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Invasion, dévastation et mort en Palestine

Carl Desjardins, Samedi, Juin 1, 2002 - 12:45

Tribune Libre

Témoignages recueillis par Marianne Blume, coopérante belge qui enseigne depuis six ans le français à l'Université El-Azhar de Gaza.

Voici deux témoignages qui donne froid dans le dos...

30 mai 2002

L'invasion, la dévastation, la mort: trois mots qui tournent dans ma tête et embrouillent mon esprit quand je regarde la télévision, quand je marche dans la rue.

Ces trois mots portent le même sens et la même souffrance. J'ai le sentiment que notre peuple ne meurt pas une, mais plusieurs fois. Malgré la force de notre volonté et de notre patience, nous mourons de tristesse à cause de la séparation d'avec ceux que nous aimons. Nous mourons de chagrin lorsqu'ils déracinent nos arbres, lorsqu'ils détruisent nos maisons... Oh, quelle vie à côté de ces gens qui prétendent vouloir la paix! Par moments, j'ai l'impression de devenir sourde à force d'entendre leurs mensonges qui se substituent à la réalité et auxquels on ne peut échapper. Que faire?

Je suis encore au début de ma vie, j'essaye de me tracer un chemin, mais il est déjà tracé avec du sang et je ne peux m'en écarter. Est-ce cela la vie, celle de ceux qui m'entourent, celle que je défends et à laquelle je m'accroche afin que des générations futures puissent jouir de ce que nous n'avons pas eu? J'en ai assez des beaux discours sur la paix, de tout ce que disent la presse et ceux qui sont à l'extérieur, tandis que nous vivons à l'intérieur. Pourquoi est-ce qu'ils ne viennent pas voir de près ce qui se passe ici? Je verrai bien alors s'ils peuvent encore dire ce qu'est le terrorisme.

Si défendre les droits les plus élémentaires (une maison, une famille, la liberté) est du terrorisme, alors vous êtes tous des terroristes. Non, je suis pas dure, mais je souffre, je suffoque, et si je n'en parle pas maintenant, quand pourrai-je le faire? Ils mentent, ils mentent... et vous le savez bien. Qu'est-ce qui vous empêche alors de dire la vérité et d'agir? Des conventions, des traités? Et nous alors, est-ce que nous n'avions pas avec eux des conventions, des traités? Est-ce qu'ils ne s'étaient pas engagés à ne pas violer ces conventions et ces traités? Et pourtant ils ne font rien d'autre que cela. Je commence à croire qu'ils ne peuvent vivre sans nous faire souffrir.

Mais je remercie Dieu et je Lui exprime ma gratitude pour la patience qu'Il met dans nos cœurs, parce qu'on peut se demander sinon comment une mère peut endurer de voir son fils assassiné devant elle, ou comment un fils peut endurer d'avoir sous ses yeux sa mère, son père ou son frère qui saignent, souffrent, gémissent pendant des heures et des heures. Le cœur de cette mère, le cœur de ce fils se déchirent et crient, eux aussi, mais personne ne répond. Et après tout cela, ils veulent la «paix»! D'où peut venir la paix alors que tant de gens sont assassinés, égorgés, déchirés et que les maisons s'écroulent sur la tête de leurs habitants? La Paix elle-même refuse de revenir pour se faire tuer une fois encore.

Je souffre pour la souffrance des miens, je ressens leur angoisse, et mon sort est comme le leur et comme celui de nos enfants, les enfants de Palestine, qui ne sont plus des enfants.

Dites-moi à quoi tout cela va aboutir si vous le pouvez, et si votre conscience le supporte.

Imen

Je l'ai vue pleurer. Elle tremblait de peur et de froid. Elle était blessée; elle était triste, assoiffée et affamée. Je lui ai demandé: «Qu'as-tu? Où sont tes parents? Où est ta maison?»

Elle n'a prononcé que quelques mots: coups de feu, char, avions, missiles, soldats, Juifs, ma mère, mon père...

Je l'ai amenée à l'hôpital pour qu'on la soigne et quand elle s'est réveillée, je lui ai demandé pour la deuxième fois: «Qu'est-ce qui t'est arrivé?»

Ma question l'a fait pleurer davantage. Elle a dit:

«Je n'en sais rien. Tout ce dont je me rappelle, c'est que c'était mon anniversaire. Ma mère m'avait offert une poupée et mon père un fusil. Et comme d'habitude, je m'étais endormie après avoir écouté mon père me raconter des contes. Et soudain, j'ai entendu des tirs très forts, des bombardements... J'ai crû que c'était un rêve, mais c'était un horrible cauchemar duquel je me suis réveillée pour me retrouver dans les bras de gens inconnus... Je n'étais pas chez moi... Où est ma maison? J'ai couru, couru, mais je n'ai trouvé que des décombres et du sang. Les gens criaient «Allah Akbar!», couraient partout pour aider les blessés et pour tirer les cadavres de sous les décombres. Je suis allée à la recherche de ma poupée et de mon fusil et j'ai trouvé un cadavre de femme. C'était... c'était ma mère. Elle était morte sans me dire adieu, sans me donner le baiser d'adieu. Elle était morte sous les décombres. Et le monde entier était spectateur.

Mais où est mon père? On m'a dit qu'ils l'ont arrêté. J'ai couru en pleurant pour le voir en cachette. Alors ils l'ont abattu, avec plusieurs jeunes, sous mes yeux et sous les yeux de millions d'Arabes et de lâches. Au secours! Au secours!» Mais comment trouver de la pitié chez les fils de Sion, si on ne la trouve pas chez les fils de sa propre nation?

Quel était le péché de cette enfant qui ne portait plus en elle que le souvenir de l'agression la plus cruelle que puisse connaître un être humain? Quelle était sa faute pour qu'elle se retrouve orpheline? Pourquoi dévastez-vous ses rêves? N'est-elle pas une enfant comme tous les enfants du monde? Pourquoi la privez-vous de sa famille? Pourquoi interdisez-vous le sourire à ses lèvres? Est-ce parce que ses ancêtres sont des musulmans arabes palestiniens?

Nermine

- Pour correspondre avec ces deux étudiantes, vous pouvez le faire à l'adresse de courriel suivant: educationalright_gaza@hotmail.com

Solidaire du peuple palestinien
solidarite-palestine.org


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