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Le système d'éducation québécois: la chute néolibérale se poursuit

vieuxcmaq, Vendredi, Février 22, 2002 - 12:00

Héloïse Moysan-Lapointe Jérémie Duhamel (asse_solidarite@hotmail.com)

La manifestation de jeudi à Québec expose les problèmes qui s'accumulent dans notre système d'éducation depuis 1995. Ce texte, paru dans l'Ultimatum, le journal de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante, dresse le portrait de l'éducation au Québec et explique les raisons pour lesquelles les étudiant-e-s ont pris la rue.

Depuis les dernières réformes, on voit l'éducation soumise de plus en plus efficacement aux lois du marché. Tandis que nous assistons à une véritable révolution dans le domaine de l'éducation, nous observons que notre bien-être intellectuel est loin d'être prioritaire. Alors qu'il faudrait obtenir qualité et gratuité, on nous propose efficience, performance et productivité. Les politiques gouvernementales, particulièrement celles imposées au réseau de l'éducation, ressemblent beaucoup plus à des plans de rentabilisation qu'à des moyens, pour les étudiantes et étudiants, de se développer et s'émanciper. Si les fondements politiques des mesures mises en place il y a quelques années étaient ambiguës, force est d'admettre que depuis le Sommet du Québec et de la Jeunesse (SQJ), aucun doute ne persiste quant à la mission des institutions scolaires. Le système d'éducation québécois prend un virage néolibéral qui se traduit par l'arrimage parfait avec l'entreprise privée. Pour ce faire, les institutions d'enseignement sont forcées d'adopter à la fois les objectifs et modes de fonctionnement du marché. Ainsi s'insèrent des mécanismes qui favorisent la quantification et la standardisation de la performance et de la réussite de notre réseau. L'entreprise, rappelons-le, a pour but de générer des profits et pose comme condition essentielle l'atteinte du profit. Or, cette perspective, en engageant notre activité sur la voie de la marchandisation, pose des règles qui tendent à pervertir les droits et intérêts objectifs des étudiantes et étudiants du Québec.

Dans les universités, les effets du néolibéralisme sont flagrants. Tandis que de nombreux cours disparaissent ou se combinent avec d'autres, nous observons une augmentation notoire du nombre d'élèves par groupe-cours. De plus grandes charges de travail attribués aux enseignantes et enseignants entraînent une diminution dangereuse de la disponibilité. Dans le cadre de la rationalisation annoncée au SQJ et contenue dans les Contrats de performance, les programmes ne menant pas à un secteur de plein-emploi sont sujets à un charcutage plus radical, du fait qu'il ne sont ni protégés par les ordres professionnels, ni source de main d'œuvre pour les entreprises. Les modalités des ententes qui lient les institutions à l'État ne sont pas sans rappeler les recommandations émises par l'OCDE .

Dans le réseau collégial, la présence du privé est galopante. En effet, dans les programmes techniques, le manque de fonds publics force les collèges à trouver des moyens palliatifs pour se procurer l'équipement souvent coûteux. Les compagnies privées s'immiscent aussi dans les collèges par des contrats de sous-traitance de ménage, de services alimentaires, ou de gestion, offrant de moins bon services à prix plus élevés. L'exclusivité garantie par ces contrat empêchent souvent la mise en œuvre d'initiatives solidaires et de services équitables. Plus qu'un simple désengagement de l'État, ces démarches doivent être vues comme la première des tentatives de mise sur pied de mesures qui seront favorables et qui appellent à l'exercice du plein potentiel du privé.

Mais au delà des entreprises elles-mêmes, la logique marchande prend une place prépondérante dans les structures mêmes du réseau collégial et universitaire. Le ministère, par les plans de réussite et de diplômation et les contrats de performance, l'évaluation institutionnelle et le projet d'habilitation, place les institutions d'enseignement en compétition directe les unes par rapport aux autres. De ce fait, ce sont les étudiantes et étudiants qui écopent des conséquences délétères de la course à la meilleure clientèle et de la recherche d'atteinte de cibles : baisse de l'accessibilité, diminution de la qualité de l'enseignement, mesures coercitives pour sélectionner l'élite et évincer les autres. À juste titre, nous notons que l'éducation est instrumentalisée afin de combler les exigences de la minorité qui possède et qui domine. Parce qu'en éducation résident des pouvoirs qui permettent la perpétuation de l'idéologie dominante, les intérêts sont nombreux pour les investisseurs et amoureux du capital.

En février 2000, les étudiantes et les étudiants étaient dans la rue ; anticipant les méfaits d'un sommet déjà joué. En deux ans, on a pu voir les conséquences du SQJ fleurir dans le milieu de l'éducation. Les dés étaient effectivement pipés : le patronat avait la plus grande mise. Maintenant au fait des effets concrets de ces mesures, il est temps de réagir. L'Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante lance en grande une campagne sur le thème de l'assujettissement de l'éducation aux lois du marché. Il est plus que temps d'opposer une résistance solide et organisée aux attaques du gouvernement. Pour que l'émancipation des masses soit possible, un RÉ-investissement massif en éducation est nécessaire.

Cette session débutera avec de nombreuses occasions de s'informer et de débattre sur les enjeux en éducation. D'abord, les 26 et 27 janvier s'est tenu un camp de formation, lieu d'information et de débat sur les problématiques particulières à l'éducation. Les associations étudiantes du Québec ont été invitées à participer à une semaine nationale d'actions locales sur la question de l'assujettissement de l'éducation aux lois du marché. Appelées à s'organiser et à se mouvoir sur des bases régionales, les étudiantes et étudiants auront l'occasion d'entonner simultanément l'expression d'une colère et d'une lucidité solidaires. Cette semaine avait lieu du 4 au 8 février, l'objectif étant de nous prémunir d'outils et de ressources pour les luttes à venir. Dans le cadre de la semaine d'actions locales, des tournées de piquetage volant auront lieu à travers la province. Enfin, le 21 février 2002, les étudiantes et étudiants purent se rassembler à Québec, prendre possession des rues et protester contre le virage imposé au système d'éducation. La date de la manifestation se rapproche intentionnellement de celle du sommet du Québec et de la jeunesse, 22 février 2000. Deux ans plus tard, les étudiantes et étudiants ne sont toujours pas satisfait-e-s des résultats de ce sommet, outil de légitimation d'un État bourgeois et irresponsable.

Site de l'Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante
www.asse-solidarite.qc.ca


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