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Première Fête paysanne

thekiwi, Mercredi, Juillet 31, 2002 - 18:07

Roméo Bouchard de l'Union paysan

La relation au territoire comme condition de survie
et de qualité de vie.

Roméo Bouchard de l'Union paysanne

Pour la première édition de la Fête paysanne du
Québec, l’Union paysanne invite « ceux qui aiment la
terre et prennent plaisir à en vivre » dans un petit
village de l’arrière-pays de la Baie-des-Chaleurs,
Saint-Louis-de-Gonzague, et propose comme thème à ce
premier rendez-vous paysan « Réoccuper le territoire
», nos villages fermés, nos terres abandonnées, nos
forêts rasées, nos rivières privatisées…

Pour la première édition de la Fête paysanne du Québec, l’Union paysanne invite « ceux qui aiment la terre et prennent plaisir à en vivre » dans un petit village de l’arrière-pays de la Baie-des-Chaleurs, Saint-Louis-de-Gonzague, et propose comme thème à ce premier rendez-vous paysan « Réoccuper le territoire », nos villages fermés, nos terres abandonnées, nos forêts rasées, nos rivières privatisées…

Réoccuper le territoire

Le village de Saint-Louis est une illustration frappante de ce thème.

Ouvert en 1888, sur un haut plateau d’où on surplombe toute la Baie-des-Chaleurs, le village a été fermé par nos sociologues apprentis-sorciers du BAEQ (Bureau d’aménagement de l’Est du Québec)en 1972, qui l’avait classé parmi les communautés «économiquement non rentables et socialement non viables », selon leur expression, toujours aussi actuelle d’ailleurs. Du village lui-même, il ne reste que le cimetière. On a même enlevé l’asphalte qui pavait la route qui y menait pour s’assurer d’effacer le souvenir de l’occupation humaine. On a reboisé une bonne partie des terres et on a rezoné le territoire comme zone forestière.

Mais une famille d’irréductibles y est demeurée, protégeant plusieurs terres cultivées et entretenant à ses frais les chemins l’hiver. La Grange de Saint-Louis, où aura lieu la première Fête paysanne du Québec, est située à l’endroit de la première chapelle, nommée Mission Saint-Louis. Elle est occupée par onze jeunes, venus d’un peu partout au Québec, qui y habitent et la transforment patiemment en centre de services pour l’écovillage. Ils tentent de le créer avec une douzaine d’autres jeunes qui ont acheté des terres autour d’eux et s’y installent. Pour réoccuper le territoire et le cultiver, ils devront négocier avec la MRC un changement de zonage.

La relation au territoire

Le rêve et la lumière qui habitent le regard de ces jeunes « colons » du XXIe siècle nous plonge au cœur de la relation au territoire comme fondement de tout être humain.

Dernièrement, mon fils de seize ans et ses amis ont été saisis d’une passion soudaine pour la montagne près de chez moi, au point d’y camper deux fins de semaine en plein mois d’avril pour l’explorer, y observer les rapaces qui la survolent, photographier ses falaises et ses arbres-bonzaï. Au début, je n’y ai vu qu’une sorte de régression de petits gars en mal de jouer aux Indiens. Mais je me suis pris à penser que ce besoin de s’approprier son territoire, de le connaître, d’en faire partie était peut-être une étape essentielle de l’initiation masculine : l’instinct du chasseur, du cueilleur, du protecteur, du paysan.

Je me suis pris à penser que tout être humain a un besoin vital de s’enraciner dans un territoire, de s’en nourrir, de lui appartenir, d’y fabriquer son identité. L’identité se constitue à partir du territoire. Même la famille et le couple sont une sorte d’enracinement, un enracinement génétique et corporel. Sans cet enracinement historique, familial, territorial, alimentaire, culturel, il n’est sans doute pas possible de développer une identité et une assurance; et sans elles, il est impossible de développer l’estime de soi et la confiance en soi. Le moi est physique, corporel, territorial, enraciné dans l’espace et le temps.

Le grand chef Apache Géronimo (c’est aussi le nom d’un autre de mes fils) répondait aux Américains qui voulaient le convaincre de venir habiter avec son peuple dans les réserves de l’Est : « Si on déplace un Apache dans un autre territoire, il va mourir, car il ne saura pas, dans ce nouveau territoire, quels fruits il peut manger sans danger, quelles plantes peuvent le guérir, quels animaux peuvent lui servir et comment se comporter avec eux ».

Le géographe français Pierre Deffontaines concluait son livre sur L’homme et l’hiver au Canada en suggérant que le Québécois, c’est un Français qui a passé 367 hivers au Canada, tant il est vrai que la culture, et donc l’identité collective, est la façon qu’a trouvée une communauté donnée de répondre à ses besoins vitaux dans un environnement donné.

On retrouve cette nécessité de l’enracinement à tous les niveaux de la vie. L’arbre se construit à partir de ses racines fixées dans le sol qui lui convient. Chez l’animal, qui peut se déplacer grâce à son système nerveux, la relation vitale à son habitat naturel s’établit par l’instinct. Chez l’homme, cette relation devient conscience, appartenance, culture, communauté, identité.

Le syndrome de l’apatride

On croit s’être affranchi, dans le monde moderne, de cette nécessité d’une relation vivante au territoire, au « pays natal » dont parle Gaston Miron. Nos aliments viennent de n’importe où, la ville est multiethnique, la famille n’est plus qu’un lieu de passage, nous sommes citoyens du monde, la carrière et les fonds de retraite sont nos patrimoines, la télévision, le téléphone, l’ordinateur, la montre, l’air climatisé et l’éclairage artificiel ont remplacé nos rapports réels et physiques avec le monde, les animaux et les personnes.

Le grand Chef Seattle ne craignait pourtant pas d’affirmer : « si tous les animaux disparaissaient, l’homme mourrait de solitude ».

Et effectivement, l’homme moderne meurt de solitude et de détresse personnelle et doit combler l’absence d’identité et de relation au territoire par une activité “extrême

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