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Victoire pour le squat d'Overdale

vieuxcmaq, Mardi, Juillet 31, 2001 - 11:00

Nicolas Phébus (nicolasphebus@yahoo.com)

Les squatters obtiennent un immeuble, l'autogestion et l'amnistie

src="http://www.cmaq.net/data/principal/mediaupload/2329_cmaq%20logement.jpg" alt="Crise du logement" align="left" border="0" hspace="4">

Le jeudi 2 aout 2001 10h00- L'occupation de la maison Louis-H. Lafontaine, squattée depuis vendredi dernier est belle et bien terminée. Des irréductibles qui refusaient de quitter les lieux malgré l'entente intervenue aujourd'hui sont partis en fin de soirée. Plus tôt dans la journée, l'assemblée générale des squatters a dit oui à l'offre de la ville. La majorité a donc accepté de déménager dans un ancien centre social désaffecté situé dans le quartier Rosemont après avoir obtenu le droit d'autogestion, la gratuité totale des lieux et l'amnistie. L'opération de l'anti-émeute pour déloger les derniers squatters a fait cinq arrestations de sympathisants autour du squat.

[Victoire historique pour les squatters (A)]

[Montréal lance un ultimatum aux squatters]

[Le squat est maintenu malgré les menaces d'expulsion]

Sur le site de La Presse, on trouve ce " Bulletin Spécial " laconique : " Les squatters devront partir. Le propriétaire de l'édifice occupé par une soixantaine de squatters au centre-ville de Montréal a demandé à la police de faire évacuer les lieux. S'ils partent, la Ville de Montréal est prête à leur offrir un immeuble à transformer en coopérative. " Sur le site de Radio-Canada, on apprend que l'expulsion ne serait pas imminente... Qui croire?

Suite à une réunion entre squatters et représentantEs de la Ville de Montréal cet après-midi, il semble que le Maire de Montréal, Pierre Bourque, veuille sérieusement mettre fin à l'occupation de la maison Louis-H. Lafontaine, squattée depuis vendredi dernier.

L'offre du Maire est floue, la Ville " donnerait " une coopérative d'habitation aux squatters si ces derniers quittaient le squat d'Overdale. Au moment d'écrire ces lignes, les squatters d'Overdale s'apprêtaient à aller en assemblée générale pour débattre de la question. Cependant, le Comité des sans-emploi ne se fait pas trop d'illusions et s'attend à avoir un avis d'éviction d'ici quelques heures, peut-être en pleine nuit. Il appartient à l'assemblée générale de décider de la marche à suivre, mais tous les militantEs de la région de Montréal sont invités à se rendre sur les lieux dans les plus bref délais pour montrer leur solidarité.

Pour ce rendre sur les lieux : La maison est à coté du métro Lucien-Lallier, 30 sec de marche, sinon du métro Guy rendez vous Guy et René-Levesque, ensuite marchez un peu vers l'est jusqu'à la station d'essence, impossible de manquer cette maison pleine de vie en dedans et autour.

Nicolas Phébus
Pour a-infos

Voici un article écrit cet après-midi, avant de savoir les dernières nouvelles :

Crise du logement
Le Comité des sans-emploi ouvre un squat politique à Montréal

Depuis le vendredi 27 juillet, des centaines de personnes -militantEs et sans abris, jeunes et moins jeunes confondus-vivent à Montréal une aventure formidable, une expérience hors du commun : l'alternative en actes, l'autogestion au quotidien, enfin, bref, ils et elles ont ouvert un squat politique. Le premier à tenir le coup si longtemps de mémoire de militant québécois.

Squat : Action de squatter un logement; logement ainsi occupé.

Squatter : Personne sans abris qui occupe illégalement un logement vacant ou destiné à la destruction.

" Un squat c'est la reprise d'un immeuble vacant par des mal-logés qui s'y introduisent, généralement par infraction, pour l'investir, le réaménager à leur goût, y habiter " explique Mathieu Thériault du Comité des sans-emploi qui souligne que l'expérience est plus fréquente en Europe, " les squatters sont des gens qui vivent comme tous les autres, à la différence près qu'ils ne paient pas de loyer " rajoute-t-il. Bref, une façon radicale, puisqu'elle tend à nier la propriété privé, de régler un problème de logement.

Le 27 juillet dernier, une centaine de personnes, appuyés par environs 300 manifestantEs, sont devenus des squatters en occupant illégalement une bâtisse abandonnée depuis plus de 12 ans, la " Maison Louis-H Lafontaine " (du nom d'un " célèbre politicien canadien-français ", père de la confédération, qui y a déjà habité), rebaptisé " squat d'Overdale " par les uns et " 13 rue de l'espoir " par les autres.

Depuis, de 50 à 200 personnes sont sur place en permanence. Il y a des anars, des militantEs de tout horizons, des jeunes marginaux et des itinérants, des pauvres ordinaires et des résidentEs des environs.

" Tout le monde met la main à la pâte " indique M. Thériault, rajoutant " en une fin de semaine une petite communauté s'est créée, ça ne dépend plus juste de nous [les organisateurs], les gens se sont organisés pour la sécurité, pour les rénovations, pour le ménage, la bouffe, etc. ". "

Le squat fonctionne en autogestion " d'après le militant, qui précise " c'est une application en microcosme des principes anarchistes : on fonctionne en assemblées générales fermées aux journalistes; avec la démocratie directe tous le monde s'exprime, c'est pas toujours évident de garder la cohérence, mais on fait notre possible ".

" On se laissera pas expulser
On se laissera pas gentrifier "

Le squat de la rue Overdale fut ouvert à l'initiative du Comité des sans-emploi Montréal Centre, un groupe radical du quartier centre-sud de la métropole. Mathieu Thériault explique que " c'est un comité de lutte qui a été fondé vers 1993 sur des bases anticapitalistes et anticoncertation [gangrène du mouvement social québécois, la concertation consiste à s'asseoir avec des politiciens et des patrons, sans rapport de force, plus souvent qu'autrement, pour se " concerter "] ", " Le comité est autonome, refuse les subventions et n'a pas de permanent, il ne tient que par la volonté d'une poignée de militantEs " précise-t-il.

À la base, le Comité n'est pas un groupe logement, alors pourquoi s'intéresser soudainement aux questions logements? " Pendant un bout, on s'est surtout intéressé à la faim " raconte le militant, " on s'est fait connaître avec les commandos bouffes en 1997 et on a fait plusieurs assemblées publiques là dessus ".

" Ceci dit, il y a un réel problème de logement " explique-t-il, " cette année c'est devenu assez extrême, avec plus de 400 familles à la rue le 1er juillet, des gens forcé d'aller vivre dans des campings et chez des amis ". " De plus, dans centre-sud, la gentrification est très présente, dans tout l'ouest du quartier il y a plein de nouveaux condos " précise-t-il, " notre quartier est en train de devenir un nouveau Plateau Mont-Royal ".

Le Comité voyait venir la crise depuis plusieurs années. En mai 2000, lors d'un camp de réflexion, l'idée d'un squat et d'une campagne logement a été sérieusement discutée. "

On fait ce que des groupes logements auraient du faire depuis des années, à commencer par le FRAPRU qui aurait du squatter Overdale depuis longtemps [Overdale, le site du squat, est une des luttes marquantes du FRAPRU qui avait tenté d'empêcher à la fin des années 1980 l'expulsion de quelques dizaines de locataires et la destruction de leur logements. Le squat est la seule bâtisse encore debout de cet îlot.] " estime Mathieu Thériault.

La campagne logement dure depuis un an et demi. " C'est une campagne en crescendo " indique M. Thériaut, " en décembre on a brièvement occupé l'ex cinéma Berri, puis il y a eu une action femme en mars, on a aussi fait une fête de quartier avec épluchette de blé d'inde et projection de films sur les squats, il y a eu 3 assemblées publiques et plusieurs soupers spaghettis avec projection vidéo, ça ne sort pas de nul part " rappelle le militant.

Il aura fallu 3 mois de préparation intensive au Comité des sans-emploi pour préparer le squat.

" Des militantEs nous ont reproché notre lenteur, mais je pense qu'actuellement le fruit était mûr avec la campagne électorale municipale, l'été et la crise du logement " pense M. Thériault, " aujourd'hui, quand on parle de squat, les gens ne nous regardent pas comme des extraterrestres ".

L'action à une double fonction pour le Comité : " Nous sommes un comité de lutte et nous faisons souvent des actions spectaculaires pour tirer la sonnette d'alarme, pointer un problème, donc le squat c'est un peu ça, réussir à faire du logement un enjeu politique et médiatique ".

D'autre part, Mathieu Thériault souligne que " il y a du monde, des jeunes de la rue surtout, qui en ont carrément besoin ", il rappelle que " ce monde là ce fait expulser de partout, il s'agit un peu de prendre notre place, puisque personne ne va nous la donner ". Le comité aimerait bien faire du squat un espèce de centre social autonome (il y a déjà des concerts et une AG de la CLAC).

Des appuis nombreux aux squatters

Si l'idée de squat et la vue de cette foule bigarrée a pu en laisser plus d'un interloqué, l'appui aux squatters est très fort d'après Mathieu Thériault.

" C'est vraiment extraordinaire, dans un quartier rasé où il n'y a plus grand monde en dehors des tours à bureaux, les voisins d'en face sont très réceptif " dit-il, " il y en a une couple vraiment l'fun, ils viennent bouffer avec nous, les gens viennent porter des affaires (de la bouffe des outils, des meubles, etc.), il y a même un gars qui est sorti de nul part et qui nous a donner 1500$ en liquide! ".

Du côté des groupes aussi l'appui se développe. " On a eu l'appui de groupes radicaux comme l'Ontario Coalition Against Poverty, la Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC) et de groupes réformistes comme le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste, le FRAPRU (qui est sur les lieux quotidiennement), le Réseau d'aide aux personnes seules et itinérantes (RAPSIN) " rappelle M. Thériault " les appuis se font sur nos propres bases, certainEs auraient peut-être voulu qu'on se la joue radical mais ça nous aide que des groupes comme le FRAPRU nous appui, ça fait du squat une patate chaude ".

Même certains politiciens municipaux, comme Michel Prescott l'actuel chef de l'opposition à la Ville de Montréal, sont venus faire un tour au squat. " C'est évident que le logement est un enjeu électoral, c'est une grosse récupération sale, une manoeuvre assez grossière... mais ça fait chier Bourque [le maire de Montréal] et donc ça nous aide " explique le militant.

Les avis sont partagés quant aux chances de survie du squat. La plupart des gens pensaient que les squatters ne tiendraient même pas leur première nuit, mais après cinq jours d'occupation, certainEs entretiennent un mince espoir. "

Vendredi [le 27 juillet], la menace des flics était assez sérieuse, il y a une douzaines de flics anti-émeutes qui ont voulu nous empêcher de rentrer " raconte le militant, " depuis, la situation est stable, il y a deux vans de police en permanence, et les flics doivent se mordre les doigts de ne pas être intervenus vendredi ". La " situation stable " n'empêche pas certains incidents, ainsi lundi le 30 juillet, la police est intervenue assez violemment contre une des jeunes punks chargée de la sécurité. " Ils l'ont jetée à terre pour lui prendre son C.B. mais elle l'avait déjà lancée au bout de ses bras " raconte Mathieu Thériault, " ça ressemble pas mal à de la brutalité policière! ". Il n'y aurait eu, à date, qu'une seule arrestation, le vendredi.

Alors, tiendra, tiendra pas? " L'attitude de la police est tellement imprévisible! Ça dépend beaucoup du politique " pense M. Thériaut. Et justement, le squat est en train de devenir un enjeu hautement politique. En effet, il y a une réunion de diverses instances de la Ville (pompier, police, services sociaux, habitation, développement économique, alouette) lundi le 30 juillet.

" Nous, on avait demandé que le maire vienne sur place nous rencontrer, mais, surprise!, il a refusé " dit M. Thériault " Aujourd'hui [mardi le 31 juillet], il y a eu une réunion en terrain neutre ". Le comité n'allait pas là pour négocier mais pour écouter. " Nos revendications sont claires : on veut qu'ils exproprient la place. On ne veut pas devenir proprio, on veut être toléré, c'est tout ". Du côté de la Ville, un communiqué a été émis disant que l'occupation devait cesser et promettant que tous les squatters seraient relogés. Du côté du proprio, " c'est clair qu'il veut qu'on criss le camp mais il attend après la ville ".

Une chose est sûre cependant, les squatters ont la volonté de rester. " C'est sûr que si ça dure, il y a du monde qui vont vouloir rester " estime M. Thériaut, précisant " c'est 50/50, d'un bord il y a des militantEs pas encore trop dans la marde qui veulent tenter l'expérience et de l'autre il y a du monde très pauvres qui doivent déjà squatter et qui préfèrent de loin être dans un squat un peu sécuritaire, toléré, que de risquer de se faire réveiller par les flics toutes les nuits ". Si la police veut intervenir et expulser les squatters manu-militari, le Comité prévient que le siège pourrait être long : " On n'a pas l'intention de partir, arrivera ce qui arrivera, ça risque d'être pas très gracieux " averti le militant.

[Photos du squat sur Indymedia Montréal]

Comment appuyer le squat d'Overdale? Voici ce que les squatters eux-mêmes disent : " Devant la menace d'éviction et le harcèlement policier constant auxquels nous faisons face, nous demandons votre appui matériel (matériaux, meubles, nourriture etc.) et votre solidarité.

Pour le droit au logement! Et par des moyens directs s'il le faut!

Fête Populaire et Manifestation de masse.
Vendredi le 3 août 2001.
Rendez-vous à 18h au Squat Overdale
au coin de René Lévesque et Mackay (Overdale).

pour toute autre information: n'hésitez pas à téléphoner au 514-578-0537 "

Site ouebe de A-Infos
www.ainfos.ca


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Très beau dessin: des oiseaux s'unissent pour couper une cloture de métal, sur fonds bleauté de la ville de Toronto.
Liste des activités lors de ce
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