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Qibia, Nahalène, Khan Younis, Sabra et Chatila : Non! Plus jamais!

gabrielgbernier, Dimanche, Avril 7, 2002 - 05:36

Sandra L. Smith

Les États-Unis et Israël sont aux prises avec cette crise de justification parce que leur intention est de ne pas permettre le rétablissement de la patrie palestinienne.

Qibia, Nahalène, Khan Younis, Sabra et Chatila:
Non! Plus jamais!
-Sandra L.Smith-

La politique israélo-américaine d'extermination des Palestiniens est dans une crise de justification aux proportions historiques, leurs actes de provocation, assassinats, terreur et destruction étant perçus comme étant la cause du problème au Moyen-Orient. Les États-Unis et Israël sont aux prises avec cette crise de justification parce que leur intention est de ne pas permettre le rétablissement de la patrie palestinienne. Bush a dit que c'est à lui de décider qui est «membre de la civilisation». Pour savoir ce qu'il entend par là exactement, on n'a qu'à regarder ce qui se passe en Palestine. Il n'y a pas plus claire expression de l'intention de ne pas permettre le rétablissement de la patrie palestinienne.

C'est maintenant que le monde doit se dresser aux côtés du peuple palestinien combattant et assiégé. Toute action et tout geste compte pour isoler l'occupant et son suppôt américain. C'est maintenant qu'il faut mettre tout en oeuvre pour saisir l'initiative afin de mener à une solution favorable au peuple palestinien et aux peuples du monde. Les auteurs de crimes contre l'humanité doivent être défaits.

La politique d'assassinats, de provocation, de terreur et de destruction dure depuis trop longtemps. Encore en 1995, pour exterminer le peuple palestinien, Ariel Sharon, le boucher de Sabra et Chatila, a été porté au pouvoir par l'assassinant Yitzhak Rabin. Aussitôt au pouvoir, il a initié une politique de provocations contre le peuple palestinien pour le forcer à capituler. Loin de capituler, le peuple palestinien a déclenché son deuxième Intifada. Toute la terreur d'État ne viendrait pas à bout de sa révolte. Puis le 11 septembre dernier, presqu'un an après le début du deuxième Intifada, les tours jumelles du World Trade Centre à New York et le Pentagone à Washington étaient la cible d'un attentat. Le jour même, le vice-président américain Dick Cheney déclarait la guerre à la terreur, annoncée quelques jours plus tard par le président dans son discours devant le Congrès lorsqu'il a énoncé sa soi- disant doctrine: «Ou bien vous êtes avec nous, ou bien vous êtes avec les terroristes.» Ariel Sharon n'a pas attendu. Il a immédiatement intensifié les attaques dans les territoires occupés au nom du «droit à la légitime défense» d'Israël. Trop bien orchestré pour être crédible: plus Sharon invoque la doctrine Bush pour justifier la terreur d'État d'Israël, plus est évidente l'intention sioniste et américaine d'éliminer le peuple palestinien.

Les sionistes et leurs suppôts américains n'ont reculé devant aucun crime et ils ont dû recourir de plus en plus à la propagande de désinformation des médias occidentaux pour rejeter le blâme de la terreur sur les Palestiniens. Mais en dépit de l'énorme barrage médiatique, les tentatives américaines, soutenues par la Grande-Bretagne, le Canada et l'Union européenne, d'assimiler la lutte de résistance du peuple palestinien à la terreur n'a pas obtenu les résultats escomptés. Plus ils tentent de justifier la terreur d'État d'Israël en exigeant que les victimes soient tenues comme responsables, plus s'approfondit leur crise de justification. Leur besoin de «preuve» grandit également et leurs tentatives d'en fabriquer ont toutes été vouées à l'échec. L'accusation de «trafic d'armes» que Sharon et le gouvernement américain ont tenté de porter contre Arafat et l'Iran n'a pas tenu le coup parce que les empreintes de la CIA, du Mossad et du FBI étaient partout. La crise de justification s'est approfondie.

Les menaces répétées d'assassinat contre Arafat, confiné dans les bureaux de son quartier général à Ramallah, en violation de toutes les normes du droit international, n'ont pas réussi non plus à faire plier l'échine aux Palestiniens. La crise de justification s'est approfondie. Les attentats-suicides sont de plus en plus perçus par l'opinion publique internationale comme des actes de désespoir de fils et filles d'un peuple réduit à l'impuissance à la rescousse de leurs parents et amis tués, battus et humiliés par la terreur d'État d'Israël. Le monde voit les auteurs de ces attentats-suicides comme des gens poussés au désespoir par manque de moyen d'obtenir justice. Plus les cercles officiels et les médias d'Israël, des États-Unis et du monde occidental tentent de blâmer les Palestiniens pour le terrorisme tout en disant que les actes de terreur d'État d'Israël sont de la «légitime défense», plus s'approfondit la crise de justification. Plus Sharon lève la barre de son action nazie en prétendant «tendre la branche d'olivier», plus s'approfondit la crise de crédibilité.

Sharon s'est servi de la puissance militaire de l'État israélien pour empêcher Arafat de participer au Sommet de la Ligue arabe à Beyrouth où devait être adoptée la proposition de paix de l'Arabie saoudite. Cette proposition garantit la reconnaissance, par les pays arabes, de l'État israélien dans 78% de la Palestine historique. Par son houliganisme Sharon a montré son intention de saboter cette initiative. Cela a contribué à la crise de justification d'Israël. Arafat lui a ri au nez, n'acceptant pas qu'Israël puisse lui interdire de participer au sommet en tant que représentant légitime du peuple palestinien. Alors Sharon a dit qu'il pouvait y participer mais n'aurait pas le droit de parler à sa guise. En cas de refus, il se verrait interdire le retour en Palestine après le sommet. Sharon avait l'intention de le forcer à l'exile et cela est devenu encore plus évident lorsqu'Arafat, assiégé, a refusé de capituler. Sharon a levé la barre encore une fois et la crise de justification s'est approfondie.

Vendredi le 29 mars, le siège de Ramallah a commencé. Sharon a mobilisé 20 000 réservistes et annoncé son intention d'«isoler Arafat». À Ramallah, ce furent les exécutions sommaires et la terreur déchaînée. Mais Arafat a tenu le coup. Pendant que les gouvernements du monde réclamaient l'intervention, les États-Unis sont restés les bras croisés. Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est querellé au sujet d'une résolution stérile. Pendant que Ramallah etait à fer et à feu, on débattait à savoir lequel devait venir en premier, le cessez-le- feu ou le retrait israélien. La Syrie, le seul pays arabe membre du Conseil, fut obligée de quitter en guise de protestation, ce qui, selon les sources médiatiques, s'est produit très rarement dans les annales du Conseil. La résolution du Conseil de sécurité «appelle» Israël à se retirer de Ramallah mais ne fixe pas d'échéance et ne prévoit aucune sanction en cas de refus. Puis le président américain a dit à Sharon: «Vous avez raison, c'est Arafat le problème.» Arafat doit dire à son peuple de se rendre en langue arabe, a dit Bush, insinuant que de cette façon il le prendrait plus au sérieux.

Face à l'inaction américaine, aucun gouvernement ne s'est avéré capable d'une action décisive pour arrêter la terreur. Pendant que Ramallah languissait sous la terreur, les peuples du monde n'étaient pas représentés par leurs gouvernements. Et pendant que le monde entier était réduit au rôle de spectateur devant la terreur déchaînée, il n'était pas non plus représenté par les Nations unies. Ce n'est pas Kofi Annan qui est courageusement entré à Ramallah pour prendre sa place aux côtés d'Arafat. Non, c'est par les Brigades internationales que la conscience des peuples du monde s'est exprimée. Par l'action directe, elles ont réussi à entrer en Israël puis à Ramallah où elles sont allées rejoindre Arafat. Elles ont accompagné les équipes d'ambulanciers et pris position aux côtés du peuple palestinien, se transformant en bouclier humain contre l'assaut des chars, les balles et les hélicoptères de combat de fabrication américaine.

Une délégation de représentants de l'église à Jérusalem a tenté d'entrer à Ramallah pour voir Arafat mais s'est vue interdire l'entrée. Réduits à l'épuissance eux- aussi, les chefs d'église ont multiplié les appels à George W. Bush et aux dirigeants du monde d'arrêter les massacres, d'arrêter la profanation des lieux saints. Leurs appels sont restés sans réponse, mais ne sont pas tombés dans l'oreille d'un sourd: cela a eu pour effet d'approfondir encore la crise de justification des hitlériens israéliens et de leurs suppôts américains. Les appels du Haut-Commissaire au droit de l'homme de l'ONU à cesser l'occupation et à envoyer des observateurs internationaux ont été ignorés, et cela aussi a contribué à approfondir la crise de justification.

Dans le monde arabe sont apparues les scènes de manifestations de peuples en colère ne pouvant plus se contenir. Les chefs arabes ont montré leur impuissance lorsqu'ils ont demandé que le Conseil de sécurité se réunisse à nouveau pour adopter une autre résolution exigeant la mise en application de la première. Entre-temps, pendant même que les peuples du monde descendaient dans la rue pour exiger le retrait d'Israël et la fin de l'occupation, les États-Unis ont réduit la résolution du Conseil de sécurité en poussière. Pendant que Ramallah brûlait, la Maison blanche a dit que la résolution stipule qu'il doit y avoir cessez-le-feu avant le retrait. Non, a dit le secrétaire général de l'ONU, elle ne prévoit pas de séquence. Oui, a dit Israël, elle en prévoit. Nous négocierons un cessez-le-feu après que nous aurons réussi à écraser «les hostilités, le terrorisme et l'incitation», a-t-elle dit. Les États-Unis et Israël encore de connivence. La crise de l'inaction a approfondi la crise de justification.

Quant au gouvernement du Canada, il a persisté dans son silence odieux. Finalement, le ministre des Affaires étrangères s'est inspiré d'une déclaration subtile du président américain que Yasser Arafat devrait parler en arabe. Il a interrompu ses vacances aux Barbades pour dire qu'Arafat devrait «condamner les actes de violence de manière claire, pour faire comprendre à sa population qu'il lui demande d'arrêter». «Sur ce point, nous non plus ne sommes absolument pas d'accord avec le président Arafat, a-t-il dit. Nous avons réellement l'impression qu'il dit une chose en anglais et...»

Les reportages de Radio-Canada sur le déroulement des événements étaient extrêmement partiaux. Insinuant qu'Arafat utilisait son encerclement et le siège de Ramallah comme une opération de relations publiques, Radio-Canada a dit, entre autres, qu'«un groupe d'une quarantaine de manifestants pour la paix accompagné de caméras de télévisions est simplement passé devant les soldats israéliens et est entré dans le complexe pour rencontrer le président Arafat». Cela montre où conduit la crise de justification sans précédent. Seule la plus sombre réaction peu ignorer ou blanchir les crimes hitlériens si évidents que commettent les occupants israéliens. Leur tentative de blâmer Arafat et les auteurs d'attentats- suicides pour la violence est démasquée comme une tentative d'excuser le pur nazisme israélien. Il est clair qu'alors que les Palestiniens luttent et font face à la terreur d'État d'Israël, les États-Unis, le Canada et leurs médias sont au désespoir pour justifier l'injustifiable: l'extermination du peuple palestinien.

Pendant la nuit du 1er au 2 avril, un monde horrifié a été réduit à attendre impuissant le déroulement des événements. Le monde se préparait au pire. Le spectre d'un autre Sabra, d'un autre Chatila, d'un autre massacre du criminel Sharon venait à l'esprit tandis que le coeur et l'esprit de l'humanité s'écriaient: Non! Non! Non!

À l'aube du 2 avril, il était clair que tout ce qui avait tenu le coup à Ramallah jusqu'à la fin de semaine de Pâques, était maintenant en feu. La campagne de terreur s'étendait maintenant aux autres villes et camps de réfugiés palestiniens. Pendant les 35 années d'occupation israélienne des territoires occupés et les 53 années depuis que leur patrie leur a été enlevée en 1948, les réfugiés ont attendu patiemment que les grandes puissances viennent à leur secours; pendant toutes ces années ils ont fait face aux tentatives d'extermination des sionistes israéliens et des États-Unis.

Quelle image vient à l'esprit? C'est Ariel Sharon qui murmure à son chef d'état-major: «Oui, nous devons exiler Arafat. Arafat est le problème.» Puis les États- Unis qui disent non mais qui acquiescent d'un signe de la tête. Le Canada reste silencieux. L'Union européenne ambitionne de «contenir la crise». Déjà nous entendons les hypocrites dirent que le problème est la haine entre Sharon et Arafat. Il faut de nouveaux dirigeants, qu'on nous laisse entendre. La Russie se frotte les mains et répète sa position officielle: «Les deux parties ont un comportement suicidaire. Il faut arrêter cette folie.» Comme si les Palestiniens n'existaient pas, Bush nous dit que «sa» vision du peuple palestinien et du peuple israélien doit triompher. La Grande-Bretagne annonce que malgré la mort de la reine mère, son premier ministre rencontrera Bush cette semaine et que l'agression de l'Irak reste le principal point à l'ordre du jour de la rencontre. La crise de justification s'approfondit.

Il est clair maintenant que les États- Unis ont conclu une entente avec Ariel Sharon à l'effet de ralentir les choses au moins jusqu'à la mi-avril pour lui permettre d'«éliminer les terroristes palestiniens». Cette entente rend les États-Unis directement responsables des attaques impitoyables contre le peuple palestinien, de la destruction des villes, villages et camps de réfugiés. Les États-Unis, le Canada et la Grande-Bretagne restent imperturbables alors que le reste du monde se mobilise parce qu'il veut arrêter le massacre, arrêter les destructions, éviter une crise humanitaire et mettre fin à l'occupation.

Aujourd'hui, il est clair que seuls ceux qui ont la conscience claire peuvent prendre le genre de position décisive que la situation exige. Peu importe ce que disent ou font les forces de la réaction, elles échoueront tant que leur but sera d'humilier les Palestiniens, d'en faire un peuple qui vit sous occupation ou d'appliquer la «solution finale» préconisée par Sharon, celle l'exil une fois encore.

La désinformation et les manoeuvres ne peuvent sauver les forces de la réaction. Leur crise de justification ira de mal en pis parce que c'est l'oppression, l'occupation, la tyrannie et les assassinats des États-Unis, d'Israël et des autres grandes puissances qui sont le problème, pas Arafat, pas le peuple palestinien, par les auteurs désespérés des attentats-suicides, pas un «différend personnel» entre Arafat et Sharon. La haute voie de la civilisation appartient aux peuples du monde; c'est à eu d'agir de manière décisive.

Qibia, Nahalène, Khan Younis, Sabra et Chatila,
Non! Jamais plus! Jamais plus!

* Sandra L. Smith est la dirigeante nationale du Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste).

Tiré du Le Marxiste-Léniniste Quotidien no.66, 6 avril 2002, quotidien numéralisé du Parti Communiste du Canada (marxiste-léniniste)

Site web du Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste)
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