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La face caché de l’ADQ

Anonyme, Mardi, Juillet 9, 2002 - 10:31

Daphnée Dion-Viens, Alternatives

La victoire de l’ADQ aux élections partielles de la mi-juin révèle le mécontentement des Québécois par rapport à la scène politique provinciale et un profond désir de changement. Profitant de ce contexte, l’organisation de Mario Dumont se présente comme le parti des « nouvelles idées» et des « solutions avant-gardistes ». Mais qu’en est-il exactement?

Selon un sondage Léger Marketing-Le Devoir publié le 1er juin dernier, « 83% des Québécois sont incapables de nommer un seul élément du programme de l’ADQ ». En jetant un coup d’œil à la plate-forme adéquiste, plutôt méconnue du grand public, on apprend que voter pour le parti de Mario Dumont ne signifie pas seulement encourager la notion de changement mais aussi toute une série de mesures néo-libérales, encore plus à droite que les politiques proposées par les deux partis « traditionnels » jusqu’à maintenant.

Le programme

L’ADQ propose une série de mesures bien définies dans certains secteurs de la société québécoise, mais reste ambiguë ou muette sur d’autres questions, notamment en matière de politique constitutionnelle et internationale.

Dans le domaine de la santé, l’ADQ veut « permettre la participation du secteur privé » et Mario Dumont ne se cache pas pour faire la promotion d’un système de santé à deux vitesses. En éducation, le programme prévoit l’augmentation des frais de scolarité selon une « indexation reflétant l’évolution de l’indice des prix à la consommation ». Le parti met aussi de l’avant un paquet de mesures pour accroître la prospérité et la richesse au Québec, mais peu de moyens de redistribution sont proposés. L’ADQ préconise plutôt la standardisation fiscale par l’instauration d’un taux d’imposition unique et un programme de revenu minimum de citoyenneté.

Un élément-clé de la plate-forme adéquiste est la réduction de la taille de l’État et la déréglementation. L’ADQ s’engage à « réduire le poids de l’État dans l’économie » et à éliminer « les complications dans les relations entre l’État et les créateurs d’emplois ». C’est en fait tout le concept d’interventionnisme de l’État qui est remis en question par l’Action démocratique.

Des idées nouvelles appuyées par les jeunes?

De l’avis de plusieurs, la carte de la nouveauté exploitée par l’ADQ ne va pas nécessairement de pair avec les idées du parti. « Mario Dumont est jeune, mais ses idées ne sont pas nouvelles. Elles sont calquées sur les politiques conservatrices de Mike Harris », affirme Guy Lachapelle, politologue à l’Université Concordia.

À cette notion de changement s’ajoute l’idée que l’ADQ représente la génération des 18-35 ans, plutôt laissée de côté par le PQ et le PLQ. Mais Guy Lachapelle remet aussi en question l’appui politique des jeunes envers l’ADQ : « Malgré les apparences, il n’y a pas une majorité de jeunes derrière Dumont ». Jacques Jourdain, politologue à l’UQAM, ajoute : « Les jeunes qui l’appuient sont plutôt corporatistes, avec des valeurs précises qui sont souvent bien différentes des valeurs partagées par une partie de la génération 18-35 ans, pilier du mouvement anti-mondialisation ».

Éve Gauthier, du Comité chômage de Montréal, fait partie de cette génération : « Je ne m’identifie pas à l’ADQ. Mario Dumont joue sur le fait qu’il a 32 ans pour imposer une image de jeunesse à son parti, mais il ne faut pas se laisser berner. Les idées proposées par l’ADQ ne sont pas du tout nouvelles ou innovatrices. »

Frédéric Dubois, militant dans la vingtaine au Regroupement des comités logements et des associations de locataires du Québec abonde dans le même sens : « Je ne me sens pas du tout interpellé par les idées de l’ADQ. Ce sont des vieilles idées défendues depuis longtemps par le Reform Party au Canada anglais. L’ADQ n’est qu’une extension de l’Alliance canadienne au Québec. »

Jacques Jourdain affirme que le discours populiste de Mario Dumont s’adresse avant tout à la classe moyenne : « La population en a marre d’entendre parler de la constitution, alors l’ADQ fait tout pour éviter le sujet. Mais est-ce qu’on est au pouvoir pour conforter les gens dans ce qu’ils sont ou pour proposer des pistes de solutions? La réduction d’impôts, c’est peut-être ce qui préoccupe la classe moyenne mais ce n’est pas un projet de société et ça ne même nulle part.»

Retour en arrière

« Qu’est-ce que Dumont propose pour le manque de logements, l’analphabétisme, le taux de suicide ou encore l’endettement étudiant? C’est le néant », poursuit le politologue de l’UQAM. Il déplore le remplacement par l’ADQ de la notion de solidarité sociale née de la Révolution tranquille par des valeurs plus centrées sur l’individualisme et parle d’un pas en arrière.

Guy Lachapelle va plus loin en affirmant que les changements radicaux proposés par l’ADQ menacent d’ébranler les fondements même de la société québécoise, ce qui représenterait un véritable recul par rapport à la situation actuelle. « Le programme de Mario Dumont attaque directement l’héritage de la Révolution tranquille en remettant en question le modèle social-démocrate. » Il craint que la mise à l’écart du modèle québécois ne menace la paix sociale et accentuent les inégalités sociales, mais affirme que le chef de l’ADQ a tout intérêt à nuancer ses propos s’il veut continuer à bénéficier d’un appui populaire important : « Les Québécois n’accepteront pas de mettre les acquis sociaux de la Révolution tranquille à la poubelle du jour au lendemain. Dumont va devoir adoucir son programme puisqu’il ne peut tout effacer d’un coup de crayon. »

En entrevue au quotidien Le Devoir, au début juin, Mario Dumont affirmait pourtant qu’il n’était pas question de revoir son programme pour éviter de heurter certaines tranches de la population. Reste à voir si le chef de l’ADQ aura le courage de ses idées et si l’électorat québécois le suivra jusqu’au bout.



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