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MARDI - Malgré les menaces d'expulsion, le squat se poursuit

vieuxcmaq, Mercredi, Août 1, 2001 - 11:00

Jaggi Singh (jaggi@tao.ca)

MONTRÉAL - Mardi 31 juillet 2001 - Cinq jours après leur ré-appropriation d'un édifice abandonné du centre ville de Montréal, une centaine de squatters ainsi que leurs supporters occupent toujours le site. À l'intérieur comme à l'extérieur de l'édifice, ils discutent stratégie, déplacent meubles et ressources diverses, partagent un repas, jouent au soccer et socialisent. Positionnés dans des points stratégiques, des équipes munies de walkie-talkies, viennent toutefois rappeler la menace constante d'une attaque policière.

Les organisateurs espèrent que la tenue d'une rencontre le lendemain à 10 heures à l'Hôtel de ville les prémunie contre une intervention de la police d'ici-là.

(Traduction libre. Isabelle Porter, CMAQ)

MONTRÉAL - Mardi 31 juillet 2001 - Cinq jours après leur ré-appropriation d'un édifice abandonné du centre ville de Montréal, une centaine de squatters ainsi que leurs supporters occupent toujours le site. À l'intérieur comme à l'extérieur de l'édifice, ils discutent stratégie, déplacent meubles et ressources diverses, partagent un repas, jouent au soccer et socialisent. Positionnés dans des points stratégiques, des équipes munies de walkie-talkies, viennent toutefois rappeler la menace constante d'une attaque policière.

Les organisateurs espèrent que la tenue d'une rencontre le lendemain à 10 heures à l'Hôtel de ville les prémunie contre une intervention de la police d'ici-là. C'est suite à l'intervention du propriétaire auprès de la ville que cette menace avait surgi dans la journée de mardi.

Il a été confirmé que ce dernier, Robert Landau réside à Westmount, riche enclave de la ville de Montréal où résident en autres les familles Mulroney, Bronfman et Molson. [C'est aussi à Westmount que plus de 150 militants ont été arrêtés le 1er mai 2000 à l'occasion d'un rallye de la fête des travailleurs visant à "déranger les riches dans leurs niches". Parmi les personnes arrêtées lors de cet évènement, certaines participent activement au projet du squat.]

En 1988, Landau et son associé de l'époque, Douglas Cohen, ont rasé plus de 100 unités de logements sociaux sur le site actuel du squat, rue Overdale. L'édifice squaté n'a été sauvé que pour son intérêt historique, alors que le reste de la propriété est devenu l'immense stationnement que nous connaissons aujourd'hui. Jusqu'à l'action des squaters vendredi dernier, cela faisait 13 ans que l'édifice restant était abandonné.

C'est après un silence qui a duré jusqu'à vendredi que Landau et sa compagnie (Grinch Realities) ont officiellement déposé une note d'évacuation à la ville de Montréal.

Cet après-midi, une rencontre a eu lieu dans un YMCA non loin de là, entre une délégation de squatters et les autorités municipales parmi lesquels se trouvaient notamment un représentant de la police et le maire Bourque lui-même. Les squatters avaient accepté de participer à la réunion à la suite d'une longue discussion en assemblée générale mais sous un certain nombre de conditions. La réunion devait se tenir dans un lien éloigné de la mairie comme du squat (pour éviter un spectacle médiatique). Qui plus est, tout les décisions futures devaient être prises en assemblées générales au lieu d'une quelconque petit groupe de personnes.

C'est aussi en assemblée générale qu'ont été choisis les membres de la délégation. Des assemblées générales se tiennent au moins une fois par jour, parfois deux ou trois fois lorsque des urgences l'imposent. La délégation est formée de Marie-Claude, une militante du Comité des Sans Emplois, principaux organisateurs de l'action; "Cat" et "Warren", deux jeunes qui ont vécu périodiquement dans la rue ces dernières années; Sorem du Regroupement de la Jeunesse Autonome (RAJ); Mathieu , un DJ qui milite dans le milieu culturel notamment au sein de l'Association pour la libération du Teckno et le comité culturel de la CLAC et Jacqueline, 72 ans, une résidente de longue date du quartier qui supporte activement le Comité des Sans Emplois. Jacqueline a dormi au squat tous les soirs depuis le début de l'action, le quittant temporairement chaque jour pour se doucher et nourrir son chat.

À la réunion du YMCA, le maire a avisé la délégation de la possibilité d'une expulsion par la police. M. Bourque a par ailleurs offert de trouver éventuellement des logements à tous les squatters qui en auraient besoin, tout en considérant la possibilité d'une coopérative d'habitation dans un édifice appartenant à la ville.

L'apparente volonté du maire de négocier contraste avec ses commentaires de lundi qu'on a amplement entendus à la radio et à la télévision. Bourque affirmait qu'il n'y avait pas de problème de sans-abris à Montréal, répétant le mythe de la droite selon lequel la plupart des itinérants choisissent de vivre dans la rue et qu'il y a amplement de places dans les abris et maison d'hébergement. Un bénévole de l'Organisme Dans La Rue avait par la suite réfuté publiquement les allégations du maire Bourque, en affirmant qu'au contraire, les abris sont pleins, même l'été. Les groupes oeuvrant dans le secteur du logement estiment qu'il y a plus de 15 000 sans-abris à Montréal.

L'offre du maire a été immédiatement critiquée par des militants du milieu du logement et des participants au squat. D'aucuns ont fait remarquer que non seulement l'offre de loger certains d'entre eux ne contribue pas à créer de nouveaux logements mais qu'en plus, cela discriminerait injustement les personnes présentement sur les listes d'attentes. Selon des statistiques citées par le Comité des Sans Emplois et le FRAPRU, au moins 8500 ménages sont inscrits sur les listes d'attente pour le logement social à Montréal. Quant à l'offre coopérative, plusieurs l'ont jugée problématique la voyant comme une façon de contourner l'enjeu central : les droits des squatters.

Selon Mathieu du groupe de délégués, à chaque fois que la question des droits des squatters (la possibilité d'occuper, d'améliorer et d'utiliser des édifices abandonnés sans se faire harceler par la police ou le gouvernement) a été soulevée en réunion, le maire formulait des commentaires arrogants du type "On est à Montréal, pas en Europe". Marie-Claude qui était aussi présente à la réunion, avait aussi noté cette fermeture . Quant à Cat, qui vit dans la rue depuis au moins sept ans, elle a livré au cours de la réunion un discours inspiré sur le squat et le sentiment de prise en charge qu'il a donné aux participants venus de la rue. Selon Marie-Claude et Mathieu, ses propos n'ont eu aucun effet évident sur Pierre Bourque.

L'offre de ce dernier, laquelle a été décrite de façon positive par divers médias de masse, n'a pas plu à la majorité des squatters. À l'occasion d'une assemblée générale en soirée où ont été discutées longuement les différentes options du groupe, il fut décidé de demander davantage de détails sur la proposition du maire, notamment concernant le projet d'édifice coopératif. Cette prise de position a pu donner un peu de temps au squatters après que la conseillère Claire St-Arnaud, désignée par le maire pour faire le suivi des discussions avec les squatters, ait accepté la tenue d'une autre réunion mercredi matin à 10 heures.

Toutefois, derrière tout le processus de négociation entre les squatters et la ville, se profile la menace d'une intervention policière. Mme St-Arnaud, tout comme le responsable des communications du maire, ont répété à plusieurs reprises aux délégués du squat que "le compteur [était] en marche". Qui plus est, Mme St-Arnaud a demandé que les squatters aient pris une décision avant mercredi midi.

Un squatter a fait remarquer que la ville n'imposerait jamais un pareil ultimatum à un propriétaire. Par conséquent, l'ultimatum de la ville est ignoré par le squat au profit du processus démocratique. En discutant avec les participants, on constate que la majorité d'entre eux n'ont pas du tout l'intention de quitter cet édifice dans lequel ils ont investi autant d'énergie et de temps au cours des cinq derniers jours, un édifice qui est maintenant pour eux beaucoup plus qu'un piaule ou un logis mais bien un symbole de pouvoir collectif.



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