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Manifestations du 16 et 17 novembre dernier à Ottawa

vieuxcmaq, Lundi, Novembre 19, 2001 - 12:00

Benoit Dépot (maxgorki@hotmail.com)

Manifestations du 16 et 17 novembre dernier à Ottawa

Vendredi, 16 novembre 2001

La première manifestation à s’être tenue à Ottawa a commencé à partir du parc Dundonald vers 12h30. Nous avons eu droit à plusieurs discours, très intéressants d’ailleurs, sur les effets négatifs du duo économique mondial constitué par la banque mondiale et le G20. Jaggi Singh était de la partie et quoique qu’il n’ait plus le droit d’utiliser un mégaphone, il nous a entretenus des lois antiterroristes avec un microphone. Cela nous a d’ailleurs fait bien rire. Cependant, nous riions moins quand il a posé la judicieuse question à savoir qui étaient les plus grands terroristes : les mouvements terroristes officiellement reconnus comme tels, ou George Bush et sa clique de clones internationaux ? Toujours est-il qu’après un repas substantiel, gracieuseté de Food not Bombs, la colonne de militants s’est ébranlé dans les rues, tel un serpent louvoyant les policiers qui encadraient nos corps.
Plusieurs médias « mainstream » étaient parmi nous. Comme toujours, leur présence a causé une certaine tension. Vers 14h00, un gars de TQS se prononçait ainsi sur la méfiance des militants envers les médias des grands groupes : « Ils veulent pas (les militants) que je sois avec eux autres, faque je vais être ami avec les autres (les policiers) ». Je ne suis pas sûr que cela a été la meilleure chose à dire pour se concilier les militants. Ni de se lancer à l’affût d’images sensationnalistes. À ce propos, on se serait cru dans un sapin de noël tellement les flashs se sont faits allés lors de la lapidation du McDonald de Bank Street. Dans un synchronisme effarant, la valse des photographes et caméramans était à son comble quand la vitrine d’un des plus grands symboles de l’impérialisme américain s’est fractionnée en mille morceaux. Certes, en tant que militant, j’étais ému. Cependant, le caractère parasitique des gens des grands réseaux privés de communication n’a fait que justifier le sentiment de méfiance des militants envers ceux pour qui l’information doit être aussi insipide qu’un Gros Mac et un Coke géant. Un militant de l’UQAM m’a rapporté qu’il avait même vu un journaliste tirer le bras d’une militante pour faciliter son arrestation par un policier. Cependant, il est important ici de ne pas généraliser, car j’ai vu également des journalistes et caméramans se faire tasser par la police et d’autres supporter les militants en étant à l’affût, non pas du sensationnalisme bourgeois, mais bien des gestes policiers exagérés et antidémocratiques.
En parlant des gestes antidémocratiques, de nombreux citoyens se sont plaints du fait qu’ils étaient pris en otage par les policiers. De nombreux « malls » étaient fermés vendredi et de nombreuses rues barrées. Plusieurs personnes ne pouvaient tout simplement pas se rendre chez elles et devaient attendre la fin des barrages policiers. À ce sujet, il est intéressant de noter que la citoyenneté ne procure pas les mêmes avantages pour tous. En effet, alors que les gens à pieds, non militants, étaient bloqués par la police, coin Sparks et Kent, un citoyen en gros char, un immense Concorde, a pu traverser le barrage policier. Interrogeant le policier sur ce passe droit, ce dernier m’a répondu, en parlent du chauffeur de la « minoune » de luxe : « This is good money ». Après une pause devant la court suprême du Canada, la manif a repris son cours jusqu’à la place des Droits de l’Homme, coin Lisgar et Elgin, ou elle s’est terminée. Sur un monument on pouvait lire : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits ». Pour les forces de l’ordre, la dignité et l’égalité semblaient plutôt proportionnelles à la grosseur de la bagnole et à celle du porte-feuille qui permet de l’acheter.

Samedi, 17 novembre 2001

Le lendemain, nous nous retrouvons à 10h00 du matin dans le parc des Plaines Breton. Près de 400 personnes se sont réunies pour une marche de protestation qui se voulait plus pacifique que celle de la veille. Parmi les groupes présents, des gens du parti Vert, de la United Church, du Socialist Worker, du NPD, du mouvement Solidarité et Paix, du Conseil Andin des Peuples indigènes et les Raging Granny’s. Mot d’ordre du ce rassemblement : « Un autre monde est possible ». C’est ainsi que des idéalistes de tous âges, et de plusieurs cultures confondus, se sont réunis en vue de faire voix commune contre les effets indésirables de la mondialisation, soit les dettes du tiers-monde, les guerres économiques expansionnistes, la pauvreté institutionnalisée et la violence hypocrite résultante de l’ouverture forcée des marchés.
À peine avions-nous quitté le parc, que des policiers intimidaient la foule avec des chiens eux-mêmes victimes des mauvais agissements de leurs maîtres. Une tentative d’arrestation a eu lieu sur un gars masqué, mais bizarrement la police l’a relâché après que des manifestants, et je le répète, de toutes générations confondues, aient protesté. Cependant, ce qu’il est important de retenir ce n’est pas cette inhabituelle libération, mais bien les nombreuses victimes des chiens policiers. En effet, quoiqu’ils furent tenus en laisse par les policiers, les chiens semblaient attirés par les jambes militantes. Résultats, après information auprès des Medics, le plus grand nombre de blessures étaient des morsures. Et ici je ne parle pas de pincettes, mais bien des morsures sanglantes. Ici, la police a été totalement irresponsable en permettant ces blessures sur des gens qui n’étaient même pas arrêtés pour des méfaits quelconques. La police a manqué de jugement en sortant ses collègues à quatre pattes. Ces derniers ont besoin d’un maître et il semble bien que les policiers manquent des compétences nécessaires pour servir de guide aux chiens. Il est également important de mentionner que de nombreuses victimes n’avaient même pas offert aux chiens des saucisses et des biscuits comme d’autres l’ont fait.
Après avoir rejoint, sur le coin des rues Laurier et Bank, le groupe partant de l’université d’Ottawa, et assisté à des discours et chansons sur le terrain de la court suprême, la manifestation, qui regroupait désormais entre deux mille et trois mille personnes, s’est frappée à un barrage policier sur la rue Elgin. C’est alors que les militants ont pu tester la panoplie des forces policières, c’est-à-dire des jets de poivre de Cayenne, les fameuses balles de plastique et deux canons à eaux (il faisait froid ce jour-là) montés sur deux camions. Les militants scandaient alors, avec une intention écologique : « Turn off the trucks, dont waste gas ». Mais je doute que les policiers pensaient alors à la planète terre.
Vers 17h30, le soleil se couchait et nos opposants policiers commençaient à êtres fatigués. L’un d’eux, de la GRC, m’adressa alors la parole en français : « Je suis fatigué, pourquoi vous rentrez pas chez vous? ». Il a même proposé, en blague évidemment, de faire la fête autour d’une bière. Je n’ai pas répondu et je me suis dit alors que ce gars-là ne comprenait sans doute rien à l’amitié.

Benoit Dépot, membre de la cellule Groulx



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