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Un autre fondement de la servitude volontaire

calvaire01, Lundi, Novembre 4, 2002 - 16:41

calvaire01

Nous délaissons l'insécurité de notre propre souveraineté pour accomplir nos destins d'assujettis à la production d'un monde pensé par les autres.

Qu'ils s'inscrivent sous le joug de la droite capitaliste néolibérale comme l'ADQ ou sous celui du centre gestionnaire des intérêts combinés de l'État québécois et de l'entreprise capitaliste comme le PQ ou le PLQ, qu'ils s'engagent au nom d'une gauche représentative comme l'UFP ou au nom de la lutte de classes et du plateformisme anarchisant comme la NEFAC, les politiciens professionnels ou non se battent pour notre adhésion à leur action. Ils tentent de nous recruter pour la floraison et le maintien sociaux de leurs bannières, de leurs particularismes et de leurs actions/événements politiques. Ils s'autorisent au nom de nos intérêts mais se révèlent être des gestionnaires de notre représentation politique. Ils défont les conditions de notre engagement libre comme individus et comme communautés. Ils canalisent notre pouvoir social pour leur propre autorité. Ils fondent leur autorité politique en remplacement de notre agir collectif.

Essentiellement, nous leur déléguons notre autonomie pour assurer les bases de notre passivité, de notre confort, voire de notre paresse. Ainsi nous laissons s'échapper notre créativité, notre vie active, au profit de mondes administrés sous le couvert d'idées construites ailleurs que dans notre propre existence. Nous vivons pleinement l'hétéronomie, le pouvoir des autres. Nous nous attristons par ailleurs de notre impuissance à créer et à recréer le monde. La formation des déterminations de la vie devient l'affaire des classes politiques quand ce n'est pas celui des capitalistes, de leurs gestionnaires et de leurs économistes. Nous passons à côté de notre propre imaginaire vivant. Nous nous laissons embrigader. Nous délaissons l'insécurité de notre propre souveraineté pour accomplir nos destins d'assujettis à la production d'un monde pensé par les autres. Nous consommons notre vie comme les acteurs d'un monde en représentation, de sociétés du spectacle, dont la fondation repose sur l'action des autres. Il en est ainsi partout. Il n'y a que les organisations qui changent. La logique est universellement la même.

Pourtant, notre imaginaire pourrait être à chaque fois radical et notre création généralisée. Nos vies pourraient nous appartenir et reposer sur les fondements que nous nous poserions pour nous-mêmes. Mais nous ne sommes pas intéressés par cette activité suprême de notre condition d'humains, par l'auto-création de l'humanité toute entière. Notre autonomie collective n'est pas assumée pleinement. En sera-t-il toujours ainsi ? ``Est-ce ainsi que les hommes vivent``, au sens de leur éternité temporaire ?



Sujet: 
Et ensuite?
Auteur-e: 
cdubois
Date: 
Lun, 2002-11-04 22:42

Et ensuite?

Comment on réussi à s'organiser? Faut-il abandonner cette entreprise pour ne pas devenir des "politiciens"?

Est-ce que spontanément nous pouvons toutes et tous développer une pratique qui nous permette de s'autodéterminer collectivement et de renverser le spectacle?

Ta critique est féconde, mais me semble dessiner un cul-de-sac.

Comment sortir cette impasse?


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Sujet: 
Pourquoi parler au nous ?
Auteur-e: 
Richard Fecteau
Date: 
Mar, 2002-11-05 12:17

Pourquoi parler au nous tout au long de ce texte ?

Je comprends très bien tes critiques, elles seront toujours appropriées pour ne pas faire mourir nos mouvements. Ce que je comprends moins facilement, c'est que ton raisonnement repousse du revers de la main toute forme de collectivité organisée sur des bases communes. Je suis tout à fait d'accord avec toi pour rejeter les modes d'organisation hiérarchiques, mais ton projet de changement social n'est vraiment pas clair pour moi.

Tu dénonces le prosélytisme de groupes aussi variés que l'ADQ, le PQ et le PLQ, l'UFP et la NEFAC (que tu assimiles aux partis politiques ?), mais comment se mettra en oeuvre une dynamique de changement, pourquoi les gens commenceraient-il par un spontanéisme naïf à se mobiliser d'eux-mêmes, sans canalyser au sein d'une organisation quelconque la multiplication de leurs forces individuelles. Le fond du baril n'existe pas.

Comme traduire les volontés individuelles en rapport de force face au capitalisme que nous dénonçons ? Comment surtout atteindre les gens dans leur quotidien, comment renverser leur atomisation ? Les discours incantatoires de militants utopistes sont certes très esthétiques, mais ils sont dangereusement protégés de la réalité par un écran de théories brumeuses.


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Sujet: 
Les mouvements de la société contre l'organisation spécialis
Auteur-e: 
calvaire01
Date: 
Mar, 2002-11-05 17:44

Tout d'abord, mon texte n'avait pas la prétention d'amener toutes les réponses aux questions que j'y posais. Amener toutes les réponses est une idée qui va à l'encontre de mes valeurs politiques de base : autonomie, égalité et liberté. Dans chacun de mes textes, je pose des questions ou fait part de mes réflexions. Chacun de mes textes est voué à la discussion collective. Susciter cette discussion est à mon avis la première base à poser pour construire une collectivité qui repose sur l'échange critique, le dialogue et la liberté d'agir de chacun et de chacune. C'est un des fondements de l'autonomie de l'individu et cette autonomie est à son tour un des fondements de toute société libre et égalitaire. Et ce souci de reconstruire l'intersubjectivité sociale, sur d'autres valeurs que celle qui existe ceinturée par les rapports capitalistes de domination, de gestion et de marchandises, va tout à fait à l'encontre de l'affirmation de Richard qui dit : ``c'est que ton raisonnement repousse du revers de la main toute forme de collectivité organisée sur des bases communes``. C'est plutôt tout le contraire. Tous mes textes, réflexions et actions visent justement l'auto-organisation de la collectivité sur des bases communes. Et quand je combats les organisations politiques, c'est parce que celles-ci se posent face à nos communautés de base comme des avants-gardes politiques militantes et/ou des systèmes hiérarchiques visant la gestion de nos rapports sociaux et/ou l'adhésion de nos existences aux mondes construits par leurs imaginaires (c'est le cas de toute organisation politique : de l'ADQ à la NEFAC, quoi qu'en dise ses principes d'ailleurs). Et ce travail est la négation même de nos autonomies à la fois collectives et individuelles. Le travail révolutionnaire, comme la poésie selon Lautréamont, doit être fait par tout le monde et non par des personnes et des groupes particuliers. Sinon, nous sombrons dans la gestion hiérarchique de la société par des groupes particularisés. Où certains gèrent et les autres digèrent le monde créé par leur gestion.

Pour contrer la tendance à l'atomisation et au pouvoir suprême du capitalisme, il nous faut nous organiser à la base, dans nos communautés particulières avec un esprit de solidarité universelle qui pousse nos communautés à s'ouvrir au monde. Dans nos vies quotidiennes elles-mêmes, il nous faut nous réorganiser pour vivre des relations libertaires, égalitaires et autonomes. Il nous faut développer l'esprit régional de cette façon mais développer le monde qui est à la fois la synthèse de ses régions et l'esprit unitaire qui unit l'humanité comme humanité sur ces mêmes bases. Il nous faut rejeter en même temps le rôle fonctionnel des militants professionnels et autres politiciens pour reconstruire à l'envergure du globe des sociétés auto-organisées selon des valeurs communes d'égalité, de liberté, d'échanges libres ( entre autres libérés des rapports marchands), de communisation et d'autonomie. Il faut aussi attaquer le monde capitaliste pour nous réapproprier ce qui nous semble nécessaire à notre propre existence et détruire le reste. Pour sortir les humains de leur torpeur, il faut aussi réinventer la socialisation, le monde intersubjectif, en l'ouvrant à l'agir libre de chacune et de chacun, à la discussion de nos vies et de nos rapports sociaux, à la création continue de l'altérité d'un monde libre.

Tout ce travail n'est pas spontané, il vise l'organisation, il est quotidien et est nécessaire de façon permanente. Il est un travail de tous les jours. Il est une révolution permanente. Il est un travail et il nécessite des fondements. Ce qui va tout à fait à l'encontre de l'affirmation conjuguée de Richard et Christian qu'il serait tout à fait spontané. Mais ce travail vise entre autres à réaliser un monde où les relations humaines seront elles les plus spontanées possibles, à réaliser ``l'immédiateté sociale des individus``.

Voilà ma vision des choses ! Elle peut être battue en brèche. Elle a ses limites. Elle nécessite l'enrichissement. Elle est soumise à la discussion, critique ou non. Mais à mon avis, elle est tout à fait cohérente vis-à-vis de ses fondements.

Quant au spectacle, c'est justement quand la politique est une sphère spécialisée pour politiciens amateurs ou professionnels que la politique se présente comme spectacle pour la majorité des autres. Dans l'action vraiment collective, il y a de la vie et peu de spectacle.


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Sujet: 
À quoi ça sert?
Auteur-e: 
Nigault
Date: 
Dim, 2002-11-10 21:35

Je trouve la succession de commentaires inutiles. L'auteur a visiblement l'intention de provoquer par son cynisme et ses allures de grand idéologue. Plus je le lis, plus je trouve qu'il fait l'inverse qu'il prétend faire: plutôt que chercher à unifier les forces sur des bases communes, il veut diviser ces forces et stigmatiser une véritable recherche de solution collective. Il ne reconnait pas les idées des autres comme étant potentiellement valables et c'est selon moi un signe de fermeture d'esprit. Plutôt que d'enrichir les propos des autres, l'auteur ne parle que de ses idées, ses conceptions des choses. Bref, c'est un imposteur. Engager une discussion est une activité saine, je crois, mais de marteler le même message à tout bout de champ, sans avoir une véritable argumentation, ce n'est pas discuter.


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Sujet: 
Es-tu capable de répondre à un texte ?
Auteur-e: 
calvaire01
Date: 
Mar, 2002-11-12 01:59

Ce Nigault, vraiment, ne sait pas lire ou est de mauvaise foi. Est-ce qu'il peut répondre aux textes plutôt que de semer des procès d'intention ou écrire des séries d'insultes ? Il y avait une vraie discussion d'engager et ses saletés ne font que nuire à celle-ci.


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Sujet: 
Nigault fait le nigaud!
Auteur-e: 
cdubois
Date: 
Ven, 2002-11-15 19:08

Je ne pense pas que l'on puisse qualifier les commentaires de Nigault de "saletés" même s'il fait effectivement un procès et qu'il personnalise le débat en répondant à l'auteur plutôt qu'au texte.

Nigault est clairement émotif dans son commentaire - c'est ce que le texte transmet - il attaque, pique, s'exaspère... Les émotions ce n'est pas sale, c'est juste humain...

Il est par contre tout à fait exact qu'il n'aide pas la discussion qui s'engage. Moi j'y retourne.

Christian D.


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Sujet: 
La violence d'un non-violent : un commentaire de Richard
Auteur-e: 
calvaire01
Date: 
Mar, 2002-11-05 17:58

Le commentaire suivant de Richard Fecteau est d'une prétention à la vérité qui sent l'autoritarisme à plein nez, il est digne de l'époque marxiste-stalinienne, cette époque où toute réflexion politique non dominante et contre-gestionnaire était dénoncée comme ``utopisme brumeux`` : ``les discours incantatoires de militants utopistes sont certes très esthétiques, mais ils sont dangereusement protégés de la réalité par un écran de théories brumeuses.`` Vraiment ce commentaire me donne envie de vomir !


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Sujet: 
Les critiques sans amour
Auteur-e: 
cdubois
Date: 
Mar, 2002-11-05 22:23

Christian (calvaire01), en assimilant Richard à un stalinien autoritaire tu fais la même chose que tu lui reproches, tu le forces dans l'autre camp, tu le caricatures en méchant, de la même manière que lui a cherché à te réduire à un utopiste brumeux.

Remarque que je comprend son exaspération avec un discours tel que le tient : critiques, critiques et encore critiques décriant les initiatives d'autrui au nom de principes extrêmement difficiles (à mon très humble avis) à réaliser pleinement à quelque échelle que ce soit dans le contexte actuel.

Quand on se lance sur une patinoire régulièrement pour tenter de faire bouger les choses pour le mieux, on a tendance a préférer le son des encouragements plutôt que celui des critiques constantes de celle et ceux qui pour diverses raison préfèrent rester en marge de la patinoire. Dans ma courte vie (j'ai 29 ans) je me suis lançé à plusieurs reprises dans des projets militants : Coalition Y, journal Droit de Cité, journal Impact Campus, CMAQ. Chacune de ces expériences a porté son lot d'insuffisances idéalistes. Mais à chaque fois j'y ai appris des choses, développé des habiletés et j'ai la prétention de croire qu'aucune de ces tentatives n'a empiré le monde et que même elles l'ont un peu amélioré.

Je ne cherche pas ici à rejetter ta critique du revers de la main. Tes idées ressemblent (avec plus de mots compliqués) à des notions que j'entretiens moi-même. Je veux juste te faire comprendre l'impact émotif d'un discours purement critique sur l'esprit de personnes qui mettent beaucoup d'effort personnel dans des entreprises que tu mines avec tes charges incessantes.

Tes critiques sont des critiques sans amour. Ne t'étonne donc pas trop qu'elle suscitent des réactions vives et virulantes.

Bien à toi,

Christian D.


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Sujet: 
Critiques sans amour ?
Auteur-e: 
calvaire01
Date: 
Mar, 2002-11-05 23:30

Oui, j'aime et mes critiques en sont le fruit. J'aime le peuple que nous sommes. J'aime la lutte. J'aime la liberté. J'aime l'idéal d'égalité. Et puis j'aime bien d'autres êtres et idées.

Quant à Richard, j'indiquais que cela me rappelait le stalinisme. Je ne l'identifiais pas carrément comme un stalinien. Enfin, là n'était pas le but.

Je suis aussi un militant depuis plusieurs années. Si mon militantisme s'en tient au travail critique et théorique en ce moment, c'est que j'essaie de reconstruire un dialogue et une pensée qui fassent en sorte d'éviter les limites et les limbes autoritaires dans lesquels les mouvements de gauche s'enlisent et qui font en sorte que l'avenir est bouché pour tout mouvement révolutionnaire. Il n'y a que dans une nouvelle pensée critique et une action regénérée que nos idéaux puissent revivre.

Quant au procès d'intention, il peut bien se faire contre moi et contre d'autres révolutionnaires critiques, mais il n'y a que la discussion qui puisse décider du bien fondé de la critique et de l'action. La permettre dans un horizon riche culturellement me semble urgent.

Salutations chaleureuses


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Sujet: 
``Quand on se lance sur une p
Auteur-e: 
calvaire01
Date: 
Mer, 2002-11-06 12:06

``Quand on se lance sur une patinoire régulièrement pour tenter de faire bouger les choses pour le mieux, on a tendance a préférer le son des encouragements plutôt que celui des critiques constantes de celle et ceux qui pour diverses raison préfèrent rester en marge de la patinoire.``

Quelle malhonnêteté finalement derrière ce commentaire. Je m'excuse Christian D. mais je suis régulièrement aller jouer sur la patinoire militante. Mais cette patinoire est ternie, fondue et à la fois glaciale. Et quand je critique le militantisme, je le critique toujours à partir du fait que je suis un militant. Et effectuer du travail critique, c'est plus que pour n'importe quoi jouer l'offensive. Même si ça ne plait pas à ceux qui préfèrent voir leurs actions comme prestigieuses et s'accorder ainsi beaucoup de pouvoir et d'autorité. Et poursuivre les actions limitées qui n'engendrent que réformisme musclé, autorité morale militante et surtout n'engendrent aucune perspective de dépassement révolutionnaire. Et la lutte révolutionnaire, j'y participerai toujours avec toutes mes énergies. Mais les petites perspectives réformistes, alternatives dans le cadre du capitalisme, et le jeu des communautés terribles avant-gardistes, le moins possible effectivement.

Franchement, tu peux me faire tous les procès d'intention que tu veux. C'est toujours plus facile d'ailleurs, et ceux qui ne font que m'accuser l'ont compris depuis longtemps, de me faire ces procès que d'essayer de répondre à mes textes par la théorie et la contre-critique.


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Sujet: 
J'admets cette erreur
Auteur-e: 
cdubois
Date: 
Jeu, 2002-11-07 20:35

J'ai manqué une nuance dans mon précédent texte en voulant créer une image forte pour illustrer mon propos et te répercuter l'effet démoralisant que tes critiques peuvent avoir sur plus d'une personne que je connais. Je t'ai maladroitement placé de force d'un côté de deux camps imaginaires (les spectateurs qui huent-citiquent vs les joueurs qui suent sur la patinoire militante). Une manifestation haïssable de la logique des "communautés terribles". Sincèrement désolé.

Maintenant que cette séance émotive est terminée entre nous (elle l'est pour moi en tous cas), je relance la discussion là où j'ai voulu la partir, sur un terrain pragmatique, tout en reformulant pour tenir compte de la discussion depuis:

Pratiquement, quelles communautés devrait-on se construire pour recréer un véritable espace politique débarassé à la fois de l'autoritarisme caractéristique des partis politiques et des hiérarchies implicites créées par des systèmes de valeur militants clos sur eux-mêmes? Existe-t-il actuellement ce type de communauté? Des expériences intéressantes? Si non, on fait quoi pour s'en construire? Etc.

Christian D.


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Sujet: 
Envie de vomir ?
Auteur-e: 
Richard Fecteau
Date: 
Lun, 2002-11-25 13:23

Très cher calvaire01

Cette fois-là, semble-t-il, tu n'as rien à dire, ce qui est assez rare. Tu joues la vierge offensée mais tu ne réponds rien de bien concret... "Ce commentaire me donne envie de vômir !" ne fait certes pas avancer la discussion... Dieu sait (s'il existe) que tu as reproché mille fois aux autres commentaires leur impact stérilisant sur la discussion.

Tes discours sont incantatoires, malgré tout ce que tu diras pour t'en défendre. Ils sont davantage le symptôme d'une personne qui veut s'exprimer que d'une personne qui veut être comprise. Tes théories sont brumeuses, elles ne sont pas ancrées dans le réel. Dans tes critiques, tu te situes systématiquement au-dessus de la mêlée, surtout que tu n'oses même pas assimiler ton identité et signer tes textes. J'avoue candidement que c'est la première fois que quelqu'un me traite de stalinien sans même assumer ses insultes.


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Sujet: 
Le commentaire sur l'utopisme était plutôt stalinien, pas toi
Auteur-e: 
calvaire01
Date: 
Mar, 2002-11-26 00:03

Il faudrait que tu cherches le passage où je te traite de stalinien. J'ai simplement dit que ton commentaire sur les utopistes brumeux me rappelait l'époque du marxisme-léninisme stalinien où systématiquement tout discours ``gauchiste`` et d'inspiration libre était identifié à de l'utopisme. J'ai réagi cette fois à propos de tes prétentions à identifier ce que j'écris à de l'utopisme brumeux. Quant au contenu, il est partout diffusé dans mes autres contributions à cette discussion.


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Sujet: 
Stalinien ?
Auteur-e: 
Richard Fecteau
Date: 
Mar, 2002-11-26 07:41

Tu dis qu'un passage de mon commentaire te rappelle l'époque du marxisme-léninisme stalinien et que cela suffit pour me traiter de stalinien. Mauvaise foi, j'imagine, ou tout simplement inconscience de l'ampleur de l'insulte, ce dont je doute.

Ton utopisme demeurt pour moi résolument brumeux puisque tu refuses sans argumentation de l'incarner et il se retrouve stérile. Ton utopisme n'est rien d'autre qu'une critique qui ne dépassera jamais rien puisque tu ne proposes aucune alternative que des assemblées non décisionnelles.

Pourquoi, dans cette assemblée décisionnelle y aurait-il autre chose que les mêmes 10-15 miliantEs habituelLEs ? Qui se présenterait à des assemblées non décisionnelles ? Que fais-tu du besoin si fort d'appartenance que vit la population, comment contourner la question de l'organisation à long terme en prenant en considération ce paramètre fondamental?

C'est pour ça que tes théories sont brumeuses, pas parce que je suis un sale stal qui ne reconnaît pas le programme de parti. Si tu évites toutes les questions, on se rendra bien compte que ceci n'est pas un débat théorique et tu donneras raison à certains commentaires plus bas.


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Sujet: 
Incompréhension ou volonté de ne pas comprendre ?
Auteur-e: 
calvaire01
Date: 
Mer, 2002-11-27 00:32

``Tu dis qu'un passage de mon commentaire te rappelle l'époque du marxisme-léninisme stalinien et que cela suffit pour me traiter de stalinien. Mauvaise foi, j'imagine, ou tout simplement inconscience de l'ampleur de l'insulte, ce dont je doute.``

Cela suffit pour dire que j'ai dit que ton commentaire me rappelait une époque, pas toi comme personne. Que je ne t'ai jamais traité de stal. Mais puisque que tu ne veux pas comprendre...

Et je ne propose pas que des assemblées non décisionnelles. Je propose des discussions collectives sur les fondements de nos luttes et je propose ma vision de ces fondements. Les assemblées ne sont qu'une des formes de réalisation du débat collectif. Mais puisque encore tu ne veux pas combrendre...


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Sujet: 
Comment socialiser les luttes
Auteur-e: 
Richard Fecteau
Date: 
Mer, 2002-11-27 06:34

Bon, oublions l'épisode du stal, on se comprend pas par Internet, mais bon, peut-être qu'en personne...

Ce qui me chatouille toujours dans la question des organisations, c'est la manière dont tu proposes de socialiser la lutte et le débat sur la lutte. Mille fois d'accord avec toi que les groupes politiques ou sociaux luttent souvent en procuration, au nom de la population qu'ils paternalisent. Mais comment pourrait-il en être autrement dans la réalité concrète ? Comment, de l'extérieur de ces mêmes groupes, peut-on lancer le débat sur nos pratiques ?

Je suis bien d'accord avec toi pour affirmer que nos pratiques sont boiteuses. Où je discorde, c'est que je vois la nécessité de telles organisations pour une certaine forme de transition. Ma question fondamentale est comment socialiser les luttes sans avoir justement des militantEs non pas professionnels ou vocationnels, mais disons qui font plus que leur part ?

Je vois une certaine contradiction à refuser une certaine "professionalisation" de la militance et, d'un autre côté, l'approfondissement et la socialisation d'un débat théorique. Les seulEs théoricienNEs que l'on ait actuellement sont malheureusement des militantEs "professionnels" ou des défroqués...


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Sujet: 
Voilà toute la question !
Auteur-e: 
calvaire01
Date: 
Mer, 2002-11-27 13:26

``Ce qui me chatouille toujours dans la question des organisations, c'est la manière dont tu proposes de socialiser la lutte et le débat sur la lutte. Mille fois d'accord avec toi que les groupes politiques ou sociaux luttent souvent en procuration, au nom de la population qu'ils paternalisent. Mais comment pourrait-il en être autrement dans la réalité concrète ? Comment, de l'extérieur de ces mêmes groupes, peut-on lancer le débat sur nos pratiques ?``

Voilà des vraies questions.
Les assemblées populaires étaient des propositions pour collectiviser nos pensées et nos pratiques. Des mouvements d'action et de réflexion basés sur des fondements plus globaux que les idéologies particulières des groupes et partis politiques en sont aussi. Pour leur définition concrète, il nous incombre d'y travailler ensemble. Je ne veux pas les définir pour les autres. Mais en voulez-vous ?

Bien content que nous sortions de la querelle personnelle pour vivre une discussion véritablement politique !


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Sujet: 
Les assemblées en Argentine ?
Auteur-e: 
Richard Fecteau
Date: 
Jeu, 2002-12-12 14:13

Allô Calvaire01

J'aimerais, pour pousser un peu la réflexion, partir du vécu des deux dernières années, particulièrement du cas de l'Argentine qui est sans doute la meilleure incarnation de ce que tu suggères comme démarche.

Tu as bien raison en disant que les assemblées générales, sans ordre du jour patenté par le "comité central", sont bien attrayantes pour ceux qui désirent commencer à s'impliquer. Dans un premier temps, elles peuvent se poser comme des contre-pouvoirs intéressants face à l'État, principalement. Pour que de tels soulèvement relativement spontanés se produisent, trois conditions minimales doivent selon moi être rencontrées :

1) Un ras-le-bol généralisé face à l'ordre en place et une conscience claire des coupables de la situation. Les assemblées générales et les assemblées de casseroles de Buenos Aires ont fait un milage impressionant sur ce sentiment. "Qu'ils s'en aillent tous !"

2) Une situation difficile où des intérêts durement acquis sont remis en cause (ici, les épargnes des ménages) sans que la population ne soit convaincu de la nécessité de ce sacrifice. J'insiste sur le caractère "défensif" de ces luttes.

3) Une crise de confiance ressentie par la populations face aux organisations traditionnelles (syndicats et partis politiques, surtout), qui luttent pour le peuple et au nom du peuple. Cette crise de confiance peut être l'assurance que ces "servitudes volontaires" ont failli.

Triple crise donc... Des éléments fondamentalement dont la triple conjoncture ne se présente que très rarement avec une telle synchronicité.

Deux choses suite à cela :

1) Rares sont les endroits où le modèle que tu suggères pourrait connaître un succès aussi impressionnant qu'en Argentine. Le cas du Québec est le meilleur exemple de la situation la plus répandue, c'est-à-dire une soumission généralisée face aux reculs sociaux consentis, le fatalisme quoi.

Mon analyse des conditions subjectives de la population en général me fait tirer la conclusion que de telles assemblées seraient inviables puisque, pour se poursuivre, il leur faudrait des gains pour effectuer une rupture face au fatalismes et, surtout, parce qu`elles doivent être massives pour parvenir à ce fameux gain initial permettant de massifier le mouvement.

Selon moi, pour socialiser une lutte, on ne peut s'attendre à ce qu'une dynamique s'initie par elle-même, chose que tu n'as bien entendu pas dite. D'où l'importance de l'organisation pour amplifier la base populaire autour d'une lutte (en la dissociant bien sûr de l'organisation qui, lorsqu'elle prétend incarner la lutte, devient moribonde). On peut potentiellement espérer qu'une appropriation se produise (si les militantEs qui ont lancé le mouvement ne sont pas paternalistes, ni face à la lutte, ni face aux nouveaux arrivants).

2) Même dans les cas où de telles oppositions plutôt spontanées se sont mises en branle, le mouvement a connu des contradictions fondamentales. Une fois passée l'euphorie initiale, ou une fois la concession obtenue de la part du pouvoir, ces mouvements assemblistes ont de grandes difficultés à s'articuler dans le long terme, c'est-à-dire dans une situation où la crise devient plus abstraite.

Les piqueteros ou les caserolazos d'Argentine en sont un exemple flagrant. Mes amiEs argentinEs, après avoir vécu l'euphorie de mobilisations immenses, se trouvent dépriméEs, complètement freinés. Le pays demeure le plus mobilisé d'Amérique, mais ils ont perdu la perspective, les mouvements sont nés immenses et n'ont pu survivre à la cure d'amaigrissement très rapide qu'ils ont vécu.

Dans leur deuxième phase, ces assemblismes ont perdu leurs perspectives. Des expériences extrêmement intéressantes se poursuivent malgré tout, mais dans le contexte psychologique actuel elles passent inaperçu et risquent d'être victimes de leur succès initial.

Que penses-tu de ces limites fondamentales aparues dans le cas argentin ? Comment travailler à partir des conditions subjectives actuelles, que ce soit au Québec ou ailleurs ?

À plus

Richard


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Sujet: 
La servitude volontaire est-elle inévitable ?
Auteur-e: 
calvaire01
Date: 
Mer, 2002-12-18 00:18

Réfléchissant au cas québécois avec un certain recul vis-à-vis de mes positions antérieures, je me demande si finalement les sociologues fonctionnalistes n'ont pas raison de dire que le peuple exige d'être gouverné ? La politique n'est-elle pas d'abord l'administration des humains par d'autres humains et ce phénomène peut-on vraiment espérer le contourner ou le détruire dans nos sociétés de masses ? J'hésite plus à trancher. Avant je croyais que le peuple vivait de servitude volontaire mais qu'il pouvait vivre autrement, je n'en suis plus si certain. La révolution n'est-elle pas seulement un changement de gouverne politique à l'exemple de toutes les révolutions passées réussies ? Si oui, il s'agirait de démocratiser et de socialiser toutes les institutions politiques et de la société civile et lutter pour le plus d'autonomie et de solidarité possible. Si la révolution, à l'instar de ce que disent mes textes plus révolutionnaires, est possible autrement et bien il serait souhaitable de nous imposer collectivement et volontairement l'idée d'en discuter et de voir les brèches qui nous sont ouvertes. Je crois par contre que la muraille qu'est la rigueur de la gouverne et la servitude volontaire seront à court et moyen termes très difficiles à défaire. Que penser par exemple dans le court terme des élections au Québec ? Devons-nous mettre de l'avant des luttes anti-élections qui n'atteindront qu'une mince couche de la population ou imposer des réformes de fond aux partis politiques qui se font la lutte ? Une chose est certaine pour ma part, l'UFP n'est pas une solution à quelque terme possible. C'est un vieux parti jeune lourdement ancré dans un esprit d'État fort technobureaucratique, d'un vieux socialisme réchauffé, hanté par des militants professionnels (toujours technobureaucrates en puissance), de professionnels de la petite administration publique et de profs très paternalistes.

La réflexion demeure encore à faire, collectivement je l'espère.


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Sujet: 
La servitude volontaire existe. mais...
Auteur-e: 
calvaire01
Date: 
Sam, 2003-01-11 13:21

Ce n'est pas parce que la servitude volontaire existe, qu'il faut l'appuyer. Mais devant le déluge d'insultes qui tombe quand on ose s'attaquer à un héros-petit chef de la foule, il faut croire que cette servitude est vraiment profonde. Mais la lutte est à faire contre cette servitude et ailleurs.


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Sujet: 
Pour une assemblée révolutionnaire
Auteur-e: 
calvaire01
Date: 
Ven, 2002-11-08 13:35

Je pense que le commencement ou le recommencement de ce mouvement révolutionnaire ne peut être réfléchi que collectivement dans l'autonomie de chacunE et par la discussion. Voici l'énoncé de l'idéal...

Je pense que la forme première que ce mouvement pourrait prendre pour naître à lui-même serait une grande assemblée délibérative sur le nouveau mouvement de révolution sociale généralisée. Cela pourrait prendre la forme d'une consulta où tous les individus se reconnaissant dans un appel autonome à la fondation du mouvement révolutionnaire seraient conviés à des discussions collectives qui viseraient la formation libre de nouveaux fondements sociaux, éthiques et politiques, d'orientation révolutionnaire. Cette orientation resterait soumise à l'activité autonome de chacunE mais l'assemblée permettrait la socialisation des objectifs révolutionnaires de société et des luttes qui en découleraient. Tout groupe militant devrait être exclu de cette assemblée pour que nous ne sombrions pas dans la lutte propagandiste entre leurs idéologies. Cette consulta serait autonome et pour des individus autonomes. Les individus des groupes militants y seraient les bienvenus mais comme individus libres et non comme partisans de leurs lignes politiques de groupe ou de parti. Il n'y aurait point d'ordre du jour et pas de thèmes précisés à l'avance. De plus, nous aurions à nous assurer que les conditions d'une discussion libre et égalitaire qui implique chacunE soient présentes. Et cette assemblée ne devrait pas mener à la fondation d'un mouvement officiel et bien identifié. De plus, des assemblées du même type devraient se tenir partout et le plus souvent possible. Ces assemblées n'auraient aucun pouvoir décisionnel.

Il nous s'agirait de choisir un lieu et des dates. Il nous faudrait en faire l'annonce la plus répandue possible.


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Sujet: 
Commentaires sur la proposition de calvaire01
Auteur-e: 
cdubois
Date: 
Ven, 2002-11-15 20:21

Je vais faire mes commentaires et critiques suite à des éléments de la proposition de Christian (cavaire01).

calvaire01 écrit: "Je pense que la forme première que ce mouvement pourrait prendre pour naître à lui-même serait une grande assemblée délibérative sur le nouveau mouvement de révolution sociale généralisée. Cela pourrait prendre la forme d'une consulta où tous les individus se reconnaissant dans un appel autonome à la fondation du mouvement révolutionnaire seraient conviés à des discussions collectives qui viseraient la formation libre de nouveaux fondements sociaux, éthiques et politiques, d'orientation révolutionnaire."

Jusqu'ici je te suis. Je me demande seulement jusqu'à quel point existe le désir d'"un nouveau mouvement de révolution sociale généralisée" chez les gens en général et même chez les militant-e-s. Un tel appel serait-il entendu? Peut-être s'agit-il seulement de reformuler dans un langage plus proche du monde.

calvaire01 écrit: "Cette orientation resterait soumises à l'activité autonome de chacunE mais l'assemblée permettrait la socialisation des objectifs révolutionnaires de société et des luttes qui en découleraient. Tout groupe militant devrait être exclu de cette assemblée pour que nous ne sombrions pas dans la lutte propagandiste entre leurs idéologies. Cette consulta serait autonome et pour des individus autonomes. Les individus des groupes militants y seraient les bienvenus mais comme individus libres et non comme partisans de leurs lignes politiques de groupe ou de parti."

J'aimerais tellement ça que les assemblées politiques soient débarassées des lignes de partis et des intérêts de groupes. Mais en même temps, si tu invites un membre du PMLQ à la consulta, il n'en restera pas moins partisan de sa ligne de parti (c'est probablement lui qui l'a écrite!) - il n'y a aucun contrôle possible sur ça.

Mais je crois que tu cherches à répondre à cette objection dans ce qui suit. Continuons donc à te lire:

calvaire01 écrit:"Il n'y aurait point d'ordre du jour et pas de thèmes précisés à l'avance. De plus, nous aurions à nous assurer que les conditions d'une discussion libre et égalitaire qui implique chacunE soient présentes. Et cette assemblée ne devrait pas mener à la fondation d'un mouvement officiel et bien identifié. De plus, des assemblées du même type devraient se tenir partout et le plus souvent possible. Ces assemblées n'auraient aucun pouvoir décisionnel."

Peut-être pour que le modèle peut marcher pour les premières consultas, mais à un moment donné, des choses vont commencer à s'organiser à chercher à se coordonner... Je crois que là ça va prendre des ordre du jour, des structures plus définies que tout le monde comprend et sur lesquelles ils s'entendent.

Le vrai défi de ce modèle c'est de trouver les bonnes manières de délibérer pour assurer la participation maximale de tout le monde. C'est parfois difficile de discuter de manière égalitaire avec une seule personne, et très compliqué à plus de cinq (selon mon expérience). En grande assemblée, c'est en général soit la cacophonie (quand il n'y a pas de règles de procédure) ou alors la dictature de celles et ceux qui maîtrisent la procédure.

J'ai des questions rendu ici,

Doit-on commencer par une grande assemblée? Pourquoi pas des assemblées à échelle humaine (entre 5 et 20 personnes)?

Et comment tout ça fait boule de neige, amène du changement?

Christian D.


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Sujet: 
L'assemblée révolutionnaire : faire plutôt que de se taire
Auteur-e: 
calvaire01
Date: 
Sam, 2002-11-16 18:21

L'assemblée révolutionnaire : faire plutôt que de se taire

``Depuis que je suis en âge de réfléchir, que je suis autonome vis-à-vis de l'existence et de sa pensée, je pense l'autonomie politique et sociale de l'être-ensemble collectif. Pour moi, la philosophie a toujours incarné le projet d'une auto-création de l'humanité. Mais ce projet me semble à certaines heures plus sombres voué à l'échec. Sommes-nous nés comme êtres oligarchiques dont la volonté première est l'auto-affirmation individuelle sans souci égalitaire des autres ? L'égalité dans la liberté de chacunE est-elle un idéal qui va contre les instincts humains ? Sommes-nous conçus comme êtres pour un combat des uns contre les autres ? Où les uns gagnent et les autres perdent ? Jouons-nous une joute à finir pour des victoires individuelles ? Formons-nous une jungle qui se répète de générations en générations ? Il est bien possible que toutes ces questions n'aient pas de réponses possibles. Mais devons-nous réfléchir à notre agir commun ou laisser les forces indomptées de nos volontés de puissance affirmées une vie inégalitaire, triste pour une majorité et glorieuse pour une minorité ? Je nous pose cette question.``

J'écrivais ces phrases du fond de ma solitude peuplée. Elles m'engagent à chaque jour à réfléchir le sens du collectif humain d'un point de vue révolutionnaire autonome. L'idée d'une assemblée de réflexion autonome et révolutionnaire en découle. Espérant retrouver dans la collectivité que j'habite et qui m'inspire des révolutionnaires non-alignés à une politique défendue par une organisation particulière, j'ose penser l'union des forces collectives dans une autonomie approfondie inscrite dans un cheminement social. Cette assemblée permettrait aux gens qui ont des objectifs sociaux révolutionnaires de se rencontrer dans des lieux non hantés par les lignes de partis ou de groupuscules. Si le besoin en est un qui dépasse le champ de ma souveraineté personnelle, l'assemblée serait justifiée. Qu'elle se fasse à 5 ou à 20 ou à encore plus, tel n'est pas l'objectif principal. Mais cet objectif serait plus celui d'une collectivisation de la pensée et de l'action d'individualités sociales libres qui s'inscrivent dans un combat social plus large. Il s'inscrirait dans des luttes pour instaurer une hégémonie non-coercitive de l'agir révolutionnaire et se diffuserait dans des assemblées non-décisionnelles, des groupes non-identifiés ou des collectifs libres, des débats publics, des lieux de réflexion qui uniraient les gens dans la définition toujours à refaire d'un projet social révolutionnaire englobant (qui a pu hanté certainEs à l'Université populaire, qui peut être véhiculé par certainEs participantEs du CMAQ et par d'autres lieux humains), etc. Ces luttes (théoriques, idéologiques, activistes ou autres) pourraient se diffuser par des publications aussi. Elles ne seraient pas nécessairement réintégrées dans la déjà existante atomisation sociale des groupes et individus, elles ne demanderaient pas à ce que nous les canalisions dans une autre organisation séparée. Il pourrait en sortir des associations mais complètement anti-bureaucraties et largement informelles. À l'exemple des associations telles que pensées par mon ami Friedrich Reich.

``Dans la vie de tous les jours, une association d’individus libres et souverains ne devrait pas se fonder comme institution permanente avec sa constitution de droits et devoirs et son programme de buts et principes, car une telle institution devient très vite autonome par rapport à ses membres et fonctionne qu'en transformant ses membres en fonctionnaires (ou bureaucrates). Toutes associations devraient tenir leur existence que de façon contingente, c’est-à-dire que lorsque les individus qui s’associent en jugent la nécessité et fonder cette association sur cette nécessité [contingente]. De cette façon, une association ne peut devenir autonome parce que les individus qui l’animent la font vivre que le temps qu’ils jugent nécessaire à leurs activités.`` (Friedrich Reich)

Je reprendrai maintenant des interrogations de Christian D. pour essayer d'y répondre à ma façon (les interrogations sont placées entre guillemets).

``Je me demande seulement jusqu'à quel point existe le désir d' "un nouveau mouvement de révolution sociale généralisée" chez les gens en général et même chez les militant-e-s.``

Si ce désir n'existe pas et bien nous verrons qu'il nous marquera de son absence. Mais si nous ne tentons rien pour rendre possible les lieux de l'expression de ce désir et bien il se présentera encore moins.

``Le vrai défi de ce modèle c'est de trouver les bonnes manières de délibérer pour assurer la participation maximale de tout le monde. C'est parfois difficile de discuter de manière égalitaire avec une seule personne, et très compliqué à plus de cinq (selon mon expérience). En grande assemblée, c'est en général soit la cacophonie (quand il n'y a pas de règles de procédure) ou alors la dictature de celles et ceux qui maîtrisent la procédure.``

D'abord disons que ce modèle n'en est pas un parce qu'il ne s'agit pas d'un programme ou d'un plan et disons aussi qu'il devrait y avoir présente dans cette assemblée une critique collective constante des procèdures formelles ou informelles de discussion ainsi que l'idée que les procèdures demeurent secondaires à comparer à la prime importance des débats libres. Mais effectivement, tout cela est un défi. Mais ce défi est important à relever. Mais si nous n'expérimentons pas aux risques de nous tromper et d'avoir à combattre pour le réaliser et bien cette discussion collective n'existera pas. Nous apprenons par la pensée et par l'action mais seulE dans notre coin cette collectivisation de l'agir social est impossible.

``Doit-on commencer par une grande assemblée? Pourquoi pas des assemblées à échelle humaine (entre 5 et 20 personnes)?

Et comment tout ça fait boule de neige, amène du changement?``

Une grande assemblée serait impossible pour le moment car il nous faudrait rendre ces assemblées ``populaires``. Alors l'assemblée avec 5 à 20 personnes serait plus une possible réalité. Et l'effet boule de neige serait rendu possible par la réalisation de cette assemblée et sa possibilité de se diffuser médiatiquement (comme au CMAQ) ou par bouches à oreilles. Effet il y aurait si l'assemblée traduit quelque chose de bien vivant, d'original et produit le désir d'en réaliser d'autres. Cela aussi est un combat. Cette assemblée ferait boule de neige si elle se réalise dans son esprit originel comme lieu de la discussion, de la pensée et de la création d'actions, autonome et vraiment égalitaire et si elle laisse place à de nouveaux agirs sociaux. C'est aussi une lutte de tous les instants.

Mais, en bref, si nous ne tentons pas l'expérience et bien rien n'en découlera, c'est absolument certain. Le pragmatisme, tant aimé par Christian D., ne nous incite-il pas à l'action et à la volonté de faire vivre des idéaux actualisés par de la vie concrète ? Enfin, c'est un des fondements du néo-pragmatisme d'un philosophe comme Richard Rorty.


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Sujet: 
Trois défis du "staliniste-léniniste"
Auteur-e: 
Richard Fecteau
Date: 
Lun, 2002-11-25 13:10

Très cher Calvaire01

Que de belles rimes "ismes" en si peu de phrases. Je te lance trois défis. Toi qui joues la vierge offensée si souvent quand on te critique sans verbiage (mais qui te permets bien entendu de m'assimiler aux staliniens de la pire espèce).

Mon défi est le suivant : serais-tu en mesure de trouver - en dehors des cercles militants restreints - 5 personnes qui comprennent tes textes ? Je les lis personnellement quand je suis en forme car il est difficile de discerner derrière ton armature théorique ce que tu proposes vraiment. D'où mon expression "théories brumeuses". Lire tes textes est un exercice intéressant qui me rappelle mon passage à l'université. Ton utilisation des mots me rappelle également les leçons que je tire de Paulo Freire : les théories et les concepts sont fondamentalement créés pour dominer, pour faire rimer pouvoir avec savoir.

Tu t'es senti insulté lorsque j'ai exprimé ma perception de tes textes. Les explications que tu donnes subséquemment en brandissant bien haut ta feuille de route me prouve que tu as élaboré ton utopie bien loin de toute réalité concrète. Mes mots sont simples, car j'aime être compris, je travaille sur mon "intersubjectivité".

Second défi : serais-tu capable, dans ta construction théorique, d'intégrer des variantes aussi simples que temps et espace ?

Peux-tu nous donner un exemple concret de ce que seraient tes assemblées ? Peux-tu nous illustrer clairement, en mots simples, quels ponts on pourrait imaginer entre la culture actuelle - celle de tous les gens qui, comme moi, trouvent ton propos peut-être intéressant mais profondément désincarné - et celle que tu proposes construire.

Troisième défi : comme, par la simple parole, pourrait-on envisager une problématique particulière, disons celle du désarmement nucléaire ?


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Sujet: 
La pensée et la révolution
Auteur-e: 
calvaire01
Date: 
Mar, 2002-11-26 00:49

Tout ne se règle pas par la parole et la discussion, cela va de soi. Les actions sont importantes. Ce que je dis relativement simplement, c'est que les actions doivent venir dans un processus collectif qui soit de réflexions, fondamentales et particulières, et d'actions et formes sociales qui en découlent. L'assemblée révolutionnaire me semble un endroit idéal pour réfléchir collectivement sur le mouvement au-delà des idées philosophiques, théoriques et autres des individus particuliers. Le temps et l'espace de mes réflexions et critiques, c'est pour moi toujours de l'ordre de l'ici et maintenant mais un ici et maintenant créatif qui tente de dépasser la logique activiste des groupes et partis agit-propagandistes et pratico-pratiques.

Mes textes qui se veulent de réflexion théorique et philosophique fondamentale sont peut-être complexes, car la réflexion fondamentale est toujours complexe et c'est pourquoi j'écris des tracts qui sont plus simples. Mais évidemment je ne joues pas le jeu pratico-pratique des luttes réformistes, c'est juste pas de l'ordre du travail que je m'impose volontairement. Ma contribution est ailleurs. Je pense qu'il manque de réflexions générales dans le mouvement militant-activiste et j'essaie de ramener des questions plus complexes qui posent des fondements éthiques et politiques. Je réussis parfois et d'autres fois non. Et si je le fais, c'est après avoir passé par la misère de plusieurs organisations politiques. Un long parcours de recherche qui m'a fait passé par plusieurs courants d'organisations et de pensées pour y faire mon chemin, y vivre mes influences et en retirer ce que je pouvais en retirer. Ma réflexion plus théorique est le constat et le dépassement critique que je tente d'opérer à partir de ce que j'ai vu de l'étroitesse de vues et du dirigisme (voire de l'autoritarisme) des organisations militantes et de mes nombreuses lectures (de Marx à Castoriadis en passant par les anarchistes, Habermas, les situationnistes et bien d'autres). À parcours complexe (de revirements diraient certains), réflexion complexe jusqu'à la fin du purgatoire où s'est enfoncé le mouvement révolutionnaire depuis le 19e siècle jusqu'à aujourd'hui malgré certaines réussites mitigées (comme la Commune de Paris, les soviets quand ils étaient libres, les expériences anarchistes espagnoles et Mai 1968 pour donner certains exemples). Mon seul espoir s'est que renaisse un mouvement révolutionnaire digne de ce nom : autonome, libertaire, égalitaire, communiste, créatif... C'est mon espoir pour l'humanité et c'est mon espoir de vie.

Je tente d'y contribuer à ma façon. Nous verrons ce qui en découlera.

Quant à te citer des gens qui me comprennent en-dehors des militants, la liste serait trop longue et absolument inutile. Je crois d'ailleurs que les gens du peuple comme moi comprennent beaucoup plus de choses sur la politique sociale et révolutionnaire (ils sont moins dupes vis-à-vis des organisations même s'ils vont voter parfois, la plupart du temps par dépit et ils ont compris que l'UFP fait partie d'un passé révolu) que les militants embrigadés dans leurs organisations (souvent de couches plus favorisées de la société donc forcément moins proches des milieux populaires et prolétaires dont ils se revendiquent malgré tout). Et je ne fais pas qu'écrire, je discute avec des gens (la plupart en ont marre des organisations politiques et n'y croient plus, comme moi d'ailleurs) et je vis ma vie, vie qui ne se résume pas à l'écriture de textes. Bien que cela occupe beaucoup de mon temps. Je pense que des idées comme les miennes et celles d'autres personnes dites actuellement utopistes tiendront leur place quand un mouvement révolutionnaire digne de ce nom renaîtra et, la plupart du temps, je pense que ce n'est pas demain la veille, que les grands soirs ne sont pas pour demain dit autrement


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Sujet: 
Ma réflexion plus théorique e
Auteur-e: 
calvaire01
Date: 
Mar, 2002-11-26 00:58

Ma réflexion plus théorique est le constat et le dépassement critique que je tente d'opérer à partir de ce que j'ai vu de l'étroitesse de vues et du dirigisme (voire de l'autoritarisme) des organisations militantes. Ma réflexion s'inspire également de mes nombreuses lectures (de Marx à Castoriadis en passant par les anarchistes, Habermas, les situationnistes et bien d'autres).

Aurais-je dû dire.

Je tenais à le spécifier avant que des spécialistes de la réthorique vide en fasse tout un plat ``froid``.


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Sujet: 
L'assemblée révolutionnaire, son existence, son lieu et...
Auteur-e: 
calvaire01
Date: 
Mar, 2002-11-26 01:08

L'assemblée révolutionnaire pourrait ressembler à la première Consulta organisée par CLAC/CASA à l'Université un peu avant le Sommet des Amériques mais avec des procédures nouvelles qui viseraient la participation égalitaire de tous/toutes. Cette consulta ne saurait être décisionnelle. Elle aurait lieu à l'endroit et au temps que nous aurions décidé ensemble (ceux et celles intéressés, surtout des militants probablement).


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Sujet: 
Quelle pratique ? Le quotidianisme ?
Auteur-e: 
Richard Fecteau
Date: 
Mar, 2002-11-26 07:12

Salut calvaire01

Je comprends ton point de vue, n'aie crainte, je vois aussi où se situe ton cheminement intellectuel. Je ne vois toutefois pas quelle pratique tu proposes, bien concrètement, et surtout quelle praxis en découle. Mille excuses d'être concret, mais je ne crois pas que changer son mode de vie au quotidien et se réapproprier certaines parties de nos vies ne puisse répondre à certains défis que les gauches doivent relever. Le contexte actuel de la guerre qui se prépare en est un bel exemple. Quelle "organisation" de la lutte proposes-tu en prenant compte des conditions objectives, pas en se projetant une utopie lointaine sur notre société. Je respecte en passant les utopies pour les tensions qu'elles induisent (aucune valeur en soi, une valeur pour soi), mais elles doivent, pour se construire, se baser sur une solide compréhension de la conjoncture, surtout des conditions subjectives dans lesquelles se trouvent les populations.

C'est pourquoi tes textes choquent les gens. En t'appuyant sur des postulats qui idéalisent les divers niveaux de conscience des populations, tu élabore une théorie qui se tient debout pour la seule raison que ses prémisses sont fausses. La population déteste mortellement les assemblées, ça leur rappelle la torture qu'ils ont subi à travers le système d'éducation. Si tu réellement relancer le débat, tu devras fournir une preuve très concrète : que suggères-tu comme pratique de transformation, comme enclenchement d'un processus de "création d'intersubjectivité" ?

Toute théorie demeurt à mon avis un échafaudage de concepts bien déconnectés de la réalité si on n'est pas capable de l'illustrer très simplement. N'ait crainte, je ne proviens pas d'un milieu petit-bourgeois et ne suis pas prétentieux en disant que le mot inter-subjectivité est compris par moins d'un pourcent de la population. Mes tentatives répétées d'expliquer la simple nécessité d'un changement des rapports sociaux à mes parents me le prouve très bien. Comment rompre avec le fatalisme ?

Dans ma lutte contre la ZLÉA, j'ai essayé de poser la question de la vulgarisation des enjeux et me suis constamment fait dire que je prenais les gens pour des imbéciles. Force est de constater que des mouvements d'initiéEs comme la CASA-CLAC ont laissé derrière eux 99 % de la population et que, à l'Université Laval, c'est un groupe sur lequel la plupart des gens chiaient ouvertement, la CULIA, qui a fait la vrai job de mobilisation chez des étudiants conservateurs qui se sont peu à peu ouvert les yeux.

Quand je te demandais d'introduire la perspective temps dans ton analyse, c'est parce que la situation presse - et ne va pas STP me dire que je suis autoritariste en disant ça - et que la pratique de la vie quotidienne réinventée n'est certes pas celle qui se démarque le plus à cet effet.

Quand ? Qui ? Où ? Comment ? Pourquoi ?

La tête dans les nuages, oui, mais les pieds sur terre aussi.


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Sujet: 
Des questions très concrètes
Auteur-e: 
calvaire01
Date: 
Mer, 2002-11-27 00:11

Je comprends moi aussi ton analyse de ce que j'écris, mais je veux juste poser le débat dans un espace plus vaste.

Ce que je propose, c'est que nous réfléchissions collectivement nos pratiques. Et l'assemblée me semble être un espace de réflexion pour dépasser les querelles théoriques et réarticuler ensemble nos pratiques. Ce n'est qu'un début et il faut aller plus loin. Mais ne mettons pas la charrue avant les boeufs. Que l'ouverture se fasse pour des espaces populaires de discussion.

Pour la lutte contre la guerre, il faudrait peut-être savoir ensemble ce que nous attaquons réellement. Est-ce l'impérialisme dans sa logique d'ensemble, la logique d'une oligarchie guerrière, la guerre des États-Unis contre le monde arabe ou la guerre des USA contre Saddam Hussein ? Que faire de l'anti-terrorisme des grandes puissances ? Que faire des régimes de terreur comme celui de Saddam mais aussi des régimes soft de terreur comme les grands Empires, les pays hégémoniques ? Que proposons pour contrer le pouvoir d'ensemble des puissants et des grandes puissances ? Comment réarticuler un pouvoir populaire d'ensemble au-delà des puissances d'élection ? Toutes des questions à nous poser collectivement. Comment nous poser ensemble ces grandes questions ? Comment dépasser nos conditions d'atomisation sociale ? Comment intégrer la population la plus vaste dans les débats politiques globaux ? Comment, comment, comment... ?

Voilà des questions ``très concrètes`` que je pose.

Au-delà, la question de la Révolution est peut-être une grande question abstraite, mais nous luttons contre des puissances qui à mon avis ne peuvent être battues que par une révolution universelle. Alors grande question complexe peut-être, mais qui est impliquée dans toute question concrète particulière.

Et mes textes ne parlent pas seulement de la transformation de rapports intersubjectifs quotidiens, mais cette intersubjectivité est impliquée dans toutes les questions de pouvoir. Et mes questions, critiques et écrits n'empêchent personne de travailler de son bord contre les actions politiques d'aujourd'hui. Il ne faudrait pas me prendre pour plus important que je ne le suis.


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Dossier G20
  Nous vous offrons plusieurs reportages indépendants et témoignages...

Très beau dessin: des oiseaux s'unissent pour couper une cloture de métal, sur fonds bleauté de la ville de Toronto.
Liste des activités lors de ce
« contre-sommet » à Toronto

Vous pouvez aussi visiter ces médias alternatifs anglophones...

Centre des médias Alternatifs Toronto
2010.mediacoop.net


Media Co-op Toronto
http://toronto.mediacoop.ca


Toronto Community Mobilization
www.attacktheroots.net
(en Anglais)

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