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Continentalisation et contrôle des sources d’eau : les États-Unis ont soif de connaissances.

Anonyme, Samedi, Juillet 13, 2002 - 10:35

Marie Mazalto

Article des chroniques boliviennes de Marie Mazalto, militantes de chez nous intéressée par la
problématique de la privatisation des services et des sources d'eau potable à l'échelle internationale.

"Les États-Unis procèdent actuellement à une recension des ressources boliviennes en eau. Dirigé par le Commando Sud des États-Unis, ce programme s’inscrit dans un vaste inventaire des ressources en eau potable, eaux de surface et souterraines, des pays d’Amérique Latine, initié en 1995. (...)

Selon un récent article du journal bolivien Pulso , les États-Unis procèdent actuellement à une recension des ressources boliviennes en eau. Dirigé par le Commando Sud des États-Unis, ce programme s’inscrit dans un vaste inventaire des ressources en eau potable, eaux de surface et souterraines, des pays d’Amérique Latine, initié en 1995.

L’hebdomadaire bolivien relate le témoignage de certains hydrologues boliviens qui, le 10 juin dernier, sur invitations personnelles en provenance du Corps d’ingénieurs de l’US Army ont été convoqués à une réunion au siège de l’ambassade américaine à La Paz. La rencontre brève, simple dans son déroulement, s’articulait autour de deux points principaux concernant la collecte d’informations sur les ressources en eau potable boliviennes.

Pour ce faire, les hydrologues boliviens étaient priés de fournir toutes les informations en leur possession concernant les sources d’eau potable recensées dans le pays accompagnée d’une planification des recherches à mener dans un avenir proche pour compléter l’état des lieux. Les eaux souterraines et de surface, les différents types d’aquifères, les régions problématiques, les zones ayant déjà fait l’objet de recherches doivent être répertoriées dans un document synthèse qui viendra compléter les cartes déjà produites par le Centre d’ingénierie topographique d’Alexandrie en Virginie.

Un courrier précédant la réunion du lundi 10 juin enjoignait d’ailleurs les participants de se munir de copies de la documentation en leur possession qui devait être fournie aux organisateurs lors de la rencontre. Cette lettre d’invitation rédigée par le département de la défense des États-Unis, cosignée par le Colonel des forces spéciales et le Commandant des forces militaires américaines en Bolivie mentionne l’importance : «d’identifier les besoins en eau du pays afin de servir de base pour la réalisation d’exercices civiques d’assistance humanitaire.»

D’autre part, comme principale motivation de ce programme de recherche, le département américain annonce un objectif de facilitation des futurs investissements en Bolivie afin de favoriser : «le développement des ressources en eau du pays.». À cet effet, les chercheurs américains cherchent à connaître quelle est la quantité des aires d’irrigation qui dépendent d’intérêts privés et celles qui demeurent sous contrôle du gouvernement; gouvernement de Bolivie qui n’a d’ailleurs pas bénéficié de cette invitation lancée par les États-Unis à la société bolivienne visiblement représentée par ses seuls hydrologues.

Tout laisse croire que ce plan de recension des ressources en eau mené par le Commando Sud américain échappe à tout contrôle du gouvernement bolivien, à moins que ce mandat ait été acordé précédemment par le gouvernement pour convoquer une telle réunion. En dehors des dangers en terme de dérives démocratiques que nous soulignons ici, cette rencontre met en lumière l’importance stratégique pour les États-Unis de pouvoir posséder les savoirs nécessaires à l’élaboration d’une politique continentale de « managment » des ressources en eau potable. L’objectif des États-Unis serait donc de s’assurer du contrôle des eaux continentales afin d’anticiper une éventuelle pénurie nationale, qui touche déjà gravement le sud du pays où se concentre une agro-industrie grande consommatrice d’eau.

L’eau des pays andins semble présenter un intérêt de premier ordre, dans cette politique de moyen terme, dans la mesure oú les pays frontaliers des États-Unis sont des sources d’approvisionnement peu sécurisées. Le Mexique, lié depuis 1944 par un accord avec les États-Unis, se voit dans l’obligation de fournir plus de 450 milliards de litres d’eau par an aux États-Unis pour alimenter principalement le sud du Texas. La sécheresse des dix dernières années, combinée à la salinisation du fleuve Colorado dû à une surexploitation de la ressource positionne cependant le Mexique dans une situation déficitaire relativement au respect de l’accord. En juin 2000, une rencontre entre les présidents Zedillo et Clinton n’a d’ailleurs pas suffit à empêcher les États-Unis de rappeler au Mexique ses obligations contractuelles sans concéder d’arrangements. La situation demeure tendue car non résolue.

Au nord, de son côté, le Canada, dépositaire d’environ 20% des ressources en eaux potables mondiales s’est doté dès 1999 d’un moratoire interdisant les prélèvements massifs d'eau de surface et d'eau souterraine dans les portions canadiennes des principaux bassins hydrographiques. Le Conseil canadien des ministres de l'environnement (CCME) constitué des ministres de l'environnement du fédéral, des provinces et des territoires réunis dans le cadre du Conseil canadien des ministres de l'environnement (CCME) a permis la souscription de neufs gouvernements provinciaux à l'Accord sur l'interdiction des prélèvements massifs d'eau dans les bassins hydrographiques. Ce moratoire permet au Canada de conserver le contrôle sur ces ressources en eau sans pour autant contourner l’ALENA, qui selon la déclaration de 1993 interdit aux signataires de voter un cadre législatif interdisant l’exportation et la vente de biens et services aux autres partenaires commerciaux.

Au regard de cette situation, il semble que les États-Unis n’aient donc d’autre choix que de prospecter vers les pays du Sud du continent, certains étant riches en ressources aquatiques de grande qualité principalement grâce à la cordillère des Andes qui agit comme réservoir et système filtrant. D’autant plus que d’un point de vue géopolitique, la future signature de Zone de Libre échange des Amériques prévue au plus tard pour l’année 2005 représente un cadre normatif facilitateur pour l’instauration du libre accès aux sources d’eau potables continentales pour certains pays les moins bien dotés mais les plus susceptibles financièrement d’envisager l’importation d’eau potable.

Reste à penser les conséquences sociales et écosystémiques de telles politiques qui ouvrent la porte à une marchandisation et à l’exportation de l’eau potable sur de grandes distances. Parce que les pays andins sont fortement dépendants financièrement de l’aide internationale d’un côté et peu compétitifs sur les marchés des biens et services, auront-ils les moyens de s’opposer à une éventuelle main mise américaine sur leurs ressources en eau ? D’un point de vue législatif, par exemple, depuis quelques années, la Bolivie se dote de lois de l’eau au coup par coup, région par région pour faciliter la privatisation des services et des sources d’eau. La dernière en date est la Loi de Potosi votée en 2000, ouvre la voie à l’exportation en vrac de l’eau bolivienne vers les régions arides du Chili et compromet directement le contrôle étatique sur les réserves boliviennes en eau.

L’exemple du Mexique est également un cas type qui permet d’envisager les conséquences sociales et naturelles d’une impossibilité pour les pays d’assurer leur souveraineté sur leurs eaux. D’autre part, la pénurie en eau potable qui sévit aux États-Unis qui est due, en grande partie, à un usage excessif et non viable de la ressource à des fins industrielles et agricoles, nous impose de penser les futures politiques nationales et mondiales de l’eau en terme de hiérarchie des usages. Avant d’envisager d’éventuels transferts d’eau à grande échelle, il semble en effet actuellement essentiel de repenser nos modes de consommation d’eau par la promotion d’activités humaines qui privilégient le respect des rythmes de renouvellement naturel des sources d’alimentation en eau, la viabilité des écosystèmes et le droit d’accès pour chacun à une eau potable en qualité et quantité nécessaire à ses besoins vitaux.

Groupe de citoyen(NE)s de Ste-Martine s'opposant à la ré-utilisation de leurs puits fermés depuis 20 ans. L'eau de ces puits provient de la nappe phréatique de Ville Mercier, contaminée par un magma toxique de 600 000 m3 de sols contaminés aux hydro


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