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RÉVOLTE, LIBÉRATION ET MILITANTISME

Anonyme, Mardi, Octobre 29, 2002 - 19:54

Francisco Rodriguez

Réflexions d’un militant sur la "non violence".

Le militantisme institutionnalisé est un courant qui domine une bonne partie de la gauche québécoise depuis déjà longtemps. Ce courant consiste à restreindre le militantisme dans les balises strictes de la légalité où l’on invite les gens à se mobiliser pacifiquement pour une cause plus ou moins concrète. Il faudra alors se prémunir contre les « agitateurs » et « provocateurs », c’est–à–dire tous ceux et celles qui prendraient l’initiative de ne pas respecter les attentes pacifistes et non violente des organisateurs et des autorités. Et lorsque les mobilisations ne rassembleront pas autant de monde qu’on espérait, on expliquera le manque de participation par la peur des actes violents des « provocateurs ». Ainsi, avoir participé à des dizaines de manifestations pacifiques semble être quelque chose de glorieux, et ce indépendamment des résultats obtenus, c’est–à–dire des conquêtes de la population. Manifester pacifiquement, si on a une petite couverture médiatique, semble donc être devenu une fin en soi, la raison d’être du militantisme institutionnel.

Pourtant, le militantisme devrait être un ensemble d’activités libératrices. En parlant d’activité libératrice, je ne parle pas ici de la libération comme idéal à atteindre dans quelques années au moment où l’humanité aura spontanément compris ce qui ne va pas, mais plutôt d’une foule d’actions individuelles et collectives qui renforcent l’auto–estime et qui augmentent le pouvoir individuel et collectif des oppriméEs. Se libérer, c’est se désaliéner progressivement, c’est chasser l’oppresseur qui réside en soi à travers l’idéologie dominante et qui préconise la soumission, la consommation, la compétition et la domination. C’est aussi lutter individuellement et collectivement contre l’oppression; il s’agit donc d’une révolte. Si l’on ne peut pas dire que toutes les révoltes sont libératrices, on peut par contre affirmer qu’il n’y a pas de libération sans révolte. Cette dernière, couplée à la conscientisation, est le moteur de la libération. La révolte libératrice est, même lorsqu’elle est individuelle, toujours un peu collective, dans la mesure où elle implique des conséquences inconnues pour celui ou celle qui la réalise, et ainsi, une certaine négation de son intérêt propre.

On peut alors se demander en quoi le militantisme institutionnelle est libérateur. Manifester pacifiquement de manière légale, en demandant bien sûr un permis à la ville, constitue probablement un mode d’expression collectif et individuel (pour les porte–paroles), mais il ne s’agit pas là d’une révolte pour la plupart des participantEs qui en ont le moindrement l’habitude. Peut–être est–ce bien agréable, peut–être est–ce un excellent hobby, bon pour la santé (car les marches ne se font pas encore en automobile), peut–être est–ce une excellente occasion de rencontrer des gens qui pensent comme nous, mais cela est rarement une action libératrice, surtout quand l’oppression dénoncée est liée au système, et donc, qu’on ne peut même pas voir la face de l’oppresseur. Mais, nous dira–t–on, les actions pacifiques sont les plus efficaces, alors que les actions plus radicales ne servent qu’à donner un prétexte à la répression.

Passons donc maintenant à l’efficacité du militantisme institutionnel. J’aimerais que la dame aux dizaines de manifestations pacifiques nous fasse la liste des victoires ainsi conquises. À ce que je sache, la plupart des victoires syndicales au Québec furent gagnées par des grèves (révoltes), et la plupart à l’époque où existait le Front de Libération du Québec ou encore lorsque sa disparition n’était pas encore certaine. Depuis le dégel des frais de scolarité et les modifications apportées à l’aide financière aux étudiantEs, quelle victoire y a–t–il eu dans ce domaine grâce aux nombreuses marches pacifiques? Qu’avons–nous donc gagné en santé et en service sociaux? Quelle guerre impérialiste avons–nous empêché jusqu’à maintenant?

Mais, les actions radicales n’attireraient pas grand monde et feraient peur à la majorité… Est–ce bien sûr? N’y avait–t–il pas plus de monde aux barricades de Québec qu’aux manifestations balloon des 25 dernières années? N’est–il pas plus attirant pour des jeunes révoltéEs contre la société d’agir dans une manifestation chaude que de chanter des chansons presque funèbre dans un cortège à peine en mouvement?

Mon but n’est pas ici de discréditer les manifestations pacifiques, mais bien de faire voir qu’elles sont très peu utiles si elles ne sont pas accompagnées d’un rapport de force. Si elles constituent la seule et unique action, et donc la plus radicale, elles auront beau être très garnies, elle ne feront jamais plier les autorités d’aucun pays, à moins qu’elles rassemblent la majorité de l’électorat en période préélectorale, ce qui ne s’est jamais vu. Par exemple, une manifestation pacifique sera plus utile si elle est accompagnée d’une menace de grève explicite ou de la possibilité d’actions plus radicales. L’efficacité des actions, quelles qu’elles soient, implique que le rejet par les autorités des revendications entraîne d’autres actions plus radicales de la population. Un pouvoir qui négocie, c’est un pouvoir qui est faible et qui espère ainsi calmer les ardeurs.

Cela ne veut pas dire que les actions directes sont nécessairement efficaces, mais elles impliquent au moins des actions qui constituent, pour les acteurs et actrices prêtEs à en assumer les risques, une révolte libératrice. Elles gagneront par contre en efficacité si elles s’étendent à différents secteurs de la population. D’une manière ou d’une autre, elles rendront les manifestations pacifiques beaucoup plus efficaces, car les autorités sauront que ne pas tenir compte de ces manifestations non violentes pourraient encourager beaucoup de monde à faire des actions directes. Il n’y a donc aucune raison pour que les partisantEs de la non violence discréditent ainsi des actions plus radicales qui n’entrent pas dans leur credo de citoyenNEs modèles.

Réflexions sur l'organisation non-autoritaire.


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