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Et s'il existait un accord secret entre Bush et Chirac?

sonia, Dimanche, Février 23, 2003 - 13:30

Lorraine Amiel

Vous n'imaginiez tout de même pas que les Américains avaient sorti toutes l'artillerie lourde pour rien ! Rien que le déploiement de leurs troupes leurs coûtent déjà des millions de dollars.

Je lisais hier dans mon quotidien économique, un brin amusée, que 30% des stratèges boursiers européens estimaient probable que les GI's qui encerclent actuellement l'Irak rebroussent chemin. Un doux rêve...

Voilà qu'ils deviennent soudainement pacifistes alors que jusqu'à présent ce sont eux qui hurlaient le plus fort "Que les hostilités commencent..."! Histoire d'empocher vite fait bien fait un rebond "sonnant et trébuchant", soi-disant bien mérité

Conséquences : les bourses étaient sur un petit nuage rose. C'était le bonheur. Paris gagnant jusqu'à 6,5% et le Dax 7,1% en 3 séances !

Lorsque tout à coup : patatras. Fini le doux chant nuancé des Anglais. La dure réalité revient au galop, avec sa batterie de déclarations belliqueuses et tapageuses. Bush tape à nouveau du poing sur la table. Et Saddam lui répond aussi sec, histoire de faire monter la mayonnaise. Et par-dessus le marché, les inspecteurs nous font des révélations !

Finie l'extase, l'ivresse du rebond. L'état de grâce boursier n'aura pas fait long feu. Paris a clôturé hier en repli de 2,70% à 2.859 points. L'Euro Stoxx 50 a chuté de 3,18%. Le FT-SE de 1,91%. Et le Dax décroche comme d'habitude la palme avec un repli de 4,21%, aidé en cela par Deutsche Telekom qui a annoncé l'émission de 2,3 milliards d'euros d'obligations remboursables en actions.

L'euro cote 1,0745$ et l'once d'or fin 346$. Mais surtout, le brut flambe, s'enflamme, une vraie torche inextinguible. Le baril de référence cotait hier soir 37,16$ à New York. Il a même atteint 37,35$ en cours de séance, son plus haut depuis novembre 1990. Nous y voilà...

Et pour cause, le chaos est total : aux Etats-Unis, les réserves stratégiques de pétrole fondent comme neige au soleil. La production de brut vénézuélien est loin de battre son plein. La production nigérienne bat de l'aile avec les grèves. Les tensions irakiennes se précisent.

Et par-dessus le marché, la Chine trouve opportun, là, maintenant, de se constituer des réserves stratégiques de pétrole en cas de coup dur. Elle achète à tout va ! Exacerbant davantage encore la pression sur le prix du brut.

Déjà le "rebond pacifiste" des bourses n'est plus qu'un lointain souvenir. Et si toute l'agitation diplomatique actuelle n'était qu'un leurre ? Que vais-je encore aller penser là.. me direz-vous !

Voici ce que je constate :

- D'un côté, Bush est parfaitement conscient que ce serait une erreur dramatique et hautement déstabilisante que d'intervenir unilatéralement en Irak, sans l'aval de l'ONU. En revanche, il est prêt à tout pour intervenir militairement.

- De l'autre, les diplomates français sont dans une situation délicate. L'amitié franco-américaine est au plus mal. Et pour cause, nos diplomates sont actuellement pour la poursuite des inspections (l'opinion publique étant pacifiste). En revanche, ils savent très bien que cela n'aboutira pas. Pourquoi ? Tout simplement parce que ce n'est pas aux inspecteurs de désarmer l'Irak mais à Saddam de le faire et d'en présenter ensuite les preuves aux inspecteurs. Utopisme ?

C'est en tout cas la réalité. Les inspecteurs contrôlent "la réalité" du désarmement irakien. Ils n'ont ni les moyens ni l'argent de désarmer l'Irak. Il faudrait des 'bataillons' entiers d'inspecteurs installés en Irak pendant des mois et des années si l'on voulait leur donner mission de désarmer. Nous en sommes loin.

Maintenant, je vous pose une question : que feriez-vous si vous étiez à la place du Bush et Chirac ? Vous décrocheriez sans doute votre téléphone et conviendriez mutuellement d'un accord. Lequel ? Probablement celui-ci :

Bush laisse quelques semaines à Chirac pour "préparer son opinion publique au conflit". Les inspecteurs n'auront d'ici là pas progressé, ce qui permettra à la France de progressivement modifier son discours envers l'Irak. Discours qui deviendra de plus en plus belliqueux et ferme. In fine, "toutes les solutions alternatives ayant échoué", la France soutiendra la résolution de l'ONU autorisant une attaque contre l'Irak.

D'un côté, la France sauve son honneur, aura défendu la paix jusqu'au bout, sans finalement se mettre définitivement à dos les Américains (mieux vaut les avoir avec nous que contre nous !).

De l'autre, Bush obtient ce qu'il veut : la guerre. Mais avec l'appui de l'ONU, grâce au revirement français.

Vous savez, chaque "monde" a ses petits secrets et petits arrangements entre amis. Personne n'en sait jamais rien, sauf les initiés. C'est comme cela que fonctionne la bourse. Mais aussi le monde du journalisme. Alors pourquoi n'en irait-il pas de même pour la diplomatie ?

Je manque sans doute cruellement de romantisme. Ou peut-être suis-je trop réaliste, voire désabusée, limite rebelle... ? Je ne peux tout simplement pas me satisfaire des discours et des images.

C'est à mon avis ce qui manque à nos concitoyens aujourd'hui. L'esprit critique. A leur actif, il faut dire que les secrets et complots sont bien gardés, et qu'il faut avoir l'esprit sacrément tordu pour aller les imaginer...

Revenons à la bourse. Les investisseurs sont tellement obnubilés par l'Irak qu'ils n'ont pas vu passer les chiffres attestant du dynamisme du marché immobilier américain. Les mises en chantier en janvier sont en hausse de 0,2% alors que les "experts" attendaient une baisse.

Le dynamisme de la consommation des ménages américains relève du miracle. Et je pèse mes mots. C'est incroyable ! Rien ne les freine. Ni leur endettement massif, ni l'évaporation de leur portefeuille boursier, ni le risque de constitution d'une bulle immobilière, ni la guerre contre l'Irak. Mesdames messieurs, chapeau ! Vos dépenses sauvent l'économie mondiale.

Et comme toujours, les marchés obligataires servent de "valeur refuge". Les investisseurs s'y sont rués hier, faisant tomber les taux d'intérêt à 10 ans jusqu'à 3,97% pour l'OAT, 3,94% pour le T-Bund US et 3,93% pour le Bund allemand. Voilà qui risque de faire émerger à nouveau les menaces de... krach obligataires.

Lorraine Amiel



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