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Les ouvriers agricoles en Afrique du Sud: Subir le modèle féodal au XXIe siècle

vieuxcmaq, Mardi, Février 26, 2002 - 12:00

Daphnée Dion-Viens (daphneedv@hotmail.com)

Héritage de l’apartheid, les inégalités foncières qui existent toujours en Afrique du Sud ont engendré des rapports inégaux entre les fermiers blancs, propriétaires des terres, et leurs ouvriers agricoles noirs. Ces derniers sont complètement dépendants de leurs employeurs, situation qui mène souvent à des cas d’abus et de violence physique.

Le modèle agricole sud-africain est bien différent du modèle nord-américain ; la concentration d’hectares entre les mains d’un même individu est parmi les plus élevées au monde. Dès 1910, alors que les Noirs avaient déjà perdu la majorité de leurs terres aux mains des fermiers blancs, le gouvernement ségrégationniste distribua 87% des meilleures terres du pays aux Blancs, qui représentaient alors 11% de la population sud-africaine. Les Noirs quant à eux furent entassés dans des réserves. Ils n’ont eu d’autre choix que d’aller travailler dans les grands centres ou sur des fermes qui ne leur appartenaient pas, n’ayant plus assez de terre pour pratiquer une agriculture de subsistance.

L’agriculture commerciale sud-africain a rapidement pris des proportions gigantesques, soutenue par des subventions gouvernementales et une main d’œuvre bon marché. Les plus grosses fermes d’Afrique du Sud aujourd’hui peuvent s’étendre sur 12 000 hectares, employant plus de 1000 ouvriers agricoles. Les productions varient, des cultures maraîchères à l’élevage, en passant par les vignobles du Cap Ouest.

Relation de dépendance

En raison de la superficie de ces fermes, les ouvriers agricoles doivent habiter sur leur lieu de travail, et dépendent du fermier pour des services tels que le logement, l’eau, l’électricité, l’éducation et les soins de santé. Comme le rapporte Marc Wegerif, directeur de Nkuzi Development Association, une organisation qui vient en aide aux ouvriers agricoles, les conditions de travail et de vie sur les fermes sont très pauvres : « Les employés travaillent souvent 12 heures par jour, six jours par semaine. Ils doivent parfois construire eux-mêmes leur maisons, et l’accès à l’éducation et aux services de santé est quasi-inexistant ». Selon les statistiques gouvernementales, c’est dans le secteur agricole que l’on retrouve les pires conditions de travail en Afrique du Sud.

Les employés travaillent souvent sur la même ferme, de génération en génération. James Sithole est ouvrier agricole sur la ferme où il est né, comme son père et son grand-père. Pourtant, il n’a aucun droit foncier et est toujours à la merci de son employeur : « le nouveau propriétaire de la ferme a décidé de nous couper l’eau et l’électricité, et de ne plus fournir de transport pour que nos enfants se rendent à l’école, raconte-t-il. Si nous protestons, nous allons perdre nos emplois ».

Malgré les nouvelles lois du travail et la constitution adoptée en 1994 par le premier gouvernement démocratique de Nelson Mandela, la relation quasi féodale entre le fermier et ses employés n’a pas vraiment changé. M. Wegerif affirme que « la plupart des fermiers considèrent encore leurs employés comme leur "propriété", se donnant le droit de les utiliser et d’en abuser comme bon leur semble ».

Violence et abus

Les cas d’abus, de violence physique et même de meurtre sont fréquents sur les fermes sud-africaines. C’est ce qui est arrivé à Edzisani Thanyana, ouvrier agricole qui s’est fait battre, menacé de mort et évincé de la ferme où il travaillait depuis des années, et ce, sans raison particulière. Le directeur de Nkuzi Development Association précise que « les cas rapportés ne sont rien comparé à ce qui se passe quotidiennement sur les fermes sud-africaines ». En raison de l’isolement des ouvriers agricoles, la majorité des cas d’abus ne sont pas signalés, les ouvriers ne possédant pas toujours de moyen de transport pour se rendre à la station de police la plus près, ou encore craignant les représailles de leurs employeurs.

Afin de mettre un terme à une telle situation, il faut d’abord que les ouvriers agricoles prennent connaissance de leurs droits et des ressources dont ils disposent pour se faire entendre. Marc Wegerif travaille avec son équipe à organiser ateliers et formations pour les ouvriers agricoles : « depuis 1994, nous avons maintenant des outils légaux pour intervenir dans les cas d’abus et de violations des droits des employés agricoles. Il reste cependant beaucoup de travail à faire afin de mettre ces droits en pratique et de modifier la relation entre le fermier et ses employés, relation encore basée sur la race, héritée des structures de l’apartheid ».

Daphnée Dion-Viens a effectué un séjour en Afrique du Sud dans le cadre d’un stage en journalisme avec l’organisme Alternatives.



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