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La Bolivie face à la ZLEA

Anonyme, Mardi, Février 18, 2003 - 10:25

Alexis Rodrigue-Lafleur

Plusieurs raisons portent à croire que la Bolivie, comme beaucoupe de petits pays producteurs, pourrait être durement touchée par les effets pervers qui découleront de l’application de la ZLEA, prévue pour 2005.

Le futur accord de libre échange pan-américain (ZLEA pour Zone de Libre Échange des Amériques) est un projet de très grande envergure dont il est difficile de cerner toutes les implications. Prévoir le futur n’est certes pas chose facile. Mais les raisons de s’inquiéter sont nombreuses, les résultats pourraient bien être désastreux dans un grand nombre de régions pour les communautés qui y vivent. Plusieurs raisons portent à croire que la Bolivie pourrait être durement touchée par les effets pervers qui découleront de l’application de l’entente, prévue pour 2005.

Cet accord vise à ouvrir les marchés, rendre le commerce entre les pays américains plus fluide. Selon plusieurs il s’agit d’une manière d’imposer un seul modèle économique à la grandeur du continent : le néo-libéralisme. Cet accord ne pourra de toute évidence encourager qu’un seul type d’entreprises : les grandes entreprises modernes et les multinationales possédant des ressources monétaires et techniques avancées, des entreprises déjà d’une puissance inquiétante. Ces entreprises pourront alors s’installer toujours plus facilement dans d’autres pays, exporter leurs produits et leurs services sans avoir à payer de tarifs douaniers ni à se préoccuper des intérêts nationaux des pays où ils feront éventuellement affaire, en plus de pouvoir bénéficier des subventions offertes à certains secteurs anciennement réservées au domaine publique (éducation, soins de santé, etc).

Dans ce contexte d’économie de marché, la Bolivie fait déjà bien piètre figure. Tout récemment, en décembre 2002, la grande chaîne de restauration McDonald a fermé toutes ses succursales en Bolivie. Du point de vue nutritionnel, c’est une assez bonne nouvelle pour les boliviens, mais cela en a quand même fait réfléchir plus d’un. Les raisons invoquées par la chaîne de restauration étaient simples : les restaurants du pays n’étaient simplement pas rentables. Mais pourquoi?
Selon Jorge Ordenes, économiste bolivien, dans un article publié dans le La Razòn du 7 décembre 2002, « Le bas niveau de la productivité de l’économie bolivienne se traduit par des salaires bas et des coûts d’opération élevés, [s’il faut] ajouter à cela la mauvaise administration de la majorité des entreprises privées, il sera toujours difficile de compétitionner avec les autres pays sud-américains dans un Mercosur ou un Accor de libres échanges. »

Toujours selon lui « […] la ZLEA démontrera mieux que rien d’autre l’inefficacité actuelle de l’économie nationale. » Des propos assez dure, mais des plus réaliste, qui reflètent la pensée de bien des boliviens. Rare sont ceux qui voient en la ZLÉA une occasion à ne pas manquer pour le pays.

L’agriculture bolivienne n’est pas une industrie à grande échelle comme celle des États-Unis, du Canada ou même du Brésil. Tout y est produit à petite échelle, sur des petites terres, par des communautés souvent isolées. La géographie même du pays rend la production de masse impossible dans bien des endroits, la Bolivie étant en plein cœur des Andes. Les ressources techniques et monétaires font également défauts. Et de surcroît, il n’est pas dans la mentalité des agriculteurs du pays de produire à grande échelle dans un but mercantile. Cette idée d’industrie agroalimentaire, un modèle presque incontesté au nord du continent, n’est peut-être pas applicable ou souhaitable ici. Et selon cette perspective, comment peut-on concevoir un concept de marché ouvert entre pays qui ne possèdent absolument pas le même type de mentalité économique?

Des pays bénéficiant de moyens techniques plus avancés et de subventions à l’agriculture généreuses vendent déjà leurs produits à moindres coûts à l’étranger. La compétitivité de ces pays ne fait certes pas de doutes. Toutefois, prenons l’exemple du Mexique, qui suite à l’Accord de Libre Échange du Nord de l’Amérique (ALÉNA) à dut baisser ses barrières tarifaires et laisser entrer les produits des États-Unis. Ce qui à eut comme résultats qu’un aliment comme le maïs, fortement subventionné et produit en très grande quantité aux EU, à envahie le marché mexicain. Le maïs américain étant plus compétitif, se vendant à moindres coûts, un grand nombre de producteurs de maïs mexicains durent abandonner leurs cultures, incapable de les vendre. Il est à prévoir que des phénomènes semblables se reproduiront encore et même à plus grande échelle, ce qui pourrait entraîner en Bolivie des pertes d’emploies, la perte des terres des agriculteurs qui n’auront plus de revenus, plus d’argent pour payer leurs impôts ou des prêts contractés pour l’achat de semences ou d’équipements. À moyen terme c’est une pauvreté encore plus grande et même la famine qui attend ces gens, qui, démunis à la campagne, viendront peut-être grossir les rangs des sans-abris de la ville. Il est également possible qu’un nombre de gens quittent le pays pour aller trouver travaille ailleurs, dans un pays voisin.

Ne serait-ce que pour ces quelques raisons, il semble évident que le pays ne ressortira pas gagnant d’un tel accord. Une certaine forme de résistance s’organise tout de même dans le pays. Ce n’est toutefois pas facile vue le manque de moyen de communications et l’isolement de bien des gens du pays. Les mouvements d’agriculteurs, comme le CIOEC (COORDINADORA DE INTEGRACIÓN DE ORGANIZACIONES ECONÓMICAS CAMPESINAS DE BOLIVIA) tentent du mieux qu’il peuvent d’informer ses membres. Des groupes de femmes aussi tentent de dire non à ce projet en mobilisant et dirigeant leurs efforts vers un but commun. Il en est de même pour le Syndicat National des Travailleurs (Central Obrera Boliviana), qui rejette également ce projet de libre échange. C’est gens qui depuis déjà quelques années, depuis l’ouverture du marché en Bolivie durant les années 80, on vue leur misère augmenter plutôt que de se résoudre, ils savent très que se seront eut qui paieront le prix de cet accord qui libéralisera encore plus le commerce dans leur pays.

Selon Marcelo Salgado, chef de l’équipe technique de l’AOCEMM (asociación de organizaciones campesinas económicas « Moto Méndez »), pour que la Bolivie puisse participer à part égale à cet accord de libre échange, qu’il semble impossible de rejeter, il faudrait beaucoup de travail et d’investissements. L’éducation, la façon de faire des gens du pays, le niveau de développement technique, sont tous des défis auxquels le pays doit faire face. Son inquiétude est grande face aux pouvoirs économiques du Chili, de l’Argentine et de l’Uruguay. La Bolivie ne possède qu’un petit marché et n’intéressera pas nécessairement les grandes multinationales (sinon pour l’exploitation des ressources naturelles comme le gaz et le pétrole). C’est donc ces voisins directs qui pourraient voir en la Bolivie l’occasion de faire des affaires. Pour le moment, il semble évident que le pays ne peut pas faire face à la compétition environnante, que pour prendre sa place dans un ZLEA bien des choses restent à changer. Il ne reste que deux années pour préparer le pays à l’entré en vigueur de l’accord, et c’est beaucoup de travail qui attend la population, une tâche quasi impossible. La Bolivie n’est malheureusement pas le seul pays dans cette condition, les petits pays d’Amérique Centrale font aussi face à ces mêmes défis. C’est à se demander pourquoi un accord semblable à pu être mis sur pieds et jugé favorable pour tous.

Le malheur de cet accord, c’est l’imposition de valeurs venues de l’extérieur qui viennent bousculer la vie des gens dans leur propre pays. Tout cela effectué d’une manière anti-démocratique, à l’abris des regards, alors que l’impact sera direct sur des millions de personnes dont l’avis n’aura jamais été consulté. Beaucoup de gens ignorent même ce qu’est l’ZLEA, et même en 2005, année de sa mise en application, encore beaucoup ne connaîtront pas son existence. Leur vie n’en sera pas moins touchée. Il nous reste à espérer, et à lutter, pour que le projet soit stopper ou qu’au moins sa date de mise en application soit remise à plus tard, pour permettre à chacun d’avoir le temps de se préparer pour minimiser les effets négatifs qui pourraient suivre.



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