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Sommet des Amériques et répression-publié en nov 2000. Québec sous les barricades

vieuxcmaq, Dimanche, Juin 10, 2001 - 11:00

Sébastien Gilbert-Corlay (sebgc@ziplip.com)

C'est l'histoire d'une forteresse où 34 des chefs d'État et de gouvernement des Amériques viendront discuter de l'avenir économique du continent. La Ville de Québec se transformera en zone de conflits pour celui qui n'appartiendra pas à l'élite accréditée et qui voudra faire part de son mécontentement lors du Sommet des Amériques, du 17 au 21 avril 2001. C'est que la gendarmerie royale du Canada (GRC), la Sûreté du Québec (SQ), les services municipaux de Québec et la police de Sainte-foy travaillent actuellement à organiser le plus grand dispositif de « sécurité » de toute l'histoire canadienne.

Par Sébastien Gilbert-Corlay
La forteresse aura droit à un périmètre de sécurité de plusieurs kilomètres carrés, constituée de blocs de béton, de policiers de l'escouade tactique et de structures déjà en place, comme les remparts de Québec. Le bagne d'Orsainville, 600 places, sera aussi à la disposition de la garde royale. La SQ et la GRC s'entendent à dire que ce sera le plus gros dispositif de sécurité jamais établi au Canada, de par la taille du périmètre et l'effectif policier. Impossible d'en savoir plus, la tactique policière restera secrète.
Le sommet des Amériques dévoile une problématique qui habituellement concerne les dictatures ; la répression politique. Pourquoi les opposants à un principe politico-économique sont-ils exclus de tout débat ? Pourquoi, ceux qui veulent exprimer leur désaccord en manifestant pacifiquement risque-t-ils d'être assaisonnés de poivre ou chargés par la cavalerie et ultimement de se faire arrêter ?
Le droit de manifester relève de deux principes, la liberté d'expression et le droit de réunion pacifique, précise André Paradis de la Ligue des droits et libertés. « Comme toutes les libertés fondamentales, ce ne sont pas des droits absolus. Ces droits peuvent être limités pour des raisons de sécurité publique, de moralité publique ou des questions de santé. Le gouvernement a donc le droit de limiter le droit de manifester à la mesure des considérations de sécurité, mais c'est l'ampleur de ces mesures qui est discutable. Est-ce que ça va être véritablement pour des raisons de sécurité ou, comme on peut le penser à propos du sommet de l'APEC, pour tenir à l'écart les manifestants afin qu'ils ne soient vus par les chefs d'États, pour garder l'illusion que tout le monde leur souhaite la bienvenue ? »
L'annonce médiatique sur l'ampleur des dispositifs de sécurité faite début novembre par le ministre de la sécurité publique, Serge Ménard, a suscité de vives réations chez les organisations des droits humains. Pour André Paradis, « lancer cette annonce publiquement avec une telle force, c'est comme préjuger à l'avance de ce qu'il se passera à Québec, c'est envoyer un message aux gens qui viendront manifester à Québec qu'il y ait des bonnes chances qu'ils se fassent arrêter, et sans considération du fait que la majorité des gens qui vont manifester le feront pacifiquement. C'est un geste dont l'effet pourrait être de dissuader les gens d'exercer le droit de manifester, et ça c'est critiquable. » L'important dispositif de sécurité lors du sommet du G-8 à Okinawa en juillet 2000 a ainsi découragé beaucoup de manifestants de marcher dans les rues, selon un rapport sur l' «antimondialisation »du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS).
À la Sûreté du Québec, Richard Bourdon explique que les policiers doivent se préparer à toute éventualité. C'est pourquoi ils se préparent au pire. Les organisateurs de la sécurité ont étudié les films sur les techniques de manifestations utilisées à Prague, Windsor, Seattle et Washington. Selon Richard Bourdon, « la police est là pour empêcher que les manifestations dégénèrent, pas pour empêcher les manifestations. On est dans un pays où les gens ont le droit de manifester. D'ailleurs, il devrait y avoir des endroits particuliers pour que les gens puissent manifester leur mécontentement envers la mondialisation, mais il faut que tout se déroule dans l'ordre. »
Répression policière
Pour le SCRS, les policiers doivent faire attention aux mesures excessives utilisées qui, précise le service secret canadien, peuvent avoir l'effet contraire que ce qui est recherché. Pour André Paradis, de la Ligue des droits et libertés, « la violence a souvent été provoquée par l'intervention démesurée de la police, comme à Seattle et un peu comme il s'est passé à la manifestation du G20». La répression policière augmente-t-elle ?
« Selon le nombre d'arrestations, de tickets donnés, selon le nombre de judiciarisations, la répression est en augmentation à Montréal comme partout au Québec », explique Mathieu Francœur, travailleur de rue et militant, lors du forum « jeunes-espace public-répression ». « Les coupures dans les programmes sociaux ont fait que les gens sont plus pauvres, ils ont moins d'argent et ils se révoltent plus ou bien ils utilisent des moyens autres pour vivre et survivre. De plus, il y a une élite financière qui veut de plus en plus contrôler le centre ville, les espaces publics et privés, ce qui fait que les intérêts des riches et ceux des pauvres s'opposent de plus en plus. Le résultat, c'est qu'entre les deux, on a besoin de la répression pour laisser la place à un des deux groupes » explique Mathieu Francœur.
Les intérêts s'opposent et la pression monte. Pour beaucoup de militants, la lutte n'est plus seulement celle que l'on mène contre le néolibéralisme mais aussi contre ses conséquences, la répression politique et l'augmentation de la pauvreté notamment. Le nombre d'opposants à la mondialisation des marchés ne cesse de croître et au fur et à mesure que les gens prennent conscience de ses impacts, la contestation se durcit. Le SCRS, dans le rapport « L'antimondialisation, un phénomène en pleine expansion » (http://www.csis-scrs.gc.ca/fra/backgrndback8f.htm), prédit que les manifestations décourageront peut-être les organisateurs de conférences de tenir des rencontres internationales au Canada. Il prédit aussi que peut-être d'autres disposotifs de contrôle de foule réussiront à réduire graduellement la taille des manifestations. Le phénomène de l'antimondialisation en est réduit à une confrontation entre les forces de l'ordre et les manifestants. Le SCRS, la gente policière comme les médias de masse ne s'attardent pas sur le pourquoi de l'antimondialisation. Pourquoi?



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