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Éducation et décrochage scolaire : Une école très secondaire ?

vieuxcmaq, Mercredi, Septembre 5, 2001 - 11:00

MEMO Mouvement pour une école moderne et ouverte (jb@ramco.net)

La rentrée constitue un moment important de l'année. Le plein d'énergie et de bonnes dispositions a été refait. Le
moment est porté par une certaine fébrilité et une bonne dose d'espoir. Ce moment heureux ne doit pas nous
faire perdre de vue que, cette année encore, des milliers d'adolescents ne "rentreront" pas, même s'ils ont l'âge
de fréquenter une école. Beaucoup, aussi, seront présents de corps, mais l'école secondaire n'aura pas réussi à
mobiliser leur esprit. D'autres encore, entre 5 et 10 %, s'absenteront systématiquement de l'école tout au long de
l'année.

Une école très secondaire ?

par Diane De Courcy

L'auteure est présidente de la Commission scolaire de Montréal
et présidente du Mouvement pour une école moderne et ouverte(MÉMO)

La rentrée constitue un moment important de l'année. Le plein d'énergie et de bonnes dispositions a été refait. Le
moment est porté par une certaine fébrilité et une bonne dose d'espoir. Ce moment heureux ne doit pas nous
faire perdre de vue que, cette année encore, des milliers d'adolescents ne "rentreront" pas, même s'ils ont l'âge
de fréquenter une école. Beaucoup, aussi, seront présents de corps, mais l'école secondaire n'aura pas réussi à
mobiliser leur esprit. D'autres encore, entre 5 et 10 %, s'absenteront systématiquement de l'école tout au long de
l'année.

Le phénomène n'est pas local, ni même québécois. L'OCDE (Organisation de coopération et de développement
économiques) le constate dans tous les pays industrialisés. Paradoxalement, la forte demande d'éducation qui
s'exerce sur le marché du travail, dans la montée de l'économie du savoir, n'incite pas tous les jeunes à persister.
L'école serait-elle devenue très secondaire ?

En 1998, les structures scolaires ont été réformées, permettant un mouvement de décentralisation vers les
communautés et les établissements locaux. Certes, nous sommes encore dans une période d'ajustements. Mais
cette complicité avec la communauté, encore bien timide, peut constituer une clé significative pour une meilleure
insertion des jeunes. La réforme "du succès" s'intéresse, quant à elle, au contenu des apprentissages. Il s'agit,
sans conteste d'une réorientation nécessaire qui devra, toutefois, être complétée par une politique d'évaluation
des apprentissages.

Ces interventions ne doivent pas nous dispenser d'interpeller l'école dans sa forme, dans son organisation.
Malgré les transformations de l'environnement, le déroulement d'une journée scolaire n'a pas tellement changé
depuis les dernières décennies.

Que peut bien signifier aujourd'hui l'obligation légale de fréquentation jusqu'à 16 ans, lorsque nos écoles
secondaires accueillent, à la rentrée, presque deux fois plus d'élèves inscrits en première secondaire qu'en
cinquième ? Qui se sent responsable de cette obligation ? D'un point de vue institutionnel, cette obligation s'est
transformée en norme administrative, la hauteur du financement se mesurant par "têtes de pipe" présentes en
classe. Nous sommes loin d'une quelconque responsabilité.

L'absentéisme des élèves est un phénomène qui prend de l'ampleur, et ce mondialement : un décrochage à la
petite semaine qui conduit à coup sûr vers le décrochage officialisé et comptabilisé.

Un nombre important de constats a déjà été fait. En avril 2001, le Conseil supérieur de l'éducation invitait l'école
secondaire à "aménager le temps autrement". De son côté, le Forum Jeunesse de l'île de Montréal interpellait
l'école secondaire jugée, par les jeunes eux-mêmes, dépersonnalisée et démotivante. Le groupe de travail de
l'OCDE sur l'école de l'avenir proposait des changements dans le même sens :"Il est certain que la conception
des écoles doit être ouverte à la culture des jeunes dans sa dynamique et sa complexité et aux besoins
futurs des jeunes et de la collectivité. i

L'heure est donc à l'action. Comment aborder cette problématique, ni simple, ni facile, dans une perspective de
solutions ? Chacun des groupes intéressés, et au premier chef nous-mêmes, doit avoir l'humilité de reconnaître
qu'il ne détient pas toutes les réponses. Mais il faut aussi créer un lieu pour partager nos préoccupations,
connaître et reconnaître les initiatives qui ont été prises localement et, si possible, se donner un plan de travail
commun.

Il faut rassembler tous nos questionnements et, ensemble, bâtir maintenant l'école du troisième millénaire.
Comment créer une école personnalisée où peut se développer un sentiment d'appartenance, essentiel pour
soutenir la motivation et la persistance ? Faut-il diminuer le nombre d'élèves par groupe, réorganisé autour de
tuteurs ? Intégrer des activités dites parascolaires à l'horaire des cours ?

Faut-il proposer une fréquence et un parcours modulés aux élèves du deuxième cycle du secondaire ? Y a-t-il
lieu d'intégrer les apprentissages des jeunes sur le marché du travail à leur cheminement scolaire, sous une forme
encore à inventer ? Pourquoi tant de jeunes préfèrent-ils "l'éducation des adultes", où la moitié des élèves inscrits
n'a pas vingt ans ?

Les nouvelles technologies de l'information peuvent-elles servir à transformer l'école ? L'intégration de l'école "à
distance" à l'école plus conventionnelle est-elle souhaitable et dans quelle mesure ?

Le succès est lié à la valorisation de l'école par la famille et par la société. Les succès remportés par des élèves
issus de certaines communautés culturelles, manifestes lors des galas d'excellence, en témoignent. Comment
l'école secondaire peut-elle créer des ponts avec les familles et soutenir la motivation ? Comment réussir
l'ouverture de l'école aux différents organismes communautaires présents sur le terrain ? Quels sont les arrimages
requis ?

Pourquoi la relève des directions d'école est-elle si difficile ? Pourquoi l'école secondaire attire-t-elle peu de
gestionnaires ? Quel type de leadership recherchons-nous ?

Voilà autant de questions qui interpellent l'organisation de l'école. Nous aurons besoin d'audace, de courage et
de concertation pour établir les bases d'une nouvelle école secondaire, capable de composer avec un univers de
communication et d'information instantanées, un monde du travail toujours changeant, une collectivité
montréalaise cosmopolite et un contexte de pauvreté qui ne s'améliore guère.

Le MÉMO est un mouvement d'idées et de changements. Il veut créer un lieu d'échanges pour passer à l'action.
À cet effet, nous préparons, pour cet automne, un colloque sur "l'école très secondaire", une réflexion orientée
sur des solutions concrètes à mettre en place et ouverte à tous les citoyens et organismes intéressés.

Durant toute l'année, le MÉMO maintiendra ces échanges par l'intermédiaire de son site Internet
(www.memo.qc.ca). Les "rencontres des présidences", réunissant périodiquement les présidences des Conseils
d'établissement et les présidences des Organismes de participation des parents avec la présidente de la
Commission scolaire continueront d'être un forum privilégié pour les parents. Enfin, parce qu'il est aussi un parti
politique, le MÉMO profitera de la tribune du Conseil des commissaires pour faire des propositions concrètes,
et ce dès le 29 août.

L'école secondaire mérite plus qu'un traitement alarmiste. Le parti que je dirige a la conviction que les parents, le
personnel des écoles, enseignants et non-enseignants, les citoyens, jeunes et adultes, et les organismes sont
parties prenantes de la solution. À maintes reprises, chaque groupe a manifesté ses préoccupations relativement
à l'école ; nous faisons le pari qu'ils répondront favorablement à une invitation à travailler ensemble, selon la
formule de participation qui leur convient : colloque, forum Internet ou rencontre de parents. Il est temps de
passer à l'action. Il est temps de s'en donner les moyens.

Diane De Courcy
pres...@memo.qc.ca

Le 20 août 2001

iii OCDE, Enseignement et compétences, Motiver les élèves : l'enjeu de l'apprentissage à vie ,
Paris, 2000, p.50

COMMUNIQUÉ
Pour diffusion immédiate

Être redevable et responsable
envers les jeunes qui décrochent

Montréal, 28 août 2001. - " L'école c'est secondaire. L'expression est, on s'en souvient, de Sol. À sa manière,
l'humoriste-poète nous rappelait à nos devoirs, suggérant que lorsque l'école passe au second plan des
préoccupations des adultes, c'est la motivation des jeunes qui écope. On le sait, cela se traduit par un fort taux de
décrochage ".

C'est en ces termes que Diane De Courcy, présidente de la Commission scolaire de Montréal (CSDM) et présidente
du Mouvement pour une école moderne et ouverte (MÉMO), a présenté la proposition sur le décrochage des jeunes
qu'elle entend soumettre, au nom de ses collègues commissaires du MÉMO, lors de la première rencontre du
Conseil, ce mercredi 29 août.

Les commissaires du MÉMO sont, en effet, fortement préoccupés par le haut taux de décrochage scolaire qui n'a
pas baissé depuis plusieurs années. " Les risques de décrochage, pour les élèves de Montréal, sont toujours
beaucoup plus élevés qu'ailleurs au Québec ", a rappelé madame De Courcy.

Aussi, la proposition, disponible sur le site du MÉMO en faisant le www.memo.qc.ca, vise-t-elle à mettre en place,
dans chaque regroupement, un service pour les élèves qui décrochent. Ce service devra notamment garder le contact
pendant trois ans avec chaque élève qui aura décroché, informer l'élève des services que la CSDM ou d'autres
institutions peuvent lui offrir pour compléter ses études. Bref, manifester à l'élève que la CSDM reste disponible pour
l'accompagner dans son développement, même s'il n'est plus inscrit aux études.

" Nos écoles sont responsables de tous les jeunes, incluant ceux qui ont décroché. Nous devons garder un lien, leur
dire qu'ils seront accueillis et conseillés s'ils reviennent vers nous ", commente Diane De Courcy.

La proposition entend également établir des collaborations avec les autres organismes qui ont un mandat
d'intervention auprès des jeunes, notamment les CJE (Carrefour Jeunesse Emploi), et qui rejoignent souvent les
mêmes personnes. Enfin, pour faire connaître ces nouveaux services, pour renseigner et accompagner les élèves qui
ont décroché, la proposition encourage, entre autres, l'utilisation du site Internet de la Commission scolaire.

" Lorsqu'un élève décroche, l'école rompt pratiquement tous ses liens avec lui. Il faut parfois attendre plusieurs
années avant que cette personne ne revienne à l'éducation des adultes, si elle revient, explique la présidente. Nous
croyons que le fait de préserver un lien pourrait favoriser un retour plus rapide et possiblement éviter une rupture
complète ".

De plus en plus de voix, d'ici ou provenant des pays membres de l'OCDE (Organisme de coopération et de
développement économiques), proposent de revoir l'organisation de l'école secondaire. Plus près de nous, le Forum
Jeunesse de l'île de Montréal, lors de son événement annuel, a réitéré à quel point les jeunes trouvent l'école
dépersonnalisée et démotivante. L'Association étudiante du secondaire de la CSDM mettait en évidence, quant à
elle, certaines pratiques administratives qui constituent des freins à la réussite.

" La proposition ne prétend pas régler d'un seul coup la problématique du décrochage scolaire. La mutation de l'école
secondaire ne pourra se faire rapidement. En attendant, il faut mettre en place des mesures de soutien, rejoindre les
jeunes là où ils sont et ne pas laisser les élèves qui décrochent à eux-mêmes ", conclut la présidente.

Parallèlement à ces mesures, le MÉMO propose que la Commission scolaire procède à un recensement des
pratiques administratives qui pourraient être nuisibles à la réussite des élèves et en fasse rapport au Conseil. On
pense ici au retrait des manuels scolaires plusieurs jours avant le début de la session des examens, aux mesures
de suspension des élèves, à la politique de remplacement du personnel enseignant, entre autres.

Enfin, le MÉMO, qui avait été un des premiers à dénoncer les taux élevés de décrochage scolaire en 1993, alors que
le sujet était encore tabou, propose de reprendre l'étude longitudinale sur le décrochage et de la mettre à jour, tout
en s'attardant sur le nombre d'unités obtenues par les élèves relativement au nombre requis pour l'obtention d'un
diplôme.

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