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Germinal: la version par le mouvement lui-même

vieuxcmaq, Mercredi, Mai 9, 2001 - 11:00

Agence de presse A-Infos (a-infos-fr@ainfos.ca)

"Terroristes dangeureux" ou "brebis qui ne veulent pas se laisser faire"? Auto-défense politique ou casse? Ces questions restent. La version des faits diffère entre les forces de l'ordre et le mouvement Germinal. Peut-on douter de la franchise de la police? Après l'emprisonnement politique de Jaggi Singh, on peut se le permettre. C'est pourquoi nous exposons la version des accusés, qui n'est pas plus digne de confiance que celle de la police, mais qui passe inaperçue dans le cirque médiatique.

[5 prisonniers politiques du Mouvement Germinal sont toujours en prison à Québec parce qu'ils n'ont pas voulu venir au Sommet des Amériques comme des brebis sans défense. Voici deux textes dans lesquels ils expliquent leurs intentions.]

1) Communiqué de presse - Mouvement Germinal

Montréal, le 19 avril 2001

Suite aux arrestations de mardi soir et de mercredi, nous, le Mouvement Germinal, tenons à rectifier certaines faussetés véhiculées à notre sujet. Tout d'abord, le mouvement Germinal n'est pas un groupe de ''casseurs'', comme le prétendent les policiers, mais un mouvement d'autodéfense politique. Le principe de base est d'affronter les représentants de l'ordre à force égale : le pouvoir civil a droit à une considération aussi grande que le pouvoir étatique. Le mouvement Germinal a toujours eu le plus grand soucis d'utiliser des tactiques tenant compte de la protection des manifestants et de respecter les autres tactiques militantes : le plus grand soin a été mis, dans la préparation des participants, à ce qu'aucun civil ne soit blessé. NOTRE OBJECTIF EST D'ABATTRE LE MUR ET NON PAS D'EXERCER UNE VIOLENCE IRRÉFLÉCHIE. Le sommet doit être démocratisé : si nos gouvernement ne le font pas, nous le ferons (ou plutôt l'aurions fait).

Pour ce qui est des supposées explosifs, ce n'était autre chose que des simulateurs de grenade, c'est-à-dire de petit bâtonnet *imitant le bruit* d'explosif : ce dispositif ne crée pas d'explosion, il ne fait qu'en reproduire le son. Ce n'est absolument pas une arme offensive et ce type de simulateur est fréquemment utilisé dans les exercices de l'armée et de la réserve. Les bombes fumigènes sont également inoffensives : elles ne produisent qu'un épais nuage de fumée destiné à faire diversion et cette fumée n'est pas dangereuse pour les manifestants. Comment les policiers osent-ils porter contre nous des accusations si graves alors que le matériel qu'ils utiliseront est beaucoup plus dangereux : les policiers possèdent des armes offensives, certaines pouvant même causer la mort (fusil à balle de caoutchouc) alors que nous n'avions en notre possession que des éléments de diversion. Pour ce qui est de l'accusation de vol de matériel militaire, il faut encore une fois relativiser : beaucoup de soldats ramènent l'excédent des simulateurs à la maison à la fin des exercices sur le terrain. Finalement, en ce qui concerne les billes de plomb, notre groupe, dans une réunion le samedi 7 avril 2001, avait unanimement rejeté l'utilisation de ces projectiles à cause des dangers potentiels de blessures graves. Leur présence dans le véhicule ne serait explicable que par l'initiative d'un individu isolé ou de l'agent infiltré, à qui appartenait la voiture. Je répète : dans toutes nos décisions, nous avons pris un soin particulier à s'assurer qu'aucun manifestant ne serrait blessé et que personne ne serait impliqué contre son gré dans notre geste.

Voilà pourquoi nous vous faisons parvenir ce document, qui se veut un énoncé d'intention expliquant l'esprit de notre action et une réplique aux attaques mensongères de cette après-midi. Vous pourrez ainsi juger par vous-même.

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2) Énoncé de principe du Mouvement Germinal

Nous, Germinaliens, affirmons par nos actes et par cet énoncé de principes notre volonté de lutter contre le spectre menaçant de la mondialisation des marchés. Autrefois rêve des esprits éclairés, le songe, une fois accaparé par la haute finance, est devenu cauchemar : la globalisation ne représente plus aujourd'hui qu'un nouvel asservissement des nations, des peuples et des individus.

Les architectes et artisans anonymes de ce despotisme que l'on dit libéral ont - par l'entremise d'institutions non représentatives mais pour le moins puissantes, le FMI, la Banque mondiale - graduellement dépouillé les États-nations de leur souveraineté. Afin de s'assurer de l'application de leurs diktats, ces derniers ont toutefois jugé indispensable de conserver à l'État son monopole de la violence. En effet, les plans d'ajustements structurels et autres ''thérapies de choc '' s'accompagnent invariablement de répression policière et même militaire ; les cas du Pérou et de l'Indonésie, parmi d'autres, sont exemplaires.

C'est pourquoi notre lutte, à ce stade-ci, nous met aux prises avec les fiers-à-bras de l'État. Afin de résister efficacement à une force organisée, il est nécessaire d'organiser pareillement l'autodéfense civile. De là est né l'esprit du Mouvement Germinal.

Nous, Germinaliens, n'adhérons collectivement à aucune idéologie particulière si ce n'est à un idéal démocratique et progressiste. Notre mouvement ne prétend pas non plus au titre de représentant du peuple et encore moins à celui d'avant-garde révolutionnaire. Nous sommes simplement des citoyens qui, devant l'incapacité de nos soi-disant représentants à limiter l'arbitraire de ces instances supranationales vouées à la maximisation de leurs profits, sommes déterminés à mener cette lutte semblable à celle opposant David et Goliath. À l'instar des manifestants de Nice, Prague, Washington et Seattle, nous jugeons peu efficace, voir même naïf, de faire face aux policiers armés les mains vides.

En effet, nous sommes de ceux toujours plus nombreux qui constatons l'impuissance des formes de contestation courantes de la société civile; pétitions, manifestation pacifiques et autres expressions de mécontentement populaire sont rendues caduques et futiles car cet État servile n'a d'autre intérêt que celui de satisfaire aux exigences des légats du marché. Nous en tenons pour preuve l'indifférence des gouvernants face aux revendications des organismes communautaires, de la Marche mondiale des femmes, des appels à l'élimination de la pauvreté. Le Mouvement Germinal est la réponse à ce constat d'échec.

Notre action lors du Sommet des Amériques de Québec 2001 se veut un coup de semonce. Nous ne tolèrerons plus ces manœuvres dilatoires et ces huis clos hypocrites cherchant à dépouiller le concept de citoyenneté de toute valeur. Notre projet, expression québécoise de la lutte anti-mondialisation - sous la forme quelle revêt actuellement - en cours à l'échelle planétaire, constitue par conséquent un avertissement.

Aux potentats et collaborateurs de ce nouvel ordre mondial que l'on tente de nous imposer, confortablement retranchés derrière les murs de leur forteresse financée à même les fonds publics, nous aimerions rappeler ceci : aucune bastille n`est imprenable, aucun palais d'Hiver n'a su résister aux assauts motivés par une juste colère. Ces aspirations légitimes et, qui plus est, réalisables, trop longtemps refoulées, écloront à nouveau ; la germination est arrivée à terme, un second printemps des peuples peut et doit arriver.

* * *

Contact des prisonniers politiques :

Écrivez-leur des lettres de soutien, en les adressant à l'un des cinq prisonniers politiques du Mouvement Germinal, soit, en inscrivant leur date de naissance comme suit :

Mario Bertoncini, 04.2.78
Alex Boissonneault, 14.4.79
Roman Pokorski, 09.11.78
Victor Quentin, 23.2.80
Serge Vallée, 03.8.79

Postez-vos enveloppes à l'adresses suivante :

Centre de détention de Québec
500, rue de la Faune
C.P. 7130
Charlesbourg, Québec
G1G 5E4 Canada

N'oubliez pas que tout le courrier des prisonniers peut être ouvert par les gardiens, alors faites attention à ce que vous écrivez.

Si vous voulez être assuré d'une réponse, nous vous conseillons d'inclure une enveloppe pré-timbrée dans votre envoi. Les règles administratives de la prison d'Orsainville sont très strictes. Si vous envoyez des revues ou des journaux, ils doivent être autorisés par la direction avant d'être acheminés aux prisonniers. Quant aux livres, inutile d'y penser. Les gardiens peuvent même confisquer des photocopies d'articles de journaux, selon leur contenu.

Pour contacter le mouvement : germ...@hotmail.com

* * *

RAPPEL : Grande manifestation de soutien le 22 mai à Québec [infos : http://www.quebec2001.net]

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