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De la pertinence de la réouverture du puits municipal de Sainte-Martine

Anonyme, Vendredi, Juillet 19, 2002 - 16:16

Gabriel Grégoire

Voici les lettres adressées aux ministres Legault et Boisclair par le Comité "Je bois clair" au début du mois de juillet.

Pour mémoire, rappelons seulement ici que le ministère québécois de l'environnement et de l'eau, André Boiclair, a donné son autorisation au village de Ste-Martine en Montérégie pour la réutilisation de leurs puits fermés depuis 20 ans. L'eau de ces puits provient de la nappe phréatique de Ville Mercier, contaminée par un magma toxique de 600 000 m3 de sols contaminés aux hydrocarbures. Le groupe de citoyens et citoyennes JE BOIS CLAIR de Ste-Martine, demande au ministre André Boisclair d'expliquer aux résidents comment ils peuvent se désaltérer d'une eau qui provient du 18e cas le plus grave de contamination de nappe phréatique selon l'OTAN ?

Dans les semaines ou mois à venir, éclairé par la vigilance du Comité ‘’Je bois clair’’, le ministre de la Santé, François Legault, s’apprête à émettre un nouvel avis de santé pour l’ouverture du puits de Sainte-Martine. Pour sa part, le ministre de l’Environnement, André Boisclair, se dispose à émettre un nouveau certificat d’autorisation, pour le même motif. Les ministres Legault et Boisclair donneront-ils leur accord pour l’ouverture du puits? Nous espérons un non catégorique car l’intérêt public doit primer.

Depuis 1992, le Ministère de l’Environnement et la compagnie Laidlaw se ‘’contreexpertisent’’, annihilant ainsi tout le processus de décontamination des lagunes de Mercier. Qui va payer? Qui est coupable? Une chose est sûre, par contre, le panache de contamination ignore les avocasseries et avance inexorablement de 150 mètres par année vers les 200 résidences de l’est de Sainte-Martine. À cause d’une remontée des L.D.P.N.A. et des gaz volatils tels le benzène et le chlorure de vinyle contenus dans le panache, la situation devient dramatique pour Sainte-Martine. En effet, des études européennes et américaines ont prouvé que la présence des contaminants volatils, même à des doses infimes, près des foetus humains, entraîne des malformations congénitales à la naissance.

À partir de leurs études respectives, les ministres de la Santé et de l’Environnement doivent être assurés de savoir :

1- où est situé exactement le panache de contamination
2- quel est le niveau de risque engendré par les concentrations de gaz volatils
3- si le seul puits d’observation (7191) pour l’aire d’alimentation de Sainte-Martine, d’une superficie de 40 km2, peut nous donner une sécurité pour l’approvisionnement au puits 7121 de Sainte-Martine
4- pourquoi, en 2002, les scientifiques s’accordent pour dire que notre réseau de puits d’observation dans le roc est déficient?
5- quelle est l’étendue réelle de la contamination
6- comment le ministre Boisclair peut-il définir une ceinture d’alerte à 1,5 km de Sainte-Martine quand il avoue lui-même que le panache de contamination de Ville Mercier est à deux (2) km du puits 7121
7- si les fonctionnaires ont alerté les ministres Boisclair et Legault du fait que la ceinture d’alerte était déjà contaminée. Pourquoi on a créé une autre ceinture d’alerte.
De l’avancement du front de contamination vers Sainte-Martine

Dans les années 70, on a toujours suivi la progression de la contamination issue des lagunes de Mercier, en utilisant les composés phénoliques comme indicateur approprié.

En 1975, l’ingénieur Martin Poulain affirme que le front de pollution s’étend jusqu’à 1,5 km des lagunes. Son étude établit que l’enclave de contamination prendra de 20 à 50 ans avant d’aboutir à la rivière l’Esturgeon.

En 1976, l’ingénieur Georges Simard du ministère des Richesses Naturelles affirme qu’un pompage prononcé à Sainte-Martine aurait pour effet d’annihiler la barrière hydraulique naturelle le long de la rivière l’Esturgeon. Si les puits de Sainte-Martine et les autres puits, comme celui de la conserverie, annihilent la barrière hydraulique, les eaux contaminées migreront vers Sainte-Martine.

En janvier 1977, Poulain définit, selon ses normes (phénol), que le front de l’enclave serait à 1,7 km au sud des lagunes.

Dans les années 80, Ayotte et Martel affirment que le phénol n’est plus une preuve suffisante. Ils nous disent que les composés organiques volatils, principalement les halogènes, sont davantage indiqués parce qu’ils ne peuvent avoir une origine naturelle comme le phénol.

En 1981, les hydrogéologues Nielsen, Alain, Dufresne, Béland de Hydrogéo Canada, émettent comme principale recommandation dans leur rapport : ‘’ … nous déconseillons l’utilisation à long terme de puits pour contrôler la contamination en effectuant de la dilution dans l’environnement. Toute mesure de contrôle par prélèvement éloigné du point de déversement a pour effet d’augmenter la propagation de l’enclave de forte concentration’’.
Hydrogéo affirme de plus : ‘’ … le front de contamination progresse au rythme de 450 mètres par année dans les trois premiers mètres du roc en direction de Sainte-Martine. … le front de contamination a réussi à franchir la barrière de la rivière l’Esturgeon et progresse rapidement vers le Géant Vert et le puits de Sainte-Martine’’.

En 1982, Marcel Sylvestre du ministère de l’Environnement démontre dans son analyse que le pompage intensif des puits d’alimentation de Sainte-Martine et du Géant Vert a eu pour effet d’attirer vers cette zone une eau contaminée qui autrement se serait déversée dans la rivière l’Esturgeon.

En 1983, la firme Géomines affirme que l’utilisation saisonnière des puits d’irrigation et des deux puits de la conserverie serait en grande partie responsable des variations temporelles importantes des teneurs en contaminants dans les zones 3 et 4 (rang Saint-Joseph).

En 1985, M. Martin Poulain de Foratek et MM. Georges Simard et Marcel Sylvestre du ministère affirment dans la conclusion de leurs études : ‘’… la plupart des centres de pompage (Sainte-Martine et Géant Vert) même en opération sur une base saisonnière, que les prélèvements importants d’eau souterraine et la grande anisotropie du socle rocheux ont provoqué la déformation de l’enclave et ont causé l’extension de la contamination sous la rivière l’Esturgeon dans laquelle les eaux souterraines se déversaient auparavant de façon naturelle lorsqu’il n’y avait pas de pompage’’.

En 1987, le consortium SNC/Université Laval et Sherbrooke, affirme : ‘’ … l’opération des puits du Géant Vert (900 m3 , juin 1987) attire et probablement extrait de l’eau souterraine contaminée pour refroidir les conserves’’

En 1988, M. Richard Martel affirme que la traînée de contamination devrait se trouver à 3,3 km au sud-ouest des anciennes lagunes et que la pollution serait importante dans la formation rocheuse en aval de la traînée de contamination.

En 1988, dans une revue scientifique, Frentra et Cherry affirment : ‘’ … la contamination des eaux souterraines ne peut s’éliminer à long terme sans l’enlèvement de la source… à cause de leur faible solubilité et de leur bas critère de potabilité. Les phases organiques liquides non aqueuses peuvent persister en souterrain et entraîner la contamination de l’eau souterraine pour plusieurs dizaines ou centaines d’années’’.

En 1988, Richard Martel du MEF affirme qu’à l’usine de traitement de Ville Mercier, on a détecté pour la première fois en mai 1988, la présence de chlorure de vinyle; l’identification de ce composé est importante parce que sa présence indique qu’une dégradation des hydrocarbures halogènes se fait dans l’eau souterraine. Martel affirme que la nature peut quelques fois jouer contre nous car le chlorure de vinyle est plus toxique que la plupart de hydrocarbures halogènes originaux.

En 1989, le consortium SNC/Université Laval et Sherbrooke affirme : ‘’ … avant juin 1982, dû à l’influence du centre de pompage de la région de Sainte-Martine, l’eau souterraine poursuivait sa route en direction sud-ouest pour atteindre la rivière Châteauguay au niveau de Sainte-Martine a permis de rétablir le régime d’écoulement naturel. Quelques semaines durant l’été, l’effet de pompage de la compagnie Pillsbury de Sainte-Martine (4,5 l/sec.) occasionne, certaines années, un appel d’eau sous la rivière l’Esturgeon’’.

En 1990, le ministère affirme que les résultats d’analyse des composés organiques trouvés à Sainte-Martine lors des campagnes 88-89 par Ayotte et Martel, doivent être considérés comme ‘’un résultat faux positif’’.

Pour les années 1990 à 1996, le ministère vient de me confirmer que l’on a négligé la caractérisation des puits d’observation de Sainte-Martine pour cause de coupures budgétaires.

En 1991, la Compagnie Nationale de Forage échantillonne le puits 7083 situé à 600 mètres du puits de Sainte-Martine. Les résultats sont les suivants :
Xylène : ,002
Chloroforme : ,003
Chlorométhane : ,0022
Chlorure de vinyl : ,0026
La firme Tecsult, au nom du ministère de l’Environnement, affirme, en 1994 : ‘’La contamination au puits 7083, situé à Sainte-Martine, provient d’une concentration de chlorure de vinyl notée le 14 août 1991. Par la suite, trois échantillonnages ont eu lieu qui n’ont pas permis de détecter à nouveau ce composé. Il s’agit donc d’une contamination sporadique et vraisemblablement non reliée aux lagunes’’.

En 1993 et 1994, une étude d’Environnement Canada et un rapport du Bureau des Audiences Publiques préconisent tous les deux des solutions pour décontaminer les lagunes de Mercier. Le gouvernement du Parti Québécois ignore complètement ces deux rapports.

De 1995 à 2001, les firmes responsables de la caractérisation des eaux souterraines, Sedac, Biogénie et le Service de l’expertise en eau du ministère de l’Environnement, confirment que le chlorure de vinyl est constamment présent à trois (3) km des lagunes, aux puits d’observation 94-6R, 94-74 et 94-55, en plein dans le panache de contamination. Par ailleurs, il appert que le ministère, ainsi que la municipalité de Sainte-Martine, nient l’exactitude des résultats d’échantillonnage des firmes Sedac et Biogenie, alléguant que la présence des contaminants trouvés sur le territoire est imprécise et ce, malgré la surveillance et la supervision du ministère lors de la campagne d’échantillonnage 2000 de Sedac

En août 1999, la firme Technorem affirme en page 14 de son rapport que le panache est localisé à 3,5 km du puits municipal en se basant sur la caractérisation de la firme Biogénie SRDC (1997). Technorem affirme aussi dans le chapitre 7.2 de son rapport : ‘’Il peut en effet être difficile de prédire avec certitude quels seront le comportement des eaux souterraines et le transport des contaminants dans un milieu aussi complexe qu’un socle rocheux fracturé à divers degrés’’.

Le 10 août 2001, le ministre André Boisclair affirme : ‘’ … le futur puits de Sainte-Martine est situé à environ deux (2) km de la limite du panache connu’’.
De l’utilité de cet historique

Mais à quoi sert ce bref rappel historique? Il sert à démontrer que le milieu agricole, industriel, syndical et gouvernemental n’a jamais écouté les avis éclairés des ingénieurs et a toujours refusé d’exiger du gouvernement que l’on décontamine les lagunes de Mercier. Le milieu agricole a toléré que l’on souille cet important milieu aquifère de Mercier et a toléré, depuis 32 ans, un incinérateur dans son Jardin. Les instances agricoles ont laissé les contaminants et le panache de contamination s’avancer vers Sainte-Martine sur une distance d’environ 5 km en utilisant, sans scrupule, la nappe phréatique.

Il ne relève pas de la mission de la population de démontrer que la consommation de l’eau provenant du puits de Sainte-Martine pourrait mettre en danger la santé des citoyens. Le fardeau de la preuve revient aux ministères de la Santé et de l’Environnement qui doivent s’assurer, hors de tout doute, que la santé de la population n’est pas mise en danger. En Santé, comme en Environnement, il y a un principe fondamental qui s’applique, c’est le principe de PRÉCAUTION. En cas de doute, s’abstenir. Les ministres Legault et Boisclair sauront-ils s’abstenir en cas de doute?

Sur le site du Comité,vous pourrez y trouver l'ensemble des communiqués et articles écrits sur le sujets.


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