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Antiaméricanisme, pas toujours primaire -- Conférence de Peter Scowen à Québec

mariechristine, Mardi, Octobre 22, 2002 - 18:35

Marie-Christine Lalande

Le journaliste Peter Scowen, auteur du Livre noir des États-Unis, a prononcé une conférence le lundi 21 octobre dernier au Musée de la civilisation. Deux cents personnes environ s'étaient déplacées pour l'entendre.

Le journaliste Peter Scowen, auteur du Livre noir des États-Unis, a prononcé une conférence le lundi 21 octobre dernier au Musée de la civilisation. Deux cents personnes environ s'étaient déplacées pour l'entendre.

L'activité était présentée dans le cadre des Journées québécoises de la solidarité internationale (17 au 27 octobre 2002). Robert Jasmin, président d'Attac-Québec, animait la soirée et a donné le ton en citant Luigi Pirandello : «L'américanisme nous submerge […] L'argent qui circule dans le monde est américain et derrière cet argent court le monde de la vie et de la culture ». Commentaire qui date de 1929.

Scowen a présenté assez brièvement le propos de son livre. Il a souligné l'importance de critiquer à voix haute la politique étrangère américaine, SURTOUT depuis les attentats du 11 septembre 2001. Citant un article récent du New Yorker, le journaliste a rappelé que Dick Cheney, actuel vice-président des États-Unis, entretenait dès 1991 le projet d'instaurer un plan pour renforcer la dominance mondiale de son pays. Mais le règne Clinton, qui préférait chercher à régler les conflits par la voie diplomatique, en a reporté la mise en oeuvre. S'il ne va pas jusqu'à croire que l'administration Bush pouvait désirer que les attentats du 11 septembre se produisent, Scowen se dit convaincu qu'elle était du moins toute prête à récupérer cet événement à ses propres fins.

Le conférencier a rappelé le caractère très troublant de la nouvelle politique annoncée par Bush au Congrès il y a quelques semaines, celle de la « guerre préventive », qui devrait donner aux États-Unis le droit de recourir à la force dans tout pays qu'ils considéreraient renfermer une menace terroriste à leur endroit. « Nous devons avoir peur, dit Scowen; nous savons maintenant que les États-Unis ont les moyens de cacher des intérêts vénaux sous des prétextes nobles », tels la guerre au terrorisme, au communisme, la lutte pour la démocratie. Et de rappeler les intérêts pétroliers qui se cachent derrière la soi-disant urgence de contrer la menace militaire irakienne.

Robert Jasmin faisait judicieusement remarquer en début de conférence qu'on voit rarement dans nos journaux apparaître le terme « antiaméricanisme » sans que ne lui soit accolé l'adjectif « primaire »; si Scowen se défend bien d'être un « antiaméricain primaire », il revendique cependant le droit, tout comme Jasmin d'ailleurs, de critiquer au grand jour le gouvernement américain, de ne pas tomber dans cette logique absurde avancée par Bush dans son fameux discours au Congrès, selon laquelle on ne peut être qu'AVEC ou CONTRE les États-Unis. Le journaliste invite tous les citoyens à faire goûter au gouvernement états-uniens sa propre politique d'ingérence dans les affaires des autres, et à contredire ses politiques sur la scène publique : « Si les Américains ont le droit d'intervenir dans tous les pays du monde, faites-vous entendre auprès des Américains; appuyez les groupes américains qui pensent comme vous […] C'est votre droit, et peut-être même votre devoir. Cela serait un geste concret pour la paix. »

La grande majorité des auditeurs de la conférence de Scowen étaient certainement d'accord avec son message. Et cependant, on sentait dans les questions adressées par plusieurs au conférencier une sorte de déception de ne pas le voir s'avancer davantage sur certaines questions cruciales. Le journaliste refuse, par exemple, de percevoir un lien entre terrorisme et pauvreté. Il se révèle aussi d'une extrême prudence sur la question palestinienne : à qui lui demande de donner son avis sur le lobby proisraélien aux États-Unis, il donne une réponse évasive et répète plusieurs fois qu'il s'agit d'un « problème compliqué », sans trop s'engager. De même, quand on l'entend dire qu'il a trouvé « encourageante » la « distance prise par le Canada » dans la question d'une éventuelle intervention armée des États-Unis en Irak, ou qu'on l'écoute vanter la démocratie canadienne et québécoise pour son taux « impressionnant » de participation au scrutin, on peut trouver qu'il se contente de peu. Tous ces ménagements contrastent en effet beaucoup avec le titre-choc de son livre, Le Livre noir des États-Unis. Mais il faut probablement imputer ce dernier à l'éditeur Michel Brûlé (directeur des Intouchables), toujours un peu trop désireux de publier des brûlots qui feront jaser.

On peut donc regretter les précautions que prend Scowen dans ses propos; elles risquent pourtant bien de servir son message lorsque le Livre noir paraîtra en anglais (la traduction française est parue en primeur) en février prochain. Des précautions, il en faudra probablement beaucoup, malheureusement, pour que ce crucial message ait en effet une petite chance de se rendre à un nombre suffisant d'oreilles américaines. Ah, faire exploser ce manichéisme…

Site de l'Association québécoise des organismes de coopération internationale, organistatrice des Journées québécoises de la solidarité internationale.
www.aqoci.qc.ca


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