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Court résumé d'une partie des événements festifs et répressifs de la nuit dernière (samedi)

vieuxcmaq, Samedi, Avril 21, 2001 - 11:00

Franc-Sois Dandurand (fdandur@hotmail.com)

21/04/2001 (Samedi) Court résumé d’une partie des événements festifs et répressifs de la nuit dernière: LA VÉRITABLE VIOLENCE EST INSTITUTIONNELLE!

Nous sommes un groupe d’activistes humanistes impliqués dans un journal et divers projets locaux. Nous souhaitions participer hier après-midi à des actions dites «vertes» (pacifiques), ainsi qu’être présents en tant qu’observateurs membres du CMAQ et faire des reportages lors d’actions vertes, jaunes (désobéissance civile) et rouges (risque élevé d’arrestation), ces dernières visant à perturber par la force la tenue du sommet.

Vers environ 16h45, dans un terrain vague au coin de la rue de la Couronne et du boulevard Charest, nous avons rencontré des activistes du groupe vert revenant de la haute-ville, où s’était terminé une action festive. Ils étaient partis vers 13h00 de l’université Laval en même temps que les activistes se dirigeant vers la partie ouest du «mur de la honte», qui s’arrête au boulevard René-Lévesque. Les «verts» se sont ensuite séparés pour se diriger vers la rue Saint-Jean, où ils ont lancé des rouleaux de papier de toilette par dessus le mur au grillage de fer de 3 mètres de haut. Les policiers en tenue anti-émeute vert olive de la Sureté du Québec (SQ) et de la Ville de Québec ont répliqué par des salves de gaz lacrymogènes, ce qui a précipité la dispersion du carnaval vers la basse-ville et l’autoroute Dufferin-Montmorency.

Nous avons entrepris de longer la côte d’Abraham, tous curieux de voir le mur tant décrié de nos propres yeux. Déjà nous pouvions apercevoir des banderoles d’opposition à la Zone de libre-échange des amériques, flottant allègrement, fixées aux aux maisons et aux remparts de béton qui semblent soutenir la haute ville perchée sur des rochers abrupts. Nous pouvions entendre en haut la clameur de ce qui semblait une foule immense dispersée dans les petites rues du quartier Saint-Jean-Baptiste. Une partie du quartier est emprisonnée dans la vulgaire clôture séparant le peuple et les «pinocchios» qui le mènent par le bout du nez.

Premier arrêt: le centre des médias alternatifs de Québec (CMAQ). Dans la salle de presse déjà bondée, des journalistes chevronnés du monde entier publient leur version des événements de la journée dans des sites Internet de médias alternatifs disséminés sur tous les continents.

En sortant vers 17h30, la foule massée autour de l’îlot Fleurie (sic!) a attiré notre attention. Le lieu est un exemple illustre de sa réappropriation par les résidants et artistes du quartier. Il est situé sur un terrain vague sous les piliers graffités de l’autoroute Dufferin-Montmorency. C’est une exposition de sculptures, peintures et installations contemporaines à ciel ouvert. Environ 400 fêtards occupaient les lieux où étaient aménagés une cuisine végétarienne et une scène où se succédaient des groupes musicaux contestataires. L’ambiance était tout le contraire de ce que l’on aurait pu retrouver dans les lieux aseptisés et formels du sommet des pantins de la haute finance et ses interminables convois de voitures noires aux vitres opaques et noires comme leur démocratie: nourriture gratuite, art spontané, fêtards riant et dansant, feux de camp, discussions et lectures informelles, etc.!

Après environ une heure parsemée de rencontres inattendues avec des ami-es et connaissances, la clameur venant du haut de l’autoroute a tôt fait de nous rappeler vers notre but: être témoins et participants à une zone de libre-expression des Amériques. En haut de l’escalier à l’est de l’autoroute, notre premier contact avec les forces oppressives de l’ordre établi, qui forment plusieurs rangs devant la fameuse clôture. Des gens semblaient coincés par les policiers l’autre bord de la clôture, à moins qu’ils protestaient leur frustration à leur façon en se massant contre l’imposant grillage?

Vers 19h, nous avons emprunté une bretelle d’accès menant vers la ville assiégée et avons abouti à une foule de près de 2000 manifestants dansant nonchalamment au son des tambours devant des hordes de policiers en rangs d’oignon. Leurs boucliers transparents, matraques et masques à gaz leur donnant l’apparence de batraciens sortis de la planète Mars. Nous avons pris de nombreuses photos et fait quelques entrevues audio (que nous publierons sur le CMAQ dès que possible) avec des manifestants nous racontant un pan de 100 mètres du mur tombé à l’ouest grâce aux «black blocs» et à l’encouragement festif de la manifestation jaune modérée. Une femme ayant été la cible d’un policier tireur de balles de plastique rigides nous a montré une enflure quasi-surréaliste de sa cuisse et son «trophée» blanc de 8 cm de long possédant une tête de 3 cm de diamètre. Nous avons réalisé que dans plusieurs cas, les policiers ont matraqué et tiré des balles de plastique sur des gens assis au sol ou à genoux, chantant et faisant des signes en «V» avec deux doigts.

À 19h25, alors que la musique, les chants et la danse battaient leur plein, une salve de grenade lacrymogène de type «CS» a été tirée par les policiers près de la clôture. La raison: des activistes ont accroché une bannière montrant l’Oncle Sam avec une insigne de McDonald’s sur une épaule et une de la compagnie pétrolière Exxon sur l’autre. Il tient un sablier dans lequel l’Amérique du Nord s’écoule vers le bas (Sud), avec Cuba pendant à l’extérieur. Dix min. plus tard, plusieurs salves de lacrymo ont créé un mouvement instantanné de panique dans la foule. Des gens étouffent et ne savent plus vers où aller car les vents leur ramènent les nuées chimiques. S’ensuivit également une riposte de roches et quelques bouteilles de bière lancées vers les policiers.

Vers 20h une partie de la foule a repris sa position au devant des policiers et s’est assise calmement. L’ambiance se détend; des manifestants se lancent des ballons de plage au son des tamtams qui reprennent de plus belle. 20h50: tirs de lacrymos et de pétards fumants, que des activistes se pressent de relancer vers les policiers. Des équipes médicales aident les gens incommodés, le visage tout rouge. Quelqu’un annonce que la cérémonie d’ouverture du sommet des pantins est annulée, car des dignitaires ont été incommodés par les gaz: cris de joie généralisés!

Dans les médias de masse tels Radio-Canada et TVA, les spécialistes en contrôle des foules n’ont que des éloges envers les policiers provocateurs. Ils sont calmes. Le mot d’ordre est que la version policière des faits est la seule valide, que les manifestants sont violents et dangereux, qu’ils se trompent carrément de tactiques, et patati…. De Jean Chrétien à Vicente Fox, les commentaires arrogants fusent et visent les «fauteux de troubles». M. Chrétien affirmant que ce ne sont que des petits groupes d’anarchistes extrémistes et qu’ils ne respectent pas les principes démocratiques du Canada. (À Québec, ceux et celles vivant à l’extérieur du périmètre ont eu un exemple fort éloquent SA démocratie!) M. Fox y allait d’un cynisme fort arrogant en affirmant que c’est trop facile pour les manifestants de venir se plaindre à Québec: ils ont le ventre plein de nourriture de qualité! Même Mme Françoise David, présidente de la Fédération des femmes du Québec, généralise en accusant les manifestants d’être violents. Il est évident que ces personnes n’ont pas goûté à la répression étatique policière depuis des lunes.

Personnellement, je ne suis pas d’accord avec la casse ou le tir d’objets vers d’autres humains, et ce, même ces derniers se montrent insensibles aux aspirations de ceux qu’ils considèrent et traitent comme étant inférieurs. Car la colère des opprimés n’est qu’un prétexte pour que les forces de l’ordre oppriment davantage. Mais je comprends aussi la rage d’être opprimé dans ce monde économique qui vole la place de l’humain et de la nature, pour le seul bien d’une poignée de dirigeants de méga-entreprises sans vision.

Il est vrai que certains gestes commis par des gens relativement isolés dans la foule sont perçus par une majorité de la population comme étant excessifs, irréfléchis et étant une source de danger pour d’autres personnes. Toutefois, il est urgent de se demander jusqu’à quel point ces actes sont commis et/ou encouragés par des policiers en civil que l’on appelle agents provocateurs. Et il est bêtement logique que les forces de l’ordre le nient à chaque fois que des doutes planent, comme l’a démenti la porte-parole de la Gendarmerie royale canadienne (GRC). Nous avons une histoire récente très sombre à ce niveau au Canada et au Québec.

Mais qui donc osera accuser publiquement les forces policières et les États d’abuser de leur pouvoir et de mentir constamment à la population à travers les mass médias complices?

Lorsqu’on effectue une mise en contexte, brûler un divan est un jeu d’enfant comparé à barricader une ville, à cacher à la population les enjeux qui pourraient la mener à plus de détresse humaine et environnementale pour les 20, 50, 100 prochaines années! Lancer des cailloux à des robocop «paddés» chacun comme deux joueurs de football n’est rien face à la violence physique et psychologique commise dans des postes de police, des prisons, des communautés ethniques et marginales du Canada, des États-Unis, du Mexique, etc.

Bref, toute la nuit fut une chasse du chat contre la souris dans les rues au nord du périmètre, où l’escalade de la violence de la part de la police n’a pas manqué d’enflammer les passions parmi les jeunes et les marginaux qui étaient majoritaires plus tard dans la nuit. Toute la partie au nord du périmètre baignait dans les nuées toxiques. Vers 2h00, les salves de lacrymos étaient de plus en plus intenses, tout comme les répliques à coup de bouteilles de bière. La côte d’Abraham était jonchée de traces d’explosion de lacrymos et de verre brisé. Des manifestants se réchauffent autour d’un feu de joie improvisé sur l’asphalte. Et malgré la répression excessive ne visant qu’à provoquer la foule, celle-ci continue à boire, chanter et rire!

La suite se gâte alors que vers 14h45 des cordons de policiers venus d’au moins trois directions simultanées tentent de terroriser et de couper le chemin aux 200 manifestants campés dans la côte. Une partie est pourchassée par moments au pas de course vers les escaliers, l’autre vers le bas de la côte. À un moment, une dizaine de jeunes souls ou ayant été blessés plus tôt par les balles et coups de matraque sont rattrappés, frappés violemment et projetés au sol à moins de 20 mètres d’où je me sauvais en courant.

J’ai perdu mes co-équipiers dans la mêlée et me suis dirigé vers l’Îlot fleurie (sic!), tout près. En m’y dirigeant, j’ai rencontré et arrosé une dizaine de personnes contaminées par les gaz et par les jets d’eau au poivre de cayenne du véhicule de la police de Québec. (J’ai arrosé au moins.) Environ 20 personnes y étaient, la moitié dormant paisiblement autour de deux feux. À 500 mètres à l’ouest, les grenades lacrymos et leur traînée d’étincelles et de fumée se détachent sur le ciel noir encre. Le vent nous amène la fumée maudite, ce qui a tôt fait de nous exproprier des lieux appropriés par les résidants, le visage et les yeux brûlant.

Je me dirige en catimini vers le CMAQ, puis vers 16h25 un cordon de près de 30 policiers poursuivant les 100 manifestants restant barre la rue Saint-Vallier derrière eux en essuyant des projectiles, du côté nord. Un autre cordon les suit et se faufile sournoisement entre les maisons pour les prendre en souricière au nord du boulevard Charrest. D’après les cris que je pouvais entendre à une distance de 5 coins de rues, l’intervention fut très violente et rapide.

Centre des médias alternatifs de Montréal
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