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Richard Stallman et l'éthique du mouvement de logiciel libre

patc, Jeudi, Octobre 10, 2002 - 09:10

PAtCad

Richard Stallman fait aujourd'hui figure de pionnier. Pionnier non seulement par son travail en développement de nouveaux logiciels et systèmes d'opération, mais aussi et surtout pour son acharnement à promouvoir le principe de développement communautaire et à défendre l'éthique du mouvement de logiciel libre. Pour Stallman, la liberté du code est intrinsèquement liée au développement des logiciels dans une société qui se veut être réellement démocratique.

Richard Stallman et l'éthique du mouvement de logiciel libre

Dans les années '70, forts des idéaux humanistes et égalitaristes propre à leur génération, une communauté de programmeurs et de développeurs se mobilisent autour du département d'Intelligence Artificielle du Massachussets Institute of Technology (MIT). Leur but : faire progresser la science informatique et, pour certains d'entre eux, partager les bénéfices de cette science avec l'ensemble de l'humanité. Le développement, alors, se fait dans un esprit de communauté, de partage et de collaboration. Les progrès faits par l'un sont instantanément mis en commun avec ceux des autres membres de la communauté qui, à leur tour, contribuent à l'amélioration des nouveaux produits, dont chacun profite également et librement.

Parmi ces chercheurs, Richard Stallman fait aujourd'hui figure de pionnier. Pionnier non seulement par son travail en développement de nouveaux logiciels et systèmes d'opération, mais aussi et surtout pour son acharnement à promouvoir le principe de développement communautaire et à défendre l'éthique du mouvement de logiciel libre. Pour Stallman, la liberté du code est intrinsèquement liée au développement des logiciels dans une société qui se veut être réellement démocratique.

Il faut le voir évoquer son premier choc négatif avec le code source propriétaire, sous la forme d'un contrat de non-divulgation passé entre un collègue de Pittsburgh et la corporation Xerox. Comme un petit garçon à qui l'on aurait interdit l'accès à un terrain de jeu, l'air dépité, Stallman n'en revient toujours pas que l'on puisse ainsi mettre une licence, un interdit sur un code ,une production intellectuelle, laquelle production devrait plutôt être considérée, selon lui, comme partie intégrante du bien commun.

En 1985, pour contrer cet effet pervers de la logique marchande sur le développement du patrimoine informatique, avec d'autres "hackers", il fonde la "Free Software Foundation". La fondation se donne pour principal mandat de promouvoir le développement de logiciels libres ("Free Software"). Cette initiative s'appuie sur une profonde conviction que le code appartient, dès sa création, à l'ensemble de la communauté. Les développeurs, suivant cette philosophie, ont le devoir de partager le produit de leurs recherches.

Cette conviction s'est traduite concrètement par le développement du système d'opération Gnu. Basé en partie sur le système Unix, Gnu est le fruit d'un travail collectif articulé autour des développements proposés par Stallman. Au cours des années '80, Stallman et ses collaborateurs ont développé toute une série d'applications en logiciel libre, dont les codes sources étaient mis à l'entière disposition de la communauté élargie des développeurs. Ainsi, en quelques années, de par la participation active de milliers de spécialistes, le système Gnu pris une ampleur et une efficacité considérables.

Ne manquait plus au système, au début des années '90, qu'un noyau (Kernel), un cœur autour duquel les applications Gnu devaient pouvoir se greffer pour constituer un système d'opération intégral et fonctionnel. Le groupe de chercheurs dont faisait alors partie Stallman travailla pendant quelques années au développement du "Kernel" MACH, jusqu'à ce que Linus Torvalds propose à la communauté, en 1992, le fruit de son propre travail: le programme Linux. Dès lors, le système Gnu/Linux allait changer la pratique de la science informatique partout dans le monde. À ce jour, plus de 20 millions d'utilisateurs préfèrent ce système, à celui de Microsoft.

Cependant Stallman insiste pour apporter un certain nombres de nuances.

D'abord, il déplore le fait que l'on fasse généralement référence au système sous l’appellation Linux. Pour lui, le système est l'intégration effective des applications Gnu et du noyau Linux. Son nom devrait par conséquent être Gnu/Linux. Stallman tient mordicus à cette précision, non pas par égocentrisme, mais bien pour éviter que soit évacuée la dimension éthique du développement de logiciels libres.

En effet, Torvalds, comme la grande majorité des développeurs, ne mise pas prioritairement sur le développement collectif. Bien qu'ayant licencié le programme Linux en CopyLeft (la General Public License, inventée par la Free Software Foundation pour licencier les produits développés par la communauté, stipule que toute reproduction, en tout ou en partie, d’un code GPL doit respecter l’éthique de logiciel libre et rendre disponible toute modification apportée au code), Torvalds se définit comme étant essentiellement apolitique, ne privilégiant pas une approche plutôt qu’une autre.

Cette position, selon Stallman, n'est pas justifiable d'un point de vue éthique. Pour lui, on défend le logiciel libre, ou on ne le défend pas.

Il tient également à mettre une certaine distance entre lui et le mouvement « open source ». Il précise qu’on lui attribut à tort la paternité de ce mouvement, qu’il considère ne pas être assez radical dans la défense du logiciel libre.

Suivant la même logique, la Free Software Foundation ne fait pas une promotion active des systèmes de distribution faisant l'usage à la fois de logiciels libres et propriétaires. Les distributions Debian, RedHat et Mandrake, par exemple, sont compatibles avec des programmes de code source "fermé" et sont généralement offert en « package » avec du code propriétaire. La fondation n’en désapprouve pas l’usage, mais souhaiterait plutôt voir les développeurs de ces entreprises pousser plus loin la dynamique d’intégration de logiciels entièrement libres.

Stallman met également en garde contre la menace qui pèse sur les libertés fondamentales des développeurs de logiciel libre. Les nouvelles (et certaines anciennes) législations, aux États-Unis, de même que certaines pratiques culturelles, découragent et dévaluent le partage du bagage informatique collectif. L’utilisation répandue du terme « pirate », par exemple fait foi de cette « criminalisation » de l’éthique de logiciel libre. Il existe selon lui toute une culture de la marginalisation du comportement collectiviste en informatique. Les principaux bénéficiaires de cette propagande sont sans nul doute les grandes entreprises qui arrivent d’autant mieux à contrôler le marché.

Malgré l’énorme influence qu’exerce des monopoles comme Microsoft ou Sun Microsystems, Stallman croit dur comme fer au potentiel du développement collectif de logiciel libre. Il est persuadé qu’a force de persévérance et d’intégrité, la communauté des « hackers » saura surmonter les obstacles qui s’opposent à sa progression. À terme, la philosophie de logiciel libre imposera la force de son éthique propre, la communauté grandira et s’épanouira jusqu’à ce que le niveau d’intégration des systèmes d’opération libres soit équivalent ou même plus élevé que ceux des systèmes commerciaux.

Cet idéalisme, bien sûr, ne fait pas l’unanimité. Plusieurs spécialistes, parmi lesquels se retrouvent bon nombre de chercheurs qui partagent en essence les idéaux de Stallman, le perçoivent comme un illuminé, un radical qui ne saisi pas toutes les implications d’une position trop inflexible. Pour la plupart de ces critiques, la progression du logiciel libre est plutôt handicapée par l’attitude de non compromission absolue qui caractérise Stallman.

Ce dernier reste cependant imperturbable. La révolution du « free software » est en cour. Il n’en tient qu’à chaque citoyen d’y participer.

Une chose est certaine, qu’il ait tort ou non, Richard Stallman est un personnage fascinant. Son curriculum à lui seul invite au respect. L’ensemble de sa production purement informatique, jumelée à son attachement quasi mystique à l’idéologie de logiciel libre, suffit amplement a donner crédit à son propos.

Quiconque s’intéresse à la révolution cybernétique et à l’appropriation citoyenne des technologies de communication devra nécessairement, à un moment ou un autre, lire un chapitre ou deux sur la vie et l’œuvre de Richard Stallman.

Pour en savoir plus, visitez www.gnu.org
ou la page perso de Stallman,www.stallman.org

Free Software Foundation
www.gnu.org/fsf/fsf.html
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