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Pressions étatsuniennes sur le Venezuela. Manoeuvre de déstabilisation

Carl Desjardins, Samedi, Mars 16, 2002 - 22:11

Emiliano Nuñez

Alors que l'armée colombienne, soutenue par les États-unis, bombarde le territoire de la plus vieille guérilla du continent en Colombie, le Venezuela de Hugo Chavez est en première ligne en cas d'extension du conflit.

Depuis le 11 septembre 2001, la politique agressive des États-Unis en Amérique latine s'accentue au point qu'on peut craindre que le "Plan Colombie" ne devienne une opération globale dans une région considérée par les stratèges étatsuniens comme fondamentale pour leur sécurité nationale.

Au Venezuela, les manoeuvres de déstabilisation d'Hugo Chavez avaient commencé dès le lendemain de son investiture: son élection à la présidence de la République avait balayé l'alliance pro-impérialiste vieille de quarante ans entre les deux principaux partis social-démocrate et démocrate-chrétien. Le Venezuela, principal fournisseur de pétrole originaire du continent américain aux États-unis, avait été promu dès les années 1960 comme le contre-modèle à la révolution cubaine: économie de marché et démocratie parlementaire dans une relation de dépendance économique totale vis-à-vis des États-unis.

Alliés dociles

Après la guerre en Afghanistan, l'administration étatsunienne a besoin d'alliés dociles pour pallier l'instabilité de ses ressources pétrolières en Asie. Or le Venezuela, à l'instar de Cuba, a fermement condamné les bombardements. Le président vénézuélien avait déjà interdit le survol de son territoire par les avions US en direction de la Colombie, condamné l'embargo contre l'Irak, entrepris une alliance régionale avec Cuba, et il est le seul chef d'Etat à avoir émis officiellement des réserves sur le projet de zone de libre échange des Amériques (Zlea).

Le contexte géopolitique actuel favorise le retour de l'opposition qui a su profiter de la désaffection populaire croissante à l'égard du "comandante", de ses promesses de changement radical non tenues et de son double discours. Humberto G. Briceno(1) explique que "le même Chavez, ami de Fidel Castro, voyage en Irak et défie les États-unis puis se rend à New York et obtient la reconnaissance d'un puissant groupe dirigé par la famille Rockefeller parce que (le président vénézuelien) a déclaré qu'il garantirait les investissements étrangers comme aucun gouvernement ne l'a fait" depuis 1958. Ses dernières mesures restent contradictoires: un plan d'austérité d'un côté et un paquet de décret-lois s'attaquant (enfin!) à la propriété privée de l'autre. Ces lois ont soulevé la colère de l'opposition conservatrice au nom du "droit sacré à la propriété" et le patronat a appelé à la grève et a fermé les usines. La Centrale des travailleurs du Venezuela, dirigée par des forces hostiles au chavisme et concialiatrices à l'égard du patronat, a soutenu cette grève qui s'opposait aux dernières mesures: réforme agraire, augmentation du contrôle de l'Etat sur le secteur bancaire et pétrolier, protection des artisans pêcheurs face aux chaluts...

Depuis quelques semaines, la pression s'accroît sur l'exécutif vénézuélien: au prétexte d'une manifestation d'une cinquantaine de militants pro-Chavez sous les fenêtres du principal quotidien national, une campagne relayée par toutes les forces d'opposition s'est développée contre "l'attaque chaviste contre la liberté de la presse". Le Département d'Etat US multiplie les mises en garde contre toute tentation autoritaire du président élu. La presse relaie des rumeurs de coup d'Etat militaire et quatre gradés de l'armée ont appelé ces dernières semaines à la démission de Chavez.

Vingt-quatre heures après le début des hostilités en Colombie, un groupe armé est apparu au Venezuela, "s'inspirant de l'idéologie paramilitaire" des milices d'extrême droite de Colombie. Il s'en prend au régime de Chavez, "marxiste, léniniste, (...) appuyé par la narcoguérilla"(2). Simple coïncidence? En tous cas, le gouvernement vénézuélien, qui avait maintenu une ferme opposition au "Plan Colombie" depuis 1998, vient d'exprimer, tout en refusant le qualificatif de "terroristes" pour les Farc, "son appui au gouvernement (colombien)" dans son offensive militaire et pour "ses efforts reconnus pour arriver à la paix en Colombie"(3). Par crainte de voir le "Plan Colombie" se transformer en "opération de sauvetage de la démocratie vénézuélienne"?

Emiliano Nuñez

1. Membre de la direction de l'Association nationale des consommateurs et du groupe vénézuélien d'appui au CADTM.
2. "El Nacional", 23 février 2002.
3. Communiqué du gouvernement du 23 février 2002.

site de La Gauche Socialiste
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