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Zone franche: risque de confrontation entre paysans le 1er mai en Haïti

Carl Desjardins, Mercredi, Mai 1, 2002 - 12:44

Ronald Colbert

Port-au-Prince, 29 avril 2002 [AlterPresse] --- Des paysans du Nord-Est, qui devraient bénéficier le 1er mai 2002 d'un mouvement de solidarité contre le projet de zone franche, risquent de se voir confrontés à d'autres paysans, à qui seront distribués des outils agricoles par le gouvernement.

Selon les informations parvenues à AlterPresse en provenance du site d'implantation de la zone franche à Ouanaminthe (commune frontalière de Dajabon), différents professionnels (ingénieurs-agronomes, travailleurs sociaux, militants de droits humains) membres d'organisations et d'institutions nationales comptaient venir de nombreux coins du pays, pour aller manifester sur le terrain leur solidarité aux paysans du Nord-Est à l'occasion du 1 er mai prochain, fête de l'Agriculture et du Travail en Haïti.

Or, voici que le lundi 29 avril 2002, une annonce renouvelée par mégaphones, par une voiture officielle de la délégation politique du département frontalier, a convié les paysans du Nord-Est à se rassembler pour une distribution d'outils le même jour et au même endroit préalablement identifié comme lieu de l'activité de solidarité avec le même groupe-cible. Personne ne sait si le lot d'outils, qui seraient offerts, entre dans le cadre d'un plan d'utilisation des lacs collinaires, dont l'aménagement sur l'ancienne plantation Dauphin avait été entamé sous l'administration de l'ancien président René Garcia Préval.

Ne voulant pas prêter le flanc à d'éventuelles manouvres en sous-main visant à les porter à s'affronter sur le terrain de la zone franche décidée sans concertation par les autorités lavalas, les paysans qui se mobilisent contre l'implantation du site sur leurs terres agricoles ont commencé à réfléchir sur une autre stratégie pour le 1er mai, a appris AlterPresse.

" Nous ne voulons d'affrontement avec personne. Nous sommes seulement en train de défendre nos droits. Et, nous avions informé l'ensemble des autorités de Ouanaminthe (Police nationale et autres) de la manifestation longtemps planifiée. La population sensibilisée s' apprêtait à nous appuyer dans nos démarches légitimes", a confié à AlterPresse l'un des organisateurs de la manifestation.

Des membres de la délégation politique, dirigée par Yola Bastien, se seraient réunis avec une série de personnes, dont l'identité ni la fonction n'ont pas été précisées, pour éteindre le feu du mouvement projeté par les paysans contre l'installation de la zone franche sur des terres agricoles.

" Tandis que le 18 avril 2002 les autorités départementales et locales paraissaient frapper d'interdiction de se prononcer sur la question de zone franche, aujourd'hui le bruit court fortement que seul le gouvernement lavalas aurait droit d'organiser une manifestation à Ouanaminthe le 1er mai, à cause du caractère officiel de cette date ",s'est inquiété l'un des organisateurs de la mobilisation contre la zone franche, interrogé par AlterPresse.

Du 20 au 22 avril dernier, plusieurs paysans venus du Nord-Est ont exprimé leurs préoccupations, sur différents médias de la capitale haïtienne, quant aux conséquences négatives de la construction des infrastructures de la zone franche, non seulement sur la production agricole de la région, mais aussi sur l'environnement en stimulant la bidonvilisation et en précipitant encore plus la fuite de la main-d'oeuvre haïtienne vers le territoire voisin de la République dominicaine.

Parallèlement, le ministre des Finances et des Affaires Économiques lavalas, Gustave Faubert, assurait à Port-au-Prince à des journalistes que tout se trouvait déjà à pied d'ouvre, les travaux avançaient déjà sur le site choisi après la première pierre posée par le président dominicain Hyppolito Mejia et le président du 26 novembre Jean-Bertrand Aristide.

A relever que, depuis la cérémonie de pose de première pierre le 8 avril 2002, des voitures officielles, dont celles de l'Institut National de la Réforme Agraire (INARA), sont remarquées faisant la navette dans la région, a signalé un professionnel du Nord-Est à AlterPresse.

Les affirmations de Faubert ont fait apparaître que les autorités lavalas avaient fait peu cas des craintes soulignées par différentes organisations, dont la Plate-Forme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA) et le Groupe d'Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR). Elles avaient avaient dénoncé le 8 avril 2002 la cession, en cachette, de terres arables haïtiennes pour un site de zone franche au profit d'investisseurs de la République Dominicaine.

Certaines organisations haïtiennes, qui travaillent avec des ouvrières et ouvriers sur le territoire national, s'étaient rendues sur le territoire voisin la semaine dernière pour se renseigner sur le groupe M, principale firme dominicaine acquéreuse du projet de zone franche en Haïti, a indiqué une source informée à AlterPresse.

En République Dominicaine, un texte de loi sur la zone franche, dont la discussion avait terminé en queue de poisson au Parlement lavalas du 21 mai il y a une quinzaine de jours, circule dans divers milieux, dans un but vraisemblable de faire la promotion du projet de zone franche auprès d'autres potentiels investisseurs dominicains.

Des ressortissants voisins s'étaient montrés sceptiques, lorsque, bien avant l'annonce officielle du projet de zone franche dans le pays, des interlocuteurs nationaux leur avaient fait comprendre qu'il n'existait pas encore de document légal sur la question en Haïti.

Diverses voix, entre autres la Chambre de Commerce et d'Industrie d' Haïti, se sont élevées pour s'interroger sur le raccourci d'emplois décidés par les autorités lavalas qui n'avaient pas voulu consulter les communautés concernées (ni les institutions et organisations qui seraient intéressées) sur leur projet, arguant que conformément à ce «choix politique, les paysans possédant des terres sur le site de référence seraient indemnisés moyennant présentation de leurs titres de propriété».

-Publié par AlterPresse

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