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Quand putch et démocratie vont de pair

Mario Cyr Graffici, Mercredi, Octobre 9, 2002 - 12:56

Mario Cyr

Petite réflexion concernant la bisbille entre Paul Martin et Jean Chrétien. Ce texte fut publié en éditorial dans le journal GRAFFICI du mois de septembre.

Quand putsch et démocratie vont de pair…
Par Mario Cyr

Le désert est impitoyable. Le héros, à moitié mort de soif, titube péniblement sous un soleil de plomb. Les vautours, de plus en plus nombreux dans le ciel, se régalent à l’avance du festin qui leur sera bientôt offert. Combien de temps pourra-t-il encore résister? Il tombera. C’est certain. Ce n’est qu’une question de temps…

Généralement, dans les films, c’est à ce moment qu’arrive un événement qui sauve le personnage d’une mort certaine. Il peut s’agir de sa fiancée qui, après un combat aérien spectaculaire contre les forces nazies, atterrit, l’embrasse et effectue ainsi le sauvetage. Le genre de banalité quotidienne, quoi ! Malheureusement, dans la vraie vie, les choses sont un peu différentes. J’aimerais bien vous dire que ce prologue m’a été inspiré par un film de Sergio Leone, mais ce n’est pas le cas. Ma muse s’appelle plutôt politique. Le désert, c’est la colline parlementaire à Ottawa, le personnage, c’est Jean Chrétien et le vautour en chef, c’est Paul Martin.

Nous assistons présentement à du jamais vu dans toute l’histoire de la politique canadienne. Nous assistons à un pustch démocratique! Expression dénuée de tout sens? Pas tant que ça. Bien sûr, nous avons souvent vu des leaders renversés en cours de mandat. Je pense à John Diefenbaker qui a dû quitter ses fonctions de façon précipitée, à Preston Manning évincé par Stockwell Day, à Stockwell lui-même victime d’une mutinerie ; Joe Clark obscurci par Brian Mulroney, Pierre-Marc Johnson déstabilisé par l’équipe Parizeau après le beau risque, mais tous ces chefs furent écartés alors qu’ils se trouvaient dans l’opposition. Ils venaient aussi, pour la plupart, de perdre une élection et un perdant en politique, c’est comme une verrue: on s’en débarrasse ou on la cache. On peut aussi se débarrasser d’un chef si l’idéologie qu’il prône ne rejoint plus le parti (Johnson-Parizeau), mais dans la saga Chrétien-Martin, rien de tout cela. Au contraire, tous les sondages indiquent que Jean Chrétien remporterait haut la main une prochaine élection. Sur le plan de leur idéologie, là aussi c’est la même chose. Bien sûr, Martin fait un peu moins «mononcle» que Chrétien, mais il n’y a aucune différence fondamentale entre les deux. Chrétien-Martin, c’est quatre 25 sous pour une piastre. Alors pourquoi tout ceci ?
Tout ceci parce que ces deux hommes sont semblables. Voilà le problème. L’un s’accroche désespérément au pouvoir et l’autre le veut à tout prix. Il ne s’agit plus d’une lutte politique, mais bel et bien d’une lutte entre deux hommes. Une lutte d’egos. Une lutte pour savoir qui pisse le plus loin. Je crois, et cela pour plusieurs raisons, que Jean Chrétien devrait partir, mais là n’est pas le sujet de cet éditorial. Un fait demeure: Jean Chrétien a été démocratiquement élu pour une période de quatre ans, il y a moins de deux ans. Que ça nous plaise ou non, Jean Chrétien est un leader légitime. Paul Martin lui, veut obtenir par des jeux de coulisse, ce qu’il n’a pu obtenir légitimement. Voilà pourquoi je trouve cette histoire puante. Certains me diront que le premier ministre du Canada tire sa légitimité du gouverneur général et non de la population canadienne. Selon la constitution, c’est vrai. À la base, le premier ministre n’est qu’un député parmi tant d’autres et le seul mandat qu’il a reçu de la population est un mandat de député. Le mandat de chef lui est confié par les membres de son parti. Donc, si on suit cette logique, rien n’est plus démocratique que de mettre le premier ministre à la porte puisqu’il n’a reçu aucun mandat de la population. Là aussi, c’est vrai. Alors, pourquoi je me plains?

Je me plains, car je suis convaincu que généralement, malgré notre constitution, la population canadienne vote pour un parti ET son chef. Il est bon d’intellectualiser certains débats, mais à l’occasion, la simplicité est aussi de mise. Il est bon de sortir de sa tour d’ivoire pour se rappeler que les électeurs ne sont pas tous des docteurs en sciences politiques. Donc, de façon générale, le mandat du gouverneur: rien à foutre.

Je me plains aussi parce que présentement, à peu près tout l’agenda politique fédéral est pris en otage par cette crise. Il y a des débats importants à l’horizon (participation du Canada en Irak, la légalisation, les mariages gais etc…) et sur tous ces sujets comme bien d’autres, pas un mot. Je me plains aussi parce que même si nous ne sommes pas d’allégeance libérale, nous sommes tous concernés par la succession de Jean Chrétien. Avec l’état lamentable de la politique fédérale actuelle, une opposition nationale quasi-inexistante, le prochain chef du Parti libéral risque d’être premier ministre pour très longtemps et j’aimerais bien que cette personne ne soit pas un politicien aux dents longues, assoiffé de pouvoir.

Oui, tout ce que fait Paul Martin jusqu’ici est légal et même démocratique, mais légalité ne rime pas toujours avec moralité. Une moralité de moins en moins présente dans le monde de plus en plus obscur du pouvoir et des finances. Putsch démocratique, mais putsch quand même…



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