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Oubliées par l'Occident, les exactions russes en Tchétchénie se multiplient

vieuxcmaq, Mercredi, Décembre 26, 2001 - 12:00

Marie Jégo (cdesjardins10@hotmail.com)

L'organisation de défense des droits de l'homme Memorial fait état de nouveaux pillages, tortures et meurtres commis par les troupes de Moscou engagées dans une "offensive finale". Elle dénonce l'organisation d'"escadrons de la mort", tandis que les rares ONG présentes sur le terrain sont harcelées.

Lundi 24 décembre, lors d'une opération de communication sans précédent, le président russe Vladimir Poutine s'est plié à un exercice de "questions-réponses" retransmis en direct par deux chaînes de télévision nationales et deux radios locales, satisfaites d'avoir, en une semaine, collecté 400 000 demandes auprès de la population.
Entre une question sur le choix de ses cravates et une autre sur les relations Russie-OTAN, le maître du Kremlin a été interrogé sur les raisons de l'échec militaire russe en Tchétchénie.
"Nous ne pouvons pas procéder à des "ratissages" massifs là où vivent des milliers de personnes, nous ne pouvons pas non plus, comme cela a été fait en Afghanistan, utiliser des bombardiers lourds contre des localités habitées. Les gens qui y vivent sont des citoyens russes", a-t-il alors expliqué.

Certes, l'époque des bombardiers lourds et des missiles est aujourd'hui révolue en Tchétchénie, dont la capitale, Grozny, n'est plus qu'un tas de gravats. Mais deux ans après le lancement de la seconde offensive russe sur la République, pourtant reconnue indépendante par Moscou en 1996, l'artillerie y est toujours en action, les hélicoptères bombardent quotidiennement les régions montagneuses du Sud et les 45 000 militaires stationnés là-bas se livrent, plus que jamais, à toutes sortes de pillages et d'exactions. Le tout sur fond d'"offensive finale", annoncée le 6 décembre par Sergueï Ivanov, le ministre russe de la défense.

"Les 'ratissages' sont systématiques, effectués par des hommes masqués, chiens en laisse, que l'on voit partout", raconte Mylène Sauloy, une réalisatrice de documentaires, qui revient de Grozny. "On a le sentiment que, depuis l'annonce faite [à la fin octobre] par Poutine sur la tenue de négociations avec un émissaire du président Maskhadov, les forces russes sur place cherchent à se servir très vite au cas où la manne viendrait à se tarir."

PILLAGES ET RAFLES

L'ONG russe Memorial a tenu le décompte des "ratissages" effectués par les forces russes ces deux derniers mois, notamment dans les villages d'Argoun, d'Ourous-Martan et d'Avtoury. Au cours de ces opérations, "les soldats ont emporté des télévisions, des matelas et des oreillers. Ils exigeaient de l'argent, menaçant d'emmener les jeunes gens", a rapporté le président de Memorial, Oleg Orlov, lors d'une conférence de presse à Moscou le 19 décembre.

Raflées lors de ces raids, trois cents personnes sont officiellement reconnues comme "disparues", mais Memorial estime que le chiffre réel est "beaucoup plus élevé".

Les plus chanceux pourront être rachetés par leurs familles aux militaires russes, comme le fut Z., du village de Kourtchaloï. Cette jeune femme a été échangée à sa famille par les militaires russes contre des armes, après une détention d'un mois au cours de laquelle elle fut violée et torturée, selon un communiqué publié par Amnesty International le 22 décembre.

D'autres ne reviennent jamais. Les corps de quatre habitants de la région d'Ourous-Martan, raflés au début de décembre, ont été retrouvés dans un champ quelques jours plus tard, avec tous les signes d'une mort violente.

A Ourous-Martan le 29 novembre, les forces russes se sont déchaînées sur la population locale après qu'une kamikaze tchétchène, une veuve dont le neveu venait d'être arrêté, eut fait sauter la charge explosive qu'elle portait sur elle alors qu'elle approchait le commandant militaire de la région, Gueïdar Gadjiev, un général connu pour sa cruauté. Ensuite, soixante-treize personnes ont été emmenées par les forces russes, rapporte Memorial. Des familles soupçonnées d'entretenir des liens avec la résistance ont vu leurs maisons dynamitées.

Lors d'un "nettoyage" mené à Argoun entre le 11 et le 15 décembre, la militante de l'ONG Amitiés russo-tchétchènes, Louisa Beterguirieva, a été tuée par balles à un poste de contrôle russe le 13 décembre. Les soldats venaient de lui refuser l'accès à la localité où elle voulait se rendre afin de pointer une liste de personnes blessées lors des opérations. Son sac et la liste ont disparu.

Cinq jours plus tard, Akhmed Gadjiev, soixante-quatre ans, militant de cette même ONG russo-tchétchène, a été fusillé par des hommes masqués qui ont fait irruption dans sa maison de Serjen-Iourt en demandant à le voir. Le 3 décembre, Rizvan Larsanov, chez qui se tinrent les pourparlers de paix russo-tchétchènes en 1996, perdait la vie dans l'explosion inexpliquée de sa voiture. Et la liste est longue...

"Les militaires russes sont incontrôlables. Ils ne respectent ni les ordres de leur commandement, ni ceux du parquet", a déclaré Oleg Orlov lors de sa conférence de presse. "Des gangs organisés, composés de représentants de la force publique russe sont occupés aux enlèvements, aux tortures et aux assassinats", ont révélé les militants de Memorial, dénonçant l'existence d'"escadrons de la mort" en Tchétchénie. "Nous sommes en mesure d'affirmer que, le plus souvent, les disparitions ou les enlèvements sont le fait de représentants des forces fédérales", a martelé Oleg Orlov.

Ces deux derniers mois enfin, les quelques ONG qui fournissent une assistance aux populations tchétchènes en Tchétchénie ou dans la République voisine d'Ingouchie subissent des pressions. L'ONG française Médecins du monde déplore ainsi les descentes régulières du FSB dans les camps de Spoutnik et de Karaboulak, où ses équipes mènent un programme de santé mentale.

Les "organes" ont notamment qualifié de "subversive" l'activité qui consiste à faire dessiner les enfants tchétchènes traumatisés par des mois de bombardements, sous prétexte que "des drapeaux tchétchènes" figurent parfois sur les dessins.

Enfin l'ONG Danish Council for Refugees (DCR), partenaire opérationnel des Nations unies dans la zone, est l'objet d'un véritable harcèlement. Trois membres de son personnel sur place ont récemment été sévèrement battus.

"Des organisations, dont DCR, fournissent de la nourriture et des vêtements aux formations armées illégales", a fait savoir, le 13 décembre, le général Babkine, chef du FSB en Tchétchénie. Il dit avoir des charges contre dix-huit ONG, occupées selon lui, "à collecter du renseignement pour exercer ensuite des pressions sur les autorités russes, via les médias étrangers".



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