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Déclaration Politique du réseau libertaire Apoyo Mutuo ( version française )

vieuxcmaq, Mardi, Octobre 30, 2001 - 12:00

Mayo 37 Apoyo Mutuo (mayo_37@yahoo.com.mx)

...nous voulons rendre publique notre conviction qu'il est possible de construire un monde, d'autres mondes différents.
version française de la déclaration politique " apoyo mutuo"

Déclaration Politique du réseau libertaire Apoyo Mutuo

Hommes et femmes qui sommes venuEs à la Rencontre Libertaire à Barcelone pour défendre et impulser une société où la liberté, la justice, l'équité et la solidarité permettront aux êtres humains de vivre en paix, en paix avec la Terre,
nous voulons rendre publique notre conviction qu'il est possible de construire un monde, d'autres mondes différents.
Nous lançons aux libertaires un appel à s'organiser, à construire une fédération de groupes
similaires qui suscite l'antagonisme social contre la globalisation capitaliste, qui
contribue à relier entre elles les résistances, les milliers de fils qui une fois tressés donneront forme à la stratégie subversive, la magnifique toile de la révolution sociale.

1. Faire le pari de la révolution sociale
2. Le mythe du développement
3. Globalisation de l'économie
4. Sur le patriarcat et l'exploitation des femmes
5. L'action directe
6. Dans la tradition libertaire
7. L'idée libertaire

1. Faire le pari de la révolution sociale
c'est non seulement lutter pour des changements radicaux désirables mais
aussi oser préparer effectivement des processus de rupture avec le système capitaliste.
Pour ceux qui ne veulent pas limiter leurs actions à de pures tâches de propagande,
poser la nécessité de révolutionner le monde implique de déterminer les conditions à partir desquelles il est possible d'accumuler des forces qui rendent pensables, politiquement et stratégiquement possible, les processus révolutionnaires.
Mettre la révolution dans nos agendas, c'est construire un processus de travail politique,
un rapport de forces, c'est donner une dimension stratégique à l'antagonisme,
c'est forger des alliances et gagner des capacités d'orientation dans le processus de la lutte
sociale.

En pleine offensive néo-libérale, parier au jour d'aujourd'hui pour des
révolutions peut paraître irréaliste, surtout dans la période historique
actuelle marquée par une longue résistance à la globalisation capitaliste
qui dure déjà depuis plus d'un quart de siècle.
Cependant, les propositions réformistes défendues par la gauche en général ne sont pas
plus réalistes et plausibles : la social-démocratie est passée directement au
social-libéralisme. Entre la réalité et le désir, il n'y a qu'un chemin
possible et pour le parcourir une stratégie est nécessaire, stratégie
élaborée avec la pensée critique, la réflexion, l'action et la
volonté libertaire de millions de personnes de vivre dignement, dans
l'autonomie de communautés, et d'être les protagonistes de leurs vies au moment de
prendre les décisions.
Fabriquer la stratégie, impulser l'action subversive, rapprocher la réalité des désirs, des rêves et des besoins sont des tâches qui demandent la coordination et l'organisation libertaire.

Dans le nouveau millénaire, viser le coeur de l'Etat, le Palais d'Hiver et
fixer la date de la révolution n'est pas possible.
Le XXè siècle nous a enseigné tragiquement combien d'erreurs et de barbaries peuvent être
commises au nom de la Révolution.
Nous revendiquons la possibilité de transformer, de révolutionner la société en affirmant clairement en premier lieu que l'histoire n'est pas déjà écrite, que ce sont les êtres
humains qui font l'histoire.
En second lieu, nous refusons l'idée que rien ne puisse être transformé et que les forces qui régissent le changement social seraient hors de portée de l'intervention humaine.
Et enfin, nous affirmons que nous ne sommes disposés à déléguer à personne l'action des
exploités et des opprimés, la majorité de la société, dans le devenir de l'histoire.

S'il est une chose que le siècle que nous venons de traverser nous a
enseignée, c'est de refuser l'optimisme naïf et la confiance aveugle
dans le progrès de l'humanité. Tout peut aller vers le pire et rien ne garantit
complètement un résultat favorable dans l'évolution des sociétés : des
modèles sociaux basés sur encore plus d'inégalité et d'exclusion sociale
peuvent s'imposer. Dans une telle perspective, loin de tout
déterminisme historique, la révolution est une nécessité vitale qui doit se construire au
jour le jour dans de nombreux mondes en liberté.

2. Le mythe du développement
Le mythe du développement est un lourd héritage que nous a légué le XXè
siècle, une construction idéologique des puissants pour prolonger à
leur profit toute la mythologie édifiée autour du Progrès et qui a si bien
servi les intérêts capitalistes depuis les premiers débuts de la révolution
industrielle jusqu'à la seconde guerre mondiale. La poursuite du
développement a débouché inévitablement dans la globalisation de
l'économie, processus qui a déjà provoqué des milliers d'opérations traumatiques de
délocalisation des activités productives dans le monde entier avec pour
conséquence l'établissement de grandes zones d'hyperexploitation du
travail dans des conditions sociales et environnementales indescriptibles.

Le concept général de développement, conçu comme développement de
l'humanité, qui accroît le bien-être général au moyen de la
substitution des formes productives traditionnelles par d'autres ayant un contenu
scientifique plus grand est une construction idéologique que les Etats-Unis
ont instauré à partir de 1949 pour soutenir leur hégémonie sur le monde
aucours des décennies suivantes.
Le développement se présente en premier lieu comme un processus nécessaire : aucune nation ou communauté humaine visant le bien-être de ses membres ne peut y renoncer.
En second lieu, il est une voie unique et linéaire dans laquelle on avance au moyen de la
croissanceéconomique.
Enfin, le développement repose sur la dépendance : en abandonnant ses formes traditionnelles de subsistance, chaque individu, chaque communauté perd son autonomie économique et accepte de nouvelles formes de dépendance (envers les marchés nationaux ou internationaux, envers le système scientifique et technique, etc.) en échange d'une plus
grande capacité de production et ainsi d'un plus grand bien-être matériel.

Pour garantir l'acceptation des politiques de développement, dans le bloc
capitaliste comme dans le socialiste, on comptait sur l'éclat du nouveau
mythe qui se reflétait dans les modes de vie américaine dans un cas et dans
l'exaltation de la productivité comme arme libératrice dans les pays
ditssocialistes. Elle put aussi compter sur la collaboration enthousiaste
des gouvernements et des élites économiques nationales qui fonctionnaient comme
des agences locales, facilitant dans leurs territoires respectifs les programmes développés par les institutions internationales et les grandes sociétés multinationales qui se réservaient la faculté d'imposer des modifications adéquates (prix des matières premières et des biens
manufacturés, systèmes fiscaux, régulations commerciales, ajustements
de divers types, etc.) pour favoriser l'expansion de nouvelles formes de
production, rendant les traditions non viables.
L'ère du développement qui s'étendit partout dans le monde au cours des années cinquante et soixante provoqua la division des pays en catégories - développés, en voie de
développement et sous-développés -, créant une hiérarchie au service du
nouveau mythe et prescrivant du plomb pour ceux qui ne l'acceptaient pas.
Crise du pétrole (une ressource naturelle en déclin), effondrement du
modèle de compétitivité technologique et productive, chute des profits économiques
à cause des luttes sociales, épuisement progressif des pays du Sud en raison
de leur spoliation continue, après plusieurs décennies d'application le
développement est un mythe qui s'écroule et les espoirs de bien-être
général, de comparaison possible entre pays sont des rêves qui cachent
lelourd héritage du développement.

L'ère du développement a occasionné un élargissement épouvantable des
inégalités entre les personnes et les peuples du monde dans des proportions
encore jamais connues dans l'histoire. Le développement a démontré son
incapacité manifeste à étendre l'abondance dans le monde, pas même à
satisfaire les besoins minimaux de subsistance pour la plus grande partie de
la population. Les problèmes de logement, d'accès à l'eau potable, les
besoins minimaux en énergie ne sont pas plus flatteurs que ceux qui
affectent l'alimentation. Les progrès en matière de santé et
d'éducationsont restés bloqués et la moitié de la population mondiale s'entasse
dansdes métropoles et grandes villes insoutenables avec un régime de
dépendance totale pour leurs fournitures externes vitales que ni la quantité de
ressources naturelles subsistantes, ni le système économique global
sontcapables de garantir.
Le processus d'urbanisation de la population se poursuit avec force, encouragé par la destruction des cultures locales, les conflits armés et l'abandon croissant dans lequel s'enfoncent lespopulations paysannes.

La réponse des puissants à l'échec du développement a commencé dans les
années quatre-vingt avec une nouvelle organisation et division du
travail,l'introduction de nouvelles technologies dans le système productif afinde
rénover la compétitivité et l'accroissement de la monétarisation des
activités humaines. Au moyen de politiques de libéralisation et de
privatisation, la réponse fut la globalisation de l'économie, la
prééminence de celle-ci sur la politique, la culture, l'écologie et le social.

La poursuite des politiques de développement sous la forme de la
globalisation économique a provoqué au cours des deux dernières
décenniesl'extension des processus de dualisation sociale et de crise écologique
à l'échelle planétaire dans le but d'élargir la consommation courante de la
majorité de la population du Nord pendant que dans ce qu'on appelle le Sud,
la rareté et la faim s'imposent à ses habitants et le futur de toutes
les générations à venir se trouve hypothéqué.

Face à un espace de flux s'appuyant sur les points forts du territoire,
dansles mégalopoles globales, face à un temps de plus en plus rapide,
négateur du passé et du futur, dans lequel ne subsiste que le temps réel du
présent, temps circulaire de la valorisation du capital, la stratégie libertaire doit
s'approfondir dans la défense du local, des espaces de communauté, du
concept de proximité, et d'une éthique intergénérationnelle qui impulse la
lutte pour un monde, pour des mondes habitables par nos enfants. C'est
l'expérience de la résistance, de la lutte de l'écologie sociale dans tous
les continents qui nous signale la voie à suivre et en s'alliant avec
la tradition libertaire ils constituent les apports principaux à la pensée
critique, à l'antagonisme social dans le crépuscule du XXè siècle.

3. Globalisation de l'économie
Globalisation de l'économie, libre commerce et gouvernement mondial
sont les trois piliers sur lesquels repose fortement le nouvel édifice de la
dite èreou société de l'information. Globalisation de l'économie soutenue par une
nouvelle organisation et division du travail, par le développement et la
mise en application des technologies de l'information afin de
délocaliser, décentraliser et flexibiliser la production à l'échelle de tout le globe,
constituant toute une toile d'araignée d'entreprises en réseaux,
interconnectées et reliées entre elles, en même temps que la classe des
travailleurs de retrouve fractionnée en mille morceaux et que les
nouvelles générations ouvrières - jeunes, femmes, immigrés, enfants sont
surexploitées. Ceci n'est pas une vision du passé, du XIXè siècle mais
celle, plus réaliste, des présents du XXè siècle.

Dans le temple de l'économie, l'idole la plus adulée est la liberté du
commerce, qui peut compter sur des légions de fanatiques parmi les
économistes pour l'ériger en un totem fondamentaliste de la
globalisation
économique. Cependant, le fonctionnement de la concurrence comme
instrument
régulateur de l'économie est marqué par une succession de comportements
déprédateurs défendus en dernière instance par la force des armes. La
compétitivité sur les marchés internationaux est sauvegardée par une
plus
grande productivité et celle-ci parvient à s'accroître en soumettant et
orientant les innovations technologiques et en précarisant la vie des
travailleurs : il en fut ainsi ces vingt dernières années et c'est cela
la politique qui régit le présent et le futur immédiat dans les plans du
capital. De la Liberté du Commerce et de la concurrence internationale,
il n'y a rien à espérer d'autre qu'une concentration encore plus grande de la
richesse et du pouvoir entre les mains des entreprises multinationales et
des gouvernements qui les défendent.

Le capitalisme possède ses institutions pour favoriser le développement de
la globalisation : FMI, Banque mondiale, OMC, G7, etc. A mesure que
s'amplifient les conséquences écologiques, sociales et économiques de la
globalisation, de plus de plus de voix concordantes s'élèvent en faveur d'un
plus grand contrôle et d'un gouvernement mondial. Encourager cette
progression vers une quelconque forme de gouvernement mondial, à partir de
la situation politique actuelle, conduit uniquement à légitimer les
pouvoirs
régissant le capitalisme, à accélérer la consolidation de structures
politiques totalement incontrôlables par les individus et les Peuples
du
monde. L'usage de la force, de la guerre au moyen des "forces de paix"
de
l'ONU et les subventions directes des entreprises transnationales aux
Nations Unies nous montrent le scénario de la tragédie : un
gouvernement
mondial qui a comme gendarmes les forces armées de l'OTAN déguisées en
forces humanitaires payées par l'ONU grâce aux fonds des
multinationales.

Ni Etat, ni gouvernement mondial, l'unique gouvernement acceptable est celui
situé localement, dans la commune ou communauté libertaire, là où les
décisions se prennent à la base avec le fédéralisme comme formule de
coopération. Ni concurrence, ni liberté de commerce, mais entraide et
solidarité entre les personnes, entre les peuples. Ni globalisation, ni
dépendance, mais autonomie pour prendre nos destins en mains. Nous ne
sommes pas seulement en train de dessiner la société que nous portons dans nos
coeurs, les moyens et les fins sont identiques dans la stratégie libertaire.
Nous sommes en train de donner les premiers coups de truelle à l'ouvrage que
nous construisons jour après jour dans la résistance sociale : en même temps
que l'on combat et déconstruit la domination du capital, il faut mettre sur
pied, mètre par mètre, à chaque instant, l'alternative libertaire.

4. Sur le patriarcat et l'exploitation des femmes
Sur le patriarcat et l'exploitation des femmes se sont assis d'autres
types d'exploitation tout au long de l'histoire et parmi elles celle du
capitalisme sur la classe des travailleurs.
Le type de domination dans la famille patriarcale et la double exploitation des femmes
- dans les entreprises et au foyer - ont servi au capital pour obtenir gratuitement
tout le travail dédié à la reproduction de la "force de travail",
s'occuper du foyer, des enfants, des malades, etc. La vision occidentale de l'économie
actuellement dominante dans le monde entier a ses fondements dans la
hiérarchisation des processus de production et de reproduction. Cette visionocculte les conditions et la quantité de travail que les femmes réalisent
pour assurer leur survie et celle de leurs familles et facilite la
dévalorisation de la place sociale et de la rétribution de la femme
salariée, obligée de s'occuper simultanément des tâches de production
et de
reproduction.

Aujourd'hui, par temps de privatisations, de monétarisation des toutes
les
activités humaines, les travaux effectués dans le foyer sont appelés
services de proximité, et en toute logique ce sont les femmes qui en
sont la
main d'oeuvre la plus qualifiée. C'est un nouveau filon trouvé par le
capital pour poursuivre la croissance de ses profits au prix de
l'exploitation de jeunes femmes et d'immigrées pour réaliser des tâches
auxquelles les femmes en général peuvent dédier de moins en moins de
temps à
cause de leur incorporation grandissante au travail salarié.

Dans tous les pays du monde le taux d'activité des femmes sur le marché
du
travail ne cesse de croître. Elles travaillent plus de manière salariée
parce qu'elles sont moins payées que leurs compagnons hommes et
qu'elles
conviennent mieux au capital pour développer ses politiques de travail
flexible (à temps partiel, à durée déterminée, etc.) compatible avec
l'autre
travail, celui du foyer.

La tension existante à cause de la perte, petit à petit mais de la
perte
tout de même, du pouvoir patriarcal dans les familles génère
l'augmentation
de la violence de genre, les femmes maltraitées et assassinées étant
les
victimes de cette guerre qui provoque des milliers de morts par an dans
le
monde.

Seul le déclin de la famille patriarcale peut apporter la liberté à ses
esclaves, les femmes. Pour en finir avec la domination de genre, la
réponse
libertaire est la répartition du travail, de tout le travail, celui du
foyer
aussi, la liberté et le contrôle des droits de reproduction, liberté du
choisir et de former de multiples communautés de vie commune, l'égalité
des
droits entre les hommes et les femmes, et parmi ces droits, celui
d'être
différent.

5. L'action directe
L'action directe, la propagande par les faits est un signe d'identité
de la pratique libertaire qui plonge ses racines dans les débuts du
syndicalisme
révolutionnaire. Aujourd'hui l'action directe fait partie de la
stratégie derépartition de la richesse basée sur la réappropriation sociale. Parce
qu'il ne suffit plus de revendiquer, il faut se réapproprier socialement la
richesse soustraite par les puissants.

La richesse générée dans la société n'est pas seulement le fruit des
"entrepreneurs" capitalistes - qui s'en accaparent la meilleur part -
et du
travail salarié - qui reçoivent des miettes. La richesse est générée
socialement et d'autres acteurs non rémunérés y contribuent grâce aux
apports que représentent les tâches de reproduction, de formation et la
baisse du coût du travail (femmes, étudiants, chômeurs...). Dans le
meilleur
des cas, ils reçoivent la pire des parts : la dépendance vis-à-vis d'un
mari, d'un père ou une misérable allocation chômage, voire pire encore
lorsqu'ils se retrouvent les mains vides.

De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins, c'est cela la
répartition communiste et libertaire de la richesse que nous défendons
historiquement et, en allant vers cet objectif, un revenu social
suffisant
pour toutes les personnes qui ne disposent ni de rente ni de patrimoine
est la base stratégique principale pour conjuguer les efforts, additionner
des forces dans la bataille de l'antagonisme social pour partager plus
équitativement la richesse. Mais, tandis que le revenu ou salaire
social parvient à s'implanter, les gens ont des besoins non satisfaits,
urgents pour survivre.

Ceux qui exercent l'action directe pour se réapproprier socialement la
richesse, ce sont les occupants de logements, les participants aux repas
collectifs obtenus gratuitement, ceux qui protègent leur santé en
choisissant une consommation saine au moyen de l'association et de la
coopération, loin des vaches folles, des poulets à la dioxine, les
légumesaux toxines et des aliments transgéniques. L'action directe comme
pratique et stratégie libertaires permet de satisfaire des besoins de manière
immédiate, de construire des alternatives à la domination capitaliste
et
constitue la meilleure propagande par le fait pour que la mobilisation
de la
majorité sociale parvienne à imposer la revendication du partage de la
richesse.

6. Dans la tradition libertaire
Dans la tradition libertaire, le syndicalisme révolutionnaire a été le
grand
navire de la flotte contre le capital. Depuis l'aube sur XXème siècle
jusqu'aux débuts de la seconde guerre mondiale, le syndicalisme
révolutionnaire, l'anarcho-syndicalisme ont été au centre des
principaux
élans organisés des groupes et organisations anarchistes. Organiser les
travailleurs dans les syndicats, de manière autonome vis-à-vis des
partis,
du patronat et de l'Etat, indépendamment de leur idéologie mais en
pariant
fermement pour la révolution sociale, fut la tâche principale de
l'anarchisme au cours des premières décennies du siècle passé.

Bien que nous ne puisions pas véritablement parler d'un seul
anarchisme, car
les variétés anarchistes furent et sont multiples, le syndicalisme
révolutionnaire a été l'oeuvre maîtresse qui a permis l'affiliation et
la
lutte pour leur émancipation de millions de travailleurs dans le monde,
depuis la France et l'Espagne jusqu'à la Suède et au Mexique.
Coïncidant
avec la seconde révolution industrielle et une nouvelle organisation du
travail, l'anarcho-syndicalisme a mené la lutte et les aspirations d'un
nouveau prolétariat à cheval entre l'atelier et le métier, l'usine et
la
chaîne de montage.

Après la seconde guerre mondiale, le pacte social caché, qui impliquait
la
mise en place de l'Etat-providence, avec sa sécurité sociale, ses lois
de
négociations collectives et ses prestations de chômage, le syndicalisme
institutionnel, majoritairement social-démocrate, a marginalisé et
presque
fait disparaître le syndicalisme révolutionnaire dans tous les pays.
Dans la
crise capitaliste des années soixante-dix et la nouvelle organisation
du
travail qui en a résulté, ainsi que la dérive vers la globalisation de
l'économie et les changements sociaux survenus pendant les premières
décennies de l'ère de l'information, le syndicalisme révolutionnaire
organisé n'a pas été présent et l'anarcho-syndicalisme est en général
marginal dans presque tous les pays du monde.

Mais, il en a été différemment avec les idées anarchistes. Tous les
nouveaux
mouvements sociaux apparus à partir des années soixante-dix,
l'écologie, le
féminisme, l'antimilitarisme, ont fait renaître les fleurs libertaires.
L'antagonisme social contre les dominations pour raisons de genre, de
race,
d'orientation sexuelle et autres ont utilisé l'action directe,
l'appelant
désobéissance civile ou insoumission, le fédéralisme et les groupes
d'affinité pour s'organiser, l'entraide rebaptisée coopération et
solidarité. C'est pour tout cela que les groupes et organisations
proprement
anarchistes ou libertaires ont consacré leurs efforts à se situer dans
les
luttes sociales de ces mouvements qui se sont développés dans les
villes, en
milieu urbain.

Aujourd'hui, au XXème siècle, la centralité ouvrière, l'identité de
classe
est une domination de plus, comme celle du patriarcat, celle de la
domination de l'homme sur la nature, mais elle n'est pas la
contradiction
principale, celle qui donne une identité au sujet antagoniste.
Aujourd'hui,
le sujet antagoniste a une identité plurielle, de nombreux visages et
les
formes d'organisation sont diverses. Dans la flotte de l'antagonisme
social,
il n'y a plus de grand navire que les autres devraient suivre.

D'un autre côté, le syndicalisme n'a pas été capable de se renouveler
devant
la nouvelle organisation du travail imposée ces dernières décennies.
Plus
encore, la tendance générale vers un fractionnement de la classe des
travailleurs avec emplois fixes, précaires, souterrains, autonomes, à
temps
partiel, chômeurs, etc. la réduction du champ d'action du droit du
travail
en faveur du droit commercial et le développement de plus en plus fort
de la
négociation individuelle au détriment de négociation collective, limite
et
diminue le rôle du syndicalisme, le mettant dans la situation de
changer
urgemment ses stratégies et formes d'organisation ou bien de se voir
voué à
disparaître en limitant ses agissements au rôle institutionnel que lui
assignent les entreprises et les gouvernements.

L'effort libertaire dans ces mouvements est d'impulser la convergence,
l'interaction entre les mouvements sociaux - y compris le mouvement
ouvrier - dans un solide mouvement social antagoniste au capital, à sa
véritable expression actuelle, la globalisation économique, et aux
autres
dominations. Mouvement social antagoniste qui n'a et ne doit pas avoir
une
expression organisée unique, mais plurielle, partant de la réalité
actuelle,
confluant et agissant ensemble sur le territoire pour recréer une
identité
territoriale commune, composée de multiples identités singulières.

L'organisation territoriale locale est l'équivalent au XXIème siècle de
ce
que fut le syndicalisme révolutionnaire pendant les premières décennies
du
XXème siècle. L'espace de la globalisation économique n'est pas local,
c'est
un espace de flux où circulent à la même vitesse l'information et le
capital. L'espace des besoins, de la lutte sociale, lui, est local ;
c'est
le quartier, la commune, la ville. C'est dans cet espace que nous
pouvons
construire, à la marge des institutions, des alternatives libertaires à
tous
les modes de domination, à l'exploitation capitaliste, un espace où
peuvent
vivre ensemble des identités différentes parce que nous faisons le pari
de
construire une identité territoriale commune régie par la démocratie de
base, interconnectée en réseau avec d'autres populations.

Dans un monde où les résistances sociales font fleurir les idées
libertaires, les groupes et organisations anarchistes ont beaucoup à
apprendre et à apporter. La stratégie libertaire est celle de renforcer
le
mouvement social antagoniste au moyen de l'interaction des mouvements
sociaux, en étant spécialement attentif au mouvement ouvrier,
écologiste et
féministe, en impulsant l'action directe comme réappropriation sociale
de la
richesse, comme propagande par les faits, comme exercice de la
démocratie de
base sans délégations ni intermédiaires, et en construisant des espaces
de
communauté dans chaque territoire comme alternatives aux institutions.

7. L'idée libertaire
L'idée libertaire, l'anarchisme a été et est internationaliste ; en des
temps de globalisation mondiale de l'économie, il est encore plus
nécessaire de s'interconnecter depuis n'importe quel coin de la planète où lutte
une personne ou un groupe libertaire.

Les groupes et organisations libertaires se sont historiquement
organisés
par affinité et ont créé ou constitué des sociétés, des mutuelles, des
syndicats, des athénées pour défendre, impulser ou promouvoir des
revendications pour des choses concrètes, l'éducation, la culture
alternative ou des formes de vie différentes, avec l'émancipation
sociale
pour horizon.

Aujourd'hui, nous faisons le pari, en premier lieu, d'impulser un réseau
libertaire de caractère international qui pourra accueillir et contenir
tous
les groupes d'affinité qui le désirent, les organisations libertaires
et
les associations, athénées, syndicats et autres. Réseau qui servira
pour
étendre l'entraide, la solidarité avec les luttes, qui sera une source
d'information et de débat pour le monde libertaire, qui organisera des
rencontres internationales, des écoles de formation, des
vidéoconférences et
tout type d'instruments pour mettre en commun les stratégies permettant
d'orienter et d'introduire l'idée libertaire dans les luttes sociales.
Déjà
les premiers pas ont été franchis en constituant en avril 2001 à
Madrid, le
réseau Solidarité Internationale Libertaire.

En second lieu, nous travaillerons à la création d'organisations
libertaires
dans des espaces territoriaux divers, locaux, régionaux, nationaux,
etc. en
partant de la tradition d'organisation de chaque lieu. Organisations
libertaires qui utilisent le fédéralisme comme structure pour unir
divers
groupes d'affinité et dont l'objectif principal est l'interaction des
différents mouvements sociaux en lutte, en créant des identités
territoriales de base, des connexions organisées et des réseaux
communs.

En troisième lieu, mais qui n'est pas de la dernière importance, nous
ressentons le nécessité vitale de nous regrouper par affinité. Un
groupe
d'affinité est petit par nature, c'est là où se partagent beaucoup de
choses, où nous nous voyons en face pour discuter, pour s'amuser et
former
le premier espace de communauté qui fait des personnes des êtres
sociaux, et
grâce auquel nous pouvons apporter collectivement à d'autres groupes de
la
localité ou de la région une portion d'identité.

De l'exploitation, domination, aliénation, violence matérielle et
symbolique, la domination et la violence sont les principales.
L'exploitation est une catégorie de la violence et non le contraire.
Notre
lutte est une lutte contre le pouvoir, contre les dominations, contre
tous
les pouvoirs. Dans cette lutte commune, nous appelons les libertaires,
les
groupes d'affinité, à constituer la Fédération Libertaire...

A Barcelone, le 23 juin 2001
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