Le centre-ville de Québec est en état de siège, gazé au max.

GAZÉ AU MAX

Le centre-ville de Québec est en état de siège, gazé au max.

Gonflés à bloc par l'incessant ronronnement des hélicoptères et la présence soutenue des manifestants aux abords du mur de la honte, les flics lancent des bombes lacrymogènes sans arrêt. Même lors de la grande marche officielle et pacifique de cet après-midi, loin des quartiers chauds du mur de la honte, les gaz ont royalement incommodé les marcheurs. Dès l'heure du midi, du centre-ville de Québec émanait un nuage de gaz irritant qui incommode tout le monde, sans distinction. Et le monde, ce sont des gens comme vous et moi, préoccupés par le débat en cours, des curieux, des activistes, des habitants éberlués par les moyens déployés, des gens qu'on n'a pas besoin de gazer et qui ne croyaient surtout pas avoir à se mitonner un masque de fortune pour tempérer l'effet des gaz.

Vers 19 h 30, l'objectif des flics semblait être de chasser le monde des rues du quartier St-Jean-Baptiste vers la basse ville et d'élargir le périmètre du mur en établissant une vaste zone gazée qui rend le sur-place presque insuportable. Le port du masque est obligatoire pour arpenter la rue St-Jean dans le calme. Les commerces ouverts comme les bars gardent leur porte fermée non pas pour empêcher l'accès au monde mais pour éviter l'entrée des gaz.

Et pendant ce temps-là la RDI (réseau d'information continue) présente les reportages réalisés l'après-midi et reste muette à propos du déploiement nocturne, comme si une force divine avait ordonné le silence. Bien que je ne souscrive généralement pas à la théorie du complot, je suis aujourd'hui porté à croire qu'il y a bel et bien collusion pour masquer à quel point la vie au centre-ville est perturbée. Les empêchements que vivent les journalistes officiels confinés dans leur salle de presse auraient plutôt tendance à confirmer cette manipulation. Les flics jouent à la guerre qui n'existe pas, leur acharnement frise le délire et ce délire alimente les foules.

Seule grande consolation à ce grave irritant : les dignitaires et chefs d'état sont eux-mêmes incommodés !

par Michel Lefebvre
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