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Communiqué: Le rapport 2001 de la CISL fait état de 209 assassinats de syndicalistes l’an passé

vieuxcmaq, Jeudi, Octobre 11, 2001 - 11:00

Confédération internationale des syndicats libres (jean-pierre.larche@csn.qc.ca)

209 syndicalistes tués ou disparus, soit 50 pour cent de plus que l’année précédente, environ 8.500 arrêtés, 3.000 autres blessés, plus de 100.000 harcelés et près de 20.000 licenciés en raison de leur activité syndicale… : au cours de l’année 2000, les syndicalistes ont chèrement payé leur engagement. Des chiffres alarmants qui ne représentent pourtant qu’une infime part de la réalité.

Bruxelles, le 9 Octobre, 2001 : Le 23 juin, le corps de Monzon Lima est retrouvé sans vie aux abords d’une autoroute guatémaltèque. Il a été abattu d’une balle dans le dos après avoir refusé son licenciement pour cause d’activité syndicale et après avoir dénoncé la corruption dans son entreprise. En novembre, la syndicaliste congolaise Odette Kasal Mukaj disparaît sans laisser de traces, les observateurs pointent du doigt les services de sécurité. En Haïti, Elison Merzilus est enlevé chez lui devant sa femme et ses enfants, il sera retrouvé mort quelques jours plus tard. Son crime : avoir voulu créer une association de femmes liée à son syndicat. En Inde, deux syndicalistes d’une usine de construction automobile se battent durant des mois contre leur direction. En octobre, leurs corps sans vie sont retrouvés aux abords de l’usine…

C’est un véritable catalogue de violence que livre dans sa dernière édition le Rapport annuel de la CISL sur les violations des droits syndicaux dans le monde (couvrant l’année 2000). Une violence dirigée contre des femmes et des hommes qui ont choisi de s’engager pour défendre leurs collègues de travail contre l’exploitation.

Selon le rapport, qui cette année couvre un nombre record de 140 pays, soit 27 de plus qu’en 1999, les pays où les situations sont les plus préoccupantes sont : la Colombie, le Guatemala, le Venezuela, le Costa Rica, la Chine, la Corée du Sud, le Swaziland, le Zimbabwe, la Biélorussie et les pays du Golfe.

Le planisphère de tous les dangers

La Colombie demeure le pays le plus dangereux au monde pour les syndicalistes. 153 syndicalistes y ont été assassinés ou y ont disparu en 2000, soit une augmentation de plus de 100 % par rapport à 1999. Les syndicalistes sont régulièrement l’objet d’attaques de la part des paramilitaires et des guérillas mais également de la part des autorités et des employeurs. L’État ne mobilise pas assez de ressources pour mettre en œuvre des programmes de protection efficaces.

Outre le macabre record colombien, d’autres pays du continent américain participent à faire de l’Amérique latine le continent le plus dangereux pour les syndicalistes. Au Guatemala, ils sont souvent menacés de mort et doivent faire face à la constante inertie et complicité des tribunaux. Au Venezuela, le mouvement syndical indépendant est menacé de disparition suite aux nombreuses attaques du Président Chávez qui a notamment imposé un référendum pour le renouvellement des directions syndicales. Au Costa Rica, c’est la négociation collective tout entière qui a été mise en péril par un jugement de la cour constitutionnelle.

L’Asie a également enregistré un nombre record de violations, concentrant 71 pour cent des cas d’arrestations et 87 % des cas de harcèlement de par le monde. En Chine, tout mouvement indépendant est immédiatement écrasé. Les syndicalistes qui tentent d’organiser des syndicats indépendants sont internés dans des hôpitaux psychiatriques ou envoyés dans des camps de travaux forcés où ils sont l’objet de mauvais traitements.

L’Afrique a également atteint des niveaux records : dans près de 60 pour cent des pays passés sous crible par le rapport, des travailleurs ont été licenciés en raison de leur activité syndicale. Des syndicalistes ont par ailleurs été arrêtés dans près d’un pays africain sur deux.

Le Rapport annuel dénombre aussi 108 Etats où l’on peut observer des obstacles légaux à l’établissement d’un syndicat. Parmi ceux-ci, certains interdisent totalement les syndicats. C’est le cas du Bhoutan, de la Birmanie, ou de la Guinée équatoriale. Dans les pays du Golfe, les droits syndicaux sont pratiquement inexistants. Des Comités consultatifs remplacent les syndicats notamment à Bahreïn, Qatar, Oman et aux Émirats Arabes Unis. En Arabie Saoudite, les syndicats sont tout simplement prohibés. De nombreux autres pays empêchent toute activité syndicale indépendante, notamment à Cuba, au Vietnam, au Laos, en Syrie, en Iraq. Dans ces pays, les syndicats sont inféodés au pouvoir et ne défendent pas les intérêts des travailleurs.

Si les syndicats sont certes réprimés de manière plus violente dans les pays en voie de développement, dans les pays occidentaux, les employeurs essaient également de saper l’action des syndicats mais de manière plus cynique. Aux États-Unis, les employeurs font régulièrement appel à des professionnels pour tenter d’éliminer le syndicat au sein de leur entreprise. Au Canada, de nombreux secteurs ne peuvent mener de grève et sont également privés de négociation collective. En Australie, le gouvernement a distribué aux hauts fonctionnaires un manuel reprenant des tactiques de sabotage à appliquer dans les négociations collectives avec les syndicats. En Espagne et au Royaume-Uni, le rapport dévoile des cas de violations des droits syndicaux liés à l’usage de l’internet.

Le prix de la lutte syndicale pour la démocratie

Dans les pays où un régime autoritaire est en place, les syndicats représentent parfois le seul recours. Et lorsque l’usage de la force ne parvient pas à les faire taire, les autorités n’hésitent pas à s’immiscer dans les affaires syndicales en formant eux-mêmes des syndicats complètement à leur botte, en prenant possession de leurs avoirs ou encore en exacerbant les divisions au sein des syndicats.

Le gouvernement du Swaziland, où règne une des dernières monarchies absolues du continent africain, a tenté de faire passer un projet de loi restreignant les droits syndicaux et notamment le droit de grève. Les grèves et manifestations de protestation ont toutes été réprimées. Ce n’est qu’après la menace de perte de privilèges commerciaux que le gouvernement a renoncé à adopter la loi. Mais de nombreuses restrictions continuent à peser sur les syndicats qui militent pour la démocratie. Au Zimbabwe, des dizaines de personnes opposées au régime du Président Mugabe, parmi lesquels au moins deux syndicalistes, ont été victimes de la violence qui s’est abattue sur le pays. La centrale syndicale ZCTU a été particulièrement visée par les autorités après avoir condamné ces actes. En Biélorussie, le mouvement syndical a dû essuyer de nombreuses attaques de la part de l’administration présidentielle qui a saisi à plusieurs reprises les comptes bancaires des syndicats et qui a tenté d’amener sous son contrôle les centrales dissidentes de sa politique. A Fidji, un coup d’État à connotation raciale a été condamné par les syndicats. A l’appel d’une journée de manifestations pour réclamer le rétablissement de l’État de droit, les autorités ont répondu en menaçant tous les fonctionnaires qui y prendraient part. De nombreux syndicalistes ont été attaqués ou détenus. Au Pérou, la centrale nationale CUT s’est jointe au vaste mouvement de protestation visant à empêcher le dictateur Fujimori d’assurer un troisième mandat présidentiel. Ses locaux ont été mis à sac et sept personnes ont été tuées lors des manifestations.

Haro sur le droit de grève

Les conséquences négatives de la mondialisation sauvage ont particulièrement affecté le droit de grève. A de très nombreuses reprises, le recours à la force s’est substitué au dialogue. Plus de 300 grèves ou manifestations auxquelles ont pris part les syndicats ont été réprimées par les employeurs ou par les forces de l’ordre, un phénomène qui concerne près de 90 pays de par le monde et qui s’est trop souvent soldé par des pertes de vies humaines. En Bolivie, au moins 14 personnes ont été tuées par les forces de l’ordre lors de deux vastes mouvements sociaux revendiquant des augmentations salariales et une diminution de la tarification de l’eau. Au Costa Rica, en Argentine, au Paraguay, des manifestants ont également perdu la vie. Au Bangladesh, quatre travailleurs ont été sauvagement tués par la police au port de Mongla alors qu’ils réclamaient l’embauche de davantage de personnel.

En Corée du Sud, la police intervient systématiquement et emprisonne les grévistes sous les accusations d’« obstruction aux affaires ». Depuis que le président Kim Dae Jung est au pouvoir, les syndicalistes se sont retrouvés plus nombreux sous les verrous que sous le règne de son prédécesseur, pourtant plus autoritaire. En Indonésie, pas moins de 29 grèves ont été réprimées. Les employeurs y font souvent appel à des voyous pour qu’ils s’introduisent parmi les grévistes afin de susciter l’intervention des forces de l’ordre. En Turquie, le gouvernement a entamé des procédures judiciaires ou des enquêtes administratives à l’encontre de 86.000 fonctionnaires qui participaient à une grève que le gouvernement avait déclarée illégale. Au Maroc, pas moins de huit grèves ont été réprimées et les grévistes sont régulièrement amenés devant la justice et condamnés à des peines d’emprisonnement. En République Centrafricaine, le gouvernement a tenté par tous les moyens et parfois avec violence de miner les grèves des fonctionnaires qui réclamaient le paiement d’arriérés de salaire s’élevant parfois à plus de dix mois. Dans tous les pays latino-américains cités par le rapport à l’exception de Cuba, au moins une grève a été réprimée l’an dernier. En Équateur et au Venezuela ce ne sont pas moins de 10 grèves où les forces de l’ordre sont intervenues violemment. En Europe, le droit de grève est également bafoué. Ainsi en Belgique, les employeurs ont souvent recours aux tribunaux dans le but de mettre fin aux grèves en imposant des astreintes colossales contre les piquets de grève.

Lorsque ce n’est pas par la force, ce sont par des pirouettes législatives que les autorités tentent de limiter le droit de grève… 80% des pays analysés ont adopté une législation restrictive en cette matière. En Afrique, ce taux atteint les 84%. Le plus souvent, la législation impose une lente et longue procédure au cours de laquelle les travailleurs ne sont que très rarement protégés. Au Lesotho, aucune grève légale officielle n’a encore été menée depuis l’indépendance en 1966. La législation permet également au gouvernement d’avoir recours aux réquisitions lors de grèves. Au Burkina Faso et au Niger, le gouvernement s’est arrogé le pouvoir de réquisitionner les grévistes. Le nombre requis de travailleurs pour pouvoir mener une grève est très souvent trop élevé. Au Costa Rica, les syndicats doivent dresser des listes prouvant que 60% des travailleurs sont en accord avec le mot d’ordre de grève. Toutes les grèves qui s’y sont déroulées pendant l’année ont été déclarées illégales. De nombreuses grèves sont également interdites si elles menacent la santé économique du pays mais les autorités abusent parfois de ce pouvoir comme par exemple au Mexique où le gouvernement a brandi cette excuse pour mettre fin à une grève au sein de la compagnie aérienne nationale Aeromexico. Au Moyen-Orient, les grèves sont pratiquement inexistantes. Les autorités conditionnent leur tenue à un nombre incalculable de restrictions et les grévistes sont passibles de lourdes peines d’emprisonnement. Les immigrants, qui constituent la majorité de la main-d’œuvre, peuvent être renvoyés sur le champ dans leur pays pour fait de grève.

Beaucoup d’États interdisent à des secteurs entiers de mener une grève en établissant une liste de services essentiels trop large. Le rapport répertorie pas moins de 59 États ayant recours à cette technique. Et si les autorités ne se bornent parfois qu’à établir certaines limitations, quelques États interdisent purement et simplement toutes les grèves comme à Cuba, en Corée du Nord, en Égypte ou encore en Arabie Saoudite.

Zones franches d’exportation, zones de non-droit syndical

Pour faire face à ces mouvements de contestation et sous la pression des marchés, les zones franches d’exportation sont en constante progression. Dans ces zones, les travailleurs sont la plupart du temps privés des droits syndicaux et lorsque les syndicats parviennent à s’y établir, ils sont constamment l’objet d’attaques de la part des employeurs, le plus souvent avec l’aval, voire la participation, des autorités. Le rapport épingle 33 pays pour ce type de problèmes. Aux Philippines, une étude réalisée dans sept zones franches du pays a démontré que les syndicats étaient la cible privilégiée des employeurs qui agissent en toute impunité. Au Bangladesh, les syndicats sont toujours exclus des zones franches et les travailleurs brimés lorsqu’ils revendiquent leurs droits. Cinq d’entre eux ont perdu la vie suite à des mouvements de protestation. La Turquie interdit toujours les grèves dans les cinq années qui suivent la création de la zone franche. En Namibie, les grèves sont toujours interdites dans les zones franches. En Amérique centrale (Nicaragua, Guatemala, El Salvador, Costa Rica, Honduras et Panama), les zones franches (maquiladoras) sont des zones de non-droit où les syndicalistes sont constamment persécutés. Les employeurs y licencient systématiquement les travailleurs voulant mener des activités syndicales et parfois établissent eux-mêmes des organisations de travailleurs contre la promesse de ne mener aucune grève. Dans les maquiladoras du Mexique, les employeurs n’hésitent pas à brutaliser les travailleurs qui tentent de mettre sur pied des syndicats indépendants.

La version intégrale du rapport 2000 est disponible sur le site web de la CISL : http://www.icftu.org/survey2000.asp?Language=FR (L'édition 2001 sera disponible quelques jours avant le 9 octobre)

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Pour information : Jean-Pierre Larche (514) 598-2230

La Confédération internationale des syndicats libres (CISL) a été créée en 1949 et compte 221 organisations affilés dans 148 pays et territoires sur les cinq continents, avec 156 millions d’adhérents.
www.icftu.org


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