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Les rues de la Liberté

Beasse, Vendredi, Avril 19, 2002 - 16:00

Hobo

Récit de la manifestation de Padoue contre la politique Berlusconienne.

En regardant depuis sa fenêtre, il semblerait que Padoue soit identique à elle-même lorsque tombe cette petite pluie fine et sale ; cette fois-ci Berlusconi ne pourra pas dire qu'il s'agissait de profiter d'une belle journée de printemps pour aller faire un pique-nique… Mais à peine sorti dans la rue, on se rend compte immédiatement que Padoue n'est pas la même que d'habitude et encore moins que l'on assistera à la traditionnelle manifestation (cortège suivi d'interventions sur un podium), ces manifestations où tu dis " De toute façon, ça ne changera rien ".

Dans chaque coin de rue, on rencontre des petits groupes, des drapeaux syndicaux, des mini-bus remplis d'ouvriers, des lycéens avec leurs sacs à dos, des jeunes et des moins jeunes brandissant des ballons gonflables, avec des foulards rouges… Tous se dirigent vers les deux points de départ de la manifestation. On dirait que personne ne veux rester chez lui à regarder passer le cortège mais de chaque porte, de chaque ruelle, sortent de nouvelles personnes.

A 9h30, la Place du Prato della Valle, une des places les plus grandes d'Italie, il y a tellement de monde que le camion de la Cgil (le plus puissant syndicat italien) ne peut rejoindre la tête du cortège. Lentement, on démarre, la forêt festive de drapeaux, de banderoles et de ballons devient un serpent humain dont il est impossible de reconnaître la tête de la queue. Une chose est certaine : ce n'est pas le Padoue habituel et cette manifestation est la plus imposante que n'ait jamais connu la ville dans son histoire. Il y a une atmosphère surréelle, une sensation de libération qui t'impose cette interrogation : « Mais où sont-ils ceux qui ont voté pour ce gouvernement» ? et d'ailleurs, spontanément partent de multiples slogans allant dans ce sens : « Il est laid, il est petit, il est chauve, mais putain qui aura voté pour lui » ?

Pendant ce temps, Radio Sherwood, en direct du cortège parti depuis la gare, rend compte de la situation, avec difficultés vu la grande difficulté que chacun a pour avancer et comprendre l'étendue de la manifestation. Depuis 7h00, ce matin, l'Associazione Difesa Lavoratori (Association Défense des Travailleurs, le plus gros Cobas de la ville) a fait des piquets de grève devant les usines de la périphérie sud de la ville (" la Bassa Padovana ") et devant les grilles d'entrée de Omnitel (le deuxième opérateur téléphonique italien). Devant la gare, les syndicalistes sont rejoints par des milliers d'étudiants et lycéens, par des jeunes précaires, chômeurs ou intérimaires, cette partie cachée du monde du travail à qui gouvernement et Confindustria (le patronat italien) voudraient " donner une visibilité " en enlevant les droits à tous les autres.

La grève n'est plus «générale», elle est vraiment généralisée ; une grande masse humaine ne se limitant pas à «jouer la contre-attaque» en demandant le licenciement de Berlusconi mais à " attaquer fortement " en exigeant des droits pour tous, le droit de vivre dignement pour tous et notamment pour ces sujets qui vivent en dehors ou aux marges du marché du travail, le droit à exister ! Et justement le droit à l'existence s'associe parfaitement avec les drapeaux palestiniens que nombreux agitent au-dessus de leurs têtes et avec les slogans " Palestine libre " qui ricochent d'un bout à l'autre du cortège.

On passe sous les bureaux du rectorat universitaire où des hauts dirigeants restés seuls dans leurs bureaux vides accoudés aux fenêtres sont pris à parti de manière humoristique par des petits vieux qui en dialecte vénitien leur hurlent " Restez là où vous êtes, que vous êtes beaux ! " et par des immigrés les incitant à retourner au travail au lieu de perdre du temps.

Venant d'un petit groupe portant des drapeaux de Rifondazione Comunista, j'entends une chanson de Lotta Continua que je n'avais pas entendue au moins depuis vingt ans, je les regarde et ils donnent tous l'impression de personnes n'ayant pas participé à une manifestation depuis des dizaines d'années… " La classe ouvrière entre dans la lutte ", hurlent-ils, mais je leur demande " la classe ouvrière n'est-elle pas désormais au paradis ? ". Ils m'expliquent qu'ils n'ont pas trouvé de mots nouveaux pour refléter la réalité qu'ils savent changer mais que le sens qu'ils veulent donner à leur participation est fortement liée à la volonté d'élargir les droits sociaux, que l'article 18 ne suffit pas, on parle alors d'école, de santé, de droit au logement…

Un tract appel d'ailleurs à se retrouver vers 14h00, place Mazzini (dans le centre de Padoue), un quartier où de nombreux logements sociaux ont été murés pour empêcher toute occupation : " Précaires, immigrés, jeunes couples, sont aujourd'hui exclus du droit au logement alors que notre ville est pleine de logements, publics et privés, vides qui pourraient être utilisés s'il y avait la volonté politique ".

Nous rejoignons le point de conclusion de la manif au nom enchanteur de " Piazza Insurrezione " et seulement maintenant nous nous rendons compte du nombre que nous sommes. La place est comble, il est impossible d'y pénétrer. Les rues avoisinantes sont totalement bloquées par les différents cortèges. Padoue est bloquée et déborde de gens joyeux.

Depuis la sono d'un fourgon, Luca Casarini parle au nom des " Desobbedienti " et conclut son intervention par l'annonce qu'une centaine d'agences d'intérim n'ont pu ouvrir leurs portes ce matin car leurs serrures se sont refusées de fonctionner… Un tonnerre d'applaudissements témoigne de l'aversion commune envers cette industrie de l'exploitation légalisée.

Alors que les intervenants se succèdent et les sono font danser les jeunes, les gens commencent à partir et se répandent de nouveau dans toute la ville.

A 14h00, Radio Sherwood annonce que le premier des murs qui bloquait l'accès aux logements sociaux vient de tomber ; des fenêtres ouvertes entre un peu de lumière, une brèche de liberté.

Hobo, correspondant Italie samizdat.net, 16 avril 2002
Traduction Ludovic Prieur, samizdat.net

Média alternatif
www.hns.samizdat.net


Sujet: 
Sur la piste des fasciste!
Auteur-e: 
oies sauvage
Date: 
Lun, 2002-04-22 10:09

Chèr Hobo,

Il faut en mon sens après analyse des clones de moussoulinie que la lutte ne s'arrête pas juste au travailleur ou des classes, elle(lutte)de se faire dans un esprit d'équitabilité entre tout les êtres humains qui croit en un meilleur monde et que cela doit se faire dans le respect des diversité de la tactic de combat. Pour arriver un jour à ce que le plus petit devient grand et que le plus grand devienne petit, pour atteindre l'équilibre en armonie avec lui même (homme) et ses pricipe( qu'il soit religieux, social ou autre)..

Oies Sauvage.


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