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Algérie : Le peuple entre pillages maffieux et balles de l'armée

vieuxcmaq, Mardi, Juillet 10, 2001 - 11:00

Courant Alternatif (oclibertaire@hotmail.com)

Dans les années 80-90, les émeutes anti-pouvoir étaient limitées dans leur durée et généralement circonscrites géographiquement à une ou deux villes limitrophes. Celles qui secouent la Kabylie depuis avril 2001 s'inscrivent de manière évidente dans la durée étant donné que le 3e mois de révolte vient d'être entamé et que la mobilisation est toujours aussi déterminée et massive.

De plus, depuis peu, d'autres soulèvements ont vu le jour dans d'autres régions. La situation en Algérie qui semblait complexe à l'analyste externe redevient d'une simplicité effroyable. D'un côté il y a un cartel de généraux " bunkerisé " qui pille les ressources du pays. De l'autre la population qui subit la plus forte régression du niveau de vie et d'éducation du bassin méditerranéen.

L'auto-organisation kabyle : les aârchs

Les formations politiques traditionnelles, mis à part le FFS (1) à certains égards, ainsi que les organisations syndicales (UGTA (2), SATEF (3)) sont complètement dépassées par l'ampleur et la détermination des jeunes à en découdre avec les forces armées pour faire aboutir leurs aspirations. Les autres partis ont perdu tout crédit et sont dans les faits absents mis à part quelques déclarations virulentes à l'encontre du pouvoir par lesquelles ils cherchent à s'accrocher dans l'espoir d'avoir une prise ultérieure sur les événements actuels. Depuis plus de 2 mois, il n'y a pratiquement aucun jour sans émeutes en Kabylie et depuis peu dans d'autres régions, notamment les Aurès. Chaque jour amène son cortège de morts tués par balles ou écrasés par les véhicules blindés de l'armée. Aujourd'hui seule la coordination des villages (les aârchs) est capable de mobiliser la population kabyle. Elle l'a montré le 21 mai dernier à Tizi-Ouzou par l'organisation d'une manifestation pacifique rassemblant un demi-million des d'hommes, femmes, jeunes, étudiants... (4) Le FFS a pour sa part réussi la semaine suivante une marche imposante à Alger rassemblant 200 000 personnes environ. Les mots d'ordre officiels tournaient autour de l'arrêt de la répression, la liberté de presse (dont une nouvelle loi vient considérablement la rétrécir) et pour la reconnaissance de Tamazirt (5). Pour la discréditer, le pouvoir algérien, poursuivant sa logique d'affrontements, n'a pas hésité à recruter des provocateurs (les voyous de Bab-El-Oued) de la capitale qui ont agressé les marcheurs à coup de couteaux et par des jets de pierres. Quelques affrontements ont eu lieu par la suite. Etant donné sa démonstration impressionnante précédente, les observateurs attendaient la nouvelle marche que les aârchs préparaient pour le 14 juin à Alger. Certains, comme "les marcheurs d'Amizour" sont venus à pieds, parcourant plus de 250 kilomètres en quelques jours pour pouvoir être présents le jour J. Les revendications centrales restent le retrait des brigades de gendarmerie de la Kabylie et le jugement des "commanditaires" de la répression et des gendarmes assassins. Plus d'un million de personnes étaient présentes à Alger, mais la marche n'a pu se dérouler comme prévu.

Dès le départ, les voyou-provocateurs de certains quartiers d'Alger (Belcourt, ...), encadrés par des policiers ont poignardé et lynché des manifestants isolés. Une partie de la marche s'est ainsi transformée en affrontements entre manifestants et groupes occultes. Plusieurs morts et des centaines de blessés sont dénombrés ce jour là. Les forces de l'ordre ont même envahi les urgences de l'hôpital Mustapha pour "finir" les blessés. De l'avis général, cette marche, qui pouvait vider l'exutoire accumulé jusque-là, a eu l'effet inverse. Les nouveaux morts qu'elle a entraîné ont davantage creusé la frustration et le sentiment de révolte de la population.

Expéditions punitives

Les aârchs ont recensé 209 disparus à l'occasion de leur marche à Alger. Le pouvoir refuse de reconnaître qu'ils sont emprisonnés et donc encore moins de les libérer. Parallèlement, la mobilisation est intacte, voire renforcée. Au quotidien l'affrontement est ouvert dans toute la Kabylie entre les jeunes émeutiers et les forces de répression. D'un côté, on utilise les pierres, des cocktails molotovs, et de l'autre des bombes lacrymogènes ou des balles réelles. Les gendarmes ont maintenant dépassé un cap inimaginable il y a seulement quelques semaines. Ils violent des domiciles la nuit, encerclent des quartiers "suspects".

Extension de la révolte

Les unes après les autres, les régions de l'Est algérien (Annaba, Les Aurès, Khenchela...) prennent exemple sur la Kabylie. Les émeutes sont répétitives depuis le courant de juin. Les causes sont similaires à plusieurs égards à celle ayant enflammé la Kabylie : la hogra (mépris et injustice). Les régions non kabyles ne ressentent pas le problème identitaire. Mais, la complicité de leurs "élus" avec le système maffieux est plus visible, plus arrogant. Les révoltes dans ces régions sont donc principalement orientées contre les maires, leurs compères militaires, etc.

Gérard Lam.

Notes

1. Front des forces socialistes que dirige Hocine Aît-Ahmed.

2. Union générale des travailleurs algériens.

3. Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation.

4. Voir article du CA précédent.

5. Langue berbère interdite par le pouvoir.

[Extrait du numéro d'été de Courant Alternatif, mensuel édité en France par l'OCL. http://oclibertaire.free.fr]

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