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Au nom des femmes amérindiennes

jplarche, Dimanche, Mars 2, 2003 - 18:30

Daphnée DION-VIENS

« Si on se compare aux femmes québécoises, on est 30 ans en arrière, martèle Michèle Audette, le regard déterminé. Ça fait seulement 10 ans que l'on peut assister au conseil de bande, alors que les Québécoises votent depuis 1940 ! » La présidente de l'association Femmes autochtones du Québec (FAQ) se bat quotidiennement pour le respect des droits des Amérindiennes. Une bataille de longue haleine qui est loin d'être gagnée.

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« Si on se compare aux femmes québécoises, on est 30 ans en arrière, martèle Michèle Audette, le regard déterminé. Ça fait seulement 10 ans que l'on peut assister au conseil de bande, alors que les Québécoises votent depuis 1940 ! » La présidente de l'association Femmes autochtones du Québec (FAQ) se bat quotidiennement pour le respect des droits des Amérindiennes. Une bataille de longue haleine qui est loin d'être gagnée.

Michèle Audette est née au Labrador, d'un père québécois et d'une mère innue. Elle a grandi en faisant la navette entre Maliotenam, son village natal, et Montréal. À 17 ans, elle s'est retrouvée en pleine crise d'identité. « Dans ma communauté, je me faisais traiter de Blanche, de "voleuse de job". À Montréal, quand les gens apprenaient que j'étais Innue, je devenais tout d'un coup exotique ! Je ne savais plus du tout où j'en étais, qui j'étais. »

Mais la crise d'identité existait aussi sur papier. En vertu de la Loi fédérale sur les Indiens de 1876, Michèle Audette n'était pas considérée comme une autochtone à part entière puisque sa mère a perdu son statut d'Amérindienne en mariant un Blanc. Cette même loi permet à un homme autochtone, s'il épouse une Blanche, de conserver son statut et de le transmettre à ses enfants. « L'objectif de la loi était d'assimiler les autochtones et d'en faire de bons citoyens canadiens, affirme Mme Audette. Un des processus d'assimilation était de retirer les femmes de la communauté. »

Pour ces femmes, perdre le statut d'Amérindienne signifie ne plus avoir accès aux services, aux soins de santé et à l'éducation dans la réserve. Elles ne peuvent même pas hériter de leurs parents. Une situation dramatique pour les femmes, mais aussi pour leurs enfants.

Un nombre élevé de jeunes filles amérindiennes deviennent mères avant l'âge de 21 ans. Selon la loi, un enfant perd le statut d'autochtone si l'identité du père n'est pas révélée. On tient alors pour acquis que le père est Blanc. « Imaginez que vos filles se rendent dans un CLSC avec leurs enfants et que les responsables exigent de connaître le nom du père avant de traiter l'enfant. Ce serait intolérable ! Il n'y a personne qui laisserait passer ça ! » s'exclame Mme Audette.

La Loi sur les Indiens revue et corrigée

Les modifications apportées à la Loi fédérale sur les Indiens en 1985 ont permis de corriger ces dispositions discriminatoires, mais en partie seulement. La nouvelle législation a redonné le statut d'Amérindienne à plus de 1 000 femmes au Québec, de même qu'à leurs enfants. Michèle Audette et sa mère ont été officiellement réinscrites comme Innues, mais la présidente de FAQ ne peut transmettre son statut à ses enfants. « La loi n'a jamais remis les femmes au même statut que les hommes, explique-t-elle. Le problème n'a été que reporté à la génération suivante. »

Mais encore faut-il être réadmise. C'est le conseil de bande qui a le dernier mot quant à la réintégration des femmes dans leur communauté. À Kanahwake, par exemple, 3 000 femmes sont toujours en attente d'une décision de leur conseil, tandis qu'en Alberta, 9 femmes sur 10 attendent toujours une reconnaissance de statut. Certains conseils de bande désapprouvent complètement le mariage avec un non-autochtone.

Le projet de loi sur la gouvernance des Premières Nations, déposé en juin 2002, remplacera la Loi sur les Indiens. Les femmes autochtones avaient fondé beaucoup d'espoir dans cette nouvelle législation, mais elles ont rapidement été déçues : « On s'est fait répondre [par le ministère des Affaires indiennes] que le projet de loi devait être déposé rapidement et qu'il n'y avait pas de temps pour les revendications des femmes, s'insurge Michèle Audette. Il n'y a rien dans le projet de loi qui reflète nos revendications. » Le projet de loi modifie certains aspects juridiques des communautés, redéfinit le mode électoral et instaure un principe de reddition de comptes, mais ne comprend rien sur le droit à l'égalité ni sur le droit individuel.

Femmes autochtones du Québec

Si la reconnaissance du statut d'Amérindienne est l'un des principaux combats de l'association, Femmes autochtones du Québec fait aussi beaucoup plus. Les statistiques sont alarmantes : 80 % des femmes autochtones sont victimes de violence conjugale et 47 à 50 % sont victimes d'agressions sexuelles, sans compter tous les cas qui ne sont pas déclarés. « Une claque dans la face n'a pas de juridiction. Ça fait mal pour tout le monde. C'est aussi là-dessus que l'on travaille à FAQ », explique la présidente.

Michèle Audette est arrivée à la tête de l'organisation en 1997, avec toute la détermination et l'énergie de ses 26 ans, sans savoir qu'elle suivait les traces de sa mère qui ne lui avait jamais révélé qu'elle était membre fondatrice de FAQ. Aujourd'hui, la jeune Innue est visiblement fière du travail accompli : « Au moins, on parle maintenant des véritables problèmes. Il y a 20 ans, on commençait à peine à parler des effets de la boisson. Nous avons maintenant des centres qui viennent en aide à ceux qui ont un problème de dépendance. C'est la même chose pour les problèmes de violence conjugale. »

Au cours des dernières années, les membres de l'organisation ont mobilisé des centaines de femmes lors d'événements, de conférences et de consultations publiques. Elles se sont assises avec les leaders autochtones pour leur faire part de leurs préoccupations. Les résultats sont encourageants. À Shefferville, par exemple, le conseil de bande a élaboré un plan d'action sur cinq ans afin de promouvoir la non-violence. À Kanahwake, depuis une sortie publique de l'organisation contre le conseil de bande, 75 femmes ont été réinscrites dans leur communauté. Michèle Audette est déterminée à poursuivre la bataille : « Je me bats corps et âme pour les droits des femmes autochtones, et je le ferai jusqu'à mon dernier souffle ! »

Daphnée Dion-Viens, assistante à la rédaction, journal Alternatives

www.alternatives.ca
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Sujet: 
Aberrant...
Auteur-e: 
Mayaxtal
Date: 
Mer, 2003-03-05 14:31

C’est complètement aberrant de voir encore cette injustice portée à la femme en 2003.
Qu’elles soient Amérindienne, Québécoise, Asiatique ou Africaine, une femme reste une femme.

Qu’une Amérindienne perde son statut pour avoir marié un blanc et que l’Amérindien lui garde ses droits dans le même cas, c’est de la discrimination pure et simple, du sexisme à mon avis. Plein de questions insensées me viennent à la tête. J’en suis sidérée, plutôt attristée de voir encore cette justice injuste …

J’ai de la difficulté à concevoir ces choses. Toutes femmes aujourd ‘hui partout dans le monde doivent avoir les mêmes droits que les hommes. Nous ne sommes plus en 1800 où les femmes étaient des esclaves ou des objets de convoitise. Malgré toute l’évolution nous ne sommes pas passés encore le stade mature de l’égalité. Mais pourquoi donc l’homme porte encore le signe de l’autorité ou de la supériorité ? Pourtant nous ne sommes pas en minorité mais bien en majorité sur cette planète.
Quelle est la véritable identité sociale de la femme ?? Chef de famille dans bien des cas.
Combien de femme assume seule la responsabilité de leur famille ??? Environ une femme sur cinq dans le monde.
Et pourquoi les femmes n’ont pas les droits égaux a l’homme. Certainement pas parce qu’elles sont moins intelligentes. Mais je dirais plutôt que certains hommes ne veulent pas laisser la place aux femmes, qu’ils ne veulent pas perdre leur pouvoir ou même la peur de ce faire dominer par des femmes serait honteux pour certains.

Mais la question n’est pas à la domination mais bien à l’égalité. Les femmes ont droit à leur place égale à celui de l’homme. Il faut que ça change, ça suffit la discrimination.
Il faut apprendre à se tenir entre nous, Arrêter de voir l’homme, la femme, la couleur, la religion et regarder seulement l’être humain. Le droit de vivre égal et heureux appartient à chaque être humain d’où qu’il soit, peu importe la nationalité.
Alors j’encourage toutes les femmes de se battre pour obtenir leur droit, Michèle Audette est une bonne exemple à suivre pour beaucoup d’entre nous.


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