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Québec: Revitalisation ? Dépossession !

vieuxcmaq, Mercredi, Décembre 5, 2001 - 12:00

Union locale de Québec (NEFAC) (nefacquebec@yahoo.ca)

Au cours des dernières années, le visage du centre-ville de Québec a complètemment changé. Pendant que les hôtels poussent comme des champignons, les stationnements, condominiums et tours à bureaux en tout genre se multiplient. Ce que certains ont appelé la "revitalisation" des quartiers centraux a plutôt signifié, pour les classes populaires (salarié-es, chômeurs/chômeuses, itinérant-es, personnes à faible revenu), l'exode de la haute-ville et le déplacement hors du centre-ville.

Les logements abordables se font de plus en plus rares, et ceux qui restent sont actuellement dans la mire des promoteurs immobiliers. Il y a un mot pour décrire ce processus en cours: la gentrification. Lorsque la guerre à la pauvreté devient tout simplement la guerre aux pauvres, il n'y a pas trente-six solutions: se battre aux côtés de toutes celles et ceux qui refusent de se laisser avoir par les beaux discours des politiciens et des vendeurs de béton.

Les enfants de l'asphalte

Pour Jacques Saint-Pierre, un des promoteurs de la revitalisation du quartier Saint-Roch, un bon nombre des nouveaux arrivants en Basse-ville " sont des enfants de l'asphalte, des urbains. Ils n'ont pas de voiture. Ils fréquenteront les cafés et les restos qui ouvrent dans le coin, feront leurs emplettes ici". Comme si ceux qui habitent le quartier depuis des années n'en seraient pas les principaux perdants. Comme si on croyait encore que la revitalisation servait aux residantEs plutôt qu'aux nouveaux riches ou qu'aux jeunes gagnants, l'esprit parfaitement travaillé pour accepter et faire perdurer la désintégration sociale qu'impose le capitalisme. Quand plus de la moitié des habitants ont quitté le quartier depuis les années 60, on ne parle plus de revitalisation mais bien de dévitalisation. Si " revitaliser " signifie donner une vitalité nouvelle, on sent que lorsqu'ils parlent de revitalisation, les décideurs municipaux et les entrepreneurs ne parlent pas de vie : ils parlent de prestige et de profits. Saint-Roch n'est plus un espace à vivre mais un espace à vendre et ce, aux plus offrants.

Un espace à vendre

Il faut se rappeler que dans les années 50, le quartier Saint-Roch était encore le centre commercial principal de l'agglomération urbaine de Québec, avant l'arrivée des grands centres commerciaux des banlieues (Place Laurier, Galeries de la Capitale, Place Fleur de Lys). Afin de renverser la balance, le maire Pelletier, en collaboration avec les promoteurs locaux, amena en 1988 l'idée de " Grande Place ", avec deux tours à bureaux d'une quinzaine d'étages, des logements luxueux et des espaces commerciaux de prestige. Le projet, pour être rentable, exigeait l'affluence de plus de 250 000 consommateurs par semaine, ce qui équivalait à la fréquentation de Place Laurier à l'époque!

C'est pour remporter l'élection de 1990 que le Rassemblement populaire, avec Jean-Paul L'Allier en tête, misera sur un tout nouveau projet, " l'Espace Saint-Roch ", afin de battre l'Administration Pelletier et dans le but " de renforcer le rôle de capitale que Québec joue en favorisant l'implantation d'institutions, de fonctions administratives prestigieuses ". Et depuis le prestige pullule : l'ENAP, Télé-Université, les bureaux de l'Université du Québec, l'INRS qui s'en vient (sans oublier l'échec financier du projet du Ministère de l'Environnement), édifices qui confirment le passage de Québec de ville de bureaucrates à ville de technocrates. Bétons, boulevards, hôtels, automobiles. Tout ça sans tenir compte des véritables demandes des résidantEs; logements sociaux, coopératives d'habitation, stationnements abordables, espaces verts et organisations communautaires.

L'exemple du Parc Saint-Roch

L'élection du Rassemblement Populaire ne met malheureusement pas fin aux idées de grandeur de l'Administration Pelletier; elle ne fait que les retarder un peu. Et c'est uniquement grâce aux luttes populaires du Comité de sauvegarde de la côte d'Abraham que la fonction résidentielle du quartier a été sauvegardée. Le Parc Saint-Roch est le symbole de l'arrêt du projet d'autoroute de la Falaise visant à relier le boulevard Charest et l'autoroute Dufferin-Momontrency. Cependant, on comprend vite que le parc, d'un sobre bétonné et sans coin d'ombre, n'a pas été aménagé pour les habitants et les enfants du quartier mais pour la pause-soleil des fonctionnaires des édifices environnants car " la Ville souhaite que cette place urbaine devienne un lieu de prestige digne d'une capitale ". Son arrogance et son opulence n'en sont que plus surréelles et contrastent totalement avec l'Ilôt Fleurie, une action de réappropriation des habitantEs du quartier qui fut déménagé sous les autoroutes, loin du cœur de la Basse-Ville. Finalement, même si le Parc Saint-Roch de l'équipe L'Allier représente une volonté politique différente du Parti Civique du maire Pelletier, il n'en demeure pas moins dans la même continuité idéologique : celle du prestige.

Le prestige

Le prestige, c'est l'opinion qui naît d'un premier contact. C'est l'attrait, l'éclat qui peut séduire ou impressionner. La légèreté et le chic que recherchent les touristes en vacances, les zéléEs du 9 à 5 et les fonctionnaires dans leur 15 minutes de pause. Pourtant, derrière cette richesse se cache la vie quotidienne de plusieurs personnes qui, en raison d'un système socio-économique beaucoup plus intéressé par ce qu'il produit ou par son image que par les gens qui l'habitent, se retrouvent dans la pauvreté sinon la misère. Nous n'avons ni besoin de ce luxe ni de superflu mais de logements, de nourriture et d'organisation. Il faut se réapproprier un véritable pouvoir sur notre vie, pouvoir que les élites, supportées par les lois et les règles qu'elles rédigent, s'approprient chaque jour à nos dépends. Cessons d'attendre après eux; ils ne nous donneront rien.

Ceux qui ne le voient pas aujourd'hui constateront que le Parc Saint-Roch et les édifices qui l'entourent ne sont que le début d'un long processus de gentrification et d'embourgeoisement, c'est-à-dire que de plus en plus de personnes viendront à Saint-Roch avec des attitudes bourgeoises, vivront comme des bourgeois en n'oubliant rien pour leur bien-être sauf l'essentiel : la conscience des autres qui fait que la vie humaine est une vie sociale et que cette vie est bafouée par ceux, ridicules, qui s'amusent à jouer les maîtres de notre monde. Comme dans Villeray et sur le Plateau à Montréal, comme dans le Vieux-Québec et un bout du quartier Saint-Jean-Baptiste livrés à la merci des touristes, de la fonction publique et des commerçants. Car la ville, dans son urbanisme déconnecté de la réalité des habitants et au service des investisseurs, décide de laisser le champ libre aux mercenaires du capital et à leurs architectes, les Gilet, Arago, Campeau, Saint-Pierre, Cardinal, Hardy, Gilbert, etc. Ce sont eux les pères de l'asphalte, ceux qui enfantent du béton et du prestige. Tel est leur héritage. Il est grand temps de le refuser et d'en construire un autre, à la mesure de la vie que nous voulons mener.

Revitalisation = répression

La "revitalisation" des quartiers centraux de Québec ne s'est pas faite sans heurt. Pensons seulement à la Place d'Youville, entourée de ses belles murailles sans vie... Avant qu'elle ne devienne une carte postale pour les touristes de toutes les banlieues, la Place d'Youville était une vraie place publique, un lieu de rencontre fréquenté par les jeunes hiver comme été. La réouverture du Capitol a donné le prétexte à la Ville de Québec pour lancer une vaste campagne de nettoyage social visant essentiellement les jeunes de la rue. Ceux-ci ne se sont pas laissés intimider par le harcèlement policier: 1994-1995-1996 furent des années très chaudes au centre-ville de Québec! Les autorités municipales ont peut-être gagné une manche, mais elle n'ont certainement pas gagné la guerre! Dans nos communautés, des groupes luttent présentement pour éviter le pire. Il nous appartient d'aller grossir leurs rangs et de faire de cette lutte une victoire !

Extrait du numéro 3 de La Nuit, un bulletin anarcho-communiste publié à Québec par l'Union locale de la NEFAC. Contact: nefa...@yahoo.ca



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