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Les enquêteurs américains ont raté la pègre russe lors du scandale de la Bank of New York

Carl Desjardins, Mardi, Août 27, 2002 - 22:57

Une opiniâtre enquête européenne sur la criminalité internationale a révélé que des dirigeants présumés de la mafia russe opéraient aux États-Unis. Lucy Komisar et Ivan Feranec, collaborateurs de PNS (Pacific News Service), rapportent qu'il y a trois ans le Ministère américain de la Justice n'a pas été à la hauteur au moment du scandale de la Bank of New York, scandale qui maintenant menace d'exploser.

- Par Lucy Komisar et Ivan Feranec
Traduction. Michel Thelia. Traducteurs bénévoles coor...@attac.org

NEW YORK - Il y a près de trois ans, le Ministère de la Justice qualifia le scandale de blanchiment d'argent de la Bank of New York (BoNY) de "simple" machination russe d'évasion fiscale. Maintenant, des enquêtes européennes montre que la BoNY était une filière du crime organisé. Et, selon un document obtenu par Pacific News Service, certains des présumés dirigeants de la mafia russe opéraient librement aux États-Unis.

Le scandale grandissant révèle la dangereuse hésitation de Washington à affronter les réseaux criminels internationaux.

En août 1999, des enquêteurs américains découvrent que des Russes ont blanchi au moins 7 milliards de dollars par l'intermédiaire de comptes à la BoNY, un important établissement américain effectuant beaucoup de transactions russes.

Peter Berlin et Lucy Edwards, un couple russe de New York, avait établi des sociétés de couverture qui ouvraient des comptes à la BoNY. Edwards était vice-présidente de la banque pour l'Europe de l'Est. En 1999, après avoir tous deux été mis en examen, ils négocièrent pour que les chefs d'inculpation soient revus à la baisse; et ils parlèrent. Le FBI communiqua ces renseignements aux enquêteurs français et italiens qui s'aperçurent que le blanchiment d'argent, objet de leurs recherches, faisait partie d'un immense réseau.

Maintenant, de nouvelles preuves montrent que les comptes bancaires permettaient de faire circuler des profits criminels allant du trafic de drogue, d'armes et de personnes, de l'extorsion, du meurtre professionnel et de la fraude.

À partir de 1996, des groupes criminels russes utilisaient la BoNY pour blanchir 3 milliards de dollars par an. Les fonds étaient transférés en Europe et investis dans des affaires légales, ou renvoyés en Russie à des entreprise contrôlées par la mafia.

En juin, cinquante personnes appartenant à l'opération étaient détenues en Europe. 51 autres sont potentiellement susceptibles d'arrestation et 49 font l'objet d'une enquête. La plupart sont russes; beaucoup sont italiennes ou françaises. Plusieurs habitent et opèrent aux États-Unis.

Le procureur italien Enrico di Nicholas, qui coordonne "l'Opération Toile d'Araignée" ("Operation Spiderweb"), a demandé au principal magistrat enquêteur de Bologne, Paolo Giovagnoli, des mandats d'arrêts pour 101 personnes. Sa liste du 16 mars, non publiée mais obtenue par PNS, comprenait Berlin et Edwards, bien qu'ils ne se trouvent pas parmi les 50 détenus.

L'enquête débuta en 1998 quand la police russe demanda au FBI de l'aider à retrouver la rançon de 300.000 dollars payée après l'enlèvement d'un homme d'affaires. L'argent avait été transféré de la banque de la victime à San Francisco, par la BoNY, sur un compte extraterritorial et, finalement, à la banque Sobin de Moscou. Sobin était contrôlée par Aleksandr Mamut, chef de cabinet du président Boris Yeltsin. "BoNY-compte extraterritorial-Sobin" était une route très fréquentée.

Dans sa lettre du mois de mars, di Nichola demanda la détention de trois présumés importants personnages criminels qui ne furent pas arrêtés.

Di Nicholas déclare que Grigori Loutchansky, "un dirigeant de la mafia russe", contrôle la société française Kama Trade, dispositif central d'un réseau de blanchiment. Il ajoute que cette société était liée à une autre, appelée Nordex, que Loutchansky avait fondée à Vienne en 1989 sur l'ordre de la "Vieille Garde" communiste afin de faire circuler de l'argent liquide en provenance de pillages des États et de biens du parti et, plus tard, d'activités criminelles.

Loutchansky revendique qu'il a gagné des procès en diffamation contre ces accusations. "Il est totalement faux que j'aie été impliqué dans la mafia, dans le blanchiment d'argent ou dans tout autre activité criminelle, " a-t-il écrit dans une déclaration remise par son avocat londonien.

Di Nicholas a déclaré que Semion Mogilevich, un homme d'affaires établi à Budapest, était une source d'argent sale en provenance de trafic de drogue, de prostitution, de commerce illégal d'objets précieux et d'objets d'art, d'extorsion et de blanchiment d'argent. Il a ajouté que Mogilevich avait des activités à Los Angeles, Miami, Philadelphie et San Diego, aussi bien qu'à Moscou, Prague et Tel Aviv. Les autorités britanniques ont identifié 200 millions de dollars que des sociétés ou des individus liés à Mogilevich ont envoyés par l'intermédiaire de la succursale londonienne de BoNY en 1998-99.

Sollicité pour des commentaires, par l'entremise de sa société Arigon à Prague, Mogilevich n'a pas répondu.

Selon di Nicholas, Yossif Davydovich Kobzon, un chanteur surnommé "le Sinatra russe", a opéré à New York, Los Angeles et Miami, de même qu' en Russie et en Europe. Élu deux fois au parlement russe, Kobzon aurait été impliqué dans un trafic d'armes, et les États-Unis lui ont refusé plusieurs fois un visa, la dernière fois en janvier 2001.

Kobzon a été contacté par l'intermédiaire de son gendre, Yuri Rapoport, et de son bureau de Moscou, mais n'a fait aucun commentaire.

Di Nicholas a demandé également l'arrestation de six individus moins connus et ayant des adresses aux États-Unis.

Les Américains devraient s'inquiéter si des personnages de la mafia russe opèrent vraiment aux États-Unis. L'examen du Ministère de la Justice dans les malversations de la banque fut abandonné après que BoNY promit simplement d'améliorer la vérification des identités de ses clients et des transferts d'argent suspect.

En juin, au cours d'un colloque sur l'argent sale à la Brookings Institution de Washington, le représentant du ministère public de New York, Robert Morgenthau, mit en doute que le Ministère de la Justice ait "effectué une enquête complète" sur le cas. Un officiel de haut rang du bureau du représentant du ministère public déclara que le Ministère de la Justice ne voulait pas leur fournir de renseignements et leur avait dit d'abandonner l'enquête.

Il y a une décennie, Morgenthau avait encouru le même mécontentement fédéral lorsqu'il avait porté plainte contre les dirigeants de la Bank of Credit and Commerce International (BCCI), basée au Pakistan, laquelle fit faillite dans une fraude gigantesque où "disparurent" 8 milliards de dollars. Une enquête par la sous-commission du Sénat sur le terrorisme, les drogues et les opérations internationales, sous-commission présidée par John Kerry, sénateur démocrate du Massachussetts, découvrit que la CIA utilisait la BCCI pour financer ses clients, y compris Oussama Ben Laden.

Les cas de la BCCI et de la BoNY montrent le danger de laisse couver des réseaux criminels. Khalid Ben Mafouz, l'officiel no 2 de la BCCI qui s'en tira avec une petite amende et ne raconta jamais où allèrent les milliards manquants, est le beau-frère d'Oussama Ben Laden et l'un de ses financiers réputés.

Contacts pour cet article : Lucy Komisar (lkom...@msn.com) est une journaliste new-yorkaise; Ivan Feranec est journaliste à l'agence de presse tchèque CTK à Prague.

- Publié dans le courriel d'ATTAC



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