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Mini-bombes nucléaires US comme nouvelle arme de leur hégémonie

vieuxcmaq, Dimanche, Décembre 9, 2001 - 12:00

angelo miranda (angelo.miranda1@libertysurf.fr)

les mini-bombes nucléaires américaines sont destinés à servir de baton du gendarme envers les pays qui n'obéissent pas aux lois US

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Mininuke", la bombe secrète
LE MONDE | 20.11.01 | 11h57
MIS A JOUR LE 20.11.01 | 20h03

Dernière-née des arsenaux américains, la "mininuke",
légère, puissante et bourrée
de plutonium, est idéale pour détruire les bunkers.
L'utiliser en Afghanistan ? Seuls
quelques parlementaires y ont pensé. Mais cette arme
nucléaire existe.

C'est une bombe : effilée – 3,59 mètres de long
sur 34 centimètres de diamètre –, légère –
315 kilogrammes –, puissante – de 300 tonnes
équivalent TNT à 340 kilotonnes, selon le
réglage. Larguée à très haute altitude, son "nez"
durci lui permet de pénétrer dans le sol jusqu'à
6 mètres de profondeur, où elle explose alors.
Idéale pour détruire les bunkers ou les usines
chimiques enterrées. Particularité : la B61-11
est une bombe atomique à base de plutonium.
Elle constitue la seule arme nucléaire qui soit
entrée dans l'arsenal américain depuis 1989.
Officiellement en 1997, pour être portée par le
bombardier "invisible" B-2, qui est lui-même
opérationnel pour une mission
nucléaire depuis avril 1997. On l'appelle "mininuke",

parce que sa plus basse
puissance de 300 tonnes de TNT paraît minime
comparée, par exemple, aux
13 kilotonnes de la bombe de Hiroshima.

Pourrait-on utiliser l'arme nucléaire en Afghanistan
? La question reste, pour
l'heure, théorique, mais elle est jugée acceptable
par une partie des Américains.
Selon un sondage publié le 7 novembre par l'institut
Zogby International, 54 % des
1 000 personnes interrogées pensent que l'utilisation

de bombes nucléaires serait
efficace dans la guerre contre le terrorisme. Ils
font écho à quelques élus
américains, émules du docteur Folamour : le 21
octobre, un représentant de l'Etat
de New York, le républicain Pete King, estimait sur
la radio WABC : "Je
n'exclurais pas l'usage des armes nucléaires
tactiques si je pensais que c'était
nécessaire."

Le 17 octobre, Steve Buyer, représentant républicain
de l'Indiana, avait exprimé
cet avis, au cas où l'épidémie d'anthrax serait liée
à Ben Laden : "Envoyez un
petit dispositif atomique [dans les grottes des
terroristes] et fermez-les pour un
millier d'années." Fin septembre, c'est le sénateur
Jon Kyl, de l'Arizona, qui avait
évoqué l'emploi de ces armes : "Si une arme de
destruction massive est utilisée
contre nous, les coupables devraient attendre une
réponse similaire de notre
part." Déclarations de députés de base peu
responsables ? Sans doute, même si
l'usage de ces armes nucléaires légères n'est pas
totalement exclu par des
spécialistes.

Dans le National Journal du 8 septembre, avant les
attentats contre les
Etats-Unis, Paul Robinson, directeur du Sandia
National Laboratories (un des
laboratoires de conception des armes nucléaires),
expliquait : "Nous avons besoin
d'armes nucléaires à faible puissance, qui pourraient

tenir en respect des
Etats voyous."Et de préciser : "Lors de la guerre
avec la Serbie [en 1999],
nous avons attaqué les cibles souterraines avec des
armes conventionnelles
qui ont eu très peu d'effet."

L'administration Bush, sans insister sur cette
possibilité, ne veut pas l'exclure
absolument. C'est la règle de la dissuasion : ne
dites surtout pas ce que vous ne
ferez jamais, mais dites que vous êtes capable de le
faire. Le 28 septembre, le
Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a
adressé un mémorandum aux
parties prenantes du conflit s'amorçant en
Afghanistan. Cette démarche, habituelle
en cas de guerre, vise à rappeler aux belligérants
les contraintes du droit
humanitaire. Dans son texte, le CICR indiquait :
"L'arme nucléaire est
incompatible avec le droit international
humanitaire." La représentation
américaine à Genève a immédiatement protesté,
exigeant que cette phrase soit
ôtée. Motif invoqué : le droit international
n'interdit pas le recours à l'arme
nucléaire.

En fait, ce point n'est pas tranché : dans
une"opinion" rendue le 8 juillet 1996, la
Cour internationale de justice n'a pu se départager
sur la question, sept juges
estimant que l'arme nucléaire est légale, sept autres

étant d'un avis contraire. Quoi
qu'il en soit, le CICR a adressé, le
5 octobre, aux parties un nouveau
mémorandum ne mentionnant pas les
bombes atomiques. Lors de la guerre du
Golfe, le CICR avait envoyé aux
belligérants un mémorandum similaire,
mentionnant que l'arme nucléaire ne devait pas être
utilisée. A l'époque, le texte
n'avait pas suscité de réaction des Etats-Unis.

Depuis cette époque, la doctrine sur l'utilisation
tactique des armes nucléaires a
évolué. Jusqu'alors, les présidents américains
avaient maintenu l'engagement pris en
1978 par Jimmy Carter de ne pas utiliser l'arme
nucléaire à l'encontre d'Etats n'en
disposant pas. Mais, avec l'effondrement de l'URSS en

1991, la préoccupation
militaire de Washington s'est déplacée vers les
"Etats voyous", jugés capables
d'utiliser des "armes de destruction massive", pas
forcément nucléaires.
Plusieurs rapports ont souligné l'utilité de l'arme
atomique tactique, c'est-à-dire
employée sur le champ de bataille.

Un document de l'US Strategic Command (Stratcom),
daté de 1995 ("Essentials
of Post-Cold War Deterrence") et révélé par un
spécialiste des questions de
désarmement, Hans Kristensen (du Nautilus Institute,
à Berkeley), en vertu du
Freedom Information Act, est explicite : il affirmait

que l'option nucléaire devait
rester ouverte quel que soit l'agresseur. "Il n'est
pas désirable d'adopter une
politique publique affirmant le refus de "frappe en
premier" ; cela ne sert
qu'à limiter spécifiquement les buts de dissuasion
nucléaire des Etats-Unis
sans apporter un bénéfice équitable", indiquait le
rapport du Stratcom, qui est
l'instance opérationnelle de gestion et de mise en
œuvre des armements nucléaires
américains.

En novembre 1997, Bill Clinton permettait, dans la
directive présidentielle no 60
dévoilée par le Washington Post du 7 décembre 1997,
des frappes nucléaires en
réponse à des attaques chimiques ou biologiques. La
même année, les militaires se
demandaient si une telle frappe ne serait pas
justifiée contre une usine chimique
construite par la Libye à Tarhunah, qu'ils
suspectaient d'être destinée à fabriquer
des armes chimiques.

La même année, la B61-11 entrait en service.
Correspond-elle à un véritable
besoin technique ? La problématique de la démolition
d'ouvrages souterrains est
apparue de manière criante lors de l'invasion du
Koweït par l'Irak en août 1990.
L'état-major américain a alors considéré que les
bombes dont il disposait ne
suffiraient pas à démolir le ou les bunkers
souterrains de commandement irakien. Il
lança un programme de développement d'une bombe
"pénétrante" capable de
réaliser cette tâche. En un temps record, la GBU 28
était réalisée, par adaptation
de bombes préexistantes, et livrée en février 1991 :
un engin utilisant un explosif
"traditionnel", du tritonal, pesant 2 tonnes et
mesurant 5,72 mètres sur
37 centimètres de diamètre.

Deux exemplaires de la GBU 28 allaient être largués
depuis des avions F-111 en
Irak. L'un est réputé avoir atteint son but, mais on
ne sait pas avec quelle efficacité.
Toujours est-il que, dans les années suivantes, le
Los Alamos Scientific Laboratory
allait développer la B61-11, dont il semble que le
projet ait été lancé en 1989.

Même s'il est difficile, dans un domaine où, par
définition, les données et les
discussions techniques sont peu ouvertes, d'évaluer
l'intérêt militaire des bombes
pénétrantes "mininuke" par rapport à leurs rivales
type GBU 28, la différence
apparaît criante. Les "mininukes" sont plus légères :

de l'ordre de
300 kilogrammes contre 2 tonnes. Mais, surtout, le
saut est radical quant à la
puissance explosive : la GBU 28 représente, avec ses
306 kilogrammes d'explosif
tritonal, environ 385 kg de TNT. Près de mille fois
moins que la B61-11, dont la
puissance la plus basse est de l'ordre de 300 tonnes
de TNT !

La position adoptée par Bill Clinton en 1997 n'a pas
été modifiée par la suite. En
janvier 2001, un rapport du National Institute for
Public Policy, un "think tank"
spécialisé sur les questions stratégiques,
réaffirmait l'utilité d'armes nucléaires
légères : "Dans le futur, les Etats-Unis peuvent
avoir besoin de déployer des
armes nucléaires simples, à faible puissance et
guidées avec précision pour un
usage possible contre des cibles particulières et
renforcées telles que des
usines souterraines d'armes biologiques."

Si les armes conventionnelles peuvent endommager les
abords de caches
souterraines, "une ou plusieurs armes nucléaires
pourraient être requises pour
détruire l'installation elle-même". Plusieurs auteurs

du rapport se retrouvent à
des postes élevés dans l'administration Bush :
Stephen Hadley, qui est maintenant
l'adjoint de Condoleezza Rice, la conseillère de M.
Bush pour la sécurité nationale,
Robert Joseph, assistant spécial du président pour
les questions de prolifération, ou
Stephen Cambone et William Schneider, qui sont des
proches conseillers du
ministre de la défense, Donald Rumsfeld.

La question des armes nucléaires de faible puissance
a d'ailleurs été évoquée, sans
doute pour la première fois dans une enceinte
officielle, le... 13 septembre. C'était
au Sénat des Etats-Unis, lors de l'audition du
général Richard Myers pour sa
nomination au poste de chef d'état-major interarmées.

"Soutenez-vous le
développement de nouvelles armes nucléaires à faible
puissance ? Dans
quelles circonstances soutiendriez-vous l'usage de
telles armes ?", lui ont
demandé les sénateurs du comité des forces armées,
pour qui, comme pour de
nombreux décideurs à Washington, la question n'est
pas taboue. Le général a éludé
la question, se contentant de dire : "Nous disposons
déjà d'un certain nombre
d'armes à faible puissance."

Cependant, aucun indice ne montre que l'entourage de
M. Bush pourrait être
sensible aux arguments des faucons atomiques. Un
article du Japan Times du
20 septembre affirme que, selon une source
diplomatique non précisée, le
département de la défense a présenté l'utilisation
d'armes nucléaires tactiques
comme une option de rétorsion aux attaques
terroristes du 11 septembre.

Mais, explique un expert français, "il est normal
qu'en cas d'intervention les
militaires proposent au président l'ensemble des
possibilités imaginables.
Pour autant que j'aie pu le comprendre de mes
contacts à Washington,
l'option nucléaire a été résolument écartée par
Bush". Hans Kristensen
confirme : "Je pense qu'aucune personne responsable à

Washington n'imagine
utiliser les armes atomiques dans la présente
situation en Afghanistan. Le
seul scénario possible serait que les Etats-Unis
soient convaincus que
quelqu'un s'apprêterait à lancer une arme nucléaire
ou biologique depuis une
position connue, et que le seul moyen de l'empêcher
serait de nucléariser cette
installation." Mais, poursuit Kristensen, "la réelle
question est celle-ci :
puisqu'aucun responsable ne considère sérieusement
d'utiliser l'arme
nucléaire au niveau actuel des hostilités, pourquoi
la politique nucléaire
l'envisage-t-il quand même ?"

C'est qu'aucune porte ne peut être fermée. Comme
l'écrivait le rapport du
Stratcom en 1995, "c'est s'affaiblir que de nous
présenter comme trop
pleinement rationnels et tête froide. Le fait que
quelques éléments peuvent
apparaître potentiellement "incontrôlables" peut être

bénéfique pour créer et
renforcer les peurs et les doutes dans les esprits
des décideurs ennemis".

Hervé Kempf

ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 21.11.01



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