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La femme, cet être de seconde classe

vieuxcmaq, Dimanche, Juin 10, 2001 - 11:00

Sébastien Gilbert-Corlay (sebgc@ziplip.com)

Femmes et libertés

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Les cafés sont bondés d’hommes de tous âges. Ils sirotent un thé, les jambes croisées. Des garçons jouent dans les ruelles de la médina. Ils tâtent du pied un vieux ballon mal gonflé. La vie publique ne donne pas à voir beaucoup de Marocaines. Sauf au marché, pour faire les courses. Question de tradition, de culture. Saïda se fait répudier, son mari n’en veut plus. Il vient de prononcer les paroles divines. Question de religion, de législation aussi.

Les cafés sont bondés d’hommes de tous âges. Ils sirotent un thé, les jambes croisées. Des garçons jouent dans les ruelles de la médina. Ils tâtent du pied un vieux ballon mal gonflé. La vie publique ne donne pas à voir beaucoup de Marocaines. Sauf au marché, pour faire les courses. Question de tradition, de culture. Saïda se fait répudier, son mari n’en veut plus. Il vient de prononcer les paroles divines. Question de religion, de législation aussi.

Saïda a 15 ans, elle est mariée et déjà mère. Sans adolescence, elle paie pour un mariage qu’elle n’a pas choisi. Maintenant sa famille a honte d’elle. Le juge enregistre la répudiation. Saïda recevra un « don de consolation proportionnel à sa situation et aux capacités de son mari ». C’est écrit dans le texte de loi qui régit la vie familiale, la moudawana.

« C’est le statut juridique de la femme qui constitue le plus gros problème au Maroc », explique Rachida Tahri, de l’Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM). « C’est cette loi-là qui définit le statut de la femme en tant qu’être de deuxième position. [...] Avec l’avènement du gouvernement d’alternance – le gouvernement de Youssouffi –, il y a eu l’élaboration d’un plan d’action pour l’intégration des femmes au développement. C’était la première fois qu’il y avait une collaboration du gouvernement avec les ONG. [...] Le premier ministre s’est engagé en mars 1999 à appliquer ce plan, et sous les pressions des groupes islamistes, il s’est désengagé. [...] On n’a plus une confiance totale envers le gouvernement, mais on a de l’espoir. Il faut renforcer nos rangs, renforcer nos stratégies de plaidoyer, de pression, réunir les ONG. Tout ça pour le changement des lois en général. »

La moudawana établit à 18 ans minimum l’âge du mariage pour un homme. Pour la femme, c’est 15 ans. Elle permet la polygamie et la répudiation pour le mari. Mais le Maroc fait bonne figure parmi les pays musulmans où pour beaucoup d’entre eux on ne parle même pas de l’émancipation de la femme. Et même si l’heure est à la désillusion pour celles qui veulent un véritable changement, l’engagement personnel du roi Mohammed VI pour réviser la moudawana le 7 mars dernier redonne espoir. Un espoir feutré cependant par plusieurs « faux pas du gouvernement » qui n’hésite pas à brimer d’autres libertés fondamentales comme la liberté d’expression.

Critique réprimée, promesses non tenues

Décembre 2000 fut le théâtre de la censure de trois hebdomadaires et de répressions violentes de
manifestions pacifiques. Les journalistes trop critiques son intimidés, voire emprisonnés. Les manifestants pour les droits humains et les islamistes sont violemment réprimés et poursuivis par un système judiciaire corrompu.

Pour Najia El Boulema, de l’Association marocaine pour les droits des femmes (AMDF), « nous avons l’impression que le gouvernement est en train de se détacher de ses obligations, parce que lors des discours internationaux, le gouvernement dit qu’il travaille sur la question des femmes, mais jusqu’à maintenant le gouvernement n’a rien fait. [...] Il faut qu’il prenne ses responsabilités ».

Islamistes contre femmes

Mais si le gouvernement tient difficilement ses promesses, c’est certainement qu’il est confronté à des partis plutôt sceptiques vis-à-vis certains changements qui pourraient faire ressortir quelques vérités cachées sur l’impunité, et aussi à une coalition religieuse conservatrice forte. Plusieurs centaines de milliers de femmes avaient marché le 12 mars 2000 dans les rues de Casablanca et Rabat pour célébrer un changement annoncé. Les islamistes avaient organisé une contre-manifestation le jour même. Pour Bengadi Abdelkbir, journaliste et membre du Mouvement pour la nation, une organisation islamiste, « il ne s’agissait pas de dénoncer la marche des femmes, pas du tout, mais nous voulions simplement faire savoir que la question de la femme dans l’islam est tellement gardée par celle-ci, avec ses impératifs et avec toutes les choses qu’elle a données à cette femme. Nous voulions faire savoir que nous ne sommes pas d’accord avec ceux qui veulent apporter des réformes radicales à la moudawana. »

Pourtant, pour beaucoup de mouvements de femmes au Maroc, l’islam est conciliable avec une véritable égalité entre les deux sexes. Un argumentaire rédigé par le réseau de soutien au Plan d’action national d’intégration de la femme au développement tente de démontrer que les mesures proposées par le Plan peuvent rester fidèles à l’esprit de la religion. Il recommande de remplacer la répudiation par le divorce judiciaire. Il est par exemple dit dans le Coran que même si la répudiation est autorisée, elle reste cependant répréhensible et une solution détestée par Dieu. Mais pour Bengadi Abdelkbir, il n’est pas question de toucher à la répudiation : « Elle est permise et elle doit le rester. »

Enfants vulnérables

La croissance économique n’est pas encore au rendez-vous, la majorité des Marocains ne savent ni lire ni écrire, des enfants cirent les chaussures de 9 h 00 à 21 h 00, vendent les cigarettes à l’unité ou prennent cet air de pitié en demandant un dirham ou deux (25 sous), des handicapés exhibent leur jambe coupée sur le trottoir, des femmes voilées étalent leur bébé et tendent la main. L’État n’investit presque pas dans les programmes sociaux. Pendant ce temps, les mouvements islamistes profitent de cette situation pour convaincre la population des villes surpeuplées. Ils recrutent en offrant du pain et de l’eau. Ils forment ainsi une forte opposition aux associations de femmes qui alphabétisent et enseignent les droits humains.

Coincé

Le réseau associatif se développe avec les moyens du bord, des cotisations individuelles et de l’aide internationale, et sans soutient d’un gouvernement qui se limite à mettre des bâtons dans les roues quand il y a critique du système.

Des chômeurs, pour beaucoup diplômés, des professeurs, d’anciens prisonniers d’opinion, des militants de gauche se regroupent pour former les associations qui tentent de changer le Maroc. Le gouvernement se retrouve coincé entre des islamistes qui veulent accentuer la présence de la religion et un mouvement qui veut l’émancipation démocratique.

De quel côté penchera la balance ?

Sébastien Gilbert-Corlay, stagiaire en médias alternatifs d’Alternatives, de retour du Maroc.



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