qui représente ce que vous pensez. L'unité de la gauche se réalise d'abord et avant tout en s'unissant dans l'action et sur cette base différents problèmes peuvent être résolus par ceux qui pensent pareil, comme par exemple quel genre de parti la société a besoin aujourd'hui. Nous travaillons déjà avec des membres de l'UFP à la base et dans l'action, comme nous le faisons avec toutes les forces politiques et sociales. En fait, dans cette élection nous avons décidé de présenter seulement le nombre de candidats nécessaires pour préserver notre enregistrement afin de concentrer les efforts sur notre travail constant, d'une part, et de ne pas avoir trop de candidats de petits partis dans trop de circonscriptions, d'autre part. Mais la loi électorale est ce qui nous divise pour ce qui est de présenter des listes communes de candidats. Dire que nous ne sommes pas pour l'unité de la gauche ou que nous ne sommes pas progressistes ou que nous sommes trop à gauche parce que nous nous ne nous sommes pas joints à l'UFP, c'est répéter des dogmes que véhicules les médias et ce n'est pas aborder la situation concrètement, sérieusement. Nous prenons très au sérieux l'édification de la nation du Québec et nos points de vue, comme ceux de tous les autres partis, méritent l'attention. Nous essayons de créer un climat où toutes les propositions peuvent être discutées au lieu de réduire le débat à un marketing de ce qu'on appelle les «enjeux électoraux». Les jeunes en particulier doivent s'opposer à ce genre d'élection qui les réduit à magasiner pour le meilleur produit à consommer. Cela ne veut pas dire qu'ils doivent refuser de participer à la vie politique même dans sa forme électorale actuelle, même si cette forme est conçue spécifiquement pour les marginaliser et leur enlever tout pouvoir. Ils doivent lutter pour mettre leurs préoccupations à l'ordre du jour de la société. Le problème de l'unité de la gauche est un problème sérieux qui requiert une solution. Il ne s'agit pas de se dire de gauche pour ensuite déclarer que tous ceux qui ne le font pas ne sont pas pour l'unité. La vie n'est pas aussi simple. Nous espérons que vos lecteurs feront eux-mêmes l'effort de comprendre ce qui se passe et de se faire une idée. De cette façon, personne ne pourra les ébranler!

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