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L’objectivité du juge Ouellet contre Germinal

Anonyme, Dimanche, Avril 28, 2002 - 18:03

anon

Le juge Ouellet qui entend la cause de Germinal à Québec est-il assez objectif pour juger une cause dans laquelle il y a eu infiltration policière ?

N’est-il pas le procureur qui n’a pu compléter la poursuite contre les six policiers impliqués dans la désormais triste et célèbre affaire Barnabé parce qu’il a exprimé publiquement sa « pitié » pour ces pauvres policiers dont la carrière se trouvait brisée par des médias un peu trop curieux ?

(La note #2, quoiqu’elle ait été déjà publiée, est néanmoins intéressante)

Le juge Ouellet qui entend la cause de Germinal à Québec est-il assez objectif pour juger une cause dans laquelle il y a eu infiltration policière ?

N’est-il pas le procureur qui n’a pu compléter la poursuite contre les six policiers impliqués dans la désormais triste et célèbre affaire Barnabé parce qu’il a exprimé publiquement sa « pitié » pour ces pauvres policiers dont la carrière se trouvait brisée par des médias un peu trop curieux ?

Richard Barnabé est un chauffeur de taxi qui a été arrêté parce qu’il était suspect pour le bris de la fenêtre d’une église le 14 décembre 1993 (aucun témoin oculaire n’a vu le geste, des témoins ont seulement entendu le bruit d’une fenêtre brisée). Cette preuve circonstancielle, convaincante au demeurant, est la base de l’affirmation de la version policière qui a été relayée par les médias à satiété. Ce méfait, dont on a attribué la responsabilité à M. Barnabé du seul fait d’une preuve circonstancielle, est donc à la base d’une intervention qui a demandé le concours de 12(?) auto-patrouilles(1).

Cette version policière a d’abord mis l’accent sur la fenêtre brisée, puis sur le comportement de M. Barnabé que les policiers impliqués ont décrit comme délirant, montrant une force surhumaine nécessitant une « fouille à nu » dans la cellule où l’on avait amené, à la suite d’une chasse à l’homme. Et on ne parle pas du danger que pouvait représenter la bouteille d’eau qu’il tenait dans ses mains.

Au cours de l’arrestation et au cours de la détention au poste 44 les policiers ont donc dû, selon leurs propres témoignages, le « maîtriser ». Notamment, on a utilisé des ciseaux pour couper sa chemise, à six dans une cellule exiguë. Il est ressorti d’une cellule du poste 44 sur une civière et dans un coma qui a duré 2 an et demi jusqu’à sa mort. Plusieurs blessures ont été constatées par les médecins. Surtout, les fonctions du cerveau ont été atteintes de façon irréversible suite à un manque d’oxygène pendant une période de 20 minutes. Peu après, des photos du corps ont été prises pour la famille, ce qui a sonné l’alarme dans les médias.

Mais cette autre preuve circonstancielle, celle du passage à tabac de M. Barnabé par les policiers, n’est pas aussi bien passé auprès des sources autorisées, c’est-à-dire notre bienveillant système judiciaire. Pour preuve, un premier jugement au criminel a trouvé coupables 4 policiers sur 6 impliqués, mais ne leur a infligé qu'une très légère peine de prison à servir les fins de semaine. Le fait que le frère de la victime ait été policier au SPCUM, n’a pas été suffisant pour faire condamner les policiers à une sentence digne de ce nom. Richard Barnabé n’était pas lui-même policier.

Toutefois, un des premiers procureurs chargés de poursuivre les policiers au criminel, Me Sabin Ouellet, s’est exprimé sur les préjugés des médias dans leur analyse de la preuve circonstancielle incriminant des policiers dans l’affaire Barnabé. Et plus près de nous, aujourd’hui, en avril 2002, un nouveau juge entendait la cause du groupe Germinal à Québec. Son nom? l’honorable Sabin Ouellet. Peut-être que par une coïncidence extraordinaire, il y aurait deux procureurs s’appelant Sabin Ouellet dans le district de Québec, mais c’est peu probable.

De la même façon qu’il avait pu penser que le passage à tabac(2) n’en était pas un dans le cas de Richard Barnabé, saura-t-il distinguer l’infiltration politique digne de la police d’un état totalitaire d’une mise en scène pour des arrestations spectaculaires à la veille des manifestations pour le sommet des Amériques ?

La compagnie de location de voitures et les deux agents d’infiltration arborant un t-shirt sur lequel était inscrit « fuck le sommet », le minutage parfait des arrestations, tout cet arsenal constitue un accroc somme toute mineur aux règles de l’art en matière d’enquête sur des mouvements politiques. Ce n’est pas de l’infiltration. Dans la même veine, on pourrait ajouter Big brother et la délation ne sont toujours pas à notre porte. Les mouvements politiques radicaux peuvent dormir tranquilles.

Or, le dictionnaire dit de l’objectivité : qualité de ce qui est exempt de partialité, de préjugés. Attitude d’esprit d’une personne objective, impartiale.

Finalement, parlant de préjugé. Le fait de dire que la « maîtrise » de Richard Barnabé n’était pas un passage à tabac, peu importe l’état psychologique de ce dernier, ne révèle-t-il pas une méconnaissance des techniques de maîtrise ? Comment se fait-il que dans les institutions où on garde des personnes qui éprouvent des problèmes de santé mentale, on ne dénombre plus de morts résultant d’une « maîtrise » vigoureuse ? Méditons sur le témoignage cité tout juste en dessous et suivons de près les suites du procès Germinal.

« Je travaille à titre d'éducateur dans un hôpital psychiatrique. Je suis de poids et de grandeur moyens. Il m'est arrivé souvent de contrôler seul des bénéficiaires en crise. Le contrôle physique doit toujours être effectué en dernier recours, lorsque la sécurité du patient et de son entourage est menacée. Jamais, ni moi, ni les clients n'en sommes ressortis avec la moindre blessure. Alors, quand j'ai vu qu'ils s'étaient mis à cinq pour «maîtriser»(3) Richard Barnabé, et lorsque j'ai vu l'état dans lequel il s'est retrouvé, je vous certifie qu'il y a eu des abus. »(4)

Gageons que le verdict du procès de Germinal ne se portera que mieux. Toute la preuve sera examinée avec sérénité et sans parti pris, c’est garanti.

anon

____________________________
Notes

(1)There are the police officers from Montreal and Laval. No one will say exactly how many, although they arrived in 12 police cars.

The Gazette, Tuesday December, 21st, 93, p. A3
Strange silence Those at Barnabe beating aren't talking - or can't,
Auteur :Curran Peggy

(2)Richard Barnabé n'a pas été battu, tabassé ou roué de coups de poings et de coups de pieds par les cinq policiers de la CUM, qui subiront leur procès en 1995 relativement à cette affaire.

C'est ce qu'ont clairement indiqué, [le 27 décembre 1994] au Devoir, non pas les avocats des policiers, mais bien les deux procureurs de la Couronne assignés au dossier.

Selon Mes Denis Dionne et Sabin Ouellet [juge actuel dans la cause Germinal et en 1994 il était l'un des] deux avocats qui dirigent la poursuite contre les policiers, Richard Barnabé, ce chauffeur de taxi de 39 ans arrêté en décembre 1993 et qui repose depuis dans le coma à l'hôpital Notre-Dame-de-la-Merci, «n'a pas été passé à tabac par les cinq policiers de la CUM».

(…)

Pourquoi les policiers voulaient-ils le maîtriser?
«Pour le déshabiller», indique Me Ouellet.

Et pourquoi voulait-on le déshabiller?

«Ça, je n'en sais rien. Je vais le savoir comme vous au procès.»

Mes Dionne et Ouellet sont formels: il n'y a pas eu d'échange de coups de poings ou de coups de pieds. Encore moins de passage à tabac.

(…)

«Comment, ajoute [le futur juge] Ouellet, des journalistes sérieux ont-ils pu répandre dans le public l'idée que Barnabé avait mangé une volée, si vous me passez l'expression, sans aucune preuve pour appuyer leurs prétentions? N'est-ce pas la base du métier que de prendre connaissance des faits, de tous les faits, avant de tirer quelque conclusion que ce soit?»

Aujourd'hui, avancent les deux procureurs, si la grande majorité des Montréalais croient dur comme fer que M. Barnabé a été sauvagement battu par des policiers, c'est en grande partie à cause des médias.

«Il y a certainement un examen de conscience à faire là», note Me Ouellet.

(…)

Les procureurs tenteront de faire la démonstration que les policiers ont commis «une erreur grave de jugement» en usant d'une force excessive pour maîtriser l'individu en cellule, force responsable de l'état de santé dans lequel se retrouve M. Barnabé aujourd'hui.

Le Devoir, Mercredi 28 décembre 1994, p. A1,
Barnabé n'a pas été «passé à tabac»
La Couronne tentera de prouver que les policiers ont utilisé
une force excessive pour le maîtriser,
Auteur : Sylvain Blanchard

(3)Le sixième policier, Karl Anderson, n’a pas été accusé parce que la preuve présentée par Me Ouellet et Dionne ne le plaçait pas dans la cellule, alors qu’il a témoigné à l’effet contraire au procès.

(4) Voir; jeudi 15 juin 1995; p. 8;
Abus de pouvoir;
Auteur :Viau Pierre



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