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Mercosur : cultures et mondialisation financière

vieuxcmaq, Lundi, Juin 11, 2001 - 11:00

Marjolaine Blanc (journal@attac.org)

Un forum sur la diversité culturelle face à la mondialisation économique a été organisé à l'initiative de l'UNESCO, du ministère de la Culture du Paraguay et de CLACSO (Comisión Latinoamericana de Ciencias Sociales) les 24 et 25 mai 01.

Forum du Mercosur* sur la diversité culturelle face à la mondialisation de l'économie

Un forum sur la diversité culturelle face à la mondialisation économique a été organisé à l'initiative de l'UNESCO, du ministère de la Culture du Paraguay et de CLACSO (Comisión Latinoamericana de Ciencias Sociales) les 24 et 25 mai 01. Ces deux journées de débats ont réuni à Asunción, Paraguay, les ministres et vice-ministres de la culture des pays du Mercosur ainsi que des écrivains, des économistes et des universitaires des pays membres et des pays associés (Bolivie et Chili). On remarquait en outre la présence des français Bernard Cassen, fondateur d'ATTAC et François de Bernard, philosophe.

Ce séminaire était justifié pour plusieurs raisons:

La réunion des ministres de la Culture des pays du Mercosur dans la capitale paraguayenne pour discuter des projets d'intégration dans ce domaine.

La proposition de l'UNESCO d'une « Alliance mondiale pour la diversité culturelle » dans laquelle est réaffirmée la volonté de promouvoir et de préserver la diversité culturelle et de développer la coopération Nord-Sud mais surtout Sud-Sud. Les mesures concrètes proposées dans ce projet permettraient de défendre la diversité culturelle étant entendu que pour cela la volonté des gouvernements d'instaurer de nouvelles politiques publiques en matière de culture est indispensable.

Cet événement tombe d'autant plus à propos que s'approche le sommet des chefs d'Etats des pays du Mercosur les 21 et 22 juin prochain à Asunción ; le Paraguay assume jusqu'au mois de juillet la présidence pro-tempore de l'institution. Il est hélas évident que les thèmes culturels ne seront pas au centre des discussions. Il semble cependant que les décideurs politiques prennent peu à peu conscience de l'intérêt grandissant de la société civile de participer à la construction de ce vaste projet d'intégration régionale.

Il est absolument indispensable de soutenir de telles initiatives au moment où l'avenir du Mercosur est incertain et où de nombreux groupes influents - entendons les FTN (firmes transnationales) - envisagent ce bloc régional comme une future « supermaquiladora ». La société civile est encore fragile dans ces pays dont la préoccupation première de la grande majorité de la population n'est ni la politique ni la globalisation de la culture mais la satisfaction des besoins primaires.

Les participants ont exposé leur points de vue au cours des divers thèmes abordés : globalisation et mondialisation de l'économie, diversité culturelle et linguistique face à la mondialisation de l'économie, impact des nouvelles technologies dans la production culturelle, identité culturelle et standardisation des symboles, l'éducation et les moyens de communications dans un contexte de globalisation et la culture de l'Amérique au 21e siècle. Les intervenants ont su ne pas se cantonner à une vision manichéenne (pour ou contre la mondialisation) et ainsi donner plus de substance à des réflexions très souvent pragmatiques enrichies d'autre part par les interventions pertinentes du public. On déplorera cependant l'absence de femmes dans le panel d'invités (aucune n'avait pu se déplacer).

Les approches ont été plurielles et, cependant, un consensus général s'est détaché : la culture ne peut pas être réguler par le marché. De trop nombreux exemples notamment dans le domaine de la musique et du cinéma apportent la preuve qu'une fois encore seul le profit importe aux FTN. Leur attitude est d'autant plus perverse que par un tour de passe-passe marketing, elles voudraient nous faire croire qu'elles encouragent le métissage culturel alors que tout ce dont il s'agit c'est de la globalisation d'une culture unique, du nivellement des différentes cultures vers le bas, de l'annihilation et de la disparition des coutumes, habitudes, danses, rites et cuisines qui font la richesse de notre monde. L'UNESCO estime que des 6000 langues parlées dans le monde aujourd'hui, 90 % cesseront d'exister au cours de ce siècle.

La démocratisation de l'accès aux biens culturels se fait aux dépens du contenu, l'offre de ce « types de biens » est de plus en plus réduite. En 1995, une enquête révélait que dans les vidéos-clubs en Amérique Latine, les films étaient pour 70 à 90 % en provenance des États-Unis. L'Amérique Latine ne contribue que pour 0,8% aux exportations de biens culturels ; la présence sur le marché de tel ou tel bien culturel ne répond qu'aux intérêts économiques et à l'opportunisme des FTN. Il est clair que dans une politique de recherche de marges bénéficiaires toujours plus gargantuesques, créer un goût unique en matière de culture à grand renfort de publicité n'est pas surprenant, ce qui est aussi favoriser par la forte concentration dans ce secteur (production, distribution). La privatisation croissante de l'éducation supérieure a par ailleurs été abordée. Le phénomène tend à se développer et dans le cas du Paraguay, il existe à l'heure actuelle une université publique et neuf privées ce qui creuse chaque jour un peu plus le fossé entre une classe minoritaire privilégiée et une classe majoritaire qui n'a que peu de perspectives de formation. À plusieurs reprises, il a été mis en relief que les nouvelles technologies de l'information et des communications (NTIC) sont des outils qui facilitent la dispersion d'un mode de pensée unique. C'est pourquoi il faut attirer l'attention des utilisateurs sur la globalisation de la culture qui est en route. La diversité culturelle doit être défendue vigoureusement puisqu'elle contribue à la construction de l'identité de chaque être humain.

Plusieurs points positifs sont à mettre en relief : ce séminaire a permis d'une part la comparaison des arguments d'intellectuels et d'hommes politiques ce qui est encore trop souvent rare dans la région et d'autre part un échange d'idées de personnes confrontées à différents niveaux à la problématique de la diversité culturelle face à la mondialisation. La rédaction d'un mémoire qui rassemble les interventions de tous les participants et qui sera remis à M. Koïchiro Matsuura, Directeur général de l'UNESCO montre par ailleurs une volonté de soumettre des éléments de réflexion et des alternatives concrètes au modèle qui tend à dominer, à savoir la « marchandisation » de la culture. J'attire d'autre part votre attention sur la situation au sein des pays du Mercosur qui est critique: le Paraguay est soumis à la dictature des marchés du Nord où sont fixés les prix du soja et du coton ses deux principales exportations (50% du total), le Brésil traverse une crise énergétique qui l'oblige à rationner l'utilisation de l'électricité. L'Uruguay et l'Argentine combattent la fièvre aphteuse difficilement, sans compter que Buenos Aires ne voit pas la fin du tunnel malgré les remèdes miracles prescrits par son superman ministre de l'économie. Les raisons de cette « débandade » économique sont multiples : les politiques du FMI, de la BM et de la BID ont encore une fois montré leur défaut et les conséquences s'imposent d'elles-mêmes. Au Paraguay, la croissance du PIB a été de -0,4 en 1998, de 0,5 en 1999 et de -0,4 en 2000. Quant au PIB/habitant il ne cesse de décroître, soit en 1998 de -3%, en 1999 de -2,1% et en 2000 de - 3%. Un pouvoir corrompu et habitué au clientélisme obscurcit un peu plus un tableau déjà sombre.

* Marché commun de l’Amérique du Sud regroupant l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay.

attac.org


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