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Recul démocratique au Maroc: au rythme de la censure

vieuxcmaq, Dimanche, Juin 10, 2001 - 11:00

Sébastien Gilbert-Corlay (sebgc@ziplip.com)

« L’interdiction de trois journaux au Maroc revêt une charge symbolique forte qui a inutilement terni l’image du pays et qui a jeté le doute sur la volonté réelle de mener l’évolution démocratique à son terme. » C’est dans ces termes que Patrick Baudouin, président de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), a exprimé ses critiques au premier ministre marocain Youssouffi et à son gouvernement lors du 34e congrès de la FIDH, à Casablanca, le 10 janvier dernier.

En plus de la censure et de la « mise à mort » de trois hebdomadaires parce qu’ils auraient « porté atteinte aux fondements institutionnels », une manifestation pacifique organisée par l’Association marocaine des droits humains (AMDH), le 9 décembre dernier, a été violemment réprimée par les forces de l’ordre.

Pour le paradoxal Driss Belmahi, cadre au ministère des Droits de l’Homme, « dans le domaine des droits humains, il n’y a ni paradis ni enfer. Nous ne sommes ni l’un ni l’autre, mais nous travaillons. Nous consolidons nos acquis. Concernant l’interdiction des trois journaux, juridiquement, c’était légal, mais c’est toujours un travail indésirable. »

Dans ce cas de figure, le premier ministre s’est servi de l’article 77 du code de la presse qui lui donne le droit d’interdire les journaux portant atteinte à la stabilité de l’État. Le gouvernement est en situation de contrôle des médias au Maroc. Ce n’est pourtant pas si clair selon Driss Belmahi, pour qui « il n’est pas question d’une presse muselée au Maroc. Certes, il y a eu des problèmes ces derniers temps, mais si vous vous promenez dans le pays, vous trouverez un grand échantillon de la presse locale, nationale et internationale ». Impossible pourtant de trouver le Courrier international, un hebdomadaire français censuré au Maroc.

Le directeur de publication de deux des trois journaux interdits, Aboubakr Jamaï, a reçu l’autorisation, le 12 janvier, de créer deux nouveaux titres. Ce dernier avait annoncé lors de l’ouverture du congrès de la FIDH qu’il entamait une grève de la faim qui durerait jusqu’à ce qu’il obtienne cette permission, reportée plusieurs fois. La presse internationale très critique et les pressions des associations de droits humains auront certainement contribué à ce revirement de situation.

Cet exemple illustre comment certains sujets tabous sont légalement réprimés lorsqu’ils sont amenés sur la voie publique. C’est le cas de l’impunité des responsables des « années de plomb », où tortures et disparitions rythmaient le quotidien des militants politiques et des droits humains, dénoncé par la manifestation de l’AMDH. Mais, comme le dit Driss Belmahi, qui baisse le ton « on ne règle pas le problème de l’impunité comme un et un font deux ». Pour lui, « utiliser le mot tortionnaire, c’est le point de vue d’un parti. Qui me dit que c’était vraiment des tortionnaires ? On ne peut pas confirmer ou infirmer que telle personne ou bien telle autre a fait ça », termine-t-il en s’excusant de devoir partir à la sauvette, visiblement mal à l’aise.

S’inspirant de l’exemple de l’Afrique du Sud, où au lendemain de l’apartheid, la Commission vérité et pardon a été mise sur pied, les associations de droits humains au Maroc et la FIDH revendiquent la création d’un organe indépendant du même type. Question d’établir la vérité sur les violations de droits humains durant le règne d’Hassan II, justement pour confirmer ou infirmer, par exemple, les préjudices commis par les Hamidou Laanigri et Hosni Benslimane, respectivement directeur de la DST (police secrète) et de la gendarmerie royale.



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