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Le sommet des amériques: un bilan

vieuxcmaq, Lundi, Avril 30, 2001 - 11:00

Mathieu Plasse (ampbleue@hotmail.com)

Transcription d'un pamphlet-bilan sur le sommet des Amériques (les fronts, les gaz, les combattants, la culture). Le rôle des mass-médias québécois, des manifestants et des policiers dans la création du happening et analyse de l'effort de prise de sens de l'événement.

"L'homme n'est que le pionnier de lui-même. Un jour, il se fera". -

Très tard, samedi le 21 au soir, J'ai entendu un animateur de radio se débattre comme il le pouvait devant le flot d'informations et de raboutures qui s'accrochaient à son canevas central. L'émission, qui devait d'abord en être une donnant des informations concrètes et mises à jour par une équipe de journalistes était devenue une tribune téléphonique où les faits devenaient des bases d'extrapolation vers des idées encore toutes confuses, et en démarche de structuration. Elles avaient d'ailleurs du mal à s'adapter aux nouvelles raboutures et aux nouvelles mises au point et aux nouveaux faits et aux constatations de toutes les sortes de populations. L'animateur lui-même reconstruisait constamment son point de vue et essayait tant bien que mal, puisqu'il se perdait dans la vague, de garder une prise sur le fil des discutions. Les invitations qu'il envoyait aux auditeurs sont passées par les formulations suivantes(fig. 1) :

1- Donnez-nous des nouvelles sur les manifestations et autres événement se produisant et ayant un rapport avec l'événement du Sommet des Amériques.

2- Que se passe t-il?

3- Relatez et commentez

4- Dites n'importe quoi

Les conversations se sont effectivement projetées dans des niveaux de plus en plus abstraits tellement les limites de l'émission sans cesse adaptée étaient menacées par des questionnements plus profonds. La conversation est devenue totalement libre assez vite : nous avions besoin de comprendre ce qui se produisait. Or, toutes nos constructions mentales, tous les ordres de notre pensée, toutes les manières d'ordonner le monde qui étaient issues de notre culture semblaient dépassés par les informations.
Le grand mal était le suivant : il s'agissait d'un moment unique dans les événements, dans les constatations, dans la pensée des humains, de cette culture. Rien ne nous avait préparé à combattre des pensées aussi absurdes et déconcertantes. Il s'agissait d'un événement nouveau que la culture n'avait jamais connu.

Quelle échappatoire pouvait t-on utiliser pour rationaliser l'inconcevable, la nouveauté, ce qui n'existait pas ?

Les gens se sont fatiguées à chercher un sens qu'ils avaient déjà en mémoire ou une manière de nommer l'effet produit. L'effet est nouveau.

LE TERRITOIRE
L'uniforme policier:

Lorsqu'un humain prend sur lui l'uniforme d'un policier, c'est parce qu'il le voit comme un uniforme de policier. Il accepte donc que ce symbole soit perçu par les autres comme lui-même le perçoit. S'il porte un bâton, un casque, des bottes, c'est qu'il considère qu'ils s'attachent à ce symbole(fig. 2).

Aucun uniforme de policier n'aurait pu passer les lignes et s'affirmer au sein des manifestants. Seul un inconscient qui n'aurait donné aucun symbole à ces vêtements, aurait pu se présenter derrière la limite déterminée par les escouades en formation avec cet accoutrement comme allure. Par contre, il aurait dû affirmer assez vite cet état particulier de folie puisque pour la population entière, un uniforme de policier représente un uniforme de policier. Aurait pu porter, aussi, le même uniforme, la personne accompagnant ce symbole d'un sarcasme total qui aurait retourné la signification. Par contre, celui-ci aurait dû, pour solidifier sa sécurité, arborer une pancarte ou un signe quelconque qui aurait averti les nouveaux passants, ceux qui ne seraient pas encore entré en contact avec lui, de la véritable nature de son message.
Les policiers qui entraient à l'intérieur des limites du territoire étaient des policiers déguisés, sans symbole, qui cachaient à la perception des autres leur identité de policier. Et puisque la perception humaine ne pouvait pas aller plus loin que les signes visibles, ils n'étaient pas perçus et pouvaient continuer leur travail. Il veillaient à ce qu'aucun de leurs signes ne soit entrevu puis analysé et suivi de conséquences désastreuses pour le porteur (c'était là une prévision possible).

C'était donc le symbole de l'ordre gouvernemental qui était interdit dans les limites, parce qu'il était simplement le représentant d'un autre monde qui n'appartenait pas à celui du territoire.

La politique d'immigration:

Les conditions pour entrer dans ce territoire étaient très ténues. Il s'agissait, pour l'essentiel, d'accepter et d'affirmer, consciemment, ou inconsciemment, l'existence dudit territoire(fig. 3 et 4).

Ceux qui ne suivaient pas ces consignes ne pouvaient s'avancer très loin. Leur propre malaise et leur difficulté d'adaptation devaient leur indiquer de quitter les lieux.

Se côtoyaient donc toutes les sortes de gens, acceptées selon ces conditions très ténues et en résultait un mélange en ébullition et où s'entrechoquaient toutes les pensées et tous les messages.

Les identités et le carnaval:

Puisque aucune règle n'avait encore structuré le territoire, offert un gouvernement, etc., la liberté était totale. Les slogans étaient les plus drastiques, les personnalités étaient les plus exacerbées. Nombreux étaient les vêtements représentant des idées rarement arborées dans des lieux publics où les normes sociales étaient plus claires. Des styles qui devaient, autrement, se cacher dans des lieux publics où ils sont protégés (bars, cafés, maisons privées) étaient exhibés sans crainte. Les punks étaient très punks, les hippies très hippies, les gens conventionnels étaient très conventionnels. Chacun pouvait présenter sa propre identité en liberté totale.

Le carnaval est, par définition, un laps de temps où n'importe qui peut reprendre le contrôle des lieux, le chaos étant, par son seul désordre, le dernier ordre.

Nouveau et chaotique:

Puisque aucun symbole de l'ordre par défaut (l'ordre gouvernemental) ne pouvait subsister à l'intérieur du territoire, il n'y avait plus d'ordre. Les lois et structures du gouvernement, qui s'était alors totalement extériorisé du domaine, n'avaient plus cours. Ce sont les gens du milieu qui faisaient leur propre loi. N'importe qui pouvait fumer un joint, écrire des graffitis, arborer n'importe quel propos : le milieu ne sanctionnait plus ces comportements.

Les émergences et les percussions:

L'occupation principale de beaucoup de badauds était de vaquer, de discuter, de marcher çà et là, de s'asseoir.

La nature n'aimant pas le désordre, le chaos ambiant était source d'émergences de rationalisation de l'événement présent. Par exemple, des chansons prenaient origine chez quelques manifestants et se contaminaient auprès des autres. Les chansons qui portaient du sens pour les habitants du territoire devenaient plus populaires jusqu'à ce qu'elles meurent. Ce sont les chansons les plus simples qui fonctionnaient le mieux. Elles étaient faciles d'accès et leurs paroles faisaient appel à des intuitions profondément situées dans l'imaginaire et le fonctionnement des gens :

Exemple:

" Hold on, a trill is born " : Cette chanson, constituée que de cette parole, faisait appel, à la source, au désir de survivre, ancré dans la pensée humaine, et le désir de garder espoir. Être et devenir. Puisqu'elle était excessivement simple, elle accueillit beaucoup d'adhérants.

Néanmoins, ce sont les percussions (tambour, tam-tam, applaudissements, etc.) qui furent le fond de toutes les structures. Elles permettaient, par leurs rythmes répétitifs, de garder une certaine stabilité des pensées et de les maintenir dans le fil des conversations et des discussions.

Mais les fabricants de stabilités n'étaient pas seulement musiciens. Les conversations et certains grands débats à ciel ouvert permettaient aux badauds de s'accrocher à certaines pensées et à certaines structures(fig. 5).

Or, toutes ces structures étaient excessivement jeunes (à peine quelques heures tout au plus) et excessivement fragiles. Elles ne stabilisèrent jamais le chaos présent dans la rue et firent toutes place à d'autres rythmes et à d'autres discours.

Les gens cherchaient à trouver un sens à l'événement, à stabiliser ce chaos, à structurer les pensées et les normes de ce nouveau territoire.

La culture, sur le territoire, était différente d'un endroit à un autre, et se transformait selon la proximité des limites.

L'ennemi:

Ce territoire nouvellement construit et habité était attaqué par les forces du territoire limitrophe, qui concentrait ses opposants et élargissait ses frontières.

Sur les différents fronts, les réactions étaient différentes:

1- Dans le Faubourg St-Jean-Baptiste, la résistance était passive. On n'attaquait pas les policiers, on leur offrait la paix, à condition que l'on garde les frontières alors établies. Les policiers avançaient pourtant. On se défendait alors très intellectuellement, en exacerbant l'absurdité de l'événement, en attaquant les logiques mêmes des envahisseurs: "Pourquoi attaquez-vous des personnes qui ne vous attaquent pas?". On leur donnait le fardeau de la justification de l'événement.

2-Sur le boulevard René-Lévesque, pour l'essentiel des hostilités, il s'agissait plutôt d'une guerre de tranchée. Chacun conservait son territoire mais des projectiles fusaient de parts et d'autres afin de signifier qu'il s'agissait là de la dernière limite à ne pas traverser.

3-Sur Dufferin, vendredi soir, les limites étaient plus mobiles. Les manifestants voulaient gagner du territoire et les policiers aussi. L'attaque était plus violente et plus ouverte.

L'occupation:

La logique implicite de la résistance des manifestants était simple. Pour dégager le terrain, avancer leurs lignes, et s'assurer une zone tampon sécuritaire et rassurante, les policiers empoisonnaient le territoire des protestataires afin qu'ils reculent et laissent l'espace libre. La réaction des manifestants -leur résistance- était donc de continuer d'occuper le terrain malgré leurs douleurs.

Le combat cru des manifestants se faisait essentiellement à l'intérieur de leur système: ils combattaient la douleur des gaz lacrymogènes(fig. 6), construisaient des mécanismes mentaux qui devaient les empêcher d'avoir peur, qui leur promettaient que la douleur n'était que passagère.

Le baptême:

Pour pouvoir devenir des combattants efficaces, les manifestants passaient, à un moment ou à un autre, le baptême du gaz lacrymogène.
La première fois que la douleur est extrême et que le baptême commence, est ce moment où l'on doute qu'il y ait une fin à cette douleur, que l'on croit mourir d'asphyxie, perdre toute perception des sens: de la peau, du nez, de la bouche, les yeux, et que l'on croit voir s'évanouir notre vie, "puisque, se dit-on alors, sans la perception de la vie, il n'y aurait plus vraiment de certitude qu'elle existe".

Ce doute est infiniment personnel et peut ne durer qu'une fraction de seconde(fig. 7). Une fois que ce cap est passé, on a alors l'expérience du gaz et on est prêt à le combattre: on sait dès lors qu'il peut faire mal mais qu'il ne peut pas tuer. On peut supporter toute douleur; on ne peut supporter la mort.

LES COMMUNICATIONS
Les transformateurs de l'information (exemple de la radio):

Il y a d'abord l'événement(fig. 8).

Transformation 1: l'interprétation

L'événement est capté par les yeux personnels du témoin qui l'analysent en le faisant passer par ses circuits mentaux constitués par son éducation, ses expériences personnelles, sa culture, ses apprentissages, son humeur, sa personnalité.

Transformation 2: la mise en mots

L'événement a pris forme dans la conscience du témoin qui doit ensuite la communiquer à son transmetteur (téléphone, micro, caméra, etc.). Il synthétise ses perceptions, adapte son message à la structure de la langue qu'il emploie et transmet sa parole, qui est captée par le transmetteur, brouillée par les distorsions du milieu.

Transformation 3: la ligne

Le message se transmet alors sur la ligne du transmetteur choisi. Il passe par les centres de distribution où il est numérisé et simplifié, traverse des satellites et se propose au médium. Il est peut-être mis en attente, par un médium qui n'est peut-être pas prêt à l'accepter.

Transformation 4: la diffusion

Le message est donc diffusé, interprété par l'animateur central et passé au travers de différents récepteurs qui l'envoient ensuite aux oreilles des auditeurs.

Les journalistes usent d'objectivité pour éviter d'altérer le message, et les ondes sont travaillées afin qu'elles soient fidèles. Néanmoins, l'information n'est jamais pure puisqu'elle traverse des humains et des machines qui les transforment nécessairement. Car si elles ne les transformaient pas, le message ne passerait pas au travers d'eux.

Les médias:

Les événements d'un chaos étant, par définition, infiniment nombreux puisqu'impossibles à structurer en tendances générales, mais éparpillés dans un complet désordre, le flot de l'information étant difficile à tenir.

La radio a encore affirmé sa raison d'être en présentant sa mobilité et sa vivacité comme qualités permettant de suivre ce flot avec un semblant d'actualisation.

La télévision, plus encombrée par la grandeur de ses réseaux qui s'étendent sur plusieurs métropoles, par le nombre de ses devoirs (informer mais aussi distraire, présenter des films, des émissions de variété, etc.), par la complexité de sa bureaucratie et de ses équipes, et par la lourdeur même de son matériel, n'a pas réussi à maintenir le rythme que le chaos imposait.

Sur le site, c'était le bouche à oreille, les relations directes d'un individu à l'autre, par la vue et la parole, qui ont permis d'acheminer l'information de manière efficace. On racontait ses déplacements sur les autres fronts, les rumeurs, etc.

Le happening:

Ce sont les événements qui constituent des brèches dans le système, dans la banalité, dans la normalité qui constituent des nouvelles, raison d'être des informations(fig. 9).

Les journalistes vivent en commerçant l'information, en l'échangeant contre des biens matériels qui leur permettront de survivre.

Les journalistes se nourrissent donc du happening, espérant le scoop, cette information si dépourvue de témoins (malgré son irrégularité dans le cours normal des choses) que sa seule diffusion produirait une explosion de communications et de discussions.

Lorsqu'un événement se produit, on le disserte jusqu'à ce qu'on aie fait le tour de la question, qu'on aie englobé ses causes et anticipé ses conséquences. Ce genre de travail peut se faire sur une longue période de temps et peut survivre, dépendemment de son importance, plus loin que par les médias directs mais dans les recherches d'universitaires, les légendes et les conversations privées.

Il est donc normal que les informations (leur nombre et leur débit) soient directement liées au happening.

Les événements les plus surprenants et les plus détonants de l'ordre normal des choses, de la banalité, sont donc ceux qui remplissent les informations. Les manifestants ont créé un happening énorme en créant un chaos. De plus, ce chaos était si extrême que personne ne le contrôlait. Le chaos gouvernait les policiers, les manifestants et les journalistes qui tentaient de s'y adapter.

Le happening est un dérèglement dans l'ordre des choses, dans le fonctionnement normal et huilé d'une société. C'est un happening qui a éveillé les communications partout où l'événement avait une incidence.

Or, les manifestations furent un happening, un dérèglement si grand, faisant mouvoir tellement de pouvoirs (les populations, les gouvernements de tous les pays d'Amérique et, par incidence, les gouvernements extérieurs), qu'il constitua l'information traitée par plusieurs journalistes du monde.

Le travail des journalistes était par ailleurs impeccable. Les journalistes de la radio, par exemple, ont réussi à s'exclure de l'information et de la présenter de manière objective, en multipliant les commentaires, les intervenants, les points de vue et les opinions, ce qui fit en sorte de constituer une image nette -autant que cela est possible- des événements.

LES COMBATTANTS
Les forces de l'ordre:

Il a été dit qu'un policier qui accomplissait bien son rôle de policier est un policier qui oublie ses pulsations humaines et qui exécute ses tâches avec précision.

Les forces de l'ordre ont fait un travail impeccable. Les policiers n'ont pas bronché face aux injures et projectiles des manifestants. Ils ont gardé leur sang froid en tout temps. Ils étaient disciplinés et hiérarchisés.

Le service d'ordre a été parfaitement efficace.

Les manifestants interventionnistes et l'idéal démocratique

Parmi les manifestants, certains individus formaient des groupes structurés qui portaient parfois même des noms, tellement ils s'affirmaient en tant qu'ensembles.

Au hasard de mes déplacements de badaud, j'ai pu assister à une réunion d'un de ces groupes portant le fameux nom de "black block"(fig. 10). J'ai été fasciné par la perfection de la démocratie qui y régnait. Une constatation ne pouvant pas nier cette affirmation me l'a confirmée: les individus, au sein du groupe, alors qu'ils devaient décider d'une action à entreprendre, se donnaient la parole le plus librement du monde. Et ils s'écoutaient totalement, au lieu de protéger leur individualité en préparant une réponse ou en modifiant le message afin de l'adapter à leur conscience. La communication était parfaite. L'idéal démocratique semblait accompli. Les différences étaient complètement considérées mais puisque la communication était totale et franche, sans protection, les individus formaient un tout bien soudé. Ce tout était protégé par leur nom et peut-être par des séries d'épreuves de passage qui me sont inconnues.

Ils eurent une attitude impeccable, aidant les manifestants souffrant, protégeant les blessés. Le jugement de leur action reste donc une question de point de vue. Alors que la population en général accepte et participe à la gestion du système visible et officiel (parce que plus puissant que les systèmes qui ne doivent pas avouer leur existence et fonctionner dans la clandestinité), cette petite organisation considère ce système comme un mal à abattre et qu'il est héroïque et vertueux de combattre.

LA FAILLE
Le professionnalisme:

-Le policier professionnel est le stoïque
-Le journaliste professionnel est l'objectif
-Le manifestant professionnel est l'organisé

Le professionnalisme consiste à enlever l'humanité du métier. Il n'y reste donc que la profession elle-même(fig. 11). Un professionnel laisse ses problèmes domestiques à la maison, ses fureurs et pulsations intérieures à l'intérieur. Il applique les lois du métier selon les normes, selon les limites que lui impose son uniforme et sa fonction. Lorsqu'il est en action, ce n'est que le professionnel, ce n'est que la profession elle-même qui est animée.

La profession est animée par la logique rationnelle. Ce sont les conclusions irréfutables et les démarches scientifiques qui lui permettent de mener ses actions sans erreur. La profession n'est pas assez compliquée pour être considérée comme une entité vivante. Elle est donc, par défaut, la Raison.

Le professionnalisme, comme la raison, est l'affirmation honnête.

L'être humain est vivant. Sa différence de la profession est qu'il n'est pas inerte dans sa Raison. Il prend une direction. Et s'il est honnête, c'est vers la vérité qu'il la prendra, cette direction.

-L'être humain professionnel est un être humain qui tend vers la vérité.

Le bien et le mal:

Depuis le début des événements, on scrute toutes les aspérités de tous les éléments qui entrèrent dans les causes des événements. Or, malgré un travail acharné d'analyse, de questionnement, de recherche et de fabulation, on remarque qu'il est impossible de déceler l'erreur chez l'un ou l'autre des acteurs des événements qui se sont produits du 19 au 22 avril 2001, dans la ville de Québec.

En Occident chrétien, on situe habituellement le mal à l'intérieur même de la nature humaine, en évoquant le schéma du mythe de la Création. Selon cette pensée, c'est l'humanité des hommes qui crée les dérapages, les bévues, les méchancetés et les poussées de rage. Elle serait la cause de toutes les irrégularités de la nature, l'animal n'étant pas maître de lui-même mais dirigé par son instinct et les éléments inertes n'étant pas assez vivants pour se détacher des lois de la logique.

À partir de ce moment, il est facile d'engouffrer dans ce mal toutes les ratées dans l'ordre banal des choses(fig. 12). Le mal et l'humanité sont des trous sans fond où on peut jeter les incongruités et ainsi protéger notre perception de l'univers qui ne saurait s'élargir plus amplement qu'au-delà de la logique humaine (car nous ne seront jamais plus que des humains!)

Mais dans l'événement présent, les manifestants, la police, les journalistes et tous les autres acteurs ont parfaitement bien agis, de manière professionnelle. Tous les êtres humains ont agis honnêtement et sans malain.

Les témoins et les commentateurs se débattent furieusement afin de trouver une cause à cet événement, afin de donner un sens, une échappatoire. Les esprits les moins rigoureux et les moins exacts abandonneront assez vites, oubliant, ou accusant maladroitement quelque bouc émissaire pratique.

Mais restons rigoureux, allons jusqu'au bout de cette logique sans abandonner.

La faille:

Il n'y a aucun humain parmi les manifestants, parmi les policiers, parmi les journalistes et parmi les humains qui ont participé à l'événement. Chacun a fait ce qu'il devait faire professionnellement, de manière impeccable et dans les limites de son rôle.

Mais rien n'a été expliqué. Le happening est toujours là, chaotique, impossible à maîtriser:

1- Il y a quand même eu trente mille personne qui ont marché ensemble. Il n'est même pas possible de les rassembler sous un ordre d'individus quelconque: la foule était infiniment hétéroclite.

2- Il y a quand même eu des milliers de gens qui ont accepté la douleur des gaz lacrymogènes. Et eux non plus ne peuvent pas être rassemblés sous un même étendard: la foule était infiniment hétéroclite.

Rien ni personne à accuser.

Alors quoi?

Le happening est toujours là. Nous n'avons pas d'arme pour y faire face. Il faudra donc en construire. Il est même impossible d'adapter des armes qui existent. Il faudra les inventer, fabriquées de matériaux qui n'existent pas encore, avec une idée qu'il reste à avoir.

"Que se passe-t-il? relatez et commentez, dites n'importe quoi."

C'est l'absurde même du système rationnel et de la logique universelle qui sont mises en cause.

Pour contenir ce nouveau chaos, cette chose qui n'existe pas, il faudra sans doute un mouvement qui ressemblera à l'ouverture d'un nouveau sens. Pour englober dans notre univers cette incongruité, il faudra d'abord l'ouvrir et l'élargir.

Pour ne pas se noyer dans l'absurde, il faudra s'adapter. On appelle cela une révolution.

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