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Journal de bord de deux intrus

vieuxcmaq, Samedi, Avril 21, 2001 - 11:00

Fannie Olivier (inexemplairefannie@hotmail.com)

Des journalistes affiliés au CMAQ sont parvenus à demeurer à l'intérieur du périmètre de sécurité du Sommet des Amérique durant plus de 30 heures. Ils racontent les événements et les manifestations vues de l'intérieur.

L’adrénaline à l’intérieur du périmètre

Fannie Olivier (avec la collaboration d’Oliver Martineau)

JEUDI 19 AVRIL 2001
C’est avec une certaine frénésie que nous, journalistes affiliés au CMAQ, avons compris qu’il nous était possible de rester du même côté des clôtures que les chefs d’États et que nous avions, par le fait même, l’occasion de couvrir les événements d’un oeil différent des autres médias de masse s’intéressant aux événements à Québec cette semaine. En effet, les seuls journalistes officiellement autorisés à circuler près du Centre des congrès sont ceux des médias dits reconnus, soit les médias « mainstream ».
Ayant été emmurés au courant de l’après-midi, nous avons été avertis par les policiers qu’il nous était possible de demeurer dans la zone contrôlée, mais que si nous désirions partir, nous nous verrions dans l’incapacité de la réintégrer. Les barrières ayant été fermées six heures plus tôt que prévu, soit autour de midi plutôt que 18 h, nous avons tenté de pénétrer à l’intérieur du Centre des congrès, où étaient supposées avoir lieu les rencontres entre les différentes délégations des pays d’Amérique (Cuba exclus). À notre grande surprise, nous n’avons pas été expulsés et avons pu nous promener tranquillement et tâter le terrain autour des salles de réunions. Nous avons été arrêtés deux fois par des contrôleurs qui ont accepté de nous laisser circuler malgré l’absence de laisser-passer, sans doute en raison d’un quelconque quiproquo.

La nuit a été longue au café où nous avons fait notre quartier général. Avec l’aide des collaborateur du CMAQ (Centre des médias alternatifs du Québec) de l’extérieur du périmètre, nous nous sommes procurés des couvertures et de la pellicule photographique. Entre les rumeurs d’arrestation et d’expulsion possible, nous avons été en mesure de dormir environ une heure.
Une bannière a été affichée vendredi le 20 avril à sept heures au dessus de la porte St-Jean par des militants que nous avons rencontré à l’intérieur du périmètre et soutenu dans leur démarches. « Fair trade not free trade », « We will not allow our lives to secretly trade away », « Échange équitable, non profitable », « La vie avant le profit » ont été les slogans exprimés par la banniètre tôt ce matin.
Nous tenterons de demeurer à l’intérieur du périmètre tant qu’il nous sera possible physiquement de le faire, dans l’espoir de couvrir de manière originale les faits et de favoriser l’information alternative.

VENDREDI 20 AVRIL 2001
Toujours à l’intérieur du périmètre, Olivier Martineau et moi, Fannie Olivier, sommes parvenus, sans laisser-passer, à nous mêler aisément aux journalistes accrédités et aux citoyens résidants dans la zone protégée. Nous avons pu, ainsi, assister aux arrivés des délégations étrangères, allant de celle de Trinidad-Tobago qu’à celle du Vénézuela, en passant par celle d’Haiti, et bien entendu, celle des États-Unis.

Nous sommes parvenus, en milieu d’avant-midi, à transférer de la pelicule photo et des renseignements écrits à travers les clôtures du périmètre mais ce, au second essai seulement, la première rencontre avec les collaborateurs du CMAQ ayant éveillée la suspiscion des policiers, nous forçant à annuler l’échange.
Nous avons ensuite attendu l’arrivée de George Bush prévue pour 12h40 près de l’hotel Concorde accueillant les 1000 délégués américains. Nous nous sommes donc mêlés aux journalistes accrédités dans l’espoir de voir George Bush, qui a surpris les journalistes (et les policiers, aux dires de certains) en passant par l’arrière de l’hotel. Nous avons fait la rencontre pendant la longue attente peu fructueuse, d’Annie Morin du Soleil de Québec, qui désirait écrire sur nos péripéties et notre strategie pour demeurer à l’intérieur du périmètre. Nous avons donc profité de l’occasion pour l’informer du journalisme alternatif et exposer notre point de vue de la mondialisation. Est-ce nécessaire de spécifier que l’article n’était pas présent dans le Soleil du lendemain? Notre conversation a toutefois été interrompue par l’annonce radiophonique de la manifestation sur René-Lévesque. Nous nous sommes donc précipités à l’endroit où des militants avaient fait tomber une clôture et couvert la répression policière. Le vent favorisant les manifestants, nous avons donc reçu les gaz lacrimogènes des policiers en plein visage.

En longeant par la suite le périmètre nous avons fait le rencontre d’autres agglomérations de manifestants. Nous avons eu l’exemple flagrant d’une provocation policière à la place Dufferin où les manifestants pacifistes ont commencé à exprimer de la colère uniquement lorsque les contrôleurs de foule armés jusqu’aux dents se sont installés près de la clôture. La répression s’est rapidement mise de la partie. Tentant de nous protéger des gaz le plus possible, nous avons pris des photos de l’intérieur du périmètre encore une fois.

Vers 19h30, soit 30 heures après notre intrusion, des policiers de la Sûreté du Québec ont intercepté Olivier Martineau, couvrant les événements à la Place Dufferin. Ils affirmaient que notre présence à l’intérieur des clôtures était illégale. Après 30 minutes de discussion avec leurs supérieurs, ils ont été dans l’obligation d’admettre leur erreur. Toutefois, désirant sortir du périmètre pour développer les photos et prendre le pouls de la foule en se mêlant à l’ambiance militante, nous avons demandé l’autorisation de sortir du périmètre. Notons qu’il était désormais impossible pour tous les citoyens de sortir du périmètre. Après une demi-heure d’hésitation, d’appels et de disputes entre les policiers, nous avons été en mesure de sortir enfin de ce Berlin, escortés par les policiers. Notre périple à l’intérieur du mur se termine donc là. Nous couvrirons par la suite les événements de l’extérieur du périmètre.



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